On ne compte plus les amplis qui tentent d’émuler le son britannique traditionnel que l’on aime tant. Alors que la mode est aux petites têtes qui ont tout des grandes, voici venir la Colt avec ses 20 watts sous le capot et fabriquée par Fx Amps.
Ce son… Vous savez, LE son. Celui du Van Halen de 78 ou d’Angus de 79, celui de Malcolm aussi d’ailleurs et celui de tellement de légendes. Le look ne trompe personne, l’Ace Colt prétend offrir LE son britannique à faible puissance, voire très faible… Analyse.
You really got me…
Mon Dieu qu’elle est belle cette Colt. Avec ses 7,5 kg, elle est aussi légère qu’aguicheuse. Son look absolument parfait nous permet de voir ses entrailles, composées de deux lampes EL34 en puissance et trois ECC83S en préamplification. Nous remarquons aussi la présence de transformateurs volumineux compte tenu du gabarit de cette jolie lunchbox. Inutile de rappeler l’importance capitale des transformateurs, leur qualité influant directement sur le grain et le rapport signal/bruit final.
20 watts donc, commutables en 2 watts pour jouer à bas volume avec un mini-switch situé sur la partie arrière. Impossible d’avoir un son réaliste avec cette puissance, quelle idée ! C’est que nous ne sommes pas encore au bout de nos surprises.
Deux canaux mettent donc cette tête en voix, simulant pour l’un le fameux Plexi et pour l’autre un JCM800 aux hormones, modifié et racé. Ces deux canaux répondant aux noms de Plexi et Boost se partagent une égalisation composée de basses, médiums et aigus. Un volume par canal nous permet d’égaliser les niveaux lors des changements via un footswitch non fourni. Précisons que cette tête est tout à fait compatible avec les switchers disposant d’une fonction de trigger pour changer de canal. Une boucle d’effets à lampe complète la connectique ainsi que deux sorties pour baffles 8 et 16 Ohms. Le look typé Far West est en tout cas une parfaite réussite, avec des as de pique joliment taillés dans le carcan métallique qui enferme cette beauté. Notons l’absence de standby, fonctionnalité de plus en plus débattue de nos jours. Qu’importe, branchons la bête !
Ace Colt ain’t noise pollution
Le baffle choisi pour réaliser ce test est un Marshall 4×12 équipé de quatre Celestion G12T75 pour garantir une fidélité maximale à l’esprit British de base. La guitare est une Charvel sur laquelle sont montés des Seymour Duncan TB4 et SH1N, un couple de micros classique devant l’éternel. Le son est comme d’habitude maintenant repiqué avec un Shure SM57 via une carte son Scarlett de Focusrite. Aucun effet n’est ajouté dans Cubase et le seul effet que l’on se permet est une Ibanez TS9 en boost de gain pour deux exemples audio.
Le premier canal Plexi est très souple et réagit immédiatement au potard de volume de la guitare. Le grain est pâteux, rond et boueux, exactement comme celui d’un Plexi. La réactivité du potard de gain du canal change radicalement le visage du son et nous fait déjà sentir des relents de pub rock. La transparence reste totale avec une définition toute britannique, chapeau !
- canalplexiEQ50%01:33
- canalplexiEQvariations01:44
- canalplexiboostgain00:59
Lorsque l’on tripatouille l’égalisation, tout répond bien. Dans les extrêmes on sent tout de même une bosse de volume quand les aigus sont au minimum, ce qui n’est en rien un souci du moment que l’on dose avec parcimonie. Les basses et médiums sont exempts de tout reproche et modèlent le son de belle manière. Avec une TS9 en boost de gain et réglée traditionnellement dans ce but (drive à zéro et volume au maximum), les basses perdent un peu de présence pour serrer l’ensemble de la dynamique. C’est une réaction normale et saine d’un bon ampli qui subit un boost de gain. Le heavy metal anglais s’ouvre alors à vous, comme tout bon Plexi à l’époque sainte des années 80. On regrette très légèrement l’absence de réglage de présence même s’il est la plupart du temps inutile sur les Marshall d’antan mais il faut bien chercher la petite bête tant le rendu du canal Plexi est convaincant.
Le canal Boost quant à lui se rapproche bien plus d’un JCM800 ayant mangé beaucoup de soupe sans pourtant qu’il en porte le nom, sans doute pour une raison de propriété. Il n’en a toutefois cure, puisque le son délivré est absolument fidèle et parfaitement respectueux de cette magie Made in Dio ou Saxon. La saturation est épaisse et plus intense qu’un JCM800 non modifié. Pour obtenir le même taux de gain il faut se placer aux alentours des 50 %, qui peut le plus peut le moins !
- canalboostEQ50%01:23
- canalboostEQvariations01:21
- canalboostboostgain01:16
L’égalisation réagit aussi bien qu’avec le canal Plexi à ceci près que les aigus sont encore plus sensibles dans les valeurs les plus basses. Le volume augmente en effet beaucoup, au point de faire saturer la prise de son comme vous pouvez l’entendre. À nouveau, il faudra avoir la main légère quand on baisse cette plage de fréquences.
Avec un boost, c’est le paradis. Comment ne pas aimer un tel son ? C’est généreux, réactif et parfaitement hard rock. Les harmoniques s’invitent sans rechigner pour un déluge anglais absolument divin. Quel son, venant d’une si petite boite !
Testons maintenant l’atténuation en basculant le switch Power Mode à l’arrière. Le son est égalisé à son activation avec une modification des aigus pour éviter le côté criard à bas volume tout en gardant une ampleur suffisante. Pari réussi, aucun besoin d’atténuateur externe. Le son obtenu est digne des plus beaux Marshall avec le potard à toc, avec un volume de télévision. Bluffant.
Comment résister à une jam sur Riff Raff en guise de mix final ? Sans aucune égalisation autre que celle de l’ampli, on se sent pousser des ailes. Micro manche, aigu, pentatonique, gros accords, tout y passe. Avec succès.
Assez d’essais
L’évidence est sous nos yeux : cette tête de conception française et fabriquée en Grèce fait un carton. Si vous ajoutez à cela un prix inférieur à 700 euros, vous avez le compagnon de jeu idéal de tout rockeur ou hardos amoureux du son qui a fait de l’Angleterre la Terre Promise de la musique du Diable. Si c’est pour avoir des amplis de cet acabit tous les jours, je veux d’ailleurs bien lui vendre mon âme.