Que vous jouiez de la guitare, du clavier, du saxophone ou n’importe quel autre instrument soliste, une bonne technique et un plein catalogue de riffs ne suffisent pas à faire de vous un bon soliste. Jouer vite, c’est bien, mais la vitesse en elle-même ne fait pas de vous un soliste. Écoutez attentivement un bon solo : quel que soit le genre musical, et même s’il s’agit d’un solo rapide et frénétique, vous constaterez que bien souvent, un solo de fou repose sur de la méthode.
Ménage à trois
Contemplons les grands solistes : Miles Davis, Oscar Peterson, Stéphane Grappelli, Keith Jarrett, Jimi Hendrix, Duane Allman, Eddie Van Halen, Buddy Emmons, Jerry Douglas et Derek Trucks pour n’en citer que quelques-uns. Ce qui les relie, c’est un mélange de technique accomplie et de superbe musicalité, on pourrait dire de bon goût.
Certes, beaucoup de musiciens savent jouer des millions de notes à l’heure, mais si c’est tout ce qu’ils font, leurs auditeurs se fatigueront rapidement avant de s’embêter fermement – et il ne s’agit pas ici de dénigrer la technique tant elle est nécessaire pour faire de vous un bon soliste. Cependant, à choisir entre avoir une grosse technique mais un goût médiocre ou, au contraire, du goût mais une technique limitée, ma préférence ira toujours à la seconde proposition.
Conseils et astuces
Après ces considérations, voici quelques conseils pour améliorer la structure et le contenu de vos solos.
- Calmez-vous. En analysant un bon solo, vous constaterez qu’il comporte une dramaturgie. Peu importe que le solo soit long ou qu’il ne dure que 8, 12 ou 16 mesures, son énergie et sa complexité augmentent souvent progressivement. Envisagez votre solo comme une histoire avec un début, un développement et une fin. Vous disposerez ainsi d’une structure sur laquelle vous pourrez construire. Il ne faut pas nécessairement faire évoluer le solo de lent à rapide, ni de simple à complexe. Mais dans la plupart des cas, il est bon d’augmenter l’énergie du solo jusqu’à son paroxysme pour faire une sortie en fanfare et inciter le public à en redemander !
- Évitez le « pilotage automatique » : qu’est-ce que c’est ? C’est l’attitude qui consiste à croire qu’un solo est l’occasion de faire étalage de ses meilleurs plans en les enchaînant au hasard. Veillez plutôt à ce que les différents passages de votre solo soient reliés entre eux harmoniquement, rythmiquement ou de toute autre façon pour peu qu’elle apporte de la continuité.
- Le vieux truc du plan répété. Pour rendre un solo plus intéressant et plus homogène, vous pouvez le baser sur une phrase musicale que vous répétez et variez pendant toute votre intervention. Il ne faut pas procéder de la sorte à chaque fois, mais c’est une méthode très efficace que vous pouvez sortir de votre manche de temps à autre.
- Dire une évidence. Ici, l’évidence est la mélodie du morceau. Le fait de baser un solo sur la mélodie du morceau pour en donner une interprétation personnelle est une très vieille technique d’improvisation. Elle légitime votre solo instantanément, puisque ce dernier rappelle directement le morceau, et vous donne une structure mélodique de base que vous pouvez vous approprier.
- Reprenez votre respiration. Même si vous ne jouez pas d’un instrument à vent, ne privez pas vos solos du bénéfice de respirations régulières. Plutôt qu’enchaîner les notes sans discontinuer, rendez votre solo captivant en l’émaillant de silences stratégiques, comme si vous aviez vraiment besoin de reprendre votre respiration. Ces silences cassent l’uniformité du jeu, apportent des variations et des surprises qui contribuent à la qualité du solo.
- N’ayez pas qu’une corde à votre arc. Si vous devez faire des solos sur plusieurs morceaux du concert, tenez compte de ce que vous avez déjà joué dans les morceaux précédents et évitez d’être trop répétitif d’un morceau à l’autre. Ce n’est pas toujours facile parce que nous avons tous tendance à jouer systématiquement les mêmes plans en fonction du type de morceau et des changements d’accords. Pensez au fait que vous devez éviter de vous répéter et essayez des choses différentes pendant le concert.
- La forme de flatterie la plus sincère. L’une des meilleures façons d’améliorer vos compétences de soliste est d’apprendre et d’analyser les solos de grands musiciens. Il existe nombre d’excellents logiciels capables de ralentir l’audio sans modifier la tonalité. Vous avez donc la possibilité de savoir exactement ce qu’ont joué vos musiciens préférés et d’apprendre certains de leurs solos, même si ce n’est qu’à vitesse réduite. Adolescent, alors que je jouais de la guitare depuis environ cinq ans, mon prof m’a demandé d’apprendre un passage précis d’un solo où Eric Clapton joue des slides en double-corde (« double stop » en anglais). Le fait d’apprendre ce passage m’a ouvert les yeux et montré qu’un solo peut exploiter d’autres techniques que les plans sur une seule corde. Loin de moi l’idée de vous conseiller de singer le style de quelqu’un d’autre, mais le fait d’apprendre et d’analyser ce que de grands musiciens ont joué vous permettra d’enrichir votre vocabulaire de soliste.
Conclusion
De manière générale, considérez vos solos comme une invitation au voyage faite à l’auditeur. Vos solos doivent capter l’attention du public, le passionner et le combler pour que chaque spectateur dans la salle ait envie de revenir vous écouter.