Nous avons commencé la semaine dernière à étudier les poly-accords, et plus spécifiquement les accords hybrides. C'est sur eux que nous allons nous pencher davantage aujourd'hui.
Tout d’abord, je souhaite revenir sur une petite erreur de ma part parue dans l’article précédent, et concernant la notation des accords hybrides. Ceux-ci sont bien notés eux aussi avec une barre de fraction, comme dans l’exemple suivant :
Cette petite mise au point effectuée, reprenons notre étude.
Les accords hybrides construits sur le 7e ou le 9e degrés.
La mise au point précédente n’est pas anodine, car elle remet l’accord hybride dans un contexte dans lequel la basse n’est plus forcément aussi étrangère que cela. Je m’explique. La basse dans un accord hybride est souvent moins étrangère qu’il n’y paraît pour plusieurs raisons, et ceci même lorsqu’elle respecte les conditions que nous avons citées dans l’article précédent.
Lorsque la basse d’un accord hybride respecte lesdites conditions, nous avons souvent (mais pas exclusivement) affaire à une basse située à une septième ou une neuvième de la triade située au-dessus, comme dans l’exemple suivant :
Dans l’exemple précédent, nous avons une triade diminuée composée des degrés 7, 9 et 11. La nature dissonante de la triade diminuée n’est pas forcément perturbée davantage par la présence de la basse. Cette dernière s’avère donc moins étrangère qu’on pourrait le supposer.
Cet affaiblissement du caractère étranger de la basse est encore accentué lorsque l’accord hybride concerné est construit sur une triade située à une neuvième de la fondamentale, comme ici :
La triade n’est plus diminuée, mais mineure, et la basse peut alors être considérée simplement comme la septième renversée d’un accord mineur 7 tout à fait tonal et consonant. On notera qu’il convient alors, pour retrouver une dissonance, d’éloigner au maximum la basse et la triade et de maintenir celle-ci en position fermée (cf article 32).
Les accords hybrides construits avec des triades altérées
Mais revenons plus en détail sur le premier exemple. La triade basée sur la septième de la fondamentale est une triade diminuée, donc altérée. Ce qui a été énoncé pour cette dernière est bien entendu également valable pour les triades augmentées.
Les triades altérées présentent en elles-mêmes une tension verticale qui n’existe pas dans les « simples » triades majeures ou mineures. On obtient donc un ensemble sonore qui n’est plus obligatoirement entendu comme une « opposition » entre la basse et la triade supérieure, mais davantage comme un ensemble sonore globalement tendu et en suspension.
Ceci peut-être employé pour renforcer un besoin de résolution, comme ici où nous avons une triade augmentée basée sur la septième mineure de l’accord de dominante :
Les accords hybrides construits avec des tétrades
Enfin, les accords hybrides peuvent être composés d’une tétrade dans leur partie supérieure. Dans ces cas-là, la basse peut être identique à la septième de l’accord. La caractéristique étrangère de la basse proviendra du doublement de la septième en basse et par là-même de l’accentuation de la dissonance entre fondamentale et septième de l’accord pour les accords de septième majeure et mineure, et le renforcement du triton pour les accords de dominante :