Le précédent article nous a présenté comment l'on pouvait obtenir une harmonisation intéressante et dégager des lignes de basse et d'harmonie claires, le tout à partir de simples renversements judicieusement choisis. Toutefois, nous pouvons observer que nous nous ne nous sommes pas contentés de renverser lesdits accords, nous avons également joué avec leur structure: nous les avons ouverts !
Ouverture et fermeture des accords
Pour bien comprendre ce qui s’est passé dans l’article précédent, je me dois de revenir sur la notion de renversement évoquée dans l’article 4 de cette série. Dans cet article, je vous avais présenté les différents types de renversements existants, ainsi que l’effet qu’ils produisaient à l’écoute. Il s’agit maintenant de comprendre que les accords peuvent se présenter non seulement selon leur position fondamentale ou l’un de leurs renversements, mais également en position ouverte ou fermée.
On parle d’un accord en position fermée lorsqu’il se présente dans sa position fondamentale ou l’un de ses renversements sans subir de modification supplémentaire. Ainsi, dans l’exemple suivant Mi majeur est constamment en position fermée, quel que soit son état de renversement.
Un accord est ouvert lorsque les notes situées au-dessus de la note de basse ne suivent plus l’ordre habituel. On continue toutefois à parler de position fondamentale ou de renversement en fonction de la note de basse employée.
Dans l’exemple suivant, différentes positions ouvertes pour l’accord de Mi majeur selon ses états de renversement :
Comme nous le voyons, la position ouverte peut également induire que certaines notes soient doublées voire plus, notamment sur les partitions d’orchestres !
Reprenons les accords de l’exemple d’harmonisation de l’article précédent, cela nous donne le résultat suivant :
1) Do majeur en position fondamentale ouverte
2) Do #5 en position fondamentale ouverte ou 2e renversement de Mi #5 en position ouverte
3) 1er renversement de La mineur en position ouverte
4) Do #5 en position fondamentale ouverte ou 2e renversement de Mi #5 en position ouverte.
Conseils d’harmonisation
Toutefois, attention lorsque l’on ouvre les accords ! Comme nous l’avons vu dans les précédents articles, les mouvements entre les accords et les notes qui les constituent répondent à des règles précises. Toutefois, les règles énoncées jusque-là ne sont pas les seules que nous devons respecter. L’harmonisation doit également tenir compte de la hauteur des différentes voix : on ne fait pas la même chose avec les basses qu’avec les aigus !
Ainsi, il faudra veiller si possible à ne pas jouer de tierces ou de quartes telles quelles en-dessous d’une octave et demie sous le Do central du piano (le fameux C3 de nos stations audio-numériques de MAOistes), sous peine d’obtenir de la bouillie de basses/bas-médiums. Il faudra les jouer sous leur forme renversée. En dessous de cette limite de tessiture, il est déconseillé de jouer tout intervalle inférieur à la quinte juste.
Pour ce qui est des intervalles de seconde, c’est à partir de la deuxième octave au-dessus du Do central (donc à partir de C4) qu’ils sonneront au mieux, mais ils peuvent déjà être employés avec prudence dans la zone autour du Do central. On les trouvera principalement dans le cadre de renversements d’accords de plus de quatre sons (accords de septième ou accords enrichis), tels que vus dans l’article 14.
Nous nous retrouvons dans le prochain article pour continuer à « voicer » comme des fous !