Aujourd'hui , je vous propose de poursuivre nos aventures harmoniques avec un tout nouveau sujet. Mais attention, pas n'importe lequel ! En effet, le sujet en question va nous amener à bouleverser certaines de nos croyances les plus ancrées et de nos certitudes les plus tenaces ! Permettez-moi donc de vous présenter... les modes et l'harmonie modale !
Les modes, kézako ?
Alors je vous entends déjà me dire que « les modes, on connaît déjà, il y a le mode majeur et les modes mineurs ». Pauvres naïfs que vous êtes, les modes majeurs et mineurs ne représentent que la partie émergée de l’iceberg ! Car laissez-moi vous apprendre la chose suivante : chaque gamme porte en elle-même autant de modes différents qu’elle contient de notes !
L’exemple ci-dessous vous permettra de vous familiariser avec ce nouveau concept (nous reviendrons dans un prochain article sur l’histoire et la nomenclature des modes…), en vous présentant les modes issus d’une gamme majeure.
- 1 mode ionien 00:06
- 2 mode dorien 00:06
- 3 mode phrygien 00:04
- 4 mode lydien 00:06
- 5 mode mixolydien 00:06
- 6 mode éolien 00:06
- 7 mode locrien 00:06
Comme nous pouvons le voir, chacun de ces modes se base sur l’une des notes constitutives de la gamme, pour ensuite se dérouler dans le respect absolu des autres notes et des intervalles habituels de la gamme concernée. C’est pourquoi ces modes sont dits « naturels », tout comme la gamme mineure naturelle que nous connaissons déjà et qui correspond en fait au mode éolien ci-dessus. Les modes mineurs harmonique et mélodique ne sont pas présentés ici car ils ne sont pas… naturels (CQFD). La gamme à laquelle se rapportent les modes est appelée la « gamme-mère ».
Différences entre gamme, tonalité et mode
Toutefois, la révélation de l’existence de tous ces nouveaux modes pose question. Comment cerner concrètement la différence entre un mode, une gamme, une tonalité ?
Une gamme est définie par la suite de notes qui la composent. Ainsi Mi majeur est composée des notes Mi, Fa#, Sol#, La, Si, Do#, Ré#. Or, comme nous venons de le voir, ces notes se retrouvent également dans tous les modes issus de la gamme de Mi majeur. Il en découle que le seul fait qu’un morceau de musique soit constitué à partir des notes d’une gamme donnée ne suffit pas à considérer que le morceau concerné soit dans la tonalité de cette gamme. Je ne parle bien sûr pas ici de modulation passagère dans une autre tonalité, mais bien d’un morceau qui ne serait exclusivement composé que des notes d’une seule gamme. Pour faire simple : ce n’est pas parce qu’un morceau est écrit avec les notes de la gamme de Mi majeur que le morceau en question est forcément en Mi majeur !
En conséquence cela remet en perspective la notion même de tonalité ! En effet, si celle-ci ne peut plus se définir uniquement par les notes qui la composent, qu’est-ce qui pourra bien la caractériser de manière définitive ? Si vous avez bien lu le présent dossier (en particulier les articles traitant de la modulation), vous devriez avoir déjà des éléments de réponse.
Allez je vous donne la réponse : au-delà des notes qui la composent, une tonalité est avant tout caractérisée par la présence, la fréquence et l’enchaînement des degrés de la gamme, notamment le V et le I ! En simplifiant, on peut presque dire que c’est la présence des cadences – et donc notamment la cadence parfaite – qui définit la tonalité d’un morceau.
Tout cela vous semble obscur ? Vous vous demandez que sont les modes, à quoi ils servent, à quoi ressemblent les modes issus des gammes mineures, quelle est leur histoire, est-ce qu’ils mordent ? Ne paniquez pas, les prochains articles devraient vous apporter les réponses souhaitées !