Pour terminer ce cycle sur le Samba, je vous invite à en explorer les spécificités musicales et rythmiques.
Comme nous avons pu le voir dans l’article précédent, l’instumentarium spécifique du Samba se caractérise par un très grand nombre de percussions et peu d’instruments mélodiques ou harmoniques. Il n’est donc guère surprenant de constater que les caractéristiques de cette musique seront principalement rythmiques. Les aspects mélodiques ou harmoniques seront beaucoup moins réglementés.
Le Tresillo
Le Samba s’appuie sur une signature rythmique binaire à deux ou quatre temps mais doit toujours s’exécuter avec un léger swing. En ce qui concerne le schéma rythmique, le Samba est à l’image de nombreuses autres musiques d’Amérique latine basé sur la notion de « Tresillo ». Si pour la musique classique, ce terme espagnol désigne le triolet, il recouvre concernant les musiques latino-américaines traditionnelles une toute autre réalité rythmique qui est la suivante :
Le Tresillo se trouver dérivé de multiples manières comme ici avec la « Habanera » :
Dans tous ces exemples, vous pouvez constater qu’on retrouve la note sur le premier temps, la double croche juste avant le deuxième temps et la croche à la fin de la mesure.
Arrangement de Samba simple
Le dernier exemple ci-dessus est employé dans la musique brésilienne à un tel point que certains auteurs l’ont appelé la « syncope caractéristique ». Cette dernière s’utilise souvent de manière dédoublée puis inversée, comme ici :
Bien entendu, cette formule n’est pas employée telle quelle et se trouve répartie sur plusieurs percussions. Comme pour toutes les rythmiques, celle du Samba se détermine en bonne partie par l’accentuation des temps forts. Celle-ci est dévolue comme nous l’avons vue la semaine dernière au Surdo, le plus gros des tambours de la Batucada. Ci-dessous, voici ce que donne une répartition de la « syncope caractéristique » entre un Surdo et un Tambourim :
On constate que l’on retrouve notre syncope caractéristique dédoublée et inversée, avec l’accent mis sur le premier temps et les schémas rythmiques du deuxième temps de chaque mesure, le reste du schéma rythmique complet étant dévolu au Tambourim.
Nous pouvons maintenant ajouter des claves par exemple :
Partido alto
Pour terminer je ne peux pas ne pas évoquer le Partido alto, que j’aurais d’ailleurs parfaitement pu citer dans l’article 14 avec les autres types de Samba. Le Partido alto – littéralement le « parti haut », le haut du panier – est une forme improvisée du Samba, souvent sous la forme d’une joute verbale et chantée entre différents participants. Le rythme est souvent principalement marqué par le Tambourim mais parfois par un ensemble de percussions plus étendu, avec un accompagnement harmonique au Cavaquinho. Couplets et refrains sont courts et répétés plusieurs fois. L’élément le plus important reste toutefois, malgré le nom un peu élitiste, l’état d’esprit bon enfant qui caractérise ces « compétitions » amicales d’improvisation.
C’est ainsi que s’achève notre petit tour d’horizon du Samba. Je vous propose de nous retrouver la semaine prochaine, cette fois-ci autour de la Cumbia colombienne !