Nous allons aujourd'hui nous intéresser particulièrement aux différents styles qui constituent toute la richesse de la rumba, qu'elle soit de Cuba...ou d'ailleurs.
Les principaux styles de rumba cubaine
Les principaux styles de rumba actuellement pratiqués sont le Yambú, la Columbia, le Guaguancó et le Guarapachangeo. Mais leur ancêtre à tous est la Siguiríya qui a disparu aujourd’hui. Et pour ceux qui ont suivi ce dossier depuis le début, oui il s’agit bien d’un homonyme du palo que l’on trouve en flamenco ! Même s’ils sont assez faibles, il existe des liens entre ce dernier et la rumba. On pense que le Guaguancó aurait été en partie apporté à la Havane par des chanteurs de flamenco immigrés, et les parties chantées des différents styles de rumba peuvent reprendre des harmonies flamencas.
La Columbia, dont le nom est tiré de celui d’une gare de la ville de Matanzas où elle est apparue, est une danse exclusivement masculine où les participants viennent tour à tour rivaliser de virtuosité. Bien que profane, elle reprend des éléments des danses cérémonielles Akabuá et Yoruba qu’elle mêle à l’évocation des activités quotidiennes comme par exemple le travail de la terre. Le caractère virtuose de la Columbia s’exprime notamment par la rapidité d’exécution de la danse.
À l’opposé on trouve le Yambú qui non seulement se danse à deux mais également sur un rythme plus lent. De ce fait on l’associe souvent aux personnes plus âgées, soit qu’il soit pratiqué par elles, soit que les jeunes danseurs imitent les mouvements potentiellement plus contraints de leurs aînés.
Le Guaguancó, malgré ses possibles liens avec le flamenco évoqués plus haut, est avant tout une évolution du Yambú. Il est plus rapide et ouvertement plus sexuel. En effet, le danseur masculin y cherche perpétuellement à s’approprier symboliquement le sexe de la danseuse (souvent par l’intermédiaire d’un foulard), et celle-ci doit toujours l’empêcher d’arriver à ses fins.
Le Guarapachangueo quand à lui a été créé par le groupe Los Chinitos et représente une forme de rumba globalement plus aérienne et davantage axée sur les contre-temps.
La rumba flamenca et la rumba catalane
Si ces deux styles musicaux s’inspirent bien d’une tradition musicale cubaine, c’est malgré leur nom moins de la rumba d’origine africaine que de la guaracha, une musique du XVIe siècle totalement différente d’inspiration plutôt blanche hispanique et dédiée à l’origine principalement à la satire politique. La rumba flamenca est l’adaptation de la guaracha par les gitans andalous, et les représentants les plus célèbres en sont aujourd’hui les Gipsy Kings (eh oui !). Elle inspire à son tour la rumba catalane, à laquelle notre ami Manu Chao rend hommage dans sa chanson Rumba de Barcelona. On peut dire que les rumbas flamenca et catalane représentent un exemple de « música ida y vuelta », la musique espagnole qui a fait un aller-retour entre le vieux et le nouveau continent.
La rumba congolaise
Mais concernant la rumba le véritable exemple de « música ida y vuelta » n’est pas espagnol, mais bien africain. En effet, depuis les années 40 et 50 se sont développées en Afrique de nouvelles formes de rumba qui n’en portent pas seulement le nom mais représentent un véritable retour aux sources culturelles de cette musique. Cette nouvelle rumba tire son nom du fait qu’elle est initialement apparue aux Congos Kinshasa et Brazzaville. Mais elle s’est ensuite notamment développée en Centrafrique et jusqu’en Côte d’Ivoire où sa rencontre avec le Soukous local a provoqué l’émergence du « Coupé Décalé » ivoirien.
L’un des principaux artisans de la rumba congolaise a été le musicien de même origine Antoine Wendo Kolosoy, que l’on retrouve ici rendant hommage à Paul Kamba, autre pionnier de ce style :