Dans les précédents articles, nous avons étudié les différents moyens de constituer des gammes synthétiques à partir de la re-combinaison des tétracordes qui composent les différents modes naturels et altérés.
Nous avons alors pu constater que certaines associations de tétracordes donnaient lieu à la création de gammes non-octaviantes (sur lesquelles nous allons revenir). Enfin, nous avons pu voir qu’à partir de ces gammes non-octaviantes, nous pouvions établir, au détriment bien entendu de leur contenu harmonique initial, de nouvelles gammes octaviantes en décalant d’un demi-ton vers le bas leur second tétracorde.
L’intervalle d’un demi-ton entre les tétracordes des modes naturels
Mais en fait nul besoin d’une gamme synthétique pour trouver ce genre de structure : certains modes naturels présentent déjà cette caractéristique. Ainsi par exemple, les mode lydien et locrien « basiques » disposent déjà d’un demi-ton entre les tétracordes qui les constituent. Dans les deux cas, il est intéressant de constater que nous retrouvons un tétracorde augmenté dans leur structure, ce qui corrobore ce que nous avons pu observer dans les articles précédents. Toutefois, si nous nous intéressons plus particulièrement au cas du mode lydien, nous relevons que le demi-ton est engendré par la présence de la sensible de la gamme mère, la note Si dans l’exemple suivant.
Le premier tétracorde étant un tétracorde augmenté, on pourrait éventuellement l’interpréter comme un tétracorde majeur dont la dernière note aurait été augmentée afin d’en faire une sensible. S’agissant ici d’un mode issu d’une gamme mère majeure dont la sensible est « naturellement » présente, l’exemple pourrait sembler peu pertinent. Toutefois, on se rend compte que cela nous permet de ré-interpréter ce que nous avions vu dans les articles concernant la modulation.
Ainsi, dans l’exemple suivant, l’augmentation du premier tétracorde de ce mode ionien de Fa majeur crée la note sensible Si, ce qui nous fait instantanément passer en mode de Fa lydien. Ou bien, si l’on souhaite rester dans dans un contexte tonal, en Do majeur.
Les gammes mineures harmonique et mélodique, les premières gammes synthétiques
Cette notion de création de gamme par sensibilisation trouve également son sens si l’on considère les gammes mineures harmonique et mélodique. En effet, dans le cas de la gamme mineure harmonique, on assiste à une véritable création « artificielle » de la sensible par l’augmentation d’un demi-ton de la septième mineure de la gamme mineure naturelle, cette sensible artificielle se retrouvant bien entendu également dans la gamme mineure mélodique. C’est cette « création » de note sensible que l’on appelle la « sensibilisation ».. On peut alors dire que les gammes mineures harmonique et mélodique sont les premières gammes synthétiques par sensibilisation de note !
Je vous laisse avec ça pour aujourd’hui, nous verrons plusieurs cas pratiques de gammes synthétiques par sensibilisation dans le prochain article. Et je pourrai enfin, ensuite, revenir sur les modes des gammes majeure harmonique et double harmonique comme promis il y a quelques semaines !