Nous poursuivons aujourd'hui l'étude de la création des gammes synthétiques par sensibilisation entamée la semaine dernière.
Nous avons pu voir la semaine dernière que par l’intermédiaire du phénomène de la sensibilisation, les gammes mineures harmonique et mélodique pouvaient être considérées comme les premières représentantes des gammes synthétiques. Mais continuons.
Petit rappel des règles d’attractivité entre les degrés d’une gamme
Si la notion d’attractivité entre les notes ne vous est pas plus familière que cela, je vous invite à vous reporter tout d’abord à l’article 25 du présent dossier. On se rappellera qu’un degré faible est toujours attiré par un degré fort. En l’occurrence la sensible, qui est le degré faible par excellence, est attirée par le degré fort par excellence, la tonique. Par extension, on pourra considérer comme une sensible chaque degré faible attiré par un degré fort.
Jusque-là, l’expression de la note sensible à laquelle nous avons été principalement habitués s’est toujours faite selon un mouvement ascendant, celui du septième degré majeur d’une gamme vers la tonique de cette même gamme. Or, comme nous le voyons dans l’article 25, tous les mouvements attractifs ne sont pas ascendants. De fait et par extension, tout degré faible attiré par un degré fort peut être appelé une « sensible ». On parle de sensible inférieure lorsqu’elle monte vers un degré fort et de sensible supérieure lorsqu’elle descend sur un degré fort. Nous verrons notamment l’utilisation de ces dernières dans les gammes miroir. Pour finir ce paragraphe, vous ferai-je l’affront de vous rappeler que les deux principaux degrés forts d’une gamme sont la tonique et la dominante ?
Quelques exemples de gammes synthétiques par sensibilisation
On observe essentiellement quatre types différents de notes sensibles, deux par ascension et deux par descente. La plus connue est bien sûr la septième majeure, qui résout sur la tonique. Outre la gamme mineure harmonique, la sensibilisation du septième degré peut nous donner le mode synthétique phrygien harmonique :
ou encore le mode synthétique locrien bécarre 9 harmonique :
La deuxième sensible que l’on peut observer est celle supérieure à la tonique, la neuvième diminuée. On a ainsi le mode ionien b9, créé par une sensibilisation du… mode ionien :
Ou bien par exemple le mode napolitain mineur qui découle d’une double sensibilisation (une au niveau de la septième et une au niveau de la neuvième) de la gamme mineure naturelle :
Comme troisième forme de sensible, nous avons la quarte augmentée qui est la sensible ascendante vers la dominante. Cela rejoint ce que nous disions dans l’article précédent sur les tétracordes séparés d’un demi-ton.
Outre le mode lydien, nous pouvons avoir ainsi le mode dorien #11 (ici Do dorien #11), quatrième mode de la gamme mineure harmonique, qui correspond à une sensibilisation de la quarte du mode … dorien :
Ou encore le mode mineur harmonique #11 ou hongrois mineur qui contient deux sensibles, celle au niveau de la quarte augmentée vers la dominante et celle au niveau de la septième majeure vers la tonique :
Enfin, la dernière sensible que l’on peut trouver est la 13e mineure qui descend vers la dominante. On pourra ainsi citer par exemple le mixolydien b13 :
Mais surtout, l’exemple à mon sens le plus parlant, le ionien b6 sinon appelé majeur harmonique :
Et c’est là-dessus que je vais vous laisser aujourd’hui, en vous proposant de nous retrouver la prochaine fois autour de cette fameuse gamme majeure harmonique dont je vous avais promis l’exploration des modes il y a de cela plusieurs semaines !