La semaine dernière, nous avons commencé à nous intéresser aux modes initiés par Olivier Messiaen. Je vous propose aujourd'hui de poursuivre et terminer cette présentation. Reprenons où nous en étions restés la dernière fois.
Mode de Messiaen numéro 4
Le quatrième mode de Messiaen est le suivant :
Sa structure demi-tonale est la suivante : 1–1–3–1–1–1–3–1
Il est transposable quatre fois :
Et voici un exemple d’harmonisation. Certains degrés ne peuvent pas être harmonisés en tierces sans être de simples renversements d’autres accords du mode :
Mode de Messiaen numéro 5
Le cinquième mode de Messiaen est le suivant :
Sa structure demi-tonale est la suivante : 1–4–1–1–4
Il est transposable six fois :
Et voici un exemple d’harmonisation :
Mode de Messiaen numéro 6
Le sixième mode de Messiaen est le suivant :
Sa structure demi-tonale est la suivante : 2–2–1–1–2–2–1–1
Il est transposable six fois :
Et voici un exemple d’harmonisation :
Mode de Messiaen numéro 7
Le septième mode de Messiaen est le suivant :
Sa structure demi-tonale est la suivante : 1–1–1–2–1–1–1–1–2–1
Il est transposable six fois :
Et voici un exemple d’harmonisation :
Le cas particulier de la gamme chromatique
Maintenant que nous avons fait rapidement le tour des modes de Messiaen, il me reste à vous présenter le cas particulier de la gamme chromatique que nous avons déjà évoquée dans l’article 81 sur l’atonalité. Cette gamme est composée de l’ensemble des demi-tons du système tempéré occidental et divise donc l’octave en 12 parties égales. Cette caractéristique fait d’elle aussi bien une échelle symétrique qu’à transposition limitée. C’est même la reine des échelles à transposition limitée : elle ne présente en effet aucune possibilité de transposition, puisqu’elle contient déjà en elle-même tous les autres modes et gammes !
La gamme chromatique est la suivante :
Sa nature particulière implique qu’elle ne dispose pas vraiment d’harmonisation propre (puisqu’encore une fois, elle les inclut toutes !). Les auteurs ne sont pas forcément d’accord en revanche quant à sa légitimité en tant que gamme tonale symétrique. Certains lui accorderaient davantage le statut de gamme atonale, voire de série.
Enfin, pour terminer, je me permets de m’écarter un peu du sujet mais c’est pour la bonne cause ! La subdivision de la gamme chromatique en parties de valeur égale ne fonctionne que dans le cadre du modèle occidental tempéré que j’évoquais plus haut. Dans ce modèle, l’unité de base est le demi-ton qui possède toujours la même valeur. Or, le modèle tempéré est un arrangement pragmatique avec la réalité physique des sons. Si l’on veut rester cohérent avec les lois de la physique, ce modèle n’est pas adapté, et il faut considérer l’existence de demi-tons de valeurs différentes. On parle alors de demi-tons chromatiques et de demi-tons diatoniques. En termes de divisions sonores, en-deçà du demi-ton on trouve le comma. La valeur du comma n’étant pas uniformisée, un développement du sujet ici nous mènerait trop loin. Mais sachez simplement que dans un système non tempéré, et contrairement à ce que l’on pourrait imaginer, les demi-tons chromatiques (par exemple Fa – Fa#) ont une valeur légèrement supérieure à celle des demi-tons diatoniques (Mi – Fa).