Dans le précédent article, nous avons observé comment les différentes voix d'un accord évoluaient pour aboutir à un autre accord, selon des mouvements bien précis. On parle dans ces cas-là de mouvements dits « obligés ». Et ce sont sur eux que nous allons nous pencher plus en détail aujourd'hui.
Les mouvements obligés
Les deux principaux mouvements obligés que nous avons évoqués la dernière fois étaient la montée d’une seconde mineure (demi-ton) de la tierce de l’accord de dominante (sensible de la tonalité) vers la fondamentale de l’accord de tonique, et la descente d’une seconde mineure de la septième de l’accord de dominante vers la tierce majeure de l’accord de tonique. Oui, ça sonne compliqué mais si vous décortiquez bien ce qui vient d’être écrit et que vous vous reportez à l’article précédent, vous devriez vous en sortir. À noter que l’exemple en question illustre une cadence parfaite majeure. Dans le cas d’une cadence parfaite mineure, la septième de l’accord de dominante descend d’une seconde majeure vers la tierce mineure de l’accord de tonique.
Le concept de mouvement obligé est intimement lié à celui de note attractive. La note attractive principale que nous connaissons et que nous avons déjà moultes fois croisée dans le présent dossier, c’est la sensible, soit la note situé un demi-ton en-dessous de la tonique d’une gamme. Mais il peut s’agir également d’une note autre que la sensible mais formant toutefois un intervalle dissonant tel que nous l’avons vu dans l’article 23.
Ou encore d’une note chromatique dans une progression du même nom :
En revanche, l’attraction que nous connaissons bien du degré V vers le degré I d’une gamme ne rentre pas dans le cadre des « mouvements obligés ». En effet, les mouvements obligés sont toujours conjoints. (cf article 22).
Résolutions ordinaires et exceptionnelles
On peut assister à deux formes de résolutions : l’ordinaire (régulière) ou l’exceptionnelle (irrégulière). La résolution ordinaire correspond à l’utilité première que l’on attribue à une résolution : faire évoluer une dissonance vers une consonance. Ainsi, l’exemple que nous avons employé dans l’article précédent illustrait une résolution de ce type.
Globalement on observe dans le cas d’une résolution ordinaire les transformations par mouvements conjoints suivantes :
- la quarte (consonance mixte, quasi-dissonance, cf article 23) ira vers la tierce (a)
- la quinte diminuée (le triton) ira vers la tierce par le double mouvement cité dans le paragraphe précédent (b)
- la quinte augmentée ira vers la sixte ©
- la septième ira également vers la sixte (d)
- la neuvième ira vers l’octave (e)
Mais il arrive que le mouvement obligé d’une note attractive n’aboutisse pas à une consonance, mais à une nouvelle dissonance chargée souvent de retarder l’arrivée de la consonance attendue. C’est dans ce cas de figure que l’on parle alors de résolution exceptionnelle, sur laquelle nous allons nous pencher dès le prochain article. Tout comme nous verrons plus tard également que si les dissonances se résolvent, elles nécessitent aussi bien souvent d’être préparées…
Allez encore un peu de patience les amis et bientôt, armés de tout ce savoir-faire, nous pourrons nous lancer dans la première harmonisation d’une mélodie, c’est promis !!!