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Pédago
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Les consonances et les dissonances

Les bases de l'harmonie — 23e partie

Si nous voulons commencer à dégager des mélodies et des lignes de basse à partir des renversements d'accords comme je vous l'ai promis dans l'article précédent, il convient de nous pencher sur l'épineuse question de la consonance et de sa jumelle maléfique, la dissonance... chose valable et primordiale pour l'ensemble de l'harmonie, d'ailleurs !

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Pourquoi cette ques­tion est-elle épineuse ? Tout simple­ment parce que la percep­tion de ce qui est conso­nant ou disso­nant est extrê­me­ment subjec­tive, et qu’elle dépend de multiples facteurs person­nels, histo­riques et socio-cultu­rels. Outre le fait déjà que notre propre oreille ne cesse d’évo­luer au cours de notre exis­tence, ce qui paraît agréable à une oreille occi­den­tale du XXIe siècle ne l’au­rait pas été pour une oreille – toujours occi­den­tale – du XVIIIe siècle, ou ne le sera pas forcé­ment pour une oreille orien­tale contem­po­raine, même si dans le domaine musi­cal égale­ment on assiste aujour­d’hui à une certaine forme de mondia­li­sa­tion. 

Tableau des conso­nances et disso­nances

Ce préam­bule effec­tué, voyons ensemble dans le tableau ci-dessous comment se répar­tissent les inter­valles entre conso­nance et disso­nance selon le goût occi­den­tal d’aujour­d’hui.

tableau consonances dissonances 
intervalles
seconde mineure
00:0000:02
  • seconde mineure 00:02
  • seconde majeure 00:02
  • septieme mineure 00:02
  • septieme majeure 00:02
  • triton 00:02
  • quarte juste 00:02
  • tierce mineure 00:02
  • tierce majeure 00:02
  • sixte mineure 00:02
  • sixte majeure 00:02
  • quinte juste 00:02
  • octave juste 00:02

À ce tableau je rajoute celui des harmo­niques d’un son fonda­men­tal (pour rappel de ce que sont les harmo­niques, je vous renvoie une fois de plus à l’ar­ticle 4 du dossier sur la synthèse sonore). À noter qu’il s’agit ici des harmo­niques natu­rels, et non « tempé­rés » comme sur un piano. Je revien­drai sur cette notion dans un futur article. 

harmoniques

Ces tableaux font ressor­tir trois choses. 

La conso­nance en fonc­tion des harmo­niques du son

La première, c’est qu’un inter­valle est d’au­tant plus conso­nant que l’on asso­cie au son fonda­men­tal l’har­mo­nique le plus proche. La conso­nance la plus parfaite est l’oc­tave, puis la quinte juste, puis la tierce majeure etc. Si cette consta­ta­tion peut donner un semblant de valeur scien­ti­fique à notre percep­tion actuelle de la conso­nance, je rappelle que cette percep­tion est basée sur des éléments cultu­rels. D’ailleurs, on remarquera que la quarte (Fa dans notre exemple) ne fait pas partie des harmo­niques natu­rels d’une note ! 

La conso­nance selon la posi­tion des notes

Et puisque nous évoquons la quarte, voici la seconde leçon que l’on peut tirer de cette clas­si­fi­ca­tion des conso­nances : deux notes n’ont pas le même rapport de conso­nance entre elles selon leur posi­tion rela­tive. Ainsi, la quarte Do-Fa est consi­dé­rée comme une conso­nance mixte, alors que la quinte Fa-Do est jugée comme une conso­nance parfaite.

do fa fa do
00:0000:00

De même, si la seconde majeure Mi-Fa# est un peu forte­ment rugueuse à l’oreille, la neuvième Mi-Fa# à l’oc­tave peut provoquer de nos jours une sensa­tion d’ou­ver­ture assez agréable.

 

seconde neuvieme
00:0000:00

La dyna­mique de l’al­ter­nance disso­nance/conso­nance 

Enfin, la dernière chose que l’on constate, c’est que les inter­valles qui nous semblent conso­nants sont ceux qui sont « agréables » à notre oreille et qui n’ap­pellent pas de réso­lu­tion parti­cu­lière. En fait, on peut même consi­dé­rer par effet de miroir que ce qui carac­té­rise une disso­nance, c’est préci­sé­ment la tension que l’on ressent à son écoute et le besoin de réso­lu­tion qu’elle provoque, comme l’exemple maintes fois cité dans ce dossier de l’ac­cord de septième de domi­nante et qui semble appe­ler déses­pé­ré­ment la tonique. C’est cette même tension qui confère aux inter­valles disso­nants leur carac­tère dyna­mique, contrai­re­ment aux inter­valles conso­nants que l’on ressen­tira comme « statiques ». Cette stati­cité des inter­valles conso­nants leur attri­bue d’ailleurs souvent les temps forts dans le cadre du rythme harmo­nique (dans les articles 9 et 10, les accords dits « stables » sont ceux basés sur des inter­valles conso­nants).

On peut même consi­dé­rer que depuis que l’on joue des notes simul­ta­nées dans notre système occi­den­tal (oui, j’in­siste sur cet aspect cultu­rel des choses !), l’on a toujours cher­ché à établir une alter­nance entre inter­valles dyna­miques et statiques, donc disso­nants et conso­nants, et ce bien souvent pour marquer d’au­tant plus les temps forts de la mélo­die et donc arti­cu­ler d’au­tant mieux le discours musi­cal.

Le prochain article nous permet­tra d’étu­dier un peu plus en profon­deur les disso­nances, et notam­ment comment les résoudre.

 

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