Se connecter
Se connecter

ou
Créer un compte

ou

Sujet La finalité de l'art.

  • 242 réponses
  • 17 participants
  • 16 434 vues
  • 14 followers
Sujet de la discussion La finalité de l'art.
En partant du postulat suivant:

« L’art s’accomplit et s’achève isolément. En ce sens, il ne tends vers aucun but mais trouve sa plénitude en lui-même, dans l’instant qui surgit et qu’il approfondit jusqu’à son fondement éternel. »

Kuki Shuzo conférence « Le temps en Orient »

On peut se demander si la finalité de l’art est d’être présenté/exposé au public ?
Dans nos sociétés occidentales surmédiatisées c’est tellement évident qu’on ne se pose plus la question. Avant l’art lui-même existe déjà le projet de sa diffusion et/ou de sa médiatisation.
Qu’est-ce qui motive donc notre création ?
L’art ou l’envie de le rendre publique ?
Dans le premier cas, une fois l’œuvre crée trouvant, selon l’argument de Kuki Shuzo, « sa plénitude en lui/elle-même », est-il nécessaire de la diffuser ?
Dans le second cas ne masque-t-elle une intention autre que l’art lui-même ?

Pour résumer, faire de l’art chez soi et pour soi n’est-il pas suffisant ?
A-t-on besoin de la reconnaissance de nos amis, parents, de notre conjoint(e), du grand ou du petit public, des spécialistes, des médias pour
« valider » nos œuvres (et donc un peu du sens de notre vie) en tant qu’objet artistique ?
Afficher le sujet de la discussion
11

Citation : il semblerait que les choses soient telles qu'il faille toujours justifier ou avoir quelque chose à prouver concernant sa création artistique.



c'est souvent ce qui est demandé dans les écoles d'art : la production d'un discours autour de l'oeuvre est plus importante que l'oeuvre en elle-même...
12
Autour du temps> Juste une dernière idée concerant ton paralèlle.

Pour schématiser, on pourrait dire que le schizophrène (puisque c'est ton exemple)est un sujet souffrant d'une pathologie avérée.

Or l'artiste créant chez lui et pour lui n'a ni pathologie, pas plus que l'art qu'il crée pourrait être considéré comme "pathologique" car il ne crée pas sans tenir compte de jugements de valeur (il a besoin des siens)mais il ne considère pas comme absolument essentiel que son oeuvre soit vue, reconnue, validée etc etc...

Tu peux reprendre un morceaux de Bob Dylan tout seul chez toi par exemple, est-il nécessaire que quelqu'un soit là pour dire "C'est de l'art."
Non bien sûr, car il est entendu que Bob Dylan est un artiste et qu'il fait de l'art.

Sans public, où est la différence si au lieu de jouer un morceau de Dylan, tu joues un truc à toi? Lui est connu et pas toi, es-tu moins créateur d'art pour autant? L'art n'est-il pas tout autant crée et donc selon Shuzo, validé/valable car se suffisant à lui-même?
13
Oui, mais l'Art est une célébration, non ? À ce titre, le partager serait plutôt naturel.
Et puis pour le public, j'ai l'impression que ça correspond aussi à un besoin "spirituel" (ce que j'entendais par "distraction", une forme de compensation du réel, de ce sur quoi nous n'avons pas prise).

Dans l'Islam orthodoxe, par exemple, les artistes sont assez mal vus (pour peu qu'ils sortent des arts décoratifs), il y a un verset dont la traduction donne à peu près ça :

"Les poètes (ceux qui créent) disent (créent) ce qu'ils ne font pas".

et on retrouve l'idée (appliquée aux mécréants aussi), qu'ils s'approprient / se parent de ce qui ne leur appartient pas...

(ça fait écho chez Baudrillard, dans "les stratégies fatales " entre autres)

J'ai l'impression que toute l'histoire de l'art pourrait être analysée sous cet angle : la remise en cause de la représentation et de son usage.
14
Kumo boy > Mon parallèle avec la schizophrénie tient uniquement dans son rapport à la réalité et non dans la souffrance que ce rapport génère dans son quotidien. L'art pour soi est, de mon point de vue en tout cas, un art schizophrénique parce que sa réalité (est-ce de l'art ?) n'est validé par personne d'autre que son auteur.

Lorsque tu écris

Citation : je ne pense pas qu'on puisse comparer un état psychique altéré qui fait que le principal intéressé a sa propre perception du monde et une activité musicale isolée qui elle, tient compte des paramètres étant acquis comme étant musicaux non seulement par l'artiste lui-même, mais aussi par son entourage et le public.



Les acquis existent également dans les états schizophréniques. Le problème tient dans la gestion de ces acquis. Lorsqu'on fait de l'art chez soi, pour soi, on n'est pas certain de respecter les "règles de l'art" tout le temps qu'on ne les confronte pas au regard (ou à l'écoute) des autres. Je ne suis pas en train de dire que tout expression individuelle de l'art est de nature schizophrénique mais c'est une possibilité à ne pas exclure. J'ajoute, pour aller dans ce sens, que si, en général, les artistes ont besoin d'un public, c'est dans le but d'une reconnaissance en tant qu'artiste. Cette reconnaissance est, pour moi, exactement de la même nature qu'une validation du "moi" par l'autre.
15

Citation : Tu peux reprendre un morceaux de Bob Dylan tout seul chez toi par exemple, est-il nécessaire que quelqu'un soit là pour dire "C'est de l'art."
Non bien sûr, car il est entendu que Bob Dylan est un artiste et qu'il fait de l'art.



Je ne suis pas tout à fait d'accord :lol: . Qui me prouve que mon interprétation de Bob Dylan est de nature artistique ? Je peux parfaitement faire un gros caca et dire, en étant parfaitement honnête, que c'est du Dylan. Qui serait là pour me contredire ? Personne. Or, on ne décide pas seul de la nature de ce qu'on fait sauf à le cacher indéfiniment. Mais alors, cette nature reste schizophrénique car virtuelle.
16
Autour du temps>

Citation : J'ajoute, pour aller dans ce sens, que si, en général, les artistes ont besoin d'un public, c'est dans le but d'une reconnaissance en tant qu'artiste. Cette reconnaissance est, pour moi, exactement de la même nature qu'une validation du "moi" par l'autre.



C'est justement cette reconnaissance que le postulat de départ me semble remettre en cause...l'art comme expression artistique et non comme expression du moi.

Citation : Lorsqu'on fait de l'art chez soi, pour soi, on n'est pas certain de respecter les "règles de l'art" tout le temps qu'on ne les confronte pas au regard (ou à l'écoute) des autres.



Dans mon idée concernant Bob Dylan, la personne qui joue le morceau sans public aucun, l'éxécute justement dans les "règles de l'art" comme il le ferait en public mais là il n'y a pas d'auditoire.
Est-ce moins de l'art pour autant?
Et une pièce que tu as crée toi-même, en respectant les "règles de l'art", perd-elle toutes ses qualités/sa validité artistiques sous seule prétexte que personne d'autre que toi ne l'entende et la juge?

Citation : Je peux parfaitement faire un gros caca et dire, en étant parfaitement honnête, que c'est du Dylan



Attention je ne parle pas de conceptualisation, de ré-arrangement ou de détournement etc etc...je parle de faire une oeuvre dans les règles de l'art, mais sans la finalité publique.
17
Autour du temps>

Citation : Qui me prouve que mon interprétation de Bob Dylan est de nature artistique ?



Et qui te prouvera qu'elle ne l'est pas ? :clin:
C'est là toute la question, est-il nécessaire que qq1 le prouve?
Et si oui que saura cette personne de la nature artistique?
Dans quelle mesure son jugement sera-t-il prompt à valider une oeuvre comme étant de l'art ou pas?
Son jugement/avis, sa validation seront-ils des garants d'art patenté?

Enfin tu vois quoi, c'est l'bordel :clin:
18
Ch'tit UP !!! mais est-ce que ça servira à qqchose?:|
19
Si, si.
Je suis en pleine lecture de la Théorie esthétique de T. W. Adorno, et c'est le meilleur endroit sur AF pour en dégager certaines thèses et les discuter...
"C'est blazman legacy ici" (Apocryphe) / Live music / Soundcloud
20

Citation : Pour résumer, faire de l’art chez soi et pour soi n’est-il pas suffisant ?


j'en avais déjà parlé ailleurs, mais je me rappelle d'un passage d'un bouquin de paul auster dans lequel un type se retrouve tout seul au plein milieu du grand canyon pendant plusieurs mois.
Se sentant complètement libéré des autres (et vivant en hermite); il a la sensation d'être au sommet de son art.


J'aime terminer mes chansons dans le but de les faire écouter autour de moi.
Mais je crois que le moment où je fais le "plus" de la musique, c'est au moment exact où l'envie de chanter et de prendre la guitare me saute dessus. Pas quand je finalise le morceau. (couplet/refrain ec...).

Si j'étais tout seul sur une île déserte jusqu'à la fin de mes jours, je continuerais à chanter sans l'ombre d'un doute.