Délaissant temporairement leurs banques gigantesques, EastWest et Quantum Leap proposent un instrument orchestral solo, le violon. Avec quelle réussite ?
À l’exception de quelques produits réalisés par un petit nombre d’éditeurs, on compte sur les doigts d’une main les bibliothèques ou instruments virtuels dédiés à des instruments solo extraits de l’orchestre. Si Sample Modeling propose régulièrement ce type d’instruments, si VSL en propose au téléchargement, les divers éditeurs ayant à leur catalogue des banques orchestrales n’offrent généralement que des ensembles regroupant des instruments solo.
|
Ainsi East Wast et Quantum Leap incluent bien un soliste de chaque famille dans leurs orchestres virtuels, qu’ils soient « symphoniques » ou « hollywoodiens », ils n’en proposaient pas, jusqu’à aujourd’hui. Voici donc EWQL Solo Violin, consacré à l’instrument phare de l’orchestre (enfin, un des…), dont on ne sait s’il est le début d’une longue série, ce qui serait logique, ou s’il s’agit juste d’un produit isolé.
Introducing East West QL Solo Violin
Uniquement disponible au téléchargement chez l’éditeur (sur le site américain ou celui conçu pour l’Europe, pour la somme de 75 euros), la bibliothèque pèse un peu plus de 4,6 Go, est livrée avec sa version du lecteur Play (version en cours à l’époque du test, 3.0.32) et nécessite de posséder une clé iLok pour son autorisation et donc son utilisation.
L’instrument a été enregistré en stéréo, chez Remote Control, c’est-à-dire chez Hans Zimmer. On peut se questionner sur le choix de cet endroit plutôt que de réutiliser le hall qui a servi aux précédentes bibliothèques orchestrales, ce qui aurait permis une correspondance sonore idéale. Peut-être est-ce une question de coût, tout simplement. Heureusement, l’éditeur fournit deux nouvelles réponses impulsionnelles, Solo Violin Concert 1 et Solo Violin Concert 2 pour utilisation dans la réverbe à convolution incluse dans le lecteur Play.
Du contenu
La bibliothèque est divisée en quatre types d’instruments, Long, Short, Legato et KS. On en trouvera tout le détail ainsi qu’une explication succincte sur le site de l’éditeur sous l’onglet Content de cette page.
L’éditeur reprend les articulations et styles de jeu que l’on peut retrouver dans ces banques orchestrales, ainsi des Exp Fast et Long, Lyrical, sustain avec plus ou moins de vibrato, un plus rare Sul Tasto (sur la touche), etc.
En voici quelques extraits pour les articulations Long.
On entendra parfois le « poussé » de l’archet, la plupart des articulations longues présentant un aller-retour de l’archet (dit poussé-tiré).
Du côté des articulations courtes, on dispose bien sûr des Marcato, Pizz et Staccato (avec quatre échantillons en alternance), Sforzando et Spiccato (qui offre 12 échantillons en alternance).
On entendra plusieurs de ces articulations dans le fichier suivant.
Notons tout de suite une chose commune à quasi tous les produits de l’éditeur. Ce dernier utilise fréquemment l’effet inclus qui permet de créer un doublage de l’image stéréo, avec ce que cela implique en termes de phase, de stabilité de l’image stéréo, d’annulations de fréquences, etc. Ainsi, si l’on passe en mono le jeu en accords de l’exemple précédent, voilà ce que ça donne.
Heureusement, il ne tient qu’à l’utilisateur de le désactiver. Autre chose constatée, la latéralisation à gauche de la stéréo. On peut comprendre ce choix par la volonté de placer d’entrée l’instrument dans un contexte réaliste d’utilisation orchestrale, mais on préfèrerait avoir la main sur ce paramètre, plutôt que de devoir l’adapter.
Pour y remédier, on peut très bien choisir comme Channel Source l’un ou l’autre des canaux (Left, Right, en mono du coup), ou leur somme (en mono toujours). Ce que fait entendre dans l’ordre l’exemple suivant.
On entend clairement la différence de timbre et de volume entre les canaux.
On continue avec les programmes Legato, à base d’échantillons réels (cinq versions différentes). L’exemple suivant les fait d’abord entendre un intervalle réduit (demi-ton jusqu’à tierce), puis avec des intervalles plus grands. Le dernier exemple fait entendre un programme Sustain de la famille Long, utilisant le script Legato Sim (pour plus d’explications sur les scripts permettant de simuler legato et portamento, voir le test de Hollywood Brass).
On notera la justesse plus qu’approximative de certains échantillons…
Enfin le dernier exemple fait d’abord entendre les échantillons réels de portamento, puis toujours un programme Sustain avec le script Porta Sim. On notera que seuls quelques intervalles limités sont possibles, et que la vitesse du Portamento est invariable.
Pour finir, une petite mise en situation dans un contexte que n’avait peut-être pas prévu l’éditeur. Pour des démos plus en rapport avec la cible première (musique classique et de film), on consultera la page idoine chez l’éditeur sous l’onglet Demos.
Téléchargez les fichiers sonores : flac.zip
Bilan
Un peu mitigé. Si l’on retrouve l’indéniable qualité sonore généralement associée aux produits East West, on ne peut que constater à l’usage les faiblesses du lecteur Play, qui accuse au fur et à mesure des mises à jour de la concurrence son retard en ce qui concerne à la fois le jeu en direct et la qualité des scripts. On est toujours obligé de charger plusieurs versions d’un même instrument (sons courts, longs, legato, etc.) afin de pouvoir avoir sous les doigts toutes les articulations (et encore), là ou des Kontakt ou MachFive par exemple, permettent de plus en plus de charger un seul instrument les contenant toutes, et, grâce aux possibilités de script (Kontakt est toujours la référence dans ce domaine), de gérer la reconnaissance du jeu en temps réel et d’appeler, toujours en temps réel, la bonne articulation. Quiconque a essayé une basse Scarbee ou Orange Tree ou un sax Sample Modeling sur Kontakt par exemple, ne peut qu’attendre ce type de gestion des articulations sur les autres produits. Ce n’est pas le cas de Play, qui propose de plus des scripts de simulation (Legato, Portamento) pour essayer de remédier à une gestion temps réel sur tout type d’articulation, et ce au détriment du réalisme.
Bref, EWQL Solo Violin ne tient pas toutes ses promesses (on se souvient par exemple de feu le très bon Stradivari de Garritan), les possesseurs de Gypsy du même éditeur pouvant par ailleurs très bien se contenter du violon fourni dans cette bibliothèque, offrant de plus des articulations non présentes ici (et vice-versa, sans compter l’absence des scripts de legato et de portamento).