Musique et philosophie
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amanitsounds

"Naissance de la tragédie" et "Vision dyonisiaque du monde" de Nietzsche
"Le pli " Deleuze à propos de Leibniz
""Nouveaux essais sur l'entendement humain" de Leibniz
"Anti-Oedipe" de Deleuze
Le thème de ce forum serait donc : à votre avis quels sont, et ce depuis les pré-socratiques (Pythagore par ex), les liens entretenus entre la musique et la philosophie ?
Cette question découle de mon désir d'approfondir cette question, donc, si vous avez des références, balancez balancez...
J'insiste bien sur philosophie, il n'est pas question ici de théorie musicale etc... Ni des compositeurs ou musicologues qui se sont essayés à de vagues divagations totalement ridicules (Schoenberg dans son traité d'harmonie, à pisser de rire, une contradiction toute les 5 lignes...)

a.k.a

ce sujet a déjà été abordé, mais pas sous ce jour. C'était plutôt chacun y va de sa petite opinion, et tout le monde reste sur ses positions...
C'est vrai que les musicos qui parlent de zic, c'est minable : paroles d'un maître de conf : "Le mouvement Dada a été créé par Monsieur... Dada", bon, j'en ai plein d'autres, mais c'est vraiment affligeant.
autrement, présocratique, ça s'écrit en un seul mot

Pour moi, deux pensées sont très intéressantes : celle de Boèce et celle de Bergson
Boèce veut penser les sons en tant que fonction. s'occuper de musique à l'époque signifie plus spéculer sur elle que composer. D'après lui, toutes les choses sont établies dans l'harmonie par la raison divine, et ce, d'après l'ordre des nombres (on retrouve ici, voilé, une partie d'un héritage platonicen, et, de manière latente, le concept de "sympathie universelle" propre aux stoïciens). Le nombre, principe de toute chose (je refais pas un topo sur la notion de principe) est l'outil du démiurge en même temps qu'il est la cause de la perfection et de l'harmonie du monde. La musique est donc d'après Boèce la science des nombres qui régissent le monde.
De là, il distingue 3 catégories musicales
-La musique du monde (j'épargne les termes latins) : course des astres, défilement des saisons, etc. en gros, la cosmologie est régie par la musique en tant qu'elle n'est que nombre et fonction de ceux-ci
-La musique humaine : symbiose de corps et de l'âme, prise de conscience de l'homme comme membre de cette harmonie universelle (et non pas à sa tête comme les humanistes)
-La musique instrumentale : par l'art, elle imite la nature (puisque la nature est parfaite)
La musique finit par être la science de toute proportion, quelle qu'elle soit, et en cela, elle imite l'action démiurgique.
Pour Bergson (rappelons que cet homme est docteur en mathématiques), je m'appuierai sur son Essai sur les données immédiates de la conscience (1889) (téléchargeable ici) lequel a pour but de démonter la psychophysique ("science" mise au point par Fechner quelques années plutôt et qui repose sur le postulat suivant : "la quantité du stimulus entretien un rapport de proportion avec la quantité de la sensation" que Bergson s'empresse de mettre par terre avec force arguments) dans un premier temps, dans un deuxième temps, introduit le lecteur à la notion de durée (laquelle nous interessera plus tard), pour finir par casser le déterminisme qui a le vent en poupe à l'époque. (riche programme, hein

Donc, la notion de durée. Pour Bergson, durée est synonyme de vie de conscience. La vie de conscience (nos "événements internes") est un flux ininterrompu d'états de conscience. Ces états de conscience proviennent de nos perceptions ainsi que de nos états de conscience eux-mêmes. certais sont donc auto-engendrés. Un fait notable : les états de conscience se contaminent les uns les autres et c'est cette contamination qui forme ce flux. Prenons un exemple concret (de Bergson lui même) : Lorsque l'on arrive dans une ville nouvelle (que l'on ne connait pas), celle ci se reflète dans nos états de conscience sous la forme d'une sensation représentative nouvelle. Mais au fur et à mesure que nous vivons dans cette ville, nos états de conscience se modifient et ce pour deux raisons : car l'état de conscience rattaché à la sensation de la ville est contaminé par nos autres états de conscience, d'autre part, l'habitude ternit notre perception et la rend comme figée.
Quel est le lien avec la musique ? le fait que Bergson décrive la conscience comme durée est significatif. La musique n'est-elle pas l'art (ou la manière) d'organiser (ou non) des sons dans la durée. De plus, le fait que Bergson décrive la vie de conscience comme un flux me fait penser à certaines oeuvres à temps lisse de Ligeti ou a Computer suite from Little Boy de Risset. Le passage de l'Essai concernant le fait de compter est lui aussi significatif pour la musique (je le développerai peut-être dans un prochain post)
comme quoi, les philosophes on toujours de l'avance sur les compositeurs !

amanitsounds

"Le mouvement Dada a été créé par Monsieur... Dada" j'ai cru que j'allais pisser dans mon froc...
j'ai téléchargé l'essai de Bergson, je vais m'y atteler.
Pas trop l'temps de dévellopper sur le sujet ce soir... Grosse journée, et j'ai encore du taf. Demain j'essaierai de faire un post sur "Naissance de la tragédie".

a.k.a


en fait, pour la philo, je passe la licence cette année.
Citation : "Le mouvement Dada a été créé par Monsieur... Dada" j'ai cru que j'allais pisser dans mon froc...
ben moi, j'étais tellement abasourdi par tant de connerie que j'ai rien pu faire !
si t'as des questions sur l'essai, mailes moi, je te répondrai (dans la mesure du possible)
j'attends avec impatience ton post sur Nietzsche...que je ne pourrai lire que dans deux semaines




au pire, tu peux me mailer, j'ai accès à internet à la fac.
encore une fois merci et bon taf ! tant que tu fais ce qu'il te plaît...
"Le travaille annihile L'individuum" explique Nietzsche dans le Crépuscule...
à très bientôt !

a.k.a



Anonyme


amanitsounds

Par contre je pourrai préparer une petite bibliographie ça pourrai le faire. Ouais...

a.k.a


amanitsounds


a.k.a



Nyl auster


a.k.a

j'espère que tu as révisé ta critique de la raison pure, et éventuellement celle de la faculté de juger !
y a vraiment énormémement de trucs à dire notamment à partir de l'esthétique transcendantale, de l'analytique du beau et du sublime...
viens mettre ton grain de sel, tu es le bienvenu !

Nyl auster

Hors sujet : malheureusement, je n'ai pas eut le temps de m'y mettre encore... De toute façon, j'ai déjà beaucoup à réfléchir sur la notion de cause-effet, d'espace temps comme structure de la pensée, c'est pas rien comme idée...
Je prends mon temps pour m'imprégner des idées que je lis quoi. Je reviendrais à Kant quand j'aurais un peu progressé.

Nyl auster

C'est très brouillon dit comme ça, mais quand je l'avais vu, j'avais trouvé l'idée assez passionnante! J'essaierais de retrouver ça.
Y 'a déjà beaucoup de choses dans le poste de Lebat, mais j'aimerais en savoir un peu plus sur la vision de Spinoza...

Nyl auster


a.k.a

Pour Spinoza, je ne peux pas te répondre. D'une part parce que je ne me suis penché que sur le livre I de L'Ethique ( "De Dieu" ) et d'autre part, j'ai beaucoup de mal avec une pensée si dogmatique à certains égards (contre laquelle Kant s'insurge, par ailleurs)
Pour la pensée de Lao Tseu, je ne peux pas non plus te répondre. En revanche, il y a un petit développement à faire sur le bouddhisme Zen, dont Cage s'est fortement imprégné dans sa seconde période de composition. Cage a d'ailleurs étudié le Zen pendant deux ans avec un type du nom de Suzuki. Cage se demande dans "Silence" : "Qu'arrive-t-il à une pièce de musique lorsque celle-ci est faite sans intention ? Qu'arrive-t-il également au silence ? c'est à dire comment l'esprit perçoit-il son changement ?" (p.22)
Le bouddhisme zen prône le devenir, s'opposant ainsi à tout determinisme (on en voit bien les repercussions dans certaines oeuvres de cage, telles les "Song Book" ou, encore plus probante "4'33" ), pousse cage à privilégier la contingence des événements musicaux, à rationaliser le hasard et à en prendre pleinement conscience. Dans "4'33", c'est de 4 minutes 33 de silence dont il s'agit. Imaginez (je l'ai vu de mes yeux à l'auditorium de Dijon en 2003) un type qui s'assied au piano, qui l'ouvre, qui pose ses doigts sur les touches....et qui ne bouge plus pendant 4 minutes 33 ! les réactions du public ne se font pas attendre et c'est à ce moment là qu'explose la musique, ou plutôt l'événement sonore, de nature contingente et en perpétuel devenir, réfutant ainsi toute la coercition d'une musique écrite.
je tenterai d'approfondir dans les jours prochains, mais j'attend les réactions !

Nyl auster


a.k.a


Nyl auster


a.k.a

Il y a transmigration des âmes dans le bouddhisme (ça s'appelle la métempsycose). L'âme migre de corps en corps (samsâra) et tend à chaque fois vers le Nirvanâ, la délivrance. elle a alors un statut de divinité, car elle devient immatérielle.

Nyl auster

Hors sujet : et t'appelles pas ça une forme de religion?

a.k.a


Anonyme

ex : chez platon on trouve aussi le mythe de la réincarnation ( la république livre 3 je crois ...)
La religion est avant tout un phénomène symbolique donc une communauté ( mais bon c'est pas le sujet donc je vais pas dév

Sinon comme ça en passant je ne sais pas si Spinoza est dogmatique ( que veut tu dire par là ? c'est le sens sceptique que tu utilises dans ce cas là je suis d'accord mais Kant aussi est surement bien plus ... ou le sens commun dans ce cas là je ne comprend pas -> ok j'aime bcp Spinoza parce que c'est un des premiers VRAI penseur de l'émancipation et du refus de la théologie non comme sujet mais comme méthode de raissonement ...)
Sinon on trouve dans le livre 4 de la république un bon passage sur l'ésthétique et dans le premier livre un passage sur l'éducation des gardiens qui comprend une éducation à la musique comme éducation au rythme et à la mesure ( au sens moral) en cela platon est proche des pythagoriciens pour qui la musique est une branche des math ( ce qui explique la formalisation de l'harmonie dans notre civilisation) et donc de la mesure universel bon enfin lisez avec une bonne édition scientifique et vous comprendrez moi j'ai un peu de mal à jouer les prof vu mes compétences
Y a un passage dans le banquet sur le beau ( dans l'amour) mais c'est utilisable
Sinon y a la poétique d'Aristote ( pas lu en entier )trés interresant comme réponse à Platon
Sinon dans les textes de Nietzsche sur Wagner on trouve de super passage sur la musique
Puis sinon Deleuze avec la pop philosophie

Nyl auster

Citation : Y a un passage dans le banquet sur le beau ( dans l'amour) mais c'est utilisable
Le banquet est ma principal influence en musique! c'est un peu barré et métaphysique, mais c'est un point de vue qui convient très bien pour faire de la musique.

a.k.a

Pendant qu'on y est aussi, le vieux platon, je me fais chier en le lisant. Je préfère 100 fois Aristote qui a le mérite d'être bien plus rationnel. De plus, le fait qu'il ait constitué un savoir que l'on peut à juste titre qualifier d'encyclopédique, m'a toujours impréssionné.
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