Quatre ans après la sortie de sa station de travail haut de gamme, Kurzweil lui greffe un processeur multi-effets de très haut niveau. Avec le KDFX, la firme a voulu faire du K2500 le studio numérique intégral de l’extrême. Et ça, c’est pas du cinéma !
Si l’on fait un parallèle entre les séries K2K et les trilogies Starwars, Kurzweil est à la lutherie électronique ce que Georges Lucas est au cinéma. D’une part parce que leurs productions sont exceptionnelles sur le plan émotionnel comme technique, d’autre part parce que leurs auteurs n’hésitent pas à faire perdurer le mythe au travers des générations. C’est le cas des K2500 (K2500R pour le rack, K2500 pour le clavier 76 touches et K2500X pour le clavier 88 touches piano), magnifiques workstations hybrides réunissant synthèse modulaire et ouverture à l’échantillonnage haut de gamme. Ainsi, le modèle présenté en 1995 n’a cessé d’évoluer, en software comme en hardware : cartes Rom 8 Mo orchestraux, 8 Mo contemporains et 4 Mo piano stéréo, Ram SIMM jusqu’à 128 Mo, carte d’échantillonnage ou encore carte de mémoire programmes PRam. Même le châssis peut recevoir un disque dur SCSI interne. En ajoutant tout cela, on augmente la puissance d’une machine déjà hyper sophistiquée et on complique considérablement l’antre de la bête.
Avec ses 48 voix de polyphonie (ou 192 oscillateurs numériques), ses possibilités de traitement audio sans précédent (synthèse « VAST » à algorithmes modulaires), ses 10 sorties audio (5 paires dont une paire Mix), ses sorties numériques et une qualité sonore remarquable, le K2500 souffre cependant d’un handicap hérité du passé : le chip Digitech 256 qui fait office de processeur d’effets. Celui-ci est du type multi-effets, capable de générer jusqu’à trois effets différents + Mix simultanés. Le son et la modularité sont très bons, mais l’effet est mono en entrée (stéréo en sortie) et il est placé après mixage de tous les sons. Autrement dit, il n’y a pas de départ indépendant en mode multitimbral.
Dès la sortie du K2500, Kurzweil avait prévu d’étendre les possibilités de traitement du signal de sa machine fétiche. C’est aujourd’hui chose faite avec le KDFX, un processeur d’effets numériques surpuissant travaillant sur 4 bus stéréo. En attendant, la société n’a pas chômé et de nombreuses mises à jour logicielles ont vu le jour, raison de plus pour faire ce tour d’horizon. Dans le présent banc d’essai, nous nous focalisons sur les nouvelles fonctions des versions 2.52 (mode KB3), 2.80 (Live Mode) et 4.04 (avec carte KDFX). Action !
Pretty Organ
Fin 1997, le K2500 passe à la version 2.52 mettant en scène le mode KB3 (Kurzweil B3), une modélisation d’orgue Vintage à roues phoniques. En parallèle, la version 2.52 augmente considérablement les temps de transfert SCSI (chargements à 1 Mo par seconde) et l’efficacité du processeur (temps de défragmentation de la Ram et traitements DSP). Enfin, les Keymaps passent à 8 niveaux de vélocité de Cross-switch au lieu de 3 ce qui fait qu’en mode Drum, chaque note est capable, dans un même programme, de déclencher 256 sons différents suivant la vélocité.
Passons au cœur du système KB3, capable de simuler le comportement d’orgues Vintage tels que le célèbre B3 Hammond et d’utiliser les faders et la molette du K2500 (ou ceux d’un contrôleur Midi externe) comme tirettes harmoniques. La modélisation est basée sur l’utilisation simultanée de 96 oscillateurs (2 par voix), chacun ayant ses propres fréquences et amplitudes. Lorsqu’un programme KB3 est sélectionné, les 96 roues se mettent en marche en même temps et sont partagées (au lieu d’être « volées ») au fur et à mesure que la polyphonie est « entamée », comme sur les véritables orgues à roues phoniques. Rien n’empêche donc de se coucher sur le clavier de son K2500X pour envoyer 88 voix de polyphonie en même temps. Dans ce mode, il existe un groupe supérieur et un groupe inférieur de roues phoniques, l’un d’entre eux utilisant une onde sinusoïdale numérique et l’autre n’importe quel échantillon (bouclé) en Rom ou en Ram. On sent déjà les possibilités infinies de la machine.
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Chaque groupe dispose d’un volume et d’un réglage de tonalité. On définit ensuite le nombre de roues phoniques (voir encadré) avec un maximum de 95 (la 96e étant réservée pour la simulation du « click »). Comme sur les machines les plus connues simulées par le mode KB3, il y a neuf tirettes harmoniques, par exemple 16’, 5 1/3’, 8’, 4’, 2 2/3’, 2’, 1 3/5’, 1 1/3’ et 1’, le rang 8’ étant considéré comme la fondamentale. En tirant (vers le bas) sur les huit faders du K2500, on augmente le volume de chacune des harmoniques en temps réel. La molette, affectée à la neuvième, fonctionne quant à elle dans l’autre sens, si bien qu’en position zéro, l’harmonique est à fond. Astucieux ! Tant qu’on en est aux contrôles, le K2500 dispose d’une rangée de huit interrupteurs sous les faders. Ceux-ci servent à contrôler le Leslie (lent / rapide), à mettre en marche le vibrato, le chorus (avec 3 profondeurs) et la percussion, tout cela en temps réel. Fort heureusement, toutes ces commandes répondent à des contrôleurs Midi, ce qui évite tout désarroi aux possesseurs de K2500R.
Hammonds are forever
En édition, on accède aux pages de réglage des neuf tirettes (volume et accordage, ce qui est infiniment plus souple que sur un orgue classique). Un mode permet même de scanner la position physique des faders du K2500 (clavier) pour en récupérer les valeurs. Yeah ! On accède ensuite à tous les réglages de la percussion : ses harmoniques haute et basse, la tirette harmonique qu’elle « vole » (la neuvième sur les orgues non bidouillés), son volume, son temps de déclin et sa réponse en vélocité, sachant que comme sur les vrais orgues, la percussion est à déclenchement unique (tant que les notes ne sont pas liées). Vient ensuite le « Key click », qui peut être à déclenchement multiple. Les paramètres sont à peu près les mêmes que la percussion, avec en plus réglage direct de la tonalité, du mode de déclenchement, de l’attaque, du relâchement et d’un générateur aléatoire de modulation de volume.
Comme si cela ne suffisait pas, le mode KB3 autorise le réglage de paramètres supplémentaires, comme le tracking des roues phoniques (l’équilibre de volume global entre les différentes roues, suivant mesures effectuées par Kurzweil sur de vrais vieux orgues), un effet de préampli (qui peut être désactivé comme sur les orgues trafiqués pour avoir une sortie directe avant préampli et pédale d’expression), le leakage entre les roues phoniques (degré d’intermodulation entre roues adjacentes) ainsi que différents contrôleurs Midi (haut-parleur tournant lent ou rapide, sélection et mise en marche des Vibrato et Chorus). Enfin, un égaliseur 4 bandes (2 Shelves et 2 paramétriques) complète le tableau déjà bien chargé de cette modélisation époustouflante qui, rappelons-le, est capable d’utiliser simultanément des oscillateurs numériques et n’importe quel échantillon Rom ou Ram pour fonctionner (la resynthèse, en sorte !).
Les sons obtenus, copies de Vintage ou délires sonores, sont stupéfiants (il y en a 10 en Rom, 20 avec le KDFX) et seule la simulation de Leslie par le processeur d’effets interne laisse à désirer. Le meilleur reste à venir avec le KDFX, ce que nous ne manquerons pas de voir par la suite. Le site Internet de Sweetwater offre une centaine de sons de qualité exceptionnelle tirant partie de cette synthèse révolutionnaire (www.sweetwater.com). Pour terminer, il faut savoir qu’il est possible d’entrer dans la synthèse VAST traditionnelle à partir du mode KB3 (il existe une porte cachée), ce que Kurzweil déconseille totalement, les résultats de niveau sonore pouvant être inattendus. Réservé strictement aux bidouilleurs, donc. A part sa gourmandise en polyphonie, difficile de critiquer cette époustouflante modélisation qui, de plus, est absolument gratuite !
Staying alive
Dès 1998, à peine remis de la version 2.52, Kurzweil relance les hostilités avec la version 2.80 « Live Mode ». Celle-ci permet d’utiliser les entrées sampling pour traiter un signal externe stéréo (analogique ou numérique) en temps réel avec les algorithmes VAST (filtres multiples résonants, shaper, modulation en anneau, synchro et autres modulateurs de largeur d’impulsion) et les effets. Là où le constructeur est très futé, c’est que cette version nécessite l’installation de la carte sampling (sampling / resampling stéréo 16 bits de 29 à 48 kHz, entrées audio analogiques asymétriques jack et symétriques XLR stéréo, entrée numérique stéréo AES/EBU et optique) et de 1 Mo de Ram pour pouvoir fonctionner. Finement joué Kurzweil, qui donne une raison supplémentaire de s’équiper en version de combat. Absolument pas Plug and Play mais assez simple à installer, cette carte nécessite d’ouvrir la machine pendant une bonne demi-heure et de réinstaller l’OS et les objets (en moins de cinq minutes, là).
Qu’obtient-on dans le Live Mode ? Le signal entrant est envoyé dans les algorithmes VAST comme un vulgaire échantillon dont il va emprunter le parcours. C’est donc en édition de programme que l’on effectue les réglages, comme pour un programme classique. Une application est d’utiliser le K2500 comme Pitch Shifter en temps réel, avec balayage de tonalité par un LFO, par la molette de modulation ou n’importe quoi d’autre. Lorsque la machine transpose vers le bas, la vitesse du son ralentit, ce qui fait qu’une fois que le buffer est plein, la lecture du son saute à la valeur actuelle. Réciproquement, la vitesse de lecture augmente lorsqu’on transpose vers le haut, si bien que le K2500 invente de l’audio en temps réel, avec des bouclages courts plus ou moins heureux. La parade pour atténuer les boucles est de créer une seconde couche avec pitch originel bloqué et d’affecter le contrôleur qui commande la tonalité au crossfade entre les deux couches (crossfade normal sur l’une et inversé sur l’autre).
Une autre possibilité est de commander les variations de tonalité avec l’arpégiateur. Ainsi, le Pitch varie mais comme les notes sont fréquemment redéclenchées, on reste dans le tempo. Malin ! Sur des sons tenus, rien n’empêche de jouer des accords : à nous les chœurs, mais également le Minimoog polyphonique ! La version 2.80 vient avec 10 programmes configurés pour une utilisation Live, avec des réjections de bande, des générateurs de formants de voix (filtres passe-bande multiples) ou des simulations de chuchotement. Un fêlé a même trouvé un moyen (non officialisé par Kurzweil) d’utiliser le Live Mode comme véritable vocodeur 24 bandes (vingt-quatre !) avec entrées audio analyse et synthèse. Disponible sur le site Internet Sweetwater. Voilà donc un nouveau mode qui n’a aucun équivalent à la concurrence, pour les fondus de bidouille !
L’aventure intérieure
Entrons maintenant dans le vif du sujet. Le KDFX est une carte électronique couverte de VLSI venant s’installer sur la carte audio du K2500 pour les machines non configurées de base. L’installation est très complexe et assez longue (plus d’une heure). Elle doit donc être faite par un technicien expérimenté, y compris la mise à jour de l’OS, ce dernier prenant place en partie dans une mémoire Flash additionnelle présente sur la carte KDFX. Cela n’a donc rien à voir avec les mises à jour habituelles. Ceci signifie qu’il convient de choisir son revendeur en fonction de sa connaissance des machines Kurzweil (genre « tu as un des premiers K2500R et les alimentations ne sont pas les mêmes que celles dans les instructions de montage, mais je vais m’arranger »).
Passons ces détails (il y a du vécu, là dedans !) et revenons à notre carte. Celle-ci contient une interface AES/EBU qui autorise une sortie numérique deux canaux (inutile si la carte sampling est déjà installée, cette dernière en comprenant déjà une) et KDS (voir encadré 2). La sortie numérique est directe, sans double conversion N/A – A/N préalable comme cela était le cas avec l’ancien effet interne. Prenant place au-dessus des Rom et PRam optionnelles, il conviendra de choisir ses options dans le bon ordre. Avec tous ces câbles, on se croirait revenus 20 ans en arrière ! Mais une fois le capot refermé, l’OS 4.04 et les objets 4.02 installés, la récompense à notre attente (4 ans depuis l’achat et 2 heures depuis l’ouverture de la bête) ne se fait pas attendre.
La grosse patate sur les basses compressées, de magnifiques réverbérations très propres avec plein de détail, des chorus chauds et profonds, de monstrueuses distorsions et des effets spéciaux indescriptibles (vive la LaserVerb !). Tous les sons présents dans les Rom du K2500 ont été recuisinés à la sauce KDFX : le Clavinet de la Rom 2 est encore plus vrai que nature, la profondeur des orchestres de la Rom 1 est impressionnante et le piano de la Rom 3 encore plus brillant. Quant aux sons de la Rom 0 (d’origine), ils sonnent infiniment mieux, même si Kurzweil a eu la main lourde sur certains dosages d’effets (heureusement modifiables). On apprécie également les kits de batterie dont des groupes de percussions sont traités par des effets indépendants. Enfin, les orgues du mode KB3 disposent d’un traitement de faveur, dont une simulation de Leslie avec un démarrage et une montée en puissance à couper le souffle, sur lequel nous reviendrons en détail. En résumé, une réussite totale qui fait vite oublier le Digitech de base, par ailleurs utilisable comme à l’origine. Si on fait l’addition, on arrive à six multi-effets !
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Le cinquième élément
Le KDFX est ni plus ni moins qu’un processeur surpuissant disposant de ses propres VLSI et d’une mémoire Flash (pour l’OS) capable de générer des effets hyper sophistiqués (réverbérations, délais, chorus, distorsions, compresseurs, RPS 3D…) sur 4 bus stéréo indépendants (ou 8 mono) et un effet auxiliaire. Chacun des cinq effets est en fait un multi-effet stéréo modulable à outrance (nous allons voir que le mot est faible !) avec tous les contrôleurs imaginables, physiques comme Midi.
Avec le KDFX, le K2500 dispose de deux nouveaux types d’objets : les studios et les programmes d’effets. Au nombre maximum de 1000 chacun (selon mémoire disponible), la gestion de ces objets est en tous points comparable à celle des autres objets de la machine (programmes, Setups, QA Banks, Keymaps, échantillons, tables, séquences, effets internes…). De sorte que l’on peut les nommer, charger, sauvegarder, effacer, copier, dumper ou réarranger comme n’importe quel autre objet. Ils fonctionnent également en objets dépendants (lorsque l’on charge ou que l’on sauvegarde un studio, le K2500 est capable de lui adjoindre automatiquement les programmes d’effets qui en dépendent), fonction que peuvent envier les non-utilisateurs de Kurzweil. Un studio comprend les réglages du parcours de tous les signaux audio depuis les 4 sorties virtuelles stéréo du K2500 après l’amplificateur jusqu’aux sorties physiques stéréo de la machine (Mix et ABCD), en passant par les 4+1 multi-effets (Bus 1 à 4 et effet auxiliaire).
Pour être plus clair, examinons le parcours du signal sur l’un des bus, les quatre étant identiques : on attaque par l’éditeur d’entrée qui accueille le signal de l’une des quatre sorties virtuelles du K2500. Ce dernier peut être une ou plusieurs couches d’un programme (un seul échantillon si on le veut), un ou plusieurs programmes d’un Setup, ou encore une ou plusieurs pistes d’une séquence. Dans cette même page, on trouve un égaliseur 2 bandes indépendantes de type shelf, filtre passe-haut ou filtre passe-bas 6 ou 12 dB/octave (et 2 fois 2 bandes en dual mono), un réglage de volume et de panoramique (position et largeur stéréo). Ensuite, le signal peut être envoyé dans deux départs séparés, l’un vers l’un des quatre bus et l’autre vers l’effet auxiliaire. A cette étape, on règle la balance Wet / Dry, le gain de sortie, le départ vers l’effet auxiliaire (le cas échéant) et la balance. Enfin, l’éditeur de sortie détermine pour chaque sortie physique du K2500 (A/Mix, B, C ou D) le bus d’effets qui lui est adressé (Mix, Bus 1 à 4, pré ou post-effet). Ainsi, il est donc tout à fait autorisé d’avoir, au minimum, un effet distinct sur chaque groupe de sorties audio. Là, ça commence à chauffer !
XXL
Le KDFX dispose d’effets arrangés en 105 algorithmes plus ou moins complexes en calcul de DSP. Chacun occupe un certain nombre d’unités d’allocation de puissance (de 1 à 4 PAU) suivant la complexité. Pour l’ensemble des 4 bus, on dispose d’un maximum de 4 PAU au total alors qu’on en a 3 rien que pour le processeur auxiliaire. Celui-ci sera donc chargé de générer les effets les plus complexes puisqu’il peut être utilisé, si on le souhaite, sur l’un des bus (exemple, 2 PAU sur le Bus 1, 1 PAU sur les Bus 2 et 3, rien sur le Bus 4, et 3 sur l’effet auxiliaire). Contrairement au Korg Trinity, les effets à un PAU (équivalents à deux blocs sur le japonais) sont déjà très complexes et stéréo en entrée / sortie. De plus, le KDFX est utilisable dans toute sa puissance en mode programme comme en mode Setup.
Dans la liste des algorithmes, on trouve de somptueuses réverbérations stéréo dont la taille de la pièce est variable (Both, Chamber, Room, Hall…), une incroyable modélisation de Plate métallique EMT 140 des années 50 avec conseils avisés de réglage, des délais multitap (8 Taps de 2,5 secondes maximum, avec synchronisation Midi), des chorus, des flangers (avec filtres en peigne), des simulateurs d’ampli, des distorsions (à lampe ou à transistor), des processeurs de dynamique (compresseurs multibandes avec dé-esseur par Sidechain, enhanceurs, noise gates, expandeurs), des filtres (résonants avec enveloppe, shaper, morphing à la Z-plane E-mu) et des effets spéciaux (LaserVerb, effets RPS 3D). La liste est longue et on trouve même un algorithme de Metering et d’analyse stéréo ainsi que des effets multiples (double et triples) en série ou parallèle.
Dans les algorithmes (simples comme complexes), le nombre de paramètres varie de 10 à 40 ( !). Un manuel séparé exhaustif de 180 pages leur est dédié. Comme toujours sur les synthétiseurs Kurzweil, toutes les valeurs sont exprimées dans leurs véritables unités (gain en décibels, fréquence en Hertz, temps en secondes…) ce qui renforce l’immense classe de la machine, s’il en était encore besoin. De plus, certaines pages disposent de vu-mètres en temps réel (signal entrant, signal compressé…). Mais que fait-on de tous ces paramètres ? Eh bien bonne surprise, le KDFX est bâti comme la synthèse VAST, c’est-à-dire qu’il va nous permettre de moduler à peu près n’importe quoi à partir de la même chose. On nage en plein délire !
Twister
Chaque Studio, fort de ses 4 bus et 5 multi-effets, autorise le contrôle en temps réel de 18 paramètres choisis parmi n’importe lequel des 5 algorithmes sur n’importe quel bus. A l’utilisateur de déterminer ce qu’il veut comme il veut. De plus, ces contrôleurs peuvent être assignés aux départs des bus et aux égaliseurs. Ces paramètres n’existent pas au niveau du Studio mais au niveau de l’éditeur de programme, si bien que l’on peut utiliser un même Studio dans différents programmes avec 18 paramètres complètement différents « écrasés » au sein des différents programmes. Astucieux pour gagner du temps et de la mémoire interne ! De plus, chaque bus dispose de deux Overrides pour écraser deux paramètres par effets au sein d’un Studio, ce qui évite là encore de dupliquer inutilement des programmes d’effets, pour quelques paramètres modifiés. Encore merci !
Revenons à nos modulations. Dans la liste des destinations de modulation, on trouve donc de tout, tel que la balance Wet / Dry, les départs effets, les temps de réverbération, le type de pièce (attention au « Squeezzz », cela revient à changer la modélisation), les temps de délai… Fin du fin, le KDFX dispose de 2 LFO, 2 enveloppes ASR et 2 FUN (processeurs de fonctions mathématiques telles que valeur absolue, opérations, bouléennes, logiques, sinus…) supplémentaires. Sur ce point, la machine écrase littéralement la concurrence. Jamais un processeur d’effets, même externe, ne s’est montré d’une telle souplesse. Enfin, le processeur a un comportement très particulier en mode KB3 : toutes les ressources système (donc 7 PAU) se comportent comme un simulateur ultime de Leslie avec distorsion, vibrato et chorus, modélisé à partir de mesures sur un B3 (vibrato => chorus => distorsion => Leslie => cabinet, soit 44 paramètres !). Les résultats sont absolument somptueux. Bref, un processeur d’une puissance à la hauteur des meilleurs unités dédiées de Studio, sans oublier les délires du Live Mode qui prend à ce stade une ultime dimension. Hallucinant !
Demain ne meurt jamais
Deux nouvelles versions de l’OS vont voir le jour dans les tous prochains mois. La version 2.86 (sans KDFX) et la version 4.2X (avec KDFX). Cette dernière sera d’ailleurs accessible même sans KDFX moyennant l’installation d’une mémoire Flash pour l’OS étendu. Elle est en cours de développement et Kurzweil promet de la vendre pour une poignée de dollars. Voici les principales améliorations dont Kurzweil USA nous fait part à l’occasion du NAMM 99 : la compatibilité au format CD ISO 9660 est ajoutée : elle permet de lire et graver des CD directement, sans « image » du disque dur, ainsi que les macros, backups et copies dans ce format. L’import et l’export de fichiers Wave bouclés est maintenant possible. Les temps de gestion SCSI et de défragmentation de la mémoire sont améliorés (pas de mesures de performances pour le moment). En mode Song, de nouvelles pistes Ram permettent une synchronisation parfaite des échantillons et des séquences (25 minutes avec 128 Mo de Ram). Les fonctions de compression / expansion temporelles sont optimisées, en qualité comme en vitesse. D’autres sont ajoutées, telles que l’optimisation des boucles sur des sons avec Decay (là, chapeau !) par compression automatique (vite, mon Bösendorfer Imperial !). Enfin, il devient possible de sélectionner une nouvelle Song alors qu’une autre tourne, parfait pour les enchaînements Live. Bref, voilà qui démontre une fois de plus que Kurzweil tient ses engagements quant à l’amélioration perpétuelle de son produit.
Terminator
Au final, le K2500 V4.04 avec KDFX est une machine somptueuse qui frise la perfection. Enfin, on dispose d’un multiple processeur d’effets qui n’a d’égal que la puissance des algorithmes de synthèse VAST. De nouveaux algorithmes sont d’ailleurs prévus par le constructeur, vive l’architecture ouverte ! Les menus sont toujours aussi souples, les écrans sont très clairs, la puissance se fait immédiatement sentir et les résultats sonores sont impressionnants : bruit de fond inaudible, réserve de gain très confortable et sorties numériques en AES 20 bits avec dithering 16 bits. Sans oublier le mode KB3 qui, avec les modélisations de Leslie et de Chorus / Vibrato Hammond, prend sa véritable dimension. Enfin, le Live Mode n’est pas en reste et le KDFX ne fait qu’augmenter le potentiel de délires sonores dont est capable la machine. Le véritable seul reproche que l’on peut faire à Kurzweil est la conception un peu « bidouille » de l’intérieur de la machine. Avec toutes les options installées, c’est Hiroshima. Les puristes diront que c’est là l’expression d’un génie débordant à l’extrême. Argument d’autant plus recevable lorsque le capot est enfin refermé et que le K2500 se remet à chanter. En tout cas, voilà une série d’extensions hollywoodienne qui place le K2500 au tout premier rang du box office. Un must !
Glossaire
RT60 (Reverb Time) : le temps de réverbération est le temps que prend un son pour perdre 60dB de son niveau.
Cross-switch : déclenchement d’un échantillon en remplacement d’un autre au-delà d’un certain seuil de vélocité.
VLSI : acronyme anglais pour Very Large Scale Integration, qualifiant les processeurs comportant un très grand nombre de composants (plusieurs centaines de milliers).