Alors que la concurrence est féroce dans l’univers des amplis à modélisations d’entrée de gamme, Fender aura mis une éternité à enfin mettre à jour ses Mustang avec les tout nouveaux modèles GT40, GT100, et GT200.
Il faut dire qu’entre temps Vox, Line 6, Boss, et Marshall — pour ne citer qu’eux — s’en sont donné à coeur joie en commercialisant plus ou moins régulièrement des outils particulièrement complets. Mais parait-il que rien ne sert de courir, et qu’il faut surtout partir à point. L’adage se verra-t-il confirmé ? En exclusivité pour la France et le jour même de l’annonce officielle de leur sortie, Audiofanzine vous propose un test des trois nouveaux amplis Mustang de Fender.
Une question de taille
La nouvelle gamme Mustang de Fender se compose de trois modèles entièrement numériques embarquant les mêmes modélisations et les mêmes fonctions. Les combos GT40, GT100, et GT200 se différencient néanmoins les uns des autres par leur puissance, leur format, les boutons présents en façade, les entrées/sorties disponibles, et les haut-parleurs embarqués.
Particulièrement compact avec ses dimensions de 27,9 × 31 × 45,72 cm et son poids de 7,7 kg, le GT40 distille une puissance de 40 watts grâce à deux haut-parleurs full-range de 6,5”. Il dispose d’une entrée auxiliaire, d’une sortie casque, et d’une connexion USB, exactement comme ses confrères. À l’inverse, vous trouverez un peu moins de réglage sur ce modèle puisque sa tranche supérieure présente des réglages de gain, de volume, des aigus, des graves, un master volume, et 7 boutons agrémentés d’un potard rotatif cranté et cliquable pour naviguer au coeur de l’ampli. Notons également que le baffle de ce modèle est en aggloméré.
Le GT100, lui, est d’une puissance de 100 watts, et utilise un unique haut-parleur Celestion Special Design de 12”. En conséquence, ses dimensions et son poids sont un peu plus importants : 44,5 × 52,1 × 25,4 cm et 9,97 kg. Quant au GT200, il combine une puissance de 200 watts et deux haut-parleurs Celestion Special Design de 12”. De plus, il mesure 53,08 × 64,77 × 25,4 cm, et pèse 15,7 kg. Hormis cela, ces deux amplis sont rigoureusement les mêmes. En plus des boutons déjà présents sur le GT40 vous trouverez des réglages dédiés aux médiums et à la réverbe, et les deux baffles sont plus classiques puisqu’ils sont en contreplaqué léger. Ils se distinguent enfin par la présence de deux boucles d’effets et d’une sortie directe stéréo en XLR.
À propos du look des amplis, la différence est radicale par rapport aux anciennes générations de Mustang. L’esthétique est plus moderne, avec des bords un peu plus arrondis, et une finition intégralement noire mêlant du vinyle et de la toile pour protéger les haut-parleurs. Les potards en plastique sont aussi d’une grande sobriété et collent bien à l’esprit global des machines. Comme vous avez pu le constater, les dimensions et les poids sont très raisonnables, notamment pour le GT40. Privilégiant la largeur à la hauteur, le petit combo évoque même une enceinte Bluetooth tant il est compact. L’esthétique adoptée par Fender fait indubitablement mouche sur ce dernier, mais peut-être un peu moins avec les plus gros modèles qu’on identifiera aisément comme des appareils numériques grand public.
Plus vite, plus haut, plus fort
Les trois combos Mustang GT sont dotés de 21 modélisations d’amplis et de 47 effets. C’est plus que sur les précédentes générations, et des algorithmes ont été retravaillés ou ajoutés. Voici la liste des modélisations :
De plus, un accordeur chromatique, un looper avec 60 secondes d’enregistrement, et un Tap Tempo ont été intégrés. Attention, pour avoir accès au looper il est nécessaire d’utiliser le nouveau footswitch Fender MGT-4 ou un ancien sélecteur Mustang. Il est aussi possible de brancher la pédale d’expression EXP1 pour contrôler certains effets. Bref, les Mustang GT se placent directement dans le haut du panier en termes de fonctions. Et ce n’est pas tout, puisque les trois combos sont les tout premiers amplis connectés en Wifi de l’histoire ! Fini les insupportables transferts par USB pour mettre à jour les machines, elles ont désormais directement accès à internet. Vous en voulez encore ? Les Mustang GT ont aussi du Bluetooth, et sont pilotables par l’intermédiaire d’une application. Et l’ampli nous réserve encore quelques surprises…
À vos marques, prêts, partez !
Amplis numériques obligent, la navigation s’effectue par l’intermédiaire d’un écran. D’emblée, l’on est bien obligé de constater que Fender frappe fort avec un LCD d’une taille raisonnable et doté de couleurs. Sa résolution est bonne, et il est idéalement placé pour être facilement visible. À l’ère du smartphone et de l’écran roi, Fender est le premier dans cette gamme de prix à miser sur un écran digne de ce nom, et c’est un vrai plus. En termes d’ergonomie, l’écran est divisé en trois couches superposées à l’horizontale. Trois gros boutons à droite de l’écran permettent de passer d’une couche à l’autre en un clin d’oeil. La section choisie est toujours en surbrillance, et il est donc impossible de se perdre. Le tout est incroyablement intuitif, et ne nécessite même pas de manuel. C’est complet est facile à la fois.
De base, c’est la première couche dédiée aux presets qui est active. En allant vers la gauche ou vers la droite grâce au potard rotatif cliquable, on passe d’un favoris à l’autre.
La seconde couche correspond à la chaîne sonore. On y voit le type d’ampli sélectionné, et les éventuels effets. Encore une fois, c’est le potard rotatif qui permet d’ajouter ou de modifier des modélisations, puis de les placer où on le souhaite dans la chaîne. Ce dernier point est d’ailleurs très intéressant, puisqu’on peut réellement façonner son son en plaçant les effets avant ou après l’ampli, dans l’ordre qu’on souhaite. Le nombre d’effets maximum n’est pas défini, mais petit à petit certains effets deviennent inaccessibles lorsqu’on souhaite les ajouter, jusqu’à ce qu’il n’y a plus aucune possibilité. Cette limite correspond certainement aux capacités du DSP. Comptez environ sur 5 à 7 effets simultanés. De plus, l’on peut très bien cumuler plusieurs delays ou plusieurs overdrive contrairement à bon nombre d’amplis de ce type.
Enfin, la troisième couche correspond aux réglages et paramètres de la modélisation sélectionnée sur la deuxième couche. Ainsi, si la modélisation est un ampli, on retrouvera une partie des réglages disponibles via les potards physiques (Gain, Volume, Treble, etc.), mais aussi des paramètres supplémentaires variables suivant le type d’ampli : sélecteur bright, noise gate, réglage du BIAS, ou encore choix du baffle ! Voici la liste des modélisations disponibles :
- ’57 Champ
- ’65 Princeton
- ’57 Deluxe
- ’65 Deluxe,
- 1 × 12 Supersonic
- ’65 Twin
- 2 × 12 Supersonic
- ’59 Bassman
- 2 × 12 Blue
- 4 × 12 75W
- 4 × 12 GB
- 4 × 12 V30
Ajoutons qu’il est possible de désactiver la simu d’HP, ce qui peut s’avérer intéressant pour appliquer ses propres IR lorsqu’on utilise les sorties USB ou XLR.
En plus du gros potard rotatif et des trois boutons dédiés aux différentes couches, quatre boutons plus petits complètent la façade de l’ampli. Le premier, intitulé FX, permet de « bypasser » tous les effets d’un coup. Le deuxième, le bouton Save, enregistre à tout moment les paramètres choisis. Il est possible de remplacer le presets actif, de le renommer, ou d’en créer un tout nouveau dans un nouvel emplacement. Le troisième bouton est un Tap Tempo qui s’illumine en rythme lorsqu’un effet basé sur le temps est activé. Le bouton Menu, quant à lui, ouvre les réglages globaux de l’ampli. Voici la liste des paramètres les plus intéressants :
- Setlist : permet de créer un groupe de presets pour faciliter la navigation dans l’optique d’un live par exemple
- Quick Access : permet de choisir 3 presets qui seront accessibles à tout moment par l’intermédiaire de ce menu ou via le footswitch
- Tuner : accordeur chromatique
- Global EQ : offre le choix entre 4 modes d’EQ global (Flat, Bright Boost, Bright Cut, et Low Cut)
- EXP-1 : permet de paramétrer la pédale d’expression EXP-1 et notamment sa course, pour l’ensemble des presets ou pour chacun des presets indépendamment
Le système de Setlist est une excellente idée pour éviter de se perdre lorsqu’on a monté sur pied un set complet. Il en va de même pour le Quick Access, qui vous assurera de retrouver à tout moment vos trois presets préférés, notamment grâce au footswitch MGT-4. Enfin, l’accordeur vous accompagne à l’aide d’une aiguille et de petits chiffres indiquant s’il faut tendre ou détendre la corde. Il est précis, mais il y a des décrochages réguliers et l’aiguille s’affole en indiquant d’autres notes avant de revenir sur la véritable note. Espérons qu’une mise à jour du firmware arrangera rapidement cela. Enfin, notons que les inscriptions des quatre boutons susmentionnés ont déjà tendance à s’effacer alors que l’ampli est neuf. Heureusement, ils s’illuminent lorsqu’ils sont actifs.
Solid Snake
Il est aussi possible de naviguer à travers l’ampli via un footswitch, le MGT4. Spécialement conçu pour les Mustang GT, il est commercialisé au tarif de 71 €, mais est inclus dans le pack du GT200. Il reprend l’essentiel des caractéristiques du footswitch 4 boutons de la précédente génération de Mustang. Ce dernier est d’ailleurs compatible avec les nouveaux Mustang (des problèmes d’affichage peuvent toutefois survenir), mais vous ne pourrez pas utiliser la fonction Looper.
Le MGT4 s’avère un peu décevant. On ne peut pas gérer la fonction tap tempo, et la navigation entre les nombreuses presets peut s’avérer fastidieuse. Il est par contre nécessaire pour utiliser le looper, et il devient alors un énorme atout. De plus, il est possible à tout moment d’activer l’un des trois presets favoris choisis dans le menu Quick Acces, ce qui peut être utile. Enfin, les effets d’un preset peuvent être individuellement activés ou non. Au vu du tarif, l’investissement peut donc clairement valoir le coup.
Les internets
Oubliez tout ce que nous venons de voir depuis le début de ce test. Exit les potards, l’écran, le footswitch… Fender a décidé de plonger tête la première dans le tout connecté, avec du Bluetooth, mais également du Wifi !
À l’instar d’un certain nombre de leurs concurrents, les Mustang GT peuvent être pilotés via une application iOS et Android : l’app Fender Tone. Le logiciel Fuse qui permettait de paramétrer les vieux Mustang par l’intermédiaire d’un ordinateur a donc été mis de côté, mais si vous aviez des presets ils restent accessibles grâce au nouveau compte online Fender Connect rassemblant toutes vos données dans le cloud. Inversement, l’application Tone n’est pas compatible avec les anciens modèles.
L’application se compose de quatre parties : l’une est dédiée aux presets et à leur édition, une à la recherche de sons supplémentaires avec notamment des presets d’artistes et d’autres utilisateurs, une autre à la création de presets originaux et de setlists, et une dernière aux paramètres globaux (Bluetooth, wifi, accordeur, EQ, etc.). L’interface est assez sommaire, mais élégante et dans l’air du temps. On s’inscrit dans la lignée du Flat Design cher à Apple. L’ampli réagit au doigt et à l’oeil à l’application, mais les modifications effectuées depuis les combos ne se répercutent pas dans Tone. De plus, une légère latence retarde l’affichage d’un nouveau preset. Toutefois, relativisons, puisqu’à l’heure où nous écrivons ces lignes l’application n’est pas encore définitive et il est probable qu’elle évoluera rapidement.
L’édition et la création de presets permettent de retrouver l’intégralité des paramètres des Mustang GT. Concevoir un son et modifier la chaîne sonore est encore plus aisé qu’avec l’écran de l’ampli, et cela pousse à l’expérimentation. On regrettera tout de même un code couleur simpliste qui différencie uniquement les effets lorsqu’ils sont placés avant ou après l’ampli, là où certains concurrents ont adopté des icônes permettant de cibler immédiatement les modulations, les modélisations d’amplis, les delays, etc.
Le bilan du Fender Tone est au final très positif, mais un point nous a paru assez problématique : il est possible d’ajouter autant d’effets qu’on le souhaite dans un preset par l’intermédiaire de l’appli. Or, les amplis ne permettent pas d’ajouter une infinité d’effets. Cela se concrétise par l’ajout d’effets qui n’apparaitront tout simplement pas sur les combos… Si la communication descendante est optimale, l’envoi d’informations de l’ampli vers l’appli pourrait éviter ce type de déconvenue.
Enfin, Fender se targue de proposer les tout premiers amplis connectés en Wifi. Cela permet de mettre à jour la machine et d’accéder aux presets sur le Cloud. Malheureusement, la procédure depuis l’ampli est horriblement lourde : les combos ne repérant pas les connexions disponibles il faut rentrer soi-même le code SSID. Heureusement, il est possible de configurer le Wifi depuis l’application ce qui facilite les choses. Fender n’est pas non plus allé au bout de son idée en ce qui concerne les mises à jour puisqu’elles ne se font ni automatiquement ni par l’intermédiaire d’un menu simple. Il faut éteindre l’ampli, puis le rallumer en restant appuyé sur un bouton pour activer le mode MAJ. On a connu plus moderne… Le Wifi est donc une excellente idée sur le papier, mais on attend très vite des améliorations pour que cette fonction apporte son lot de confort et d’innovations.
Arrêt au stand
À présent, prenons le temps d’écouter les combos. Les extraits qui suivent ont été enregistrés avec le modèle GT100 et une guitare Ibanez FR2620 Prestige. Cette guitare a deux micros humbucker pouvant être splittés par l’intermédiaire d’un sélecteur à 5 positions, et vous verrez que cela à son importance. Le son de l’ampli est capté par un Sennheiser E906, branché dans une carte son UR22 de Steinberg. Le séquenceur utilisé pour l’enregistrement est Studio One Prime.
Le premier tiers des presets sont des « basic » essentiellement composés d’un ampli et d’une réverbe. Comme toujours, il y a à boire à manger parmi les presets d’usine, mais peu de sons sont complètement ratés ou noyés par les effets, ce qui est trop courant avec ce type d’amplis. C’est globalement de bon goût, et on prend énormément de plaisir à parcourir les presets de l’ampli. Commençons notre écoute avec la modélisation ’65 Twin Reverb qui simule le grand classique de Fender, agrémenté d’une réverbe ’65 Spring.
- 1 '65 Twin Gain 0 02:24
- 2 '65 Twin Gain 1 3 02:33
- 3 '65 Twin Gain 3 4 02:52
Comme pour l’ensemble des modélisations d’amplis portés sur les sons cleans, le ’65 Twin Reverb réagit vraiment à l’attaque et aux types de micros utilisés. Nous avons essayé plusieurs guitares, et celles dont les micros avaient un niveau de sortie élevé faisaient clairement cruncher l’ampli, alors que le son était très clair avec des micros plus sages. Il est même difficile d’obtenir un son purement clair avec des micros doubles. Il faut vraiment baisser le gain au minimum et, même dans ce cas, des petits grésillements peuvent se faire entendre lorsqu’on attaque très fortement les cordes. Nous avons donc un excellent respect de la dynamique, mais la sensibilité de l’entrée des amplis peut vraiment poser des problèmes si vous avez une guitare « puissante ». Il en va de même lorsqu’on utilise des pédales de saturation en amont de l’ampli qui accentuent les grésillements. Il n’y a par contre aucun souci avec les autres types de pédales, et la boucle d’effet est bienvenue.
Voici une salve d’extraits sonores avec différentes modélisations d’amplis :
- 4 '54 Bassman Gain 1 4 02:31
- 5 '54 Basman Gain 3 4 02:49
- 6 '57 Deluxe Gain 0 02:07
- 7 '57 Deluxe Gain 2 3 01:45
- 8 Metal 2000 01:22
- 9 American 90 00:39
- 10 British 70 Gain 1 2 01:35
Sans grande surprise, les modélisations d’ampli Fender sont les plus réussies, en particulier le Twin, le Deluxe, ou encore le Bassman. Les sons British vintages sont eux aussi dans le haut du panier. Nous avons par contre moins aimé les amplis modernes. Ils sont en général pensé pour les grosses saturations, et celles-ci sont un peu froides et compressées. Ce n’est pas complètement raté, on est loin du nid d’abeilles, mais la dynamique n’est pas suffisamment respecté et on imagine mal sortir très distinctement dans un mix. Cela contraste d’ailleurs avec la très bonne dynamique des cleans et des crunchs.
Quant aux raretés comme l’Excelsior ou le GA-15, elles ont une identité sonore bien particulière. Nous ne saurions juger si ces modélisations sont fidèles aux amplis originaux, mais elles ont le mérite de sortir des sentiers battus. Enfin, la modélisation Studio Preamp offre un clean assez pur initialement sans simulation de baffle, ce qui peut-être très utile pour brancher des pédales ou même pour modifier le son avec des logiciels.
En ce qui concerne les modélisations de baffles, il est encore une fois difficile de juger si l’on retrouve le son des originaux, mais les sonorités sont bien différentes avec des aigus et des graves qui répondent différemment. On regrettera néanmoins qu’un gros « ploc » se fasse entendre lors du changement de baffle, mais il y a peu de chances que vous soyez amené à modifier cela en pleine prestation.
Écoutons maintenant les différents effets disponibles. Nous avons utilisé la modélisation ’65 Twin Reverb pour chacun des extraits.
- 12 Reverbs 03:20
- 13 Delays 04:04
- 14 Modulations 03:56
- 15 Overdrive et Fuzz 01:32
- 16 Les 3 modes de l’Auto wah 01:04
Les réverbes font leur petit effet à faible dose. On ressent ensuite assez vite qu’elles sont numériques à la manière dont elles « s’éteignent », ce qui est assez courant. Les delays sont pas mal, variés, et, tout comme certaines réverbes, tirent profit de la stéréo. Cette spatialisation
apporte un petit plus très agréable.
Les modulations apportent vraiment du corps au son. Les chorus, flangers et phasers épaississent le tout, et nous avons beaucoup apprécié l’effet Vibratone. Les oscillations manquent malgré tout d’un brin de subtilité. On trouve aussi quelques effets délirants comme le Step Filter qui agit un peu comme un arpégiateur, ou un effet de pitch diatonique. Le pitch shifter basique qui fait office d’octaver est très réussi et propose une grande amplitude de hauteur avec un réglage très fin.
Les crunchs et les saturations moyennes sont réussis lorsqu’on pousse le gain des amplis, mais nous avons été un peu moins convaincus par les modélisations de pédale d’overdrive et les boost. Ces simulations sont assez caricaturales, même si elles peuvent être utiles sur un solo par
exemple. Les fuzz nous ont par contre séduits. Les compresseurs sont très paramétrables, et font ce qu’on attend d’eux sans apporter beaucoup de caractère. Quant à la Wah, nous n’avions pas la pédale EXP1 pour la tester, mais tout comme l’Autowah elle possède plusieurs réglages et trois
modes très distincts et utiles : Baby’s Cryin, Real McQ, et Super High Q.
Terminons notre balade sonore avec un extrait non plus enregistrée à l’aide d’un micro, mais grâce aux sorties XLR du GT100 :
Les sorties USB, XLR, et casque permettent d’obtenir un signal très clair et s’avèrent très pratique. Comme on n’utilise plus les haut-parleurs physiques des combos, il ne faut pas hésiter à utiliser l’EQ pour retravailler le son, notamment dans les graves. On rencontre par contre le même problème de signal d’entrée qui fait que l’on obtient parfois des grésillements peu flatteurs.
De l’importance du haut-parleur
Les trois modèles Mustang GT ont beau être très proche les uns des autres et embarquer les mêmes modélisations, ils sonnent différemment.
Tout d’abord, le GT 40 se distingue par un volume et une projection impressionnants au vu de son gabarit. C’est petit, mais ça envoie ! Les deux petits HP Full-Range offrent un large spectre de fréquence idéal pour la diffusion de backing tracks, ou même pour écouter de la musique. Ils ont toutefois tendance à bien mettre en avant les graves, ce qui est agréable pour les cleans mais moins pour les saturations. Il ne faut donc pas hésiter à retravailler l’EQ, et notamment baisser les graves.
Contrairement au GT40, les GT100 et GT200 sont dotés de haut-parleurs Celestion pensés uniquement pour la guitare. Cela se ressent énormément lorsqu’on diffuse une source sonore externe, et on aurait aimé que Fender intègre un tweeter supplémentaire comme le fait par exemple Line 6. Les Celestion sont un peu moins « bassy » que les HP du petit modèle, et offrent des hauts médiums et des aigus plus claquants. Notons que sur ces deux modèles, le baffle a tendance à vibrer. On ne le remarque pas forcément avec un volume assez fort, mais en y prêtant attention et en jouant proche du baffle on entend parfois un petit bourdonnement provoqué par les vibrations. Ces deux modèles étant conçus pour les répétitions et la scène, ce petit défaut reste anecdotique.
Conclusion
Le premier contact avec les nouveaux amplis de Fender est réjouissant. Les combos sont plutôt jolis, et le plaisir est immédiat grâce à des presets de bon goût et un son ample en particulier pour le GT40 au regard de sa taille. Mais c’est surtout l’excellent écran LCD qui séduit et enterre
littéralement la concurrence.
En ce qui concerne les modélisations, les Mustang GT en embarquent certes moins que les Line 6 Spider V et leurs 200 modèles d’amplis, d’enceintes, et d’effets, mais cette quantité est démesurée pour la plupart des usages. Les Marshall Code avaient pour avantage de proposer le choix du préampli et de l’étage d’amplification, mais le nombre final de modélisations est moins important que sur les derniers nés de Fender. Les VTX de Vox ont, eux, une approche complètement différente et ne misent absolument pas sur la quantité. Quant aux Boss Katana, ils ont un peu plus d’effets (55), mais moins de modélisations d’amplis. Fender semble avoir bien observé la concurrence et inscrit ses amplis dans un parfait équilibre entre quantité et utilité.
De plus, les Mustang GT ne font l’impasse sur aucune fonction (looper, tap tempo, etc.). Ajoutez à cela l’application Tone et le Wifi, et vous ne trouverez aucun égal. Pour autant, les tarifs sont similaires à ceux pratiqués par les autres marques : le GT40 est à 235 €, le GT100 à 385 €, et le GT200 à 529 €.
Côté son, les GT sont convaincants au regard du prix. Les cleans et les petites saturations sont vraiment réussis, et le respect de la dynamique bon. Vox et son système Valvetronix restent certainement encore un cran au-dessus de tout le monde sur ce type de sonorités, mais l’écart se réduit petit à petit. À l’inverse, les grosses saturations sont décevantes, froides, et trop compressées. Mais cherche-t-on ces sons en achetant du Fender ?
Ce bilan extrêmement positif devrait nous mener à une excellente note, mais ce serait oublier un défaut majeur mis en exergue dans le cadre de ce test : la sensibilité exacerbée de l’entrée des combos. Même avec le gain au minimum et des amplis réputés pour leur clarté, nous avons obtenu des grésillements avec des micros doubles. En utilisant des humbuckers à très haut niveau de sortie, il devient difficile d’avoir un vrai son clair. Si l’on prend également en compte les petits défauts de l’application et de la connexion Wifi, les Mustang GT méritent une note honnête, mais décevante au vu du potentiel de 3,5/5. Il ne nous reste plus qu’à espérer une rapide correction de ces problèmes, auquel cas les GT pourraient s’imposer comme la référence dans leur gamme de prix.