Editorial du 4 février 2017 : commentaires
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Los Teignos

Après avoir ressuscité Claude François, Dalida, Mike Brant et Sacha Distel, l’holographie s’apprête à dédoubler… Jean-Luc Mélenchon ! Demain, le politicien participera en effet à un meeting qui aura simultanément lieu à Lyon et à Paris, histoire de toucher deux fois plus de monde d’une part, et de se donner une image high-tech de l’autre, histoire aussi de remettre le pilote de drone à sa place et de montrer que Mélenchon, c’est l’avenir, le vrai, celui de la Princess Leia fourguant les plan de l'Étoile Noire à Obi-Wan Kenobi. Pas peu fier de lui, le bonhomme explique qu’"en voyant l’hologramme… vous ferez partie de ces gens qui ont quelque chose ensuite à raconter toute leur vie. Comme nos anciens qui ont pu nous dire: ‘Moi j’étais à la première séance de cinéma'"
Rien que ça ? Il s’agira tout de même de voir si la taille des chevilles du candidat est respectée sur son hologramme, car on souhaite que les Français aient mieux à raconter toute leur vie, et même à la pause café du lundi matin, que d’avoir été témoin d’un trucage inventé en 1948… Et quoi qu’on puisse penser de l’homme ou de ses idées, on s’étonnera de surcroit du manque cruel de discernement dont il fait preuve à cette occasion. Car si le peuple qu’il entend gouverner sait depuis longtemps qu’il y a un monde entre les paroles d’un politicien et ses actes, entre la loi qu’il entend faire appliquer et les règles auxquelles il se plie, il semble qu’on veuille maintenant lui signifier que l'homme lui-même n’est qu’une illusion, un tour de passe-passe. C’est un fait : aussi vrai que le dessin d’une pipe n’est pas une pipe, l’image d’un Jean-Luc ne sera jamais un Jean-Luc. Or, si l’homme qu’on voit est un faux, comment penser que le discours est un vrai ?
Le candidat défend pourtant son projet : « Évidemment qu'il y a un aspect de communication. Je serai présent à deux endroits. C'est une démonstration de ce que l'esprit, l'imagination, la technique peuvent apporter à la parole politique ». Gageons que la parole politique a plus besoin de vérité que d’imagination, de faits que de technique, sans quoi on pourrait bien être surpris du nombre de bulletins holographiques qui seront trouvés dans les urnes au soir du comptage.
Du coup, on en serait presque nostalgique des premiers balbutiements de la politique spectacle où Giscard jouait de l’accordéon et Bill Clinton du saxophone. C’était déjà là une rhétorique de camelots, un tour de chiens savants qui voulaient nous faire danser sur un air de flûte, mais au moins avait-on droit au rapport humble de l’homme qui extirpe les moins mauvaises notes possible de son instrument pour meubler le silence embarrassé. Bref, à choisir, on espère sincèrement que nos présidentiables vont se mettre à la musique : jouer la bonne note au bon moment est un exercice qui rend humble.
Pour ce faire, il pourront ressortir un vieux Rhodes Chroma, ou une guitare rentrant dans les nouvelles pédales Low Cost de TC Electronic, le tout monitoré avec un Monicon L de Palmer sur des enceintes MAUI 5 de LD Systems. Il n’est évidemment pas certain qu’ils en tirent de la belle musique, mais au moins pendant ce temps-là, il arrêteront de faire de la politique en 140 signes sur Twitter. Ce sera déjà ça de pris.
Sur ce, bon week et à la semaine prochaine.
Los Teignos
From Ze AudioTeam
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Le GIEC chiffre à 3,3 milliards le nombre de victimes du réchauffement climatique. On en parle ?

Will Zégal

Alors je m'y recolle : faire chaque semaine un édito sur la musique ou le matos de musique ne l'inspirerait pas. Car il n'y a pas toutes les semaines matière à s'amuser ou s'enthousiasmer au point de faire belle plume.
Donc, plutôt que de faire trop souvent un truc fade qui ne servirait qu'à introduire les articles de la semaine (y aurait-il besoin d'un édito pour ça ?), il pioche dans l'actualité ce qu'il l'inspire.
Il écrit toujours son édito dans l'urgence, au dernier moment, le vendredi soir tard (je l'ai vu quitter des moments sympa pour aller se coller à l'exercice).
C'est dans ces conditions que sa verve s'exprime le mieux. Des fois c'est très bien, des fois il est moins inspiré. Mais comme il parle avec son coeur, il est rare qu'un édito fasse l'unanimité.
Après, on a tout à fait le droit de penser (et de dire) qu'on préférerait un machin tiédasse qui reste strictement cantonné au sujet de la musique. Sauf que ce n'est pas le choix ni d'Audiofanzine, ni de Los Teignos. D'autant plus qu'il semble bien que la majorité des lecteurs se régale de ces éditos, quitte à être parfois en désaccord, voire furieux.
Comme on considère par ailleurs que le musicien ne vit pas dans un monde à part, hors de tout contexte politique, social, culturel, etc, ce choix d'édito semble largement justifié.
L'art lui même ne fait pas consensus (quand il le fait, c'est généralement de la soupe, d'ailleurs).
Quoi qu'il en soit, ceux qui préfèrent l'eau tiède et le consensus ont la liberté de ne pas lire l'édito. On ne peut guère offrir mieux.

Ceux qui le lisent quand même on aussi la liberté de le critiquer. On est peut-être pas bons, mais j'ai du mal à voir comment on pourrait faire mieux.
[ Dernière édition du message le 04/02/2017 à 11:47:59 ]

stratvinc


Guitariste un jour ,Guitariste toujours
je confirme il avait bien une putain de strat avec un putain de son !

Ray28


TOUS POUR UN, TOUS POURRIS....!
Où vas t'on...? Ohé AF stop ....! Parlez nous de musique, mais pas de ces guignols....!!

Mcjs

"Le sage est celui qui connait ses limites" - Viktorkestral Records

ninoguitare

Et personnellement je trouve l analyse aussi simpliste que ce qu elle critique .

Los Teignos

Je comprends parfaitement que certains préfèreraient qu'Audiofanzine reste à sa petite place de magazine sur le matos audio et que l'éditorialiste fasse mine de s'enthousiasmer pour la sortie d'une énième guitare, d'un énième clavier ou d'un énième microphone comme il en sort depuis 40 ans, sans aucune révolution dans les technologies employées, sans même parfois le désir de changer quoi que ce soit. Hélas, je n'ai pas ce talent de toujours fabriquer du neuf et du goûtu avec du réchauffé et c'est la raison pour laquelle je pratique ce hors-piste depuis bientôt 13 ans, approchant bientôt donc les 6500 éditos.
Concernant cet édito, je souligne juste un détail : ce n'est pas un édito politique dans ce sens où son contenu ne véhicule aucune idéologie partisane : l'idéologie de Mélanchon n'y a pas plus sa place que celle de Fillon, Hamon, Lepen ou Macron. Pourquoi ce choix ? Parce qu'en faisant ma revue de presse comme chaque semaine, je me suis aperçu qu'en plein Penelope-gate, alors que tout le monde reproche le mensonge, les faux-semblants, la duperie, aucun média ne relevait qu'un des candidats mettait en avant l'illusion au coeur même de son propos, donnant un tour historique à un événement qui n'a rien pour marquer l'histoire. D'un point de vue philosophique, c'est tout bonnement hallucinant. Et comme personne ne le relevait dans la presse, préférant l'évidence de tirer sur l'ambulance Fillon, je m'y suis collé.
Je ne le regrette d'autant pas que cette question de la communication, au-delà de Mélanchon, est une vraie question d'art aussi, qu'il appartient à chacun d'entre nous de se poser, l'illusion comme la vérité étant au coeur de ce dernier. Une représentation théâtrale avec des hologrammes est-elle encore du théâtre, ou bien est-ce du cinéma ? Je donnerai cher pour savoir ce que Platon, Aristote ou Anne Ubersfeld penseraient de cela.
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alioch'

J'ai l'impression que dans un meeting, une pièce de théâtre, un opéra, ou un concert, il y a une sorte de proximité qui est recherchée, un contact, un échange (même lointain!) avec l'artiste ou le politicien.
Paradoxalement, je serais partant pour un concert en 3D dans une salle de ciné ou chez moi avec un bon son et un bon écran. Le contexte peut-être...
Pour ce qui est de l'édito, je trouve bien plus intéressant (et aussi plus courageux) et constructif de remettre en cause et d'être critique à l'égard de la communication d'un candidat qui a plutôt de la sympathie sur ce forum plutôt que d'enfoncer un énième clou sur Fillon.
Cela évite l'entre-soi tant décrié.

slicetone


Splonge

Et quoi qu’on puisse penser de l’homme ou de ses idées, on s’étonnera de surcroit du manque cruel de discernement dont il fait preuve à cette occasion.
Apparemment. Et, pourtant, non.
Jean-Luc Mélenchon s'inscrit ouvertement dans le camp du progrès, il se dit lui même du parti du mouvement.
Quoi que l'on puisse avoir d'accord ou de désaccord avec son courant politique ou avec l'image du personnage, ceci est un fait, d'ailleurs clairement revendiqué dans les paroles entonnées à chaque manif, à chaque fin de meeting : "du passé faisons table rase".
La foi en l'humain de Jean-Luc Mélenchon ("l'humain d'abord" clamait-il, il y a peu), son rejet de toute transcendance ("il n'y a pas de vérité révélée" aime-t-il à déclarer) l'inscrivent clairement dans le camp des progressistes - pour ne pas dire des relativistes.
Or, aujourd'hui, en politique comme en maints domaines, le numérique, les "nouvelles technologies", le 2.0, incarnent ce progrès. Quoi de plus normal, dès lors, que tout cela ne fasse qu'un avec le camp qui se réclame, précisément, du progrès pour le progrès ? La fascination de cette idéologie pour la science et la technique ne sont que des arguments supplémentaires dans ce sens.
Ainsi donc, je ne crois pas qu'on puisse estimer incohérente l'attitude de Mélenchon. Je ne pense pas qu'on puisse s'étonner d'un quelconque "manque de discernement" qui serait sans rapport avec ce qu'on peut "penser de l'homme et de ses idées".
On peut, effectivement, partager ou non les orientations politiques de ce candidat à la présidentielle ; on ne peut, en revanche, que voir une logique étroite entre sa conception du monde et son choix - certes, un peu ridicule à mes yeux - du meeting holographique.
Je ne suis pas un "posteur-euse". Je suis un homme. Libre.

Los Teignos

De là à lire en guise de réponse que celui que ça n'intéresse pas de lire un édito politique fait de toute façon de la soupe;
Personne n'a dit cela. Il a juste été dit qu'un édito qui se cantonnerait strictement à la musique serait de la soupe. Voyons d'ailleurs le programme de la semaine : le rétro test du Rhodes Chroma, un excellent clavier sorti il y a bientôt 30 ans, des pédales de guitares qui n'ont d'original que leur prix en regard de leur marque, un clone de Mackie Big Knob et un clone de Bose L1. Y-a-t-il un édito à faire avec ces quatre ingrédients ? A part de parler des meilleurs pots qui font la meilleure soupe sur le Chroma, et de l'importance de la Chine pour les trois autres produits, je vois mal... D'autant que les thèmes abordés seraient très probablement les mêmes cette semaine que la semaine précédente ou suivante...
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