Editorial du 25 juin 2022 : commentaires
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Los Teignos
Entre Guantanamo, le Patriot Act et les révélations d’Edward Snowden, il était déjà légitime de se demander si les USA méritaient vraiment de s’autoproclamer pays de la Liberté à grands coups de propagande hollywoodienne… Mais à présent que l’oncle Sam a remis en question le droit de ses citoyennes à disposer librement de leur corps en laissant à chacun de ses États le droit d’interdire ou non l’IVG, on n’a plus trop de doute : la grande Amérique fait désormais partie des pays du Tiers Monde sur le plan des droits fondamentaux. Évidemment, on n’en est sans doute pas encore à la dystopie de la Servante Écarlate, mais le recul est suffisamment sensible pour qu’aux prochaines réunions de l’ONU, on ne puisse pas s’empêcher de pouffer chaque fois que Joe Biden osera prononcer les mots « liberté » ou « droits de l’homme et de la femme »…
Et pendant qu’Harvey Weinstein doit compter du fond de sa cellule le nombre d’enfants auxquels il a échappé grâce à l’IVG, ou que Wonder Woman doit se dire que définitivement, il vaut mieux qu’elle évite désormais les soirées trop arrosées avec Captain America, en France, on regarde les prévisions de l’INSEE sur l’inflation et on se dit qu’il y a de quoi faire un fameux blues, que ce soit avec le très intéressant synthé Anyma Phi d’Aodyo, la pédale Nano Q-Tron d’Electro-Harmonix ou avec le nouveau micro DPA 4055. Et on fera évidemment ça en pensant aux sages conseils délivrés par Olivier Leducq…
Sur ce, bon week et à la semaine prochaine.
Los Teignos
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patrick_g75
Le grand mensonge de la Cour suprême américaine
Cette institution n’a jamais été un espace de neutralité politique. Depuis plusieurs décennies, un conglomérat d’institutions privées, destiné à faire avancer la cause du nationalisme chrétien, travaille à acheter les décisions de la Cour, selon l’américaniste Sylvie Laurent.
par Sylvie Laurent, historienne, américaniste à Sciences-Po
publié le 26 juin 2022 à 17h13
En clôture de sa décision cataclysmique de supprimer le droit national à l’avortement, le juge Samuel Alito – qui rédigea la décision de la majorité – déclare : «Les droits à l’avortement du pays sont désormais entre les mains du peuple et de leurs représentants.»
Samuel Alito ment.
Comme mentirent les juges récemment nommés qui lors de leurs auditions assurèrent, la main sur le cœur, que jamais ils ne reviendraient sur Roe versus Wade.
La Cour suprême ment en prétendant qu’elle est un espace de neutralité politique, de délibération informée et d’interprétation honnête de la Constitution. Cette dernière n’a jamais autorisé un individu à déambuler dans le métro armé d’un fusil semi-automatique et, s’ils prenaient la peine de lire consciencieusement les 14e et 15e amendements, les neuf «sages» n’auraient pas donné leur imprimatur aux privations régionales multiples du droit de vote auxquelles on assiste depuis 2013, à la fois discriminatoires et partisanes. A la décharge de l’institution, les Américains – tous bords confondus – entretiennent depuis toujours le mythe d’une Cour vertueuse, parangon de démocratie et temple de la protection des droits, aiguillon moral du pays et garante de l’intégrité constitutionnelle face à une plèbe instable et à un pouvoir exécutif inconséquent.
Rétablissons les faits : la Cour suprême des Etats-Unis, à l’exception d’une courte période contemporaine qui fut une anomalie progressiste – a toujours été le bastion des hommes blancs au pouvoir et déterminés à ce que leurs privilèges soient conservés. Le mensonge le plus criant de la formule de Samuel Alito, d’autant plus scélérate qu’elle s’exprime dans la langue du patriotisme populiste dont aiment à se targuer les oligarques, est celui qui consiste à prétendre que la question du droit à l’avortement est «entre les mains du peuple». Il est bon ici d’élucider la genèse de la décision infâme. Sur la longue durée, ce point est établi, il s’agit de l’aboutissement d’une longue croisade des fondamentalistes chrétiens, accueillis à bras ouverts par le Parti républicain au début des années 80. Mais la micro-histoire, récente, révèle une conspiration bien peu secrète dont la nomination de trois juges par Donald Trump ne fut qu’un épisode.
Un système de corruption politique légal
Cette confiscation des droits civiques et humains des femmes américaines trouve, en effet, ses racines dans une stratégie juridique déterminée de privatisation de la loi aux Etats-Unis. Ce n’est pas «le peuple» ni même ses représentants qui ont orchestré cette affaire. Ce sont des groupes d’intérêts ultra-minoritaires qui officient, usant habilement du système de corruption politique légal auquel les Etats-Unis consentent depuis que la caste déclinante des Américains chrétiens blancs a décidé – il y a une quarantaine d’années – de sacrifier la démocratie et ses principales institutions pour prix du maintien de son hégémonie.
Un conglomérat d’institutions privées, destiné à faire avancer la cause du nationalisme chrétien et de l’enrichissement de ses membres, a ainsi entrepris, il y a plusieurs décennies, d’acheter les décisions de la Cour suprême. Roe v. Wade était leur cible de choix. Une première méthode consista à sélectionner, dès la fac de droit, les futurs juges fédéraux pour les placer le moment venu à la Cour suprême. Telle est entre autres la mission de la Federalist Society qui, à la façon de la National Rifle Association (NRA) [puissant lobby des armes, ndlr], note les candidats du Parti républicain et les juges en fonction de leur degré de «conservatisme», euphémisme pour traditionalisme réactionnaire à l’endroit des obsessions de la droite morale (les armes, la religion, l’avortement, les droits des minorités, les régulations environnementales, le droit de vote, le mariage homosexuel, la police, etc.). Mais avant que ces recrues n’officient, et afin de leur préparer les éléments du dossier «Etats-Unis vs Démocratie», on s’assure de financer, sur fonds privés, les élections de juges locaux, de procureurs et de gouverneurs et bien sûr de députés.
Le Mississippi, l’Etat rétrograde en la matière
Deux femmes incarnent ainsi la corruption fondamentale qui présida à Dobbs versus Jackson Women’s Health Organization. La première est l’avocate générale du Mississippi (ministre de la Justice à l’échelle de l’Etat), la républicaine Lynn Fitch, qui – après avoir contesté la légalité de l’élection de Joe Biden – porta en 2021 devant la Cour suprême la légalité des restrictions imposées à l’avortement dans son Etat. Si la Cour admettait – à rebours du droit fédéral – l’initiative du Mississippi, Etat rétrograde en la matière, tous les autres Etats pourraient faire de même. Roe v. Wade serait de facto supprimé. L’action judiciaire de Lynn Fitch, ses nombreux articles dans la presse et le réseau d’avocats et de juges dont elle dispose ont rendu son action redoutable.
Il faut dire qu’elle n’avançait pas seule. Non seulement sa campagne de 2018 fut financée par des groupes et des associations de droite chrétienne organisés et répertoriés, mais la procédure initiée par 18 autres avocats généraux et gouverneurs républicains pour soutenir la procédure du Mississippi fut financée par le principal d’entre eux, le groupe d’intérêt Concord. Leur stratégie consiste à faire des tribunaux un champ de batailles culturelles en multipliant les plaintes par des parties civiles artificielles. Par la procédure dite des Amicus Briefs les militants mettent ainsi en cause la légalité des politiques qui leur déplaisent (droit des femmes, des minorités raciales et sexuelles). Les journalistes d’investigation américains ont ainsi tracé les sources financières de dizaines d’actions juridiques qui, dans tout le pays, contestèrent la constitutionnalité du droit à l’avortement et ont identifié un même réseau de dark money, celui qui investit dans l’élection de Fitch (1).
Assurer le parcourt fléché des juges et feindre la demande de justice avec espèces sonnantes et trébuchantes est une première étape. Mais comme la loi est écrite par les élus locaux, il convient aussi non seulement de monnayer leur allégeance mais aussi de leur tenir la plume. C’est ici qu’intervient l’autre protagoniste de la décision : l’avocate Denise Burke, à la tête de l’association Alliance Defending Freedom (ADF), qui mène la croisade depuis des années contre le droit à l’avortement et désormais contre celui des personnes transgenres. Avec un budget annuel de plus de 50 millions de dollars, le groupe rédige ainsi des lois restrictives des droits dans des dizaines d’Etats républicains.
Méconnaissance du concept de «conflit d’intérêts»
En 2018, celle qui dit être à la tête d’une «armée légale» prononça un discours devant l’ADF lors duquel elle prophétisait : «Nous allons mettre à bas Roe v. Wade en procédant de la façon suivante : nous allons rédiger une loi dans le Mississippi limitant l’avortement à 15 semaines, ce qui provoquera des recours en appel et nous finirons devant la Cour suprême qui nous donnera gain de cause.» Ignorant alors que les nominations de Donald Trump faciliteraient l’exécution de leur plan, l’ADF et ses juristes militants écrivirent alors scrupuleusement ladite loi. Qui eut, comme anticipé, raison d’une jurisprudence nationale cinquantenaire.
Samuel Alito vient donc de donner à cette nébuleuse financiaro-idéologique une victoire et un retour sur investissement inespérés. Ces assesseurs de l’Amérique blanche et chrétienne préparent déjà la prochaine étape : le juge Clarence Thomas, dont l’épouse, elle-même lobbyiste, participa à la tentative de coup d’Etat de Donald Trump mais qui ne semble pas connaître le concept de «conflit d’intérêts», a déjà annoncé que la Cour suprême reconsidérerait bientôt les droits accordés aux homosexuels et aux transgenres. Cela tombe bien, c’est ce pour quoi l’ADF a tant dépensé.
Le peuple n’a donc rien à voir dans cette décision de révoquer Wade. Comme le relèvent amèrement les juges dissidents de la Cour, soulignant la mauvaise foi d’Alito, le «peuple» universel qui a écrit la Constitution américaine se limitait aux hommes blancs. Mais c’est plus que cela. Cette décision témoigne du grand mensonge d’une institution qui n’est ni pour le peuple ni par le peuple mais pour la faction qui a confisqué le pays dont elle tente de faire croire qu’il est encore un Etat de droit.
(1) «Dark Money Built the Supreme Court’s Radical Conservative Supermajority», d’Andrew Perez et Aditi Ramaswami, Jacobin, 23 juin 2022
"Le jugement est un outil à tous sujets, et se mêle partout... " (Montaigne / Essais I / chap L)
http://patrickg75.blogspot.fr/
https://patrickg.bandcamp.com/
The Acid Life
The underground doesn't stop. Passe voir, on sait jamais.
Dul
C'est une décision d'une institution rendue illégitime après avoir été tordue à l'excès par une minorité ultra radicale.
Oui c'est de la politique, non ca n'a rien à voir avec de quelconques traditions.
Et certes je comprends les réticences à lire cela sur votre site préféré, mais c'est parce que collectivement les USA, en particulier l'immense majorité paisible qui crée, invente, éduque, construit, aime a eu des réticences à se sentir concernée dés le début des signes avant-coureurs sur ce sujet comme malheureusement tant d'autres.
Détourner le regard par ennui est comprehensible, mais lethal.
Vous n'êtes pas hors de danger sur ces points.
Los Teignos
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Le GIEC chiffre à 3,3 milliards le nombre de victimes du réchauffement climatique. On en parle ?
[ Dernière édition du message le 27/06/2022 à 20:19:30 ]
ripger
linn134
Je ne suis pas d'accord avec tout, même dans les tests (pour rester dans le domaine musical pur) et pourtant ça ne me dérange pas.
Au contraire. Avoir un petit apperçu de ce que pense le reste du monde est bien nécessaire.
Ce que je ne comprends pas c'est cette obligation morale, que se font les réacs de tous poils, de venir s'inscrire sur un site essentiellement musical pour poser leur pêche politique sans participer au reste de la vie du site. C'est un site de musique et plus si affinités. T'as envie de causer de politique et rien à apporter d'autre ? Il y a pléthore de sites qui permettent de le faire. L'Edito c'est un peu d'ouverture, parfois à des choses bancales et à des contradictions, ce qui est important plutôt que de rester enfermé dans sa bulle.
Il est évident que les USA n'ont rien à cirer de ce que pensent les Afiens. Le député de la circonscription du coin lui aussi s'en fout.
Pourtant en discuter c'est important. Et c'est encore plus important qu'il y ait contradiction. A la seule condition que la contradiction soit effectuée avec des arguments un poil sérieux.
C'est exactement la même chose dans le forum de matos. Tu as envie de dire que la sommation est meilleure sur tel logiciel que tel autre ? Tu peux. Il y aura des preuves vérifiables que c'est faux MAIS rien n'interdit de le dire ... et rien n'interdit de comprendre pourquoi on s'est trompé en le disant. On peut se dire les choses de façon civilisée et amicale... tant que le propos est correct.
Comment savoir si le propos est correct ou non ? C'est super simple : AF est un site de partage (de connaissance), y prôner l'égoïsme n'a pas de sens.
Je comprends l'agacement de certains qui se sont fait bouler du célèbrissime sujet politique d'AF par quelques passionnés un peu trop investis par leur convictions. Ce que je ne comprends pas c'est que d'autres viennent poser une crotte toute chaude et se barrent sans discuter. Là ça m'échappe.
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"001001001111010010010010100010 !" Mireille DAC.
Old Mitchell
Bonjour,
Ce qui me sidère et me choque c'est de constater dans ta façon d'affirmer ton opinion pro avortement que tu considères que ceux qui ne sont pas de ton avis sont donc des arriérés; quel jugement! Quel manque de respect, sous couvert de "droit à disposer de son corps" qui oublie le droit de l'enfant à naître qui, lui, ne peut pas ouvrir sa gueule, quel manque de respect vis à vis de ceux qui ne sont pas d'accord avec toi!!!
Et tu veux donner des leçons aux autres?
Commence par respecter leurs opinions; l'obscurantisme n'est décidément pas toujours où on le croit...
Bonsoir cher (e ?) Duke
Auriez-vous l'obligeance de me préciser en quoi l'exposé de mon opinion constitue un manque de respect
1° pour les ProLife
2°) pour les foeta
Et également me préciser en quoi je donne une leçon en évoquant les tristes réalités historiques françaises qui ont précédé l'abolition de la loi de 1920 ?
Et en quoi je manque de respect en citant Aristide Briand ?
Et en quoi le fait de respecter l'Humain.e. avant tout est un manque de respect ?
A vous lire ...
O.M
befullofgod
totounet
Ce que je ne comprends pas c'est cette obligation morale, que se font les réacs de tous poils, de venir s'inscrire sur un site essentiellement musical pour poser leur pêche politique sans participer au reste de la vie du site. C'est un site de musique et plus si affinités. T'as envie de causer de politique et rien à apporter d'autre ? Il y a pléthore de sites qui permettent de le faire. L'Edito c'est un peu d'ouverture, parfois à des choses bancales et à des contradictions, ce qui est important plutôt que de rester enfermé dans sa bulle.
C’est vraiment ca qui me gêne aussi, ceux qui ont fait un vrai métier sur AF de vendre leurs idées, bourrer le crâne en permanence aux autres.
Ils utilisent AF comme la salle de réunion de leur petit parti.
Normal qu’on parle de tout de politique, c’est sympa en soi…mais la ils prennent vraiment AF en otage, et sont tres agressifs et insultants des lors qu’on les contredit (pour certains).
Ce n’est pas tant l’idée en soi, qu’on soit en accord ou pas…ni les éditos sympas de Los Teignos..mais a un moment quand tu te fait traiter de raciste ou fasciste simplement parce que tu défends une idée centriste (par exemple) c’est juste une lamentable honte sur le plus grand site de zique Francais.
Mais pas pour le membre qui se fait prendre pour ce qu’il n’est pas…c’est juste le site lui même et sa pluralité qui la prend bien profond.
Quand a la musique la dedans effectivement…..
8oris
Bien d'informer sur la betise,la corruption de ces soit-disants "juges à la cour supreme..",toujours les suites de quatre ans de Trump,de manipulation des medias etc....où va -t-on?..heureusement y a la zic..effectivement.Moi te dis merci LT.
Si tu as besoin d'aller sur AF pour t'informer sur la bêtise, c'est pas bon signe!
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