L’éditeur U-he, déjà responsable des très réputés Zebra, Filterscape et MFM, propose une série de huit plugs d’effets, Uhbik, couvrant une grande partie des besoins du studio, capables de fonctionner en surround, à un prix très incitatif, d’autant que les mises à jour seront gratuites (y compris les nouveaux modules). Trop beau pour être vrai ?
L’éditeur U-he, déjà responsable des très réputés Zebra, Filterscape et MFM, propose une série de huit plugs d’effets, Uhbik, couvrant une grande partie des besoins du studio, capables de fonctionner en surround, à un prix très incitatif, d’autant que les mises à jour seront gratuites (y compris les nouveaux modules). Trop beau pour être vrai ?
Présentation
Uhbik est compatible Mac (AU, VST et bientôt RTAS) et PC (VST), et s’installe en un clin d’œil. La suite comprend trois effets de modulation, une réverbe, un délai, un Frequency Shifter, un EQ et un filtre. Chacun d’eux est identifié par sa première lettre à l’exception du filtre, nommé Runciter (relisez donc Philip K. Dick), ce qui demande un tout petit temps d’adaptation pour s’y retrouver.
Les interfaces sont assez semblables, et disposent de sept possibilités d’agrandissement et de réduction (de Cute, 422 × 172 pixels, à Cinematic, 2220 × 860 pixels), ce qui est bien venu, quand on veut libérer un peu d’espace écran tout en gardant visible ce qui est en action ou au contraire avoir une vision large en cas d’écran éloigné (cabine de prise, set-up déporté, etc.). Les petites tailles rendent la typo difficilement lisible, les grandes tailles sont pixellisées, mais la fonction est suffisamment rare pour être appréciée.
On dispose d’un écran permettant de visualiser le nom du preset en cours, les valeurs et les sorties surround actives (accessibles via menu déroulant), de boutons d’accès aux patches et à la sauvegarde et de divers réglages, gros boutons pour les plus courants, petits boutons pour les raffinements et options, et quelques switches. Tous disposent du MidiLearn (et UnLearn). Le réglage fin des valeurs se fera en cliquant-tirant sur le nom du paramètre. Notons aussi que l’automation est très complète, pratiquement tous les paramètres apparaissant dans celle de Logic, par exemple.
Comme le studio n’est pas équipé d’un système surround, cette partie sera laissée de côté. La seule action sera de vérifier que les assignations fonctionnent correctement, en envoyant les signaux dans les diverses voies, tout en monitorant avec les outils dédiés de Logic, et en effectuant le routing idoine dans le logiciel de la carte son.
De l’ambiance
Premier plug, Uhbik-A est une réverbe algorithmique (pas de convolution ou autre technique), voulue par l’éditeur comme une réverbe de liaison du son, de “glueing” comme on le dirait d’un compresseur de bus, plutôt que comme processeur censé restituer un espace réaliste, et qui associe un générateur de premières réflexions et une Plate.
Côté réglages, Operation permet de choisir entre trois algorithmes, Open pour les ambiances, Direct pour les instruments à mettre en avant et Small pour un contenu en premières réflexions plus prononcé. Deux rotatifs permettent de jouer sur le contenu, Reverb qui dose entre Early (premières réflexions) et Tail (chute de la réverbe), et Mix, entre le son traité et le son d’origine.
On définit les premières réflexions, grâce à Pre-Delay et HF-Range, réglant le retard avant perception et le contenu en aigus. Deuxième paramètre, Early Size, complété par Spread, de Narrow à Wide, qui crée un retard entre les canaux. Attention donc à la localisation de la source ou à son annulation (voir l’effet Haas).
Placé plutôt à droite de l’interface, les réglages dédiés à la queue de réverbe comporte les classiques Decay et Density, et de quoi filtrer le contenu en basses (Bass) et hautes fréquences (Treble et Treble Freq). Les deux filtres sont des shelves large bande, ce qui change des habituels passe-haut ou bas et demande du coup un petit temps d’adaptation. Enfin, Modulation permet de restituer un “flottement” dans les retards, ce qui peut atténuer le côté métallique de certaines réverbes.
Voici une guitare acoustique sans effet, puis avec simulation de plate (algo direct), puis une boucle de batterie dry et façon drum room. Enfin, dans une utilisation type cohésion sonore, voici un extrait d’un morceau complet (dont toutes les réverbes d’origine ont été enlevées, orgue, ampli guitare, etc.), puis placé dans un petit espace, façon studio, directement sur le bounce stéréo.
Les différents réglages permettent de sculpter assez précisément le son, et si l’on n’atteint pas la qualité des réverbes TC (DVR2, VSS3) ou Universal Audio (Plate 140) auxquelles elle a été comparée, Uhbik-A figure néanmoins dans le haut de gamme des réverbes natives, pour un prix défiant toute concurrence (autant prévenir, ça va être un leitmotiv…). Seul regret, pas de réglages de niveau d’entrée, ni de niveau de sortie, ce qui peut être problématique en insert, ou lors de travail dans un éditeur audio, sur un fichier global. Concernant le niveau de sortie, il faut savoir qu’il est accessible via l’automation de l’hôte (comme un paramètre “caché”…), mais le problème est toujours là si l’on travaille avec un éditeur audio.
Echo et Flange
Passons à Uhbik-D, comme Delay. Le plug offre cinq lignes de retard, chacune disposant de ses réglages de division rythmique (de 0 à 16 doubles croches), pan et volume, plus une activation du feedback (réglable globalement via un rotatif). Deux filtres (Hi et Low Cut) permettent de modeler le son des répétitions (globalement), un réglage Softclip permet de simuler la saturation de bande, le rotatif Speed ajuste la longueur des échos et Mix fait ce qu’on attend de lui. On termine par un ensemble de paramètres de modulation, avec le choix entre LFO et flutter (effet typique de bande), profondeur et taux.
Avec tout ça, il est très simple de créer des effets de slapback, d’écho, de ping-pong (en décalant des valeurs proches de quelques points et en pannant L/R), de répétitions infinies (nettes ou s’abîmant), etc. Le son peut être “cradifié” à souhait, grâce aux filtres, au flutter et au clipping, les mouvements en cours de répétitions des paramètres Speed et de division produisent l’effet souhaité.
Un bon plug, encore, très simple à programmer (un PSP 608 ou Delay Designer demandent beaucoup plus de manipulations pour arriver au même genre d’effet), auquel il manque cependant les niveaux d’entrée et sortie (le deuxième leitmotiv…).
Suivant par ordre alphabétique, Uhbik-F, sous-titré “post retro flange”, dédié, mais oui, au flange et chorus en tout genre. L’éditeur s’est attaché à reproduire le comportement des bandes, en émulant deux machines, dont les variations de la seconde seront modulées par un LFO. Mais aussi celui des pédales, avec l’ajout d’un réglage de Feedback bipolaire, qui peut aussi aller jusqu’à l’auto-oscillation.
Les réglages pour le LFO sont un rotatif de durée de périodes (en secondes, Hertz, divisions de notes, etc.), un de Phase avec paramétrage d’Offset (et petits écrans de visualisation), trois potards modifient la forme d’onde, sa symétrie et sa courbe. Depth est la profondeur de modulation appliquée à la bande virtuelle, et Delay applique un délai constant entre les crêtes du filtre en peigne, se rapprochant ainsi du flange version pédale, ou du chorus, selon la période du LFO. Un Drive rajoute la première harmonique (un bon point, avec un son vraiment agréable) et Bass Sanctuary permet d’isoler les basses fréquences du traitement, Mix permet de choisir la proportion de signal de chaque machine à bande (en positif et négatif) et Automix accentue ou diminue l’effet “Jet” en appliquant le LFO au mix et non plus seulement à la machine B.
Les résultats sont agréables, de discret à plus marqué avec des effets de pan intéressants, et en jouant sur le Feedback, avoir des montées de suraigus périodiques, etc. Très réussi, mais leitmotiv numéro 2.
Phaser et Tremolo
On continue avec Uhbik-P, dédié au phasing, avec son principe de filtres passe-tout et de filtrage en peigne sur toute l’étendue du spectre. C’est le nombre de Stage qui définit le potentiel de profondeur et la richesse de l’effet : Uhbik-P offre trois modes, avec 14, 28 ou 42 Stages (un phaser “classique” dispose en général de 4, 6, 8, 10 ou 12 Stages) ! Ça devrait sonner…
Les réglages situés à gauche sont les mêmes que ceux du flanger (Time, Phase, Offset, Symmetry, Wave, Scale). On dispose ensuite d’un Mix, de Depth (profondeur de la modulation), d’un réglage Freq pour paramétrer la fréquence centrale, un Feedback bipolaire et le Bass Sanctuary déjà rencontré. Rien d’étonnant donc, hors ces fameux Stages.
Voici quelques exemples, discret sur un piano électrique, avec beaucoup de mouvement dans les basses fréquences sur une string machine, alors que les fréquences hautes sont pratiquement intactes et dans une utilisation comme effet spécial, d’abord sans, puis en 14, 28 et 42-Stages.
Uhbik-T est un trémolo capable de créer des effets de pan et qui dispose aussi d’un éditeur de pattern via une matrice, ce qui permet de programmer des figures rythmiques complexes, des gates, etc. On retrouve les six réglages communs à Uhbik-F et Uhbik-P, plus un sélecteur de pente d’atténuation (linéaire ou exponentielle, de –12, –30 et –96 dB), un réglage Gain Attenuation (la profondeur de l’effet), un rotatif Haas Delay, qui, en insérant un retard sur un des canaux, permet des modifications de la perception stéréo, un sélecteur de formes d’onde (de single à quad) et de modes réservés à l’éditeur de patterns, et Filtering Attenuation qui est un filtre passe-bas.
À gauche des habituels Patches et Save on trouve le bouton Pattern. Une partie des réglages s’effacent alors pour laisser place à la matrice (11 patterns et 16 pas), le bouton Wave permet de passer d’un pattern à l’autre (avec positions intermédiaires), le bouton Symmetry passe en réglage de swing, et un bouton Steps permet de définir le nombre de pas de la pattern. Cet éditeur permet de créer des effets de Gate, des rythmes avec pan, etc.
Que ce soit façon Wurlitzer, façon Rhodes Suitcase, façon CP-80 ou pour créer un groove sur une nappe, ici en automatisant le paramètre Wave/Pattern, pour arriver progressivement aux patterns programmés, Uhbik-T répond présent dans tous les cas de figure.
Excellent plug, la présence de l’éditeur de pattern est un plus, un effet indispensable dans toute panoplie de joueur de claviers, de guitariste, de sound designer…
Égalisation et fréquence
Uhbik-Q, peut-être plus classique, mais pas inintéressant, propose dans une seule interface deux EQ semi-paramétriques multimodes, deux filtres (passe-haut, passe-bas), et un EQ dédié basse (plus ou moins 24 dB, fréquence à choisir entre off, 40, 60, 90, 130, 200 et 350 Hz).
Par multimode, on entend que l’éditeur donne le choix sur chaque semi-paramétrique, non pas de régler le Q de façon précise, mais de travailler avec un Low Shelf, un Hi Shelf, un Wide Bell (Q large, fixe), un Flex Bell (Q se resserrant sur les réglages de gain élevés) et un Narrow Bell (Q resserré, fixe). Le bouton de Gain de sortie (youpi !), peut aussi être configuré en un filtre supplémentaire (Wide Mids, très large bande, ou Center Bell, équivalent aux Flex Bell). Côté coupe-bas, coupe-haut, on dispose respectivement des fréquences suivantes : off, 24, 48, 96, 144 et 230 Hz et off, 16, 13, 10, 7 et 4 kHz.
On peut facilement recréer des filtres passe-bandes, effectuer des balayages, salir le son, reproduire le principe Boost/Attenuate des Pultec, additionner les deux gains sur une même fréquence (attention aux oreilles…), l’EQ reste toujours musical, plus dans l’optique vintage que chirurgicale. Peut-être pas le plus indispensable de l’ensemble, mais sa qualité est à la hauteur de celle de ses voisins de bundle.
Uhbik-S est plus intriguant, offrant un Frequency Shifter. L’effet habituel à forte dose est la destruction du rapport harmonique entre les fréquences, ce qui peut produire des effets spéciaux très intéressants, mais utilisé à faible dose, il produit des effets proches du phasing, à la différence que son action est unidirectionnelle, soit selon une pente ascendante, soit descendante, mais jamais les deux en alternance comme d’autres effets de modulations ont coutume de faire (mais voir quand même plus bas).
Côté réglages, Shift détermine le taux de décalage fréquentiel, en rapport avec l’étendue sélectionnée via Frequency Range (1, 10, 200 Hz et 4 kHz). On retrouve aussi un Offset, toujours présent pour les mêmes raisons, proposer une spatialisation. Le rotatif Phase permet de caler la position de la phase, en disposant d’un Auto Reset et d’un Manual Reset, pratique quand, à la suite de modifications, le signal traité n’est plus synchrone avec celui d’origine. On dispose aussi d’un Feedback, et d’un Mix.
Quelques exemples de traitements, ici sur un Rhodes, puis sur cette guitare, cette voix ou un exemple sur une boucle de batterie, donnant des mouvements opposés entre le canal droit et le canal gauche.
Plug très agréable, plutôt rare, donc aussi apprécié pour ça. Leitmotiv deux, quand même…
Runciter
Et on finit avec le “je suis vivant, vous êtes mort”, pardon, le Runciter. Le plug regroupe un filtre à variable d’état et un générateur de distorsion. L’architecture est donc particulière, puisque vu le type de filtre choisi, Runciter offre trois sorties filtrées simultanées, LowPass, BandPass et HighPass, chacune dotée de son volume. Runciter dispose de plus d’un suiveur d’enveloppe, avec réglage de sensibilité, taux d’application, vitesse de l’enveloppe, elle-même dotée de six modes différents : Slow, Transient, Fast, Ride, Midi 1 et 2, ces derniers réagissant à la vélocité des notes Midi entrantes.
Le filtre dispose des classiques CutOff et Resonance (pas d’auto-oscillation) et un rotatif Output qui règle son niveau de sortie. Drive règle le niveau d’entrée et reproduit l’effet obtenu en saturant l’étage d’entrée de matériels analogiques. La partie distorsion présente un potard Fuzz et un Color, qui reproduit un effet de saturation à lampes, en ajoutant des harmoniques paires.
Enfin, le plug, en plus de son suiveur d’enveloppe offre aussi une modulation par contrôles Midi pré-implémentés, avec offset de la plage d’action. On peut ainsi choisir entre molettes de modulation, de pitch, un breath controller (essayé ici avec un Yamaha BC-3, ça fonctionne très bien), une pédale d’expression (très bien pour la wah-wah), la vélocité, l’aftertouch (idéal pour faire des sweep sur nappes), etc.
Autant le dire tout de suite, et même s’il n’offre pas les routing sophistiqués et tous les modes d’un Volcano 2 ou les modulations et caractéristiques d’un Nitro, ce filtre sonne “terriblement” bien. On regrette juste qu’il n’y ait pas de LFO d’origine, même si l’on sait que Uhbik-X (hôte pour les plugs Uhbik) qui devrait rapidement arriver proposera toutes les options de modulation et de routing possibles.
Quelques exemples : sur le B4 II de Native, une exagération (absolument pas réaliste, mais intéressante) de la percussion et des bruits de Key Click ainsi qu’un léger effet wah-wah où l’on voit que les différents paramètres permettent de ne pas trop toucher à la réverbe ou au corps du son. Une guitare, cette fois en reproduisant un effet de talk box avec légère disto. Puis un filtrage destructif appliqué à la grosse caisse de la boucle de batterie déjà utilisée. Précision : le filtrage est appliqué sur un fichier stéréo et non pas sur la piste séparée de grosse caisse, l’isolation et le traitement étant effectués uniquement grâce aux paramètres de Runciter. Autre traitement, toujours sur la même boucle de batterie. Et pour finir, un sweep avec tous les filtres ouverts, le Mix sur Wet, la résonance à 50 et pas de Drive ni de fuzz, attention aux oreilles. La nappe d’origine est à 0 dB, et il y a un limiteur en sortie sur le master de Logic lors du sweep, résultant en une réduction max de 3,66 dB.
Conclusion
La suite Uhbik est une excellente surprise. Elle peut être d’abord envisagée comme un complément de choix aux plug-ins inclus dans les divers séquenceurs du marché. Mais elle se suffit aussi à elle-même en tant que suite (presque) complète, grâce à sa polyvalence sonore. Elle a aussi le mérite d’être totalement compatible surround, jusqu’au 7.1, ce qui est loin d’être le cas de nombreux plugs pourtant issus de compagnies plus établies. Même l’interface de sauvegarde de presets est bien conçue, avec la possibilité de renseigner le nom de l’auteur et un commentaire. Et le goût de l’éditeur pour le vintage, tout du moins l’analogique, se retrouve certes dans le look des plugs, mais surtout dans leur caractère sonore, ce qui peut sembler logique. Mais ne l’est pas toujours…
Les Uhbik-F, -P, -T, -S, -D sont très réussis, offrant aussi bien les caractéristiques de leurs aînés analogiques que toute la souplesse du numérique. Moins impressionnants, la réverbe et l’EQ sont cependant efficaces, à défaut d’être totalement originaux. Quant à Runciter, on retrouve là la patte de l’auteur de Filterscape. Le filtre complétera de très bonne manière un plug-in aux sonorités plus passe-partout, comme on en trouve ici ou là. Surtout, le point fort de tous ces plugs est leur très grande musicalité : on trouve très rapidement le réglage adéquat, celui qui ajoute la petite touche qui fait la différence. Et pas besoin d’aller dans les extrêmes, les plugs sont tout aussi bons dans la subtilité.
Au chapitre des regrets, l’absence des réglages de niveaux d’entrée-sortie (malgré l’accès via automation pour ce dernier) peut être parfois gênante. Le travail au sein d’un éditeur audio peut parfois obliger à jouer d’astuces pas tout le temps transparentes pour le fichier d’origine. Le changement de presets s’accompagne parfois de clics audio, ce qui est plutôt gênant. Tout comme l’absence d’un bypass intégré, qui se comporterait peut-être mieux que celui de Logic dans le cas de ce test (clic audio lors d’automation du bypass d’insert, sans que l’on sache si cela vient de Logic ou du plug). Et le manque de LFO sur Runciter est regrettable, même si l’on sait que Uhbik-X devrait y remédier.
Mais à ce prix, avec cette qualité, et compte tenu des updates gratuits, il serait dommage de ne pas se précipiter sur la démo disponible sur le site de l’éditeur afin de se faire une idée.