Gibson, à qui nous devons bon nombre de guitares de légendes, a décidé de présenter il y a quelques mois, une fois n'est pas coutume, un instrument aux courbes originales, la N-225. Avec un look hybride à mi-chemin entre les SG, Les Paul standard et la série ES, la guitare a attiré notre attention...
L’esthétique
Dès l’ouverture du Flight Case rigide, le premier coup d’œil nous invite à la ranger près des modèles « Designers », dans lesquels s’ajoutent la « Nighthawk » ou encore la « Flying V ». De toute évidence, cette Gibson N-225 ne passe pas inaperçue avec son look typé moderne. Elle ne fera sans doute pas l’unanimité, mais on ne pourra pas reprocher à Gibson de nous ressortir une énième Les Paul…
Ceci étant, la N-225 Faded Cherry (modèle testé) joue la carte de la sobriété. Le vernis nitrocellulosique laisse apparaître un corps en érable massif, sur lequel a été ajouté un double cutaway asymétrique ; mais aussi deux ouïes en forme de « F », qui laissent ainsi paraître un corps creusé. L’ensemble de l’accastillage est noir et les repères du manche sont rectangulaires. Le manche collé en érable arbore un profil assez mince typique fin 60’s, monté de 22 frettes medium-jumbo et accueille une touche en palissandre. La finition est globalement très correcte, le vernis assez fin installé sur le corps ne manque pas d’élégance dans l’ensemble.
Parmi les 3 finitions déclinées, nous ne manquerons de remarquer la « Ebony », qui se différencie de la Cherry ou encore de la Natural par son aspect esthétique différent. En effet, dotée de « Flames » (flammes), il s’agit tout simplement d’une collaboration entre Gibson et l’artiste graphiste-peintre Rick Harris, plus connu pour la customisation de voitures façon « Hot Rod ». Certains y trouveront une faute de goût, d’autres seront conquis, les goûts et les couleurs…
L’équipement à bord
Avant tout, les cordes reposent sur un chevalet Tune-O-Matic avec six pontets ajustables indépendamment. Le cordier qui réceptionne ces dernières est un vibrato nommé « Vibrola », déjà croisé sur les modèles signatures SG Angus Young ou Frank Zappa. Enfin, six mécaniques Grover 3×3 sont installées sur la tête, pour un excellent maintien des cordes, minimisant les risques de désaccord.
La N-225 est équipée de deux micros passifs. En position manche se trouve un P90 (simple bobinage) ; tandis qu’un double bobinage sans capot appelé « Dirty Fingers » se situe en position chevalet. L’ensemble est piloté par un sélecteur trois positions, un potentiomètre de volume et un second de tonalité. À noter que ce dernier cité est muni d’un système push-pull permettant d’accroître les combinaisons du micro bridge en passant du double au simple bobinage une fois déclenché.
Prise en main
Le confort de jeu est très satisfaisant. L’instrument est peu lourd et bien équilibré. La caisse n’étant pas de très grande taille, le positionnement du bras droit (pour les droitiers) se fait avec aisance. Le diapason court (628mm) accompagne parfaitement le manche assez fin et plat sur toute sa longueur, assurant un jeu fluide et sans effort. Après avoir revu légèrement à la baisse l’action des cordes en rapport aux réglages d’usine, le parcours du manche en est devenu un véritable plaisir. En rapport à cela, les découpes du talon et des deux échancrures sont étudiées pour un accès facile jusqu’à la 22e case. Le seul point sombre au tableau se dirige vers le vibrato, la tige plus exactement. Elle peut s’avérer envahissante si l’on souhaite manipuler rapidement les potentiomètres de réglages des volume et tonalité.
Et ça sonne comment ?
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Eh bien, ça sonne pas mal du tout ! En acoustique, le son est plutôt équilibré, l’attaque se révèle précise avec toutefois une résonance limitée. Ne vous y fiez pas, les ouïes situées sur la table d’harmonie n’ont pas un rôle prédominant dans le rendu sonore. À l’inverse des ES-335, Gretsch ½ et ¾ caisse (et bien d’autres…), il s’agit là d’un concept design avant tout.
Une fois branchée, on s’aperçoit rapidement que la combinaison des deux micros P90 et Dirty Fingers apporte à cette guitare une polyvalence et diversité très appréciables. En position chevalet, le « DF » est riche en dynamique, tout en conservant de la précision une fois l’overdrive poussé généreusement.
- 11 Overdrive Bridge 00:20
- 12 Overdrive Bridge+Split 00:20
- 13 Overdrive Neck+Bridge 00:19
- 14 Overdrive Neck+Bridge+Split 00:19
Plutôt surprenant, le sustain se veut relativement long sur l’intégralité du manche, à l’inverse de l’appréhension constatée lors du jeu à vide. Sans équivoque, il est orienté vers des sonorités vives comme on peut le trouver dans les musiques Rock et Hard Rock. Le P90 est quant à lui plus moelleux, au caractère plus rond et chaleureux ; typique dans son genre, qui plus est placé en position manche.
- 6 Crunch Bridge 00:19
- 7 Crunch Bridge+Split 00:20
- 8 Crunch Neck+Bridge 00:19
- 9 Crunch Neck+Bridge+Split 00:20
- 10 Crunch Neck 00:20
La combinaison des deux micros (des deux mondes devrais-je dire, car totalement différents l’un de l’autre) ouvre les possibilités. Néanmoins, il s’avère quand même assez difficile d’obtenir un son clair et pur par excellence. Comme vous pourrez le constater dans les exemples 1 à 5 enregistrés via le canal clean d’un ampli, un côté crunchy se manifeste facilement dès que l’attaque du médiator est plus franche.
- 1 Clean Bridge 00:20
- 2 Clean Bridge+Split 00:19
- 3 Clean Neck+Bridge 00:19
- 4 Clean Neck+Bridge+Split 00:20
- 5 Clean Neck 00:20
N’oublions pas le push/pull installé sur le potard de tonalité, un atout majeur au final sur cette guitare, qui permet de retrouver des sonorités plus claquantes, avec un spectre étendu vers l’aigu et une attaque plus incisive. Bien sûr, ne nous fourvoyons pas, car nous sommes loin des sons cinglants des positions intermédiaires sur Telecaster ou encore Stratocaster, mais là n’est certainement pas le but recherché.
En résumé
La Gibson N-225 (environ 1200€) est une guitare sobre par son esthétique (référence au modèle Cherry testé), pour un jeu confortable et au son polyvalent grâce aux 2 micros P90 et Dirty Fingers splitables installés. Il est fort probable que les puristes de la marque n’y trouveront par leur compte, car le choix tranché d’un tel design peut laisser perplexe. Ceci étant, si cet aspect d’ordre esthétique ne vous rebute pas, je vous invite à l’essayer. Vous y retrouverez des sonorités tranchantes, dynamiques, mais aussi chaleureuses aux couleurs Blues/Rock/Hard-Rock, une aisance et un confort de jeu, avec toutefois un bémol concernant le vibrato, que je boycotterais probablement à (court) terme.