Yamaha a décidé d’actualiser sa gamme de guitares Revstar. Ces dernières sont classées en trois catégories, de la plus accessible à la plus prestigieuse. Nous allons tester aujourd’hui la Yamaha Revstar RSE20, représentante de l’entrée de gamme.
Le tour du propriétaire
La Yamaha Revstar RSE20 est issue de la série « Element » qui est l’entrée de gamme des guitares Revstar. Il existe deux autres catégories « Standard » et « Professional », respectivement moyenne et haut de gamme, et mon petit doigt me dit qu’elles seront prochainement testées sur Audiofanzine. Ainsi, s’offre à nous une guitare possédant un corps en acajou. La finition du modèle prêté est dite « Vintage White » qui est une sorte de blanc crémeux accompagné d’un pickguard noir, mais il existe d’autres finitions dans le catalogue avec une identité qui rappelle l’univers de la course moto. Ce corps est, comme sur toute la gamme Revstar, chambré. Autrement dit, bien qu’il n’y ait aucune ouverture sur la caisse, l’intérieur n’est pas totalement plein. L’objectif principal est de créer des résonances qui améliorent la sonorité globale de l’instrument. Cette conception devrait également agir sur le poids et l’équilibre de l’instrument. Le manche de 22 cases, lui aussi en acajou, est fait de 3 pièces et est collé à la caisse avec une jonction très réussie. Ce dernier bénéficie d’un verni mat, ce qui est un excellent point vis-à-vis de la glisse. La touche est en palissandre et les repères sont de classiques points blancs. Le diapason est de 24,76 pouces ou 629 mm, ce qui est légèrement plus qu’un diapason de type Gibson. Le radius est quant à lui de 12 pouces. Le profil du manche se rapproche d’un « C » avec une prise en main que j’ai trouvée confortable, on y reviendra un peu plus loin dans ce test. La pose des 22 frettes de type Jumbo est toutefois décevante. Ces dernières sont mal limées sur les bords, ce qui est très désagréable en contexte de jeu, notamment pour les solistes. Bien entendu, rien d’irrattrapable et un petit tour chez le luthier sera suffisant. Néanmoins, bien qu’il s’agisse d’un modèle d’entrée de gamme dans la série Revstar, cette guitare est tout de même vendue environ 480 euros au moment de la rédaction de ce test. Dans cette catégorie de prix, on est en droit d’exiger des frettes bien posées et bien taillée dès la sortie du carton.
Les cordes reposent sur un chevalet Tune-o-matic, un sillet en PPS (Polysulfure de phénylène) et terminent leur voyage dans des mécaniques tout à fait standards qui ne sont signées par aucune tierce marque.
L’électronique se compose quant à elle de deux micros à double bobinage référencés « VH3b AlNiCo 5 » pour le chevalet et « VH3n AlNiCo 5 » pour le manche. Ils sont pilotés par un potentiomètre de volume ainsi que de tonalité. Le potentiomètre de tonalité est de type « Push/Pull ». Lorsque ce dernier est tiré, s’active alors la fonction « Dry Switch » qui a pour objectif d’imiter la sonorité de micros simple bobinage. Il ne s’agit donc pas d’un vrai split traditionnel, mais davantage d’une sorte de filtre coupe bas. Nous verrons un peu plus loin dans ce test si la sonorité de ce dernier est au rendez-vous. Ces micros sont également accompagnés d’un sélecteur trois positions placé à un endroit facilement accessible pour les guitaristes qui alternent régulièrement entre les micros durant leur jeu.
Le réglage d’usine est plutôt bon avec une action de 2,1 mm sur la sixième corde, 1,5 mm sur la première et des harmoniques bien justes.
Pour terminer ce tour du propriétaire, notons que cette guitare est fabriquée en Indonésie. Il sera aussi possible de se procurer le modèle pour gaucher avec néanmoins uniquement deux finitions (noire et bleue) disponibles au catalogue. Enfin, la RSE20 est livrée sans housse ou étui.
C’est ma moto, coco.
Avant de brancher quoi que ce soit, j’ai tout d’abord joué quelques minutes la guitare à vide. La projection sonore est bonne et le corps chambré doit y être pour quelque chose. J’ai cependant été surpris par l’équilibre, ou plutôt, le déséquilibre de la guitare en position assise. Le corps a tendance à pencher, ce qui est dommage quand on sait que Yamaha assure que la conception du corps aide à équilibrer l’instrument. Ce n’est pas catastrophique, mais mérite tout de même d’être souligné. Une fois debout et avec une sangle tout à fait standard, plus aucun problème.
Le manche propose une bonne prise en main avec une glisse très fluide. Si l’on met de côté le problème des frettes légèrement coupantes sur les extrémités, évoqué en début de ce test, j’ai trouvé le confort de jeu vraiment intéressant. Le profil du manche en « C » est idéal pour le jeu en accord. Cependant, le manche n’étant pas très épais, il sera tout à fait adapté au jeu solo. La guitare sonne correctement jusqu’à la dernière case et l’accès aux aigus est impeccable.
Après ces quelques minutes nécessaires à la chauffe des lampes de la tête Victory, voici les premiers résultats obtenus sur le canal clair avec un gain et un master réglés à 5 ainsi qu’une égalisation « tout à midi » :
- 1 – Son clair – chevalet00:49
- 2 – Son clair – manche00:34
- 3 – Son clair – manche + chevalet00:33
Les deux micros AlNiCo 5 présents sur cette RSE20 ne sont pas les micros les plus puissants du marché. Ce canal clair a tendance à facilement saturer dès que l’on y rentre un peu (trop) fort, et comme vous pouvez l’entendre sur ces exemples, on a de la marge avant de vraiment faire cruncher le préamplificateur. J’ai trouvé le micro manche très équilibré, apportant juste ce qu’il faut de rondeur. La dynamique de jeu, sur les deux micros, est également très bonne et la guitare répond parfaitement bien aux différentes nuances de jeu du médiator.
Passons maintenant au canal crunch, avec un gain réglé sur 6 et un master toujours à 5 :
- 4 – Son crunch – chevalet00:26
- 5 – Son crunch – manche00:39
- 6 – Son crunch – chevalet + manche00:48
Le crunch va très bien à cette RSE20. Le micro chevalet est excellent, car très dynamique et bien équilibré en fréquences. Les notes accrochent bien sous les doigts et le sustain est bon. Le micro manche est lui aussi agréable à jouer, car extrêmement dynamique comme vous pouvez l’entendre dans l’exemple numéro 5 où je fais varier le potentiomètre de volume. De manière plus générale, ces micros sont très bien assortis et le son garde de l’homogénéité lorsque l’on passe de l’un à l’autre en plein jeu. C’est un excellent point.
Passons au troisième et dernier canal, le moins adapté pour jouer de la bossa-nova :
- 7 – Son lead – chevalet00:25
- 8 – Son lead – manche00:42
- 9 – Son lead – chevalet + manche00:26
Ici encore, la Yamaha RSE20 s’en sort bien. Elle encaisse sans problème des saturations généreuses avec un bruit de fond que j’ai trouvé tout à fait raisonnable. Les micros restent bien définis, les notes sont mordantes et on prend du plaisir à jouer sur cet instrument. En revanche, ce gain plus conséquent met aussi en évidence quelques résonances un peu désagréables, probablement situées au niveau du sillet et de la tête de la guitare. On pourra bien entendu les atténuer, voire les faire disparaitre totalement en y mettant un chouchou ou un système équivalent.
Si j’ai trouvé bien des qualités sonores à cette Yamaha Revstar RSE20, j’ai été déçu par la tenue d’accordage quelque peu capricieuse. Notez que durant ce test la guitare était correctement réglée, stockée et jouée uniquement dans un studio à la température et au taux d’humidité (d’environ 50 %) constants. Les cordes neuves (Elixir 0.10–0.46) sont bien posées et ont bénéficié de plusieurs heures de rodage. Malgré tous ces paramètres, j’ai passé mon temps à me réaccorder, parfois entre deux prises de trente secondes où les cordes de Sol et de Si, entre autres, perdaient un quart de ton, parfois plus. Il est bien entendu possible d’améliorer les choses en allant voir son luthier préféré qui saura agir là où c’est nécessaire (mécaniques ? sillet ?). Néanmoins, à la sortie du carton, le résultat de ce côté-là est très moyen. Voici un exemple audio qui illustre mon propos :
Enfin, pour terminer ce test, j’ai effectué quelques prises audios permettant d’entendre l’effet du potentiomètre de tonalité en position « Dry Switch », c’est-à-dire avec un filtre de type « coupe bas » destiné à imiter le son de micros simple bobinage sans pour autant ramener le bruit que ces derniers ont pour habitude de générer. Pour être honnête, je suis resté dubitatif, mon sentiment est que le résultat est bien moins concluant qu’avec un vrai split. Le son n’est pas inintéressant pour autant, cela offre bien une palette sonore supplémentaire, mais on ne retrouve pas vraiment, ou pas assez, le côté claquant et percussif que l’on pourrait attendre de bobines isolées.
- 11 – Chevalet puis manche – Push avec variations00:43
- 12 – Chevalet puis manche – Pull avec variations00:58
- 13 – Dry switch en crunch01:12
En conclusion
La RSE20 de la série Revstar proposée par Yamaha est une guitare intéressante. C’est un instrument qui bénéficie d’une belle résonance avec des micros ayant un certain caractère, ce qui dans cette gamme de prix n’est pas une constante. Le manche est agréable et offre un accès aux aigus qui saura satisfaire les solistes. Malgré ces qualités, il est dommage que pour une guitare dont le positionnement tarifaire se place tout juste sous la barre des 500 euros, la pose des frettes ne soit pas mieux finie et que la tenue de l’accordage ne soit pas meilleure. Ces points sont bien entendu rattrapables, mais il aurait été préférable qu’il n’y ait pas ces soucis à la sortie du carton.