La quasi-totalité des instruments existants a déjà été déclinée en une version virtuelle. Pour renouveler leur parc de produits, les éditeurs doivent donc chercher d’autres sources. C’est ce qu’a fait 8DIO avec Bazantar.
Difficile de toujours se renouveler quand on a fait profession d’éditeur d’instruments virtuels, notamment quand ceux-ci sont conçus à base d’échantillonnage. En effet, vu le nombre de sociétés ayant basé leur commerce sur cette technique de sampling, on peut considérer que la plupart des instruments habituels ont déjà été portés, sous des formes plus ou moins complexes, en une version virtuelle. Certains éditeurs ont donc cherché, à côté de productions d’instruments usuels, à diversifier leur gamme en s’orientant vers des instruments rares, conçus spécifiquement ou construits à partir d’éléments dont la fonction première était tout sauf musicale.
8DIO, dans sa vie précédente sous le nom de Tonehammer (ainsi que sa moitié devenue indépendante, Soundiron), s’était fait une spécialité de ce type d’instruments faisant appel à des ressources inédites, instruments que l’éditeur a d’ailleurs gardé à son nouveau catalogue : on se souvient ainsi de The Ranch, Catmosphere, Frendo, Seahorse, toutes les minibanques signées Gnomehammer, etc.
Avec Bazantar, 8DIO propose la version virtuelle d’un instrument unique créé par Mark Deutsch, curieux et intrigant mélange entre une contrebasse cinq cordes et les principes du sitar (29 cordes sympathiques et quatre cordes bourdon). Pour avoir un peu plus d’informations sur la conception et le son de l’original, voir ici. Penchons-nous de notre côté sur sa version virtuelle.
Introducing 8DIO Bazantar
L’instrument est disponible uniquement via téléchargement sur le site de l’éditeur, moyennant la somme de 249 dollars, soit à peu près 195 euros au moment de la rédaction de ce test. La bibliothèque comporte un peu plus de 2700 échantillons en 24 bits/44,1 kHz, et requiert au minimum la version 4.2 de Kontakt (attention, l’instrument n’est pas compatible avec le Kontakt Player). Fidèle à son habitude, l’éditeur applique un watermarking sur les échantillons qui les rend associés à l’acheteur, ceci dans un but de lutter contre le piratage et la copie non autorisée.
|
Alors que le téléchargement s’effectuait naguère via le logiciel signé Continuata, 8DIO propose maintenant son propre outil qui, dans le cas de Bazantar, n’a pas posé de problème particulier. C’est une tout autre histoire pour les bibliothèques plus conséquentes, on en reparlera lors du test d’Adagio. On dispose aussi de liens directs vers les serveurs, que l’on commentera aussi plus tard. La bibliothèque pèse un peu plus de 3,5 Go, et une fois téléchargée, s’installe sans aucun souci ni autorisation particulière.
L’éditeur propose 25 instruments à la fois pour Kontakt 4 et Kontakt 5 (chaque version de l’échantillonneur de Native disposant de son dossier) et 67 réponses impulsionnelles (IR) pour la réverbe à convolution intégrée, au format Wave, ce qui permet de les utiliser dans quasi la totalité des réverbes de ce type disponibles sur le marché, merci.
En action
La bibliothèque regroupe deux types d’instruments .nki, les uns dédiés aux différentes techniques de jeu, à l’archet, pincés ou tapés, les autres à des phrases complètes, interprétées par Mark Deutsch lui-même.
L’instrument profite des nouvelles possibilités de Kontakt 5, notamment l’amélioration des algorithmes de time stretch et pitch shift. Commençons donc par les phrases enregistrées, et les réglages permettant de les manipuler. À l’ouverture d’un des programmes dédiés, on peut visualiser sur le clavier virtuel de Kontakt les phrases elles-mêmes (en bleu), en jaune dans les octaves supérieures l’activation des effets dont les réglages s’effectuent dans l’onglet dédié, et en rose dans les octaves inférieures les transpositions, la note jaune indiquant la tonalité d’origine.
Voici donc un exemple de phrase :
Puis cette même phrase selon diverses transpositions :
La molette de pitch bend permet d’accélérer ou ralentir la phrase en cours. Toujours à partir de la même phrase, voici quelques exemples.
Ensuite, la molette de modulation permet de décaler le départ de la phrase, ce qui libère la créativité, et autorise un mélange entre phrases afin de reconstruire les siennes propres, en restant réaliste puisqu’utilisant le jeu réel de l’instrumentiste. Voici quelques exemples de phrases et de décalages de point de départ.
On peut aussi rajouter les effets en temps réel, comme ici sur des phrases solo jouées aux doigts.
|
Il faudra faire attention, quelques clics dus à l’enclenchement des effets sont parfois audibles. Ma préférence va au Rotator et à la réverbe à convolution, les IR fournies par 8DIO étant d’excellente qualité. Le Bitcrusher est anecdotique, quant à la distorsion, mieux vaudra utiliser un plug externe de meilleure qualité que l’effet inclus.
Le principe affiché de la bibliothèque est donc de disposer de phrases que l’on modifiera grâce à la compression/expansion temporelle et à la transposition, et que l’on complètera grâce aux programmes qui permettent de jouer de l’instrument. On peut ainsi utiliser des programmes à l’archet (dont quelques-uns avec aller-retour) :
Ou des sons joués aux doigts :
Ou encore des sons obtenus en frappant sur l’instrument.
On apprécie dans les différents programmes les nombreux échantillons de Round Robin (jusqu’à huit par programme).
Téléchargez les fichiers sonores : flac.zip
Bilan
Sans être d’une sonorité totalement inédite, Bazantar offre tout de même un instrument différent, dont les résonances arrivant parfois là où on ne les attend pas, ajoutent un côté mystérieux à la sonorité ronde et riche de contrebasse d’origine.
Recommandé si l’on cherche un instrument solo profond et en même temps doté de caractéristiques sonores inattendues, qui ouvriront la voix à des compositions pouvant évoquer une certaine plénitude, et à l’inverse un effet de tension assez efficace. Les différentes démos sur le site de l’éditeur reflètent bien le potentiel de Bazantar.