Nouvelle sortie de Native Instruments, DrumLab est un instrument virtuel qui permet de mélanger rapidement sonorités acoustiques et électroniques d’éléments de batterie et de percussion. Un concept réussi ? Réponses.
L’instrument virtuel « de batterie », proposant à la fois des sons, des possibilités de modification sonore à base d’effets et des grooves, le tout dans une interface conviviale et ergonomique, est parmi les plus proposés dans le monde musical informatique. On ne compte plus les solutions voire inventions proposées par les éditeurs, de FXpansion à XLN Audio, de Toontrack à Arturia (liste non exhaustive), y compris chez Native Instruments qui nous propose une nouvelle vision d’un outil créateur de sons rythmiques, avec en point de mire semble-t-il les producteurs de musiques actuelles, l’association sons échantillonnés/sonorités de synthèse ayant (un peu plus que d’habitude) le vent en poupe. Qui n’a pas en effet usé et abusé de compression parallèle, de Distressor sur des caisses claires, doublé une grosse caisse avec une sinus, envoyé les toms dans de la saturation, écrasé complètement les cymbales, etc.
Voici donc DrumLab, nouvel instrument pour Kontakt, doté d’une approche sonore mixte, sons échantillonnés et sons synthétiques.
Introducing Native Instruments Drumlab
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Même si certains éditeurs offrent encore la possibilité de recevoir une banque de sons sous forme physique (disque dur, clé USB, etc.), la tendance au tout-téléchargement est générale, avec ses avantages (on peut envier les connectés via fibre), et ses inconvénients : tout le monde n’a pas un accès rapide, ni forcément un accès sur les machines studio, les serveurs de l’éditeur ou les gestionnaires de téléchargement ne sont pas non plus toujours tip-top, sans compter que l’on peut aussi souhaiter avoir un support physique pour installations futures, sans compter que le coût du stockage de sauvegarde est maintenant à la charge de l’acheteur (et le nombre de Tera monte très vite dès que l’on parle de bibliothèques d’échantillons), alors que la répercussion des économies faites par l’éditeur sur le prix des disques durs ou DVD d’installation n’est pas toujours répercutée sur le produit…
On trouvera donc la banque sur le site de l’éditeur, au tarif de 99 euros, conçue pour Kontakt 5 et Kontakt Player 5, spécifications, compatibilités étant donc celles de ces derniers logiciels. Le poids total est de 2,6 Go (avec la compression native de Native…) pour 26 500 échantillons. Elle est matérialisée sous la forme d’un unique instrument .nki, DrumLab, qui regroupe tous les outils nécessaires au sound design ainsi que la partie séquenceur rythmique. Mais on dispose aussi de la plupart des éléments sous forme de programmes individuels, offrant les mêmes possibilités que celles incluses dans l’interface du programme principal. Idéal pour rajouter une deuxième caisse claire, ou une cymbale supplémentaire, d’autant que l’éditeur propose une transposition plus étendue que celle disponible via l’interface (voir plus bas).
L’autorisation fait toujours appel au Service Center, et la routine est celle de l’installation via l’onglet Libraries. Aucun souci niveau installation et autorisation, rapide et quasi transparente, l’éditeur maîtrise son affaire depuis le temps, à ce niveau. Le manuel de Drumlab est disponible ici.
Groovy, baby
L’interface de Drumlab est répartie sur trois onglets, Groove, Options et Kit Page. La première page donne accès à un navigateur (Groove Browser) aux six dossiers classés par « couleur » globale des grooves (Fat, Dirty, Tight, etc.), ouvrant chacun sur un ensemble de rythmes classés par tempo (de 65 à 162 BPM, suivant le groove), chaque ensemble offrant 10 fichiers MIDI (à l’exception d’un seul, 089BPM Train, qui en compte 11) pour un total de 901 rythmiques et leurs variations. On dispose aussi de la sélection de ces Styles et Grooves dans la partie supérieure, via des menus flanqués de flèches de navigation et d’un bouton Play. Une icône permet, en maintenant le clic, de glisser-déposer le fichier MIDI dans la piste de sa DAW d’élection, pour modifications et plus si affinités. Un menu supplémentaire permet de charger des présets d’effets, on y reviendra.
Un écran central montre la construction du rythme selon les vieux principes de boîtes à rythmes, des petits points sur la ligne dédiée à un instrument du kit, sur une grille de découpage verticale, n’affichant ici que la double-croche. On peut cependant requantifier les grooves via le réglage Grid (de la croche au triolet de triples croches) et son action sur Tightness, permettant de faire varier la mise en place du « batteur », et de Swing, transformant le binaire en ternaire et inversement (les résultats ne sont pas toujours des plus musicaux).
On trouve enfin un rotatif Velocity qui fait ce que son nom indique de façon globale sur tous les instruments du groove, et un multiplicateur/diviseur par deux du tempo en cours.
Seul reproche, l’écran ne sert qu’à visualiser la programmation d’usine, il n’y a pas moyen de muter un instrument ou de changer un groove et/ou sa vélocité depuis son interface.
De l’option
La seconde page offre quelques réglages d’options, tels que le mapping des sons sur le clavier, les courbes de vélocité, la plage de réaction à la vélocité (de 1 à 127) et ce par instrument et par articulation dudit instrument, s’il vous plaît, merci m’sieur Native. Une autre option concerne la façon dont l’instrument va utiliser la RAM disponible dans l’utilisateur hôte, plutôt intéressant pour les petites configurations, même si Drumlab n’a pas une empreinte si énorme sur la mémoire.
Enfin, et les batteurs utilisateurs de batteries électroniques (tout du moins certains modèles Roland) ou les possesseurs d’autres logiciels de batterie seront ravis, puisque l’éditeur a inclus plusieurs mapping automatiques en fonction de la source de commande, qu’elle soit logicielle (fichiers MIDI créés au départ pour Addictive Drums, BFD, Superior Drummer, iMap, etc.) ou directement pour les batteries électroniques (cinq références de V-Drums), sachant que cela modifie aussi la programmation via un clavier MIDI.
Même si aucun mapping ne correspond du premier coup, tant les possibilités de répartition des instruments sont nombreuses (test uniquement les logiciels pour cet article), une grande partie du boulot de transformation et transposition est déjà effectuée, ce qui est un gros gain de temps.
À toute blend
Passons au dernier onglet, à l’échelle haute, ou plutôt complètement à droite, la Kit Page, qui nous propose l’accès aux sons et aux réglages de sound design. Si la partie haute ne change pas, avec ses menus d’effets et de grooves, la partie centrale offre une mosaïque regroupant prises de son, Master, réverbe et sons de batterie et percussions. La sélection de la plupart des cases fait apparaître des contrôles cachés, Solo, Mute, Volume, Width ou Pan, choix de sortie (selon la configuration de Kontakt) et l’on peut entendre le son en cliquant n’importe où dans la case. Certaines n’offrent cependant aucun réglage supplémentaire, et ne sont audibles qu’à certaines conditions.
Commençons tout d’abord par la banque acoustique, constituant la première couche de sons disponibles, qui a été enregistrée selon plusieurs configurations de micros et distances par rapport à la source. La première est une prise de son Close, le plus proche possible de l’instrument. Mais l’éditeur nous offre aussi une prise via des overhead en stéréo, un prise overhead mono et une room mono. Toutes peuvent être activées, mutées ou mises en solo. Attention, certains instruments ne seront audibles que si ces prises sont actives (cymbales crash et ride, Cowbell, Sticks et Triangle).
Voici un premier exemple de groove Close, puis alternativement avec Stereo Overhead, Mono Overhead, et Mono Room, et pour finir un mélange de toutes les prises. Précision : on n’entend ici que la couche de sons acoustiques échantillonnés. Chaque instrument dispose d’un réglage d’accord, selon les cas de sélection entre deux micros (top/bottom ou out/sub), de proportion entre Overhead et Room, d’un Trash ajoutant de la saturation, et d’une enveloppe trois segments (A, H, et D).
Les Round Robin/main droite-main gauche sont bien entendu de la partie, l’éditeur ne proposant rien de moins que 372 Groups dans le programme Drumlab !
Mais l’intérêt de cette bibliothèque, qui a priori ne fournit pas d’échantillonnage aussi détaillé que celui d’instruments concurrents, serait mince sans la deuxième couche sonore, offrant des variations synthétiques des instruments échantillonnés, avec des possibilités de synthèse différentes, hélas plutôt limitées. En effet, on ne disposera la plupart du temps que d’un accord, d’un filtre HP/LP, d’un délai (décalant l’apparition du layer synthé par rapport à l’échantillonné) et d’une enveloppe similaire à celle de la partie échantillonnée. Heureusement, chaque partie et quasiment chaque instrument disposent de leurs propres effets dérivés des récents ajouts à la gamme Native, incluant un Transient, un Compressor, un Saturator, un EQ trois bandes semi-paramétrique et la réverbe à convolution.
Voici le même groove que dans le premier exemple, cette fois en n’utilisant que les parties synthétiques, en naviguant parmi les présets.
Tout l’intérêt sera donc dans le mélange des deux couches sonores, afin d’obtenir des sons de batterie et percussion traités, renforcés, surlignés, déformés, etc. Le résultat est plutôt flatteur, comme le laissent entendre les exemples suivants :
Bilan
Si le concept est intéressant, si le son est là, si les paramètres sont plutôt bien conçus et les effets appropriés, si les grooves sont suffisamment variés tout en offrant la possibilité d’être exportés pour un travail en finesse dans le logiciel, on restera malgré tout assez en retrait par rapport au résultat final, et finalement à l’intérêt, en se disant que l’on obtiendra de résultats beaucoup plus précis et musicaux avec une bonne gestion d’un instrument dédié (parfois simplement celui fourni avec votre DAW de prédilection) et une gestion intelligente des Bus, départs d’effets et effets de meilleure qualité.
Néanmoins un débutant voire un pro pressé par les délais (pléonasme ?) y trouveront leur compte, l’avantage principal de DrumLab étant de tout regrouper dans une interface lisible et ergonomique, à un tarif somme toute raisonnable, avec un son qui remplit son contrat, mais sans l’étincelle que l’on ne peut obtenir qu’avec des bidouilles plus sophistiquées, certes avec des logiciels généralement bien plus chers.
Téléchargez les fichiers sonores (format FLAC)