Avec notre guide d'achat des Pedalboards, vous avez pu acquérir le bon outil pour organiser au mieux vos pédales. Cependant, vous vous demandez comment les agencer au mieux pour en tirer le maximum. Nous allons à présent vous donner quelques clés pour chaîner vos effets de façon optimale.
La boucle !
Avant de fixer vos pédales sur votre nouveau Pedalboard, intéressez-vous à la boucle d’effets de votre ampli, s’il en dispose. La boucle d’effets d’un ampli est un point d’insert situé entre les sections pré-ampli et ampli de puissance. Elle est principalement destinée aux effets temporels (réverbes, délais …) mais peut accueillir tous les types d’effets si vous êtes à la recherche de sonorités particulières. Le guitariste Tom Morello a toujours placé tous ses effets (wah-wah, overdrive etc) dans la boucle de son ampli Marshall. Le but de la boucle est d’envoyer le son du pré-ampli dans les effets qui y seront placés. Quand on place ses effets en façade, on affecte le pré-ampli et on se retrouve rapidement submergé de délai et réverbe. En effet, le pré-ampli façonne votre « son de base » dont chaque pédale placé avant modifiera elle-aussi ce son de base.
Si vous utilisez la distorsion de votre ampli et que ce dernier bénéficie d’une boucle, nous vous conseillons d’y placer vos effets temporels pour un rendu sonore plus propre. Bien évidemment, certains sons ne sont atteignables qu’en plaçant votre délai en façade (on pense notamment à l’introduction du morceau Welcome to the Jungle des Guns’n’Roses). Si, en revanche, vous utilisez votre ampli sur un son clair, vous pouvez placer tous vos effets en façade. Pour utiliser la boucle, reliez la sortie Send de votre ampli à l’entrée de la première pédale puis reliez la sortie de la dernière pédale à l’entrée Return de votre ampli. De manière générale, on utilise la boucle pour les effets temporels alors que les effets qui changent le grain du son sont en général placés avant le pré-ampli.
Certaines pédales offrent des résultats différents qu’ils soient en façade ou dans la boucle. Une pédale de volume par exemple, jouera sur la quantité de gain si elle est placée avant le pré-ampli alors qu’elle affectera réellement le volume si elle est placée dans la boucle. De la même manière, un Clean Boost aura tendance à gonfler le niveau de saturation s’il est placé avant le pré-ampli alors qu’il boostera le volume s’il est dans la boucle. L’égaliseur peut offrir des résultats très différents selon son placement, à vous d’expérimenter. Enfin, les pédales de modulation comme le Chorus, le Phaser ou le Flanger sont souvent placés en amont du pré-ampli, avant vos pédales de saturation. Cependant, avec une quantité importe de gain, on peut préférer un placement dans la boucle qui offrira un résultat plus naturel.
Dans quel ordre ?
Bien qu’il n’existe aucune convention en ce qui concerne le chaînage des effets sur votre Pedalboard, on peut dégager certaines habitudes de guitaristes qui ont fait leurs preuves. Si, comme de très nombreux musiciens, vous souffrez d’un syndrome d’achat compulsif (ou GAS, Gear Acquisition Syndrome), le chaînage parfait n’est pas à votre portée dans la mesure où la liste de votre matériel change toutes les semaines. En revanche, on peut quand même proposer un chaînage basique très efficace :
Guitare → Accordeur → Buffer/Booster → Compresseur → Modulations → Wah → Pitch Shifter → Saturation(s) → Entrée instrument de l’ampli.
On peut aussi dégager un chaînage « type » pour les effets placés dans la boucle :
Envoi de la boucle (FX Send) → Égaliseur → Noise Gate → Modulations → Delay → Réverbe → Retour de la boucle (FX Return).
Encore une fois, ces exemples ne sont que de simples indications et en aucun cas une méthode magique. Bien qu’on puisse se référer à ces indications quand on monte son Pedalboard, il est tout à fait possible de s’en abstraire pour chercher de nouvelles sonorités. Placer un Chorus avant un overdrive ne produira pas le même son que si on place l’overdrive en premier. Cela se vérifie d’ailleurs avec la plupart des effets que vous allez utiliser. Pour expérimenter facilement avec l’ordre de vos effets, vous pouvez utiliser un switcher. Le but premier d’un switcher est de rassembler tous vos effets au même endroit de façon à pouvoir concocter des presets qui enclencheront automatiquement plusieurs effets sur pression d’un seul foot switch. Les switches les plus simples ne permettent pas d’intervertir l’ordre des effets, on pense particulièrement aux produits comme l’Octaswitch de Carl Martin. Ce dernier dispose de huit boucles dans lesquelles vous pouvez insérer une pédale. On ajuste ensuite une série de petites tirettes (huit par switch, une par boucle) pour activer ou non telle ou telle boucle. Sur simple pression d’un switch on peut activer simultanément les boucles 3, 4 et 8 par exemple. Cela évite au guitariste d’avoir à jouer des claquettes sur son Pedalboard pour passer sur un son solo.
Si certains switcher sont très simples, d’autres sont beaucoup plus complexes et autorisent de nombreuses opérations. Les Boss ES-5 et ES-8 par exemple reprennent le principe de l’Octaswitch avec 5 ou 8 boucles mais avec un fonctionnement numérique. Un processeur interne autorise l’utilisateur à personnaliser ses chaînes d’effets en profondeur, notamment en ce qui concerne l’ordre des effets. Peu importe la façon dont ils sont agencés dans les boucles, il sera possible de les placer dans l’ordre de votre choix. Ces switchers sont assez pratiques puisqu’ils offrent une totale liberté dans le chaînage des effets. Les marques DESS et Morningstar Engineering proposent des produits innovants et entièrement programmables pour tirer le meilleur de vos pédales d’effets préférées. Le fabricant britannique TheGigRig a su lui-aussi inventer des switchers très malins, plus ou moins compliqués. Certains guitaristes apprécient simplement de disposer d’un unique foot switch pour activer/désactiver leurs pédales alors que d’autres préféreront aller plus en profondeur et programmer un tas de sons différents, accessibles via une pression sur un switch.
L’utilisation d’un switcher améliore votre son en plus d’être un outil très pratique si on utilise beaucoup de pédales. Chaque pédale se situe dans sa propre boucle isolée par un transformateur individuel qui permet par la même occasion de conserver toute l’intégrité du signal entre 20Hz et 20kHz. De plus, si vous utilisez des pédales MIDI, un switcher équipé du même protocole pourra contrôler ces pédales ce qui est bien pratique. Boss a même conçu un switcher hybride, le MS-3, qui intègre 112 effets de réverbe, délai et modulation en plus de proposer 3 boucles pour l’insertion de vos pédales préférées. Le MS-3 bénéficie même d’un port MIDI Out pour piloter vos pédales MIDI. L’appareil vous permet de concocter des presets qui mélangent les algorithmes dont il dispose et les pédales que vous y aurez branchées. C’est une solution plutôt intéressante et qui permet d’économiser quelques deniers tout en bénéficiant de plus de 100 effets numériques.
Conclusion
Vous l’aurez compris, le chaînage des effets est avant tout une affaire de goût et de besoins personnels. Le meilleur moyen de trouver des combinaisons originales reste encore d’expérimenter pendant de longues heures. N’hésitez pas à intervertir l’ordre de vos effets pour trouver de nouvelles combinaisons qui vous feront redécouvrir vos pédales préférées. Commencez par l’ordre « classique » de chaînage de vos effets et faites vos propres expériences, vous pourriez bien trouver LA nouvelle recette secrète. Si vous utilisez beaucoup de pédales, l’acquisition d’un switcher peut être une bonne solution. Sur ce, il ne nous reste plus qu’à vous souhaitez beaucoup de plaisir dans vos recherches sonores !