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Test du Straight Ahead Jazz Horns d’Impact Soundworks - Jazz Horns boune : le cuivre dans la peau

7/10

Connu à la base pour ses excellentes guitares virtuelles, l'éditeur Impact Soundworks n'en finit plus de diversifier son catalogue, misant pour ce faire soit sur des instruments rares, soit sur des approches originales . C'est encore le cas avec la banque Straight Ahead Jazz Horns qui nous occupe aujourd'hui, bien qu'il ne s'agisse pas à proprement parler d'une complète nouveauté.

Comme leur nom l’in­dique, ces Jazz Horns ont en effet été réali­sés par le petit éditeur Straight Ahead, spécia­liste du jazz auquel on doit égale­ment une chouette batte­rie à balais et une excel­lente contre­basse. Insis­tant bien sur le fait qu’au­cun nouvel enre­gis­tre­ment n’a été fait à l’oc­ca­sion de cette réédi­tion, Impact Sound­works précise toute­fois qu’en marge d’une remise au carré de la banque de samples, le gros du travail a porté sur les scripts et l’in­ter­face, ce qui était préci­sé­ment les points sur lesquels pêchait le produit origi­nal.

Cap Horns

Impact Soundworks Straight Ahead Jazz Horns : patches instruments

De quoi parlons-nous donc ? D’une section de cuivres telle qu’on a l’ha­bi­tude d’en avoir dans les big band jazz, c’est à dire avec des cuivres (4 trom­pettes, 3 trom­bones et un trom­bone basse) mais aussi des bois cuivrés via la présence de 5 saxo­phones (2 altos, 2 ténors et 1 bary­ton). Première origi­na­lité de la banque : les 13 instru­ments propo­sés résultent bien du sampling de 13 instru­ments diffé­rents et non de bidouillage de samples. Pour les trom­pettes par exemple, on n’a donc pas enre­gis­tré une seule trom­pette 4 fois ou pitché les mêmes samples pour produire des varia­tions mais bien enre­gis­tré 4 trom­pettes diffé­rentes, chacune ayant son carac­tère. Le détail est appré­ciable car il est garant non seule­ment d’un plus grand réalisme lors d’un usage en section, mais vous offre en outre plus de choix pour un usage solo, le grain de tel ou tel instru­ment pouvant mieux se prêter à tel ou tel contexte.

Voyez la même ligne jouée par les 4 diffé­rentes trom­pettes :

Trum­pet 1
00:0000:06
  • Trum­pet 1 00:06
  • Trum­pet 2 00:06
  • Trum­pet 3 00:06
  • Trum­pet 4 00:06

Si l’édi­teur ne renseigne pas sur le nombre de couches de vélo­cité ou de samples alter­na­tifs (round robin) enre­gis­trés pour chaque note de chaque instru­ment, ce qu’on sait en revanche, c’est que tout cela a été enre­gis­tré en 24 bits conver­tis en 16 bits (vous avez donc le choix de la réso­lu­tion à employer) au moyen de deux micros (un ruban, et un conden­sa­teur à tube) et qu’on dispose de 15 arti­cu­la­tions pour les trom­pettes et les trom­bones, pour 12 arti­cu­la­tions pour les saxo­phones. Résul­tat : plus de 75 000 samples qui occu­pe­ront plus de 23 Go sur le disque dur, soit une belle bête.

L’ins­tal­la­tion se fait en télé­char­geant 11 fichiers de 2 Go à décom­pres­ser vous-même sur votre disque dur, et à complé­ter par un autre fichier à décom­pres­ser dans le réper­toire de Kontakt. Ne reste ensuite qu’à auto­ri­ser le logi­ciel en ligne via l’in­ter­face de Native Instru­ments, sachant qu’il s’agit bien d’un instru­ment compa­tible Kontakt Player et qui ne néces­site donc pas la version complète de Kontakt pour être utilisé. De ce fait, on dispose depuis Kontakt du petit bandeau qui va bien et au sein duquel nous attendent sage­ment nos 13 instru­ments flanqués de 6 multis.

Commençons donc le tour du proprié­taire.

Ce manche au bout du cuivre

Impact Soundworks Straight Ahead Jazz Horns : multismartvoicing

Chaque instru­ment s’or­ga­nise en trois onglets dont le premier qui nous accueille est évidem­ment le plus impor­tant. Tout en ayant le mérite de ne pas nous noyer sous les infos et les potards, ce dernier comprend tout le néces­saire pour para­mé­trer le rendu et les réac­tions au jeu de l’ins­tru­ment. C’est notam­ment ici qu’on réglera le niveau et le pan des deux micros propo­sés, et qu’on jouera sur l’en­ve­loppe de volume globale des samples. On pourra égale­ment sélec­tion­ner diffé­rents scripts : Alt Dyn Mode vous permet d’uti­li­ser une égali­sa­tion et un filtre dyna­miques en lieu et place du fondu de samples pour recréer les diffé­rents niveaux de dyna­mique, Extra Dyn Filter rajoute sur la sortie un passe-bas à pente douce (6 dB/octave) lié à la dyna­mique et Sus Phase Align permet d’ali­gner les phases des diffé­rents samples, ce qui affec­tera le timbre et rendra les unisons plus « stables ». Un bouton ‘ADV’ permet ensuite d’ac­cé­der à la confi­gu­ra­tion avan­cée du moteur de rendu : longueur et durée du fondu en mode legato, vitesse et profon­deur du vibrato, compor­te­ment du round robin, etc.

Impact Soundworks Straight Ahead Jazz Horns : effets

Sur l’on­glet suivant nous attend une section d’ef­fets rudi­men­taire mais bien­ve­nue puisqu’elle contient les outils de base pour mixer des cuivres : EQ para­mé­trique, compres­seur, delay et réverb à convo­lu­tion four­nie avec une tren­taine de réponses à impul­sions, des Halls et des Rooms pour la plupart. Il n’y a pas grand-chose à redire sur cette section qui fait son job en dépit de son absence de gestion­naire de presets, mais qu’on aura tendance à ne pas trop utili­ser pour faire sa tambouille soi-même dans sa STAN avec ses propres plug-ins.

Impact Soundworks Straight Ahead Jazz Horns : articulation mapping

Les instru­ments propo­sés par Jazz Horns sont par défaut assez faciles à program­mer, en usant d’une octave de keys­witches ou de la vélo­cité des notes pour passer d’une arti­cu­la­tion à l’autre et de la molette de modu­la­tion pour gérer l’in­ten­sité du souffle. La vélo­cité des notes servira quant à elle à déclen­cher une arti­cu­la­tion précise : jusqu’à 109, on est en Legato, et au-delà en Forte­piano, ce qui s’avère très pratique pour le jeu en temps réel. Si toute­fois cette confi­gu­ra­tion ne vous conve­nait pas, sachez qu’un dernier onglet permet de person­na­li­ser tout cela. Au sein d’une inter­face très claire, on peut ainsi dire quelle arti­cu­la­tion se déclenche par quel moyen (Keys­witch, pédale, vélo­cité, etc.). C’est très bien fait.

Il y a donc de quoi faire simple­ment même si, en lisant le manuel, on apprend qu’une quin­zaine de contrô­leurs conti­nus permet de sophis­tiquer la sauce un peu plus encore et de gérer certains aspects avan­cés de certaines arti­cu­la­tions : durée des glis­san­dos, temps d’at­tente et de fondu après un scoop, compor­te­ment du forte­piano, etc. On découvre même à cet endroit que le CC23 est réservé pour un usage futur, preuve que l’édi­teur a anti­cipé des évolu­tions.

Tata­poueeet !

À la faveur de tout cela, on dispose donc a priori du néces­saire pour program­mer des parties de cuivres complexes et il faut recon­naître qu’à quelques détails près, Straight Ahead a plutôt fait du bon boulot en matière d’en­re­gis­tre­ment, en insis­tant sur le round robin là où il était le plus néces­saire (stac­ca­tos et stac­ca­tis­si­mos). Il ne devrait pas toute­fois inquié­ter les cadors du genre au vu de certains aspects un peu chiches de sa banque : à l’oreille, j’ai pu distin­guer sur le patch Legato 4 couches de vélo­ci­tés sur les trom­pettes et sax pour trois seule­ment sur les trom­bones, avec des sauts tout à fait audibles.

Voyez ce même pattern, certes méca­nique, mais qui permet d’en­tendre distinc­te­ment cela, sur les trois types d’ins­tru­ments :

velo­city trum­pet
00:0000:22
  • velo­city trum­pet 00:22
  • velo­city trom­bone 00:22
  • velo­city sax 00:22
 

Au passage, notez le petit problème de justesse sur le trom­bone sur les deux premières plages de vélo­cité. Je l’ai mis en évidence car on trouve ça et là des petites scories du genre. Il n’y a rien qu’une mise à jour ne puisse corri­ger toute­fois et, avouons-le, de tous les cuivres, le trom­bone est proba­ble­ment l’un des instru­ments dont la justesse soit la plus précaire. Un autre exemple de cela :

00:0000:00

Je trouve plus regret­table en revanche qu’il n’y ait pas plus de couches de vélo­cité car outre les problèmes que cela posera en termes de nuances avec des tran­si­tions entre des timbres marqués, cela nuit aussi à la dyna­mique de l’ins­tru­ment, quel que soit le réglage de la courbe de vélo­cité. On sent qu’il manque par exemple un vrai arbi­trage entre piano et pianis­simo.

Sans régler ce problème, les diffé­rentes arti­cu­la­tions permettent toute­fois de donner du peps à nos lignes de cuivres. Voici un échan­tillon pour chaque type d’ins­tru­ment.

arti­cu­la­tions trum­pet
00:0000:27
  • arti­cu­la­tions trum­pet 00:27
  • arti­cu­la­tions trom­bone 00:27
  • arti­cu­la­tions saxte­nor 00:19
  • arti­cu­la­tions saxba­ry­ton 00:19
  • arti­cu­la­tions saxalto 00:19
  • arti­cu­la­tions bass­trom­bone 00:27
 

On notera sur le trom­bone basse le manque d’ho­mo­gé­néité des volumes suivant les arti­cu­la­tions. Encore les scories dont nous parlions.

En dépit de ces défauts, il faut admettre que les instru­ments et leurs arti­cu­la­tions forment un ensemble cohé­rent qu’on appré­ciera surtout en section. Si en solo, Jazz Horns ne fera en effet pas d’ombre aux réali­sa­tions d’un Sample Mode­ling ou d’un Fable Sound, il n’en tire pas moins son épingle du jeu en sections où le fait d’avoir enre­gis­tré diffé­rents instru­ments s’avère payant.  

section trum­pet
00:0000:10
  • section trum­pet 00:10
  • section trom­bone 00:10
  • section sax 00:10
  • section ensemble 00:10

Conscient qu’il s’agit d’une des forces de son produit, Impact Sound­works le livre d’ailleurs avec quelques multis qui nous réservent une bien belle surprise.

Les cuivres pour les nuls

Impact Soundworks Straight Ahead Jazz Horns : multismartvoicing

Loin de se conten­ter de nous four­guer de bêtes empi­le­ments d’ins­tru­ments, l’édi­teur s’est ainsi fendu d’un bon gros script d’har­mo­ni­sa­tion auto­ma­tique qui va faci­li­ter l’écri­ture de nos cuivres. Il suffit en effet de plaquer un accord de la main gauche et de jouer une mélo­die de la main droite pour obte­nir un arran­ge­ment prêt à l’em­ploi, toutes les notes de l’ac­cord se répar­tis­sant sur les octaves en fonc­tion de la tessi­ture des instru­ments. La chose est d’au­tant plus plai­sante qu’en fonc­tion de la section que l’on choi­sit (trom­pettes, trom­bones, saxo­phones, All brass, Full Ensemble ou Pop Horns), ou peut a priori choi­sir parmi diffé­rents voicing (Triades, unisons, octaves, etc.), diffé­rentes approches pour régler les problèmes (chro­ma­tique, dimi­nué, domi­nant, etc.) et que vous dispo­sez de possi­bi­li­tés pour huma­ni­ser le pitch, le place­ment ou le volume et rendre vos parties plus vivan­tes…

Voyez ce que ça donne sur une même ligne mélo­dique :

voicing origi­nal
00:0000:10
  • voicing origi­nal 00:10
  • voicing 1 00:12
  • voicing 2 00:12
 

La fonc­tion est inté­res­sante mais comme on peut l’en­tendre, ce n’est pas parfait, que ce soit en termes de mixage des diffé­rents instru­ments ou des lignes qui ont été géné­rées. Le très bon point, c’est que via la fonc­tion ‘Send MIDI to outside world’ de Kontakt, vous pouvez récu­pé­rer les parties MIDI pour les retra­vailler (corri­ger un voicing qui ne vous convient pas, ajou­ter quelques orne­ments, etc.) ou pour pilo­ter un autre instru­ment virtuel… L’ou­til est donc parti­cu­liè­re­ment bien­venu et complète agréa­ble­ment ce Jazz Horns qui jouit d’atouts non négli­geables même s’il n’est pas parfait.

On en veut toujours plus

Si ce Straight Ahead Jazz Horns est rela­ti­ve­ment complet, on ne peut s’em­pê­cher de rele­ver quelques manques. On regret­tera ainsi l’ab­sence de sour­dines ou de wah-wah, ne serait-ce que sur les instru­ments lead, car même si leur emploi est plus anec­do­tique, ils sont de grands clas­siques du jazz. L’édi­teur s’en est en outre tenu à la compo­si­tion cano­nique de la section Horns d’un Jazz Band, quand il aurait pu propo­ser plus de choses : bugle, tuba, saxo soprano ou même clari­nette. Côté arti­cu­la­tion, on regret­tera aussi de ne pas trou­ver de trilles.

Il y a encore sur le son quelques petites choses perfec­tibles : outre les petites faus­se­tés et le manque de vélo­ci­tés qui nuit aux nuances, les vibra­tos, réali­sés synthé­tique­ment, ne sont pas des plus natu­rels à l’usage, tandis que les glis­san­dos font parfois des choses bizarres d’une note à l’autre et qu’on ne dispose pas de trilles. Pour sa part, l’ex­cel­lente idée du Smart Voicing promet souvent plus qu’elle ne tient, produi­sant des harmo­nies parfois bizarres au point de n’être qu’un outil de sugges­tion quand on voudrait qu’il soit un véri­table arran­geur. Bref, on sent qu’un patch corri­geant tous ces petits détails ne serait pas du luxe.

Côté ergo­no­mie enfin, ne serait-ce que pour simpli­fier la program­ma­tion, on aurait aimé que les para­mètres cachés disposent de leur propre panneau au sein du logi­ciel, et surtout que le système Smart Voicing offre une inter­face un peu plus déve­lop­pée : une simili table de mixage permet­tant d’édi­ter globa­le­ment les para­mètres de tous les multis mais aussi leur volume, pan et leur trans­po­si­tion aurait été plus pratique que de devoir ouvrir chaque instru­ment de manière bien fasti­dieuse. Sur 4 trom­pettes, ça reste gérable, mais sur 13 instru­ments, devoir commu­ter un para­mètre comme le très utile Phase align tourne au calvaire.

Il n’y a rien qui ne soit toute­fois corri­gible dans ces reproches et force est d’ad­mettre qu’au prix de 250 $ où il est vendu, ce Jazz Horns trouve sa place au sein du marché. En face, sur le même registre de la section de Big Band, l’offre se résume à des produits sensi­ble­ment plus chers comme le Kick Ass Brass! d’AMG (325 $), nette­ment plus chers comme le Mojo Horns de Vir2 (500 $) ou le Horns Pro de Chris Hein (650 euros), ou encore beau­coup beau­coup plus chers comme le Broad­way Big Band de Fable Sounds qui fait certes réfé­rence, mais qui est vendu… 2300 euros ! Ou alors à des produits clai­re­ment moins abou­tis comme le Jazz & Big Band 3 de Garri­tan (150 $) ou le Vintage Horns de Big Fish Audio (200 $). L’offre est donc cohé­rente : il y a certes mieux, mais c’est plus cher, et à n’en pas douter, plus d’un utili­sa­teur trou­vera dans cette banque de quoi animer ses compos jazz, funk, reggae-ska ou pop avec, au prix d’un peu d’huile de coude, un rendu tout à fait crédible.

Une affaire à cuivre

S’ap­puyant sur le bon travail réalisé en amont par Straight Ahead, Impact Sound­works réus­sit son pari en livrant avec ce Jazz Horns une banque dont les quali­tés et défauts sont cohé­rents en regard du prix. En s’en tenant à la plus simple défi­ni­tion de la section de Big Band, le produit n’est pas parfait et on aurait souhaité un peu plus de nuances sur l’en­semble, mais les lacunes de la banque sont rattra­pées par une program­ma­tion rela­ti­ve­ment aisée et par le script Smart Voicing qui four­nira une base d’ar­ran­ge­ment propre à faire gagner pas mal de temps. Voilà qui complè­tera donc les Bravura Scoring Brass et le Mega­brass de l’édi­teur au rayon des cuivres, tandis qu’on espère que cette relec­ture du travail de Straight Ahead va se pour­suivre avec la contre­basse et les batte­ries.

Notre avis : 7/10

  • 13 instruments samplés issus de 13 instruments différents
  • Ensemble plutôt cohérent
  • Programmation relativement aisée
  • Un bon jeu d'articulations
  • La bonne idée du Smart Voicing
  • La possibilité de trigger d'autres instruments MIDI avec le Smart Voicing
  • Pas de sourdines ni de wah-wah
  • On voudrait plus de couches de vélocité pour disposer de plus de nuances et de dynamique
  • Des petits pains en termes de justesse ou de niveaux, et certaines articulations capricieuses…
  • Pas de trilles
  • Ergonomie perfectible
  • Smart Voicing produisant de drôle d’harmonies parfois…

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