Annoncé comme le digne successeur du fameux HD 650, le HD 660 S se veut plus polyvalent, notamment grâce à une impédance plus faible et un transducteur revu et corrigé. Alors, c’est l’heure de refourguer nos HD 650 ?
Si de loin, le HD 650 et le HD 660 S se ressemblent beaucoup, de près on peut constater quelques différences, comme la finition, plus sombre et plus mate sur le 660 S, ce qui donne forcément un côté un peu plus sobre et passe-partout, même si le 650 n’avait rien de bien excentrique. On retrouve la même belle mallette pour ranger le précieux et ses câbles, ces derniers étant désormais au nombre de deux. Le classique câble Jack 6,35 mm (et son adaptateur mini-jack) est accompagné cette fois-ci d’un autre câble muni d’un connecteur symétrique destiné à être branché à un ampli casque disposant de la connectique idoine comme le HD 820 de Sennheiser. Cet ajout intéressera plus le public Hi-Fi que studio, mais il était quand même important de le noter.
À l’intérieur du casque, on trouve un nouveau transducteur permettant, d’après le constructeur allemand, un meilleur contrôle du mouvement de la membrane, et des bobines acoustiques en aluminium très léger. Autre chose importante, l’impédance a été divisée par deux (150 ohms au lieu de 300) afin de s’adapter aux lecteurs nomades, comme les smartphones. Dans la pratique, nous avons en effet moins besoin de pousser le volume de notre iPhone et nous arrivons assez facilement à un niveau suffisant. Cela n’en fait pas un casque nomade pour autant, car il reste circum-aural, ouvert, non pliable et relativement imposant. Sur notre Apollo 8, la différence de volume perçu entre les deux casques reste négligeable. Enfin, sachez que son poids n’évolue pas (260 g) et qu’il reste très agréable à porter.
Benchmark
Depuis quelque temps maintenant, nous utilisons un nouveau protocole afin de compléter l’écoute comparative classique. Avec l’aide précieuse de notre partenaire Sonarworks (souvenez-vous, le calibrage de casques), nous avons le plaisir de pouvoir vous fournir des courbes précises de la réponse en fréquences et du taux de distorsion harmonique élaborées par des professionnels, dont c’est le métier de tous les jours dans leur laboratoire. Elle n’est pas belle la vie ?
Pour le test, nous avons décidé de mettre le HD 660 S face au bien connu HD 650 du même constructeur, le tarif est 40 € plus élevé pour le dernier né, sans doute le prix de la nouveauté.
Voici les courbes de réponse en fréquences du HD 660 S et du HD 650 :
Tout d’abord, on peut noter que l’extension dans l’extrême grave est à peu près équivalente, ces casques commencent à couper nettement à partir de 50/60 Hz. En revanche, entre 100 et 900 Hz, le HD 660 S est un peu plus développé, nous verrons que cela aura une incidence sur le ressenti des basses et moyennes fréquences. La bosse 1,5 kHz du HD 650 a disparu, mais on note un creux entre 2 et 3 kHz sur le 660 S, suivi d’un boost assez important à partir de 5 kHz alors que le 650 reste, dans cette zone du spectre, assez plat.
Côté distorsion, elle est un tout petit peu plus importante dans le bas du spectre sur le dernier né de Sennheiser.
Écoute
Johnny Cash – Hurt
Sur l’introduction de la chanson avec la guitare acoustique seule, les deux casques ont un rendu assez proche mais il subsiste une différence au niveau de la brillance de l’instrument. Clairement le HD 660 S met un peu plus en avant les fréquences à partir de 5 kHz et cela s’entend. Par rapport au HD 650 qui demeure une référence assez plate dans le haut du spectre, le HD 660 S est un peu plus brillant, sans toutefois atteindre les sommets de certaines références chez AKG ou Beyerdynamic. Quand la voix arrive, on entend assez facilement une différence, notamment sur les sibilances qui restent un peu plus prononcées sur le 660 S, tandis que le 650 met plus en avant les moyennes fréquences, notamment entre 1 et 2 kHz, rendant la voix un peu plus nasale. Sur l’ensemble, le 660 S rend une image un peu plus flatteuse, forcément, avec des moyennes fréquences un peu plus en retrait (entre 1 et 3 kHz) par rapport au HD 650, et des aigus (à partir de 5 kHz) aussi un peu plus en exergue. Côté image et dynamique, cela nous semble équivalent. Passons aux autres chansons pour vérifier le reste.
Michael Jackson – Liberian Girl
On aime l’introduction de cette chanson de Bambi pour écouter le haut du spectre grâce aux nappes et à l’ambiance « jungle ». Ici, on décèle sans trop de soucis une nette différence entre les deux casques et on confirme le boost du HD 660 S dans les hautes fréquences par rapport au HD 650 qui, on le sait, dévie assez peu à partir de 2 kHz. Quand la basse et la grosse caisse débarquent, on ne note pas une grosse différence dans l’extension de l’extrême-grave, mais un peu plus entre 100 Hz et 800/900 Hz, même si ce n’est pas flagrant. C’est plus dans sa globalité que le rendu diffère, avec un son plus creusé sur le HD 660 S (100/800 Hz et 5/10 kHz boostés, 2/3 kHz creusé) et un rendu plus centré sur les moyennes fréquences (notamment 1/2 kHz) sur le HD 650. Tout cela est bien entendu à remettre dans le contexte : le HD 660 S n’est pas un casque si creusé que ça dans l’absolu, mais la comparaison avec le 650 pointe du doigt cette légère tendance.
Gorillaz – Feel Good Inc.
Sur ce dernier extrait, on confirme les impressions précédentes, avec un bas du spectre plus développé sur le 660 S, malgré le fait qu’il ne descende pas vraiment plus bas que sur le 650, ce sont les fréquences situées entre 100 et 600 Hz qui sont incriminées. La voix du couplet permet quant à elle de pointer les différences situées entre 1 et 3 kHz : le son est un peu plus nasal sur le HD 650, accentuant l’effet mégaphone par rapport à son petit frère. Dans le haut du spectre, nous ne surprendrons personne en disant qu’il est plus développé sur le petit dernier de Sennheiser, chose facilement audible sur le pont avec la guitare acoustique et la voix, le souffle et les craquements façon vieux vinyle, principalement situés dans les hautes fréquences, ressortent bien plus sur le 660 S. Les clappements de main sonnent aussi un peu différemment.
Pour conclure, l’impédance n’est pas la seule chose qui change entre ces deux casques, le rendu et l’équilibre sonores sont aussi légèrement modifiés. Si le HD 650 est une référence assez centrée sur les moyennes fréquences, avec des basses et des aigus ne déviant que très peu, le dernier né de Sennheiser creuse un peu plus le son pour se rapprocher légèrement de certaines références que l’on peut retrouver chez la concurrence directe. Si on cherche la linéarité à tout prix, on préfèrera rester sur ce bon vieux HD 650. Le HD 660 S pourra néanmoins séduire ceux qui ne crachent pas sur un peu plus d’aigus et un peu moins de médiums, afin d’avoir au choix une écoute légèrement plus récréative et un effet « loupe » un peu plus prononcé.
Conclusion
Si le HD 660 S pourra séduire un public recherchant une impédance plus faible et un rendu un peu plus flatteur qu’avec le HD 650, nous continuerons de conseiller ce dernier pour toute activité en studio et home-studio. Ce bon vieux HD 650 reste plus neutre que son petit frère, et la haute impédance ne devrait pas poser de problème si vous avez une interface audio digne de ce nom. En plus, vous économiserez 40 €.