Attention, spoiler : demain, nous testerons le DT 1990 PRO de Beyerdynamic. Ce qui est une bonne chose. Le problème, c’est qu’il n’existe pas sur Audiofanzine de test du DT 990, modèle emblématique de la marque et sur lequel est basé le petit nouveau. Nous allons donc remédier à cela tout de suite !
Il n’est peut-être pas aussi populaire que son cousin fermé le DT 770, mais le DT 990 reste une référence dans le catalogue du constructeur allemand, mais aussi dans le milieu très fermé des casques ouverts (#rires). Chez Audiofanzine, on connait aussi le bien nommé DT 880, chainon manquant et semi-fermé entre les deux références précitées, pour l’avoir testé par le passé. Certains membres de l’équipe l’utilisent même tous les jours…
Avant de parler du nouveau DT 1990, on se devait donc d’essayer de DT 990, et pour cela nous le mettrons face à son cousin le DT 880 (semi-ouvert et un peu plus cher) et son ennemi juré le K 702 d’AKG (ouvert, même prix).
Au déballage il n’y a pas vraiment de surprise : le look, la qualité de construction, le confort, tout est là. C’est un Beyerdynamic ! Même si contrairement au DT 1990, certaines pièces sont en plastique, les parties les plus sensibles sont bel et bien en métal, conférant ainsi au casque une robustesse sans pareil. Combien de fois avons-nous vu dans des studios d’enregistrement des DT 770 n’ayant plus d’âge et pourtant fonctionnant toujours ? Il est clair que niveau qualité de construction et résilience, les casques Beyerdynamic se posent là, et le DT 990 s’inscrit dans cette tradition. En termes de confort, on est vraiment dans la même lignée que le DT 770 et le DT 880, c’est très agréable même si certains pourront préférer la légèreté des casques AKG. À noter enfin que le casque est fourni avec une pochette en nylon qui ne le protégera pas des chocs, mais éventuellement de la poussière.
Côté caractéristiques techniques, nous sommes face à un modèle circumaural avec une impédance de 250 Ohms, avec un poids de 250 g sans le câble de trois mètres. Les coussinets en velours sont remplaçables, mais pas le câble, du moins pas sans démonter le casque. Dommage.
Benchmark
Depuis quelque temps maintenant, nous utilisons un nouveau protocole afin de compléter l’écoute comparative classique. Avec l’aide précieuse de notre partenaire Sonarworks (souvenez-vous, le calibrage de casques), nous avons le plaisir de pouvoir vous fournir des courbes précises de la réponse en fréquences et du taux de distorsion harmonique élaborées par des professionnels, dont c’est le métier de tous les jours dans leur laboratoire. Elle n’est pas belle la vie ?
Pour le test, nous avons décidé de mettre le DT 990 face au DT 880 que nous connaissons bien, mais surtout face au K 702 d’AKG qui est au même prix et qui est lui aussi ouvert. C’est clairement son plus gros concurrent direct.
Voici les courbes de réponse en fréquences du DT 990 PRO, du DT 880 PRO et du K 702 :
À première vue, nous sommes en présence de trois casques ayant la même philosophie, à savoir un bas du spectre qui s’estompe progressivement et un haut du spectre très développé afin d’avoir pas mal d’air et de détails. Dans les basses fréquences, on voit que le DT 990 est le plus développé et qu’il descend sans problème jusqu’à 50 Hz alors que le K 702 commence à lâcher à partir de 80 Hz et le DT 880 encore un peu plus haut (-2 dB à 100 Hz). C’est donc pas mal dans la partie centrale du spectre car cela reste contenu entre +1,5 dB et – 3 dB jusqu’à 4 kHz environ.
Le plus gros accident dans les médiums se situe entre 1 kHz (0,5 dB) et 2,5 kHz (-3,5 dB), ce qui reste raisonnable par rapport au K 702 qui a une bosse à 2,5 kHz (+ 3 dB) suivie d’un creux à 3,5 kHz (-2 dB). Le DT880 est, dans cette partie du spectre, à savoir le haut médium, le plus linéaire avec environ +/-2 dB de déviation.
Dans le haut du spectre, le DT 990 commence à booster les fréquences plus tôt que les deux autres (4 kHz) avec un pic à 9 dB vers 12 kHz. Le K 702 s’en sort un tout petit mieux avec un boost à partir de 5 kHz et 7 dB maximum à 7 kHz. Le DT 880 s’en sort plutôt pas mal aussi avec un boost à partir de 6 kHz et 7 dB maximum à 10 kHz. Dans cette partie du spectre, on peut donc dire que le DT 990 est le moins bon des trois, alors qu’il se débrouille le mieux en bas. Dans les moyennes fréquences il se place confortablement entre ses deux compères. Dans l’ensemble c’est donc plutôt bon !
En ce qui concerne la distorsion, il n’y a rien de spécial à redire vu qu’il fait à peu près la même chose que ses deux compères avec un pic maximum de 2 % de THD :
Écoute
Johnny Cash – Hurt
Sur l’introduction de la guitare acoustique Martin, on entend tout de suite que le DT 990 a une plus grande extension dans le bas du spectre par rapport aux deux autres. Le K 702 est très différent dans les moyennes fréquences, avec notamment sa bosse à 2,5 kHz qui confère un son typé NS-10 alors que le DT 990 nous semble un peu plus doux à ce niveau-là. Dans cette partie du spectre, sans trop de surprise les deux Beyerdynamic se ressemblent plus, avec un rendu encore plus doux du côté du DT 880 qui ne booste aucune moyenne fréquence. Quand la voix débarque, cela nous donne beaucoup d’informations, notamment dans les moyennes fréquences. On entend que le K 702 a un rendu plus nasal, c’est la conséquence directe de la bosse située à 2,5 kHz, le DT 990 met quant à lui plus en avant les sibilances sans jamais les rendre trop agressives. Le DT 880 a clairement le rendu le plus neutre, avec toujours cette douceur caractéristique. Concernant le gestion de la dynamique, il n’y a rien à signaler, tout se passe très bien. Dans le bas du spectre, sans surprise le piano profite de l’extension dans les graves du DT 990.
Michael Jackson – Liberian Girl
La nappe de l’introduction est toujours aussi révélatrice de ce qui se passe dans les hautes fréquences. Le DT 880 est le plus terne, ou plutôt le moins brillant (au royaume des aveugles…), et le DT 990 a un plus grand déséquilibre entre les hauts médiums et les aigus que le K 702. Dans le rendu, le DT 990 a plus d’air et le K 702 plus de focus. Quand la basse et la grosse caisse débarquent, on apprécie grandement le bas du spectre plus étendu du DT 990, qui retranscrit parfaitement la rondeur de l’instrument, laquelle est totalement absente sur le DT 880 et atténuée sur le K 702. Clairement, dans le bas du spectre, il n’y a pas match, le DT 990 l’emporte haut la main. Sur les voix, le DT 880 est le plus fiable, avec juste quelques hautes fréquences mises en avant, tandis que le K 702 met plus en exergue la nasalité et les moyennes fréquences, le DT 990 favorise plus les sibilances.
Gorillaz – Feel Good Inc.
Ce morceau confirme les écoutes précédentes avec un son dans l’ensemble plus creusé sur le DT 990, vu qu’il y a plus de basses et plus d’aigus, un rendu plus neutre et moins fatiguant sur le DT 880 mais avec clairement un gros manque dans le bas du spectre, et un rendu plus médium, voire NS-10, dans le K 702. Typiquement, sur la voix du couplet, le traitement « téléphone » est exacerbé sur le K 702, un peu moins sur le DT 990 et beaucoup moins sur le DT 880. Dans le bas du spectre, le DT 990 tire toujours son épingle du jeu sans aucun problème, le DT 880 reste fortement handicapé et le K 702 dans la moyenne.
Pas évident de désigner un véritable vainqueur dans cette écoute tellement les trois modèles sont différents et ont chacun leurs qualités et leurs défauts. Du côté de la neutralité globale, c’est le DT 880 qui s’en sort le mieux, notamment avec des moyennes fréquences assez homogènes, mais les basses sont vraiment très faibles. Le DT 990 tire son épingle du jeu avec des basses fréquences présentes jusqu’à 50 Hz et des moyennes fréquences qui se tiennent dans 3,5 dB de déviation, mais il reste le plus déséquilibré dans sa globalité avec notamment des aigus très développés. Le K 702 a quant à lui un meilleur équilibre des médiums par rapport aux aigus et une mise en avant des fréquences autour de 2 kHz qui lui confèrent un rendu très « NS-10 » que certains pourront rechercher, mais il coupe relativement tôt dans le bas du spectre et le côté un peu nasal pourra rebuter certains.
Conclusion
Pas de doute, c’est un Beyer ! Que ce soit au niveau du rendu sonore que de la qualité de fabrication, de la robustesse ou du confort, nous sommes en terrain connu. Le constructeur allemand démontre tout son savoir-faire pour un prix relativement accessible (moins de 140 € en magasin). Les basses sont présentes jusqu’à 50 Hz, ce qui est plutôt pas mal pour un casque ouvert, et les aigus sont très présents dès 4 kHz, ce qui est très Beyerdynamic dans l’esprit, mais peut-être un peu trop à notre goût. Une très bonne alternative au K 702 d’AKG si jamais son rendu des moyennes fréquences ne vous convient pas. À ce prix-là en casque ouvert, c’est clairement une référence.