Nous avions testé lors d’un comparatif de casques ouverts le K 702 d’AKG qui nous avait plutôt convaincus malgré sa légèreté dans le bas du spectre. Le K 712 Pro, sorti il y a 4 ans, promet des basses plus généreuses tout en gardant toutes les qualités de son ainé sorti en 2008. Sommes-nous devant le casque parfait ?
À référence presque identique, look jumeau. Le K 712 ressemble trait pour trait au K 702 à la différence près des couleurs choisies, orange et noir pour le 712 et gris foncé et clair pour le 702, mais aussi des coussinets en velours et du bandeau « appui-tête » supérieur, qui sont très légèrement différents.
Une fois posé sur la tête, le confort est quasi-identique, c’est-à-dire très bon. Et pour cause, les dimensions et le poids sont les mêmes, la légèreté et le système maison pour le bandeau supérieur étant les principales raisons de cette réussite. Nous avons quand même tendance à préférer les couleurs du K 702, qui restent plus universelles que le orange assez « osé » du 712. Mais cela reste une affaire de goût.
Côté spécifications techniques, c’est rigoureusement identique au K 702. On retrouve ainsi une conception ouverte, une impédance de 62 ohms, un poids de 235 g ainsi qu’un câble détachable de 3 mètres doté d’une prise mini-XLR. Il est bon de préciser que les coussinets sont disponibles en pièces détachées, le K 712 est donc fait pour durer. Le prix est d’environ 230 € en magasin, alors que le K 702 coûte aux alentours de 160 €. On espère donc que ce premier pourra se démarquer au niveau de l’écoute. Ça tombe bien, c’est le moment de voir ça…
Benchmark
Depuis quelque temps maintenant, nous utilisons un nouveau protocole afin de compléter l’écoute comparative classique. Avec l’aide précieuse de notre partenaire Sonarworks (souvenez-vous, le calibrage de casques), nous avons le plaisir de pouvoir vous fournir des courbes précises de la réponse en fréquences et du taux de distorsion harmonique élaborées par des professionnels, dont c’est le métier de tous les jours dans leur laboratoire. Elle n’est pas belle la vie ?
Pour le test, nous avons évidemment décidé de le mettre en face de son grand-frère, le K 702, qui reste une référence dans le monde des casques ouverts de studio. D’ailleurs, il était arrivé très bien placé lors de notre comparatif des casques ouverts. 70 € séparent les deux références, reste à voir si cela est justifié.
Voici les courbes de réponse en fréquences du K 712 et du K 702 :
Commençons par le bas du spectre avec une réponse en fréquences très proche sous la barre des 900 Hz. Le K 712 arrive à tenir le –2 dB jusqu’à 60 Hz alors que le K 702 est plus proche du –3 dB. À part ça, la différence reste toute relative et c’est un petit peu décevant, surtout quand le constructeur promet une réponse dans les basses fréquences améliorée.
Au-dessus de 900 Hz, les courbes commencent à différer vraiment, avec un creux à 3/4 kHz plus accentué sur le 712 (-2 dB contre presque –8 dB), une bosse à 2,5 kHz absente sur le K 712, mais remplacée par un creux à 1,5 kHz. Dans le haut du spectre, à partir de 6 kHz, le 712 est moins développé entre 6 et 10 kHz, mais a plus d’emphase à partir de 10 kHz.
À première vue, la courbe du K 712 ressemble plus à une écoute hi-fi ou « récréative », avec notamment le creux à 3/4 kHz assez prononcé qui ajoute un peu de douceur et des aigus à partir de 10 kHz qui ajoutent de l’air. Le K 702 a dans sa globalité un parcours moins accidenté, même s’il demeure dans la catégorie des casques ayant un haut du spectre développé, comme souvent chez AKG et Beyerdynamic, par opposition à des références plus plates comme les HD 600 et 650 de Sennheiser ou encore l’ATH-R70x d’Audio-Technica.
Côté distorsion, rien à signaler avec des résultats tout à fait honorables dans la partie supérieure du spectre (attention, l’échelle est légèrement différente entre les deux graphiques) et une progression de la distorsion somme toute logique en dessous de 100 Hz. Passons maintenant à l’écoute !
Écoute
Johnny Cash – Hurt
La guitare Martin de Cash est retranscrite un peu différemment suivant le casque posé sur la tête. Le K 702 fait ressentir sa bosse à 2,5 kHz avec un son un peu plus agressif, tandis que le 712 est plus doux, mais aussi plus creusé. De même pour la voix, le rendu est un peu plus nasal sur le 702 et plus doux, mais aussi plus fantomatique sur le 712, à cause du creux plus accentué à 3/4 kHz.
On garde le sentiment d’avoir un peu plus de détails sur le K 702 et un rendu un peu plus « dans ta face ». D’une manière générale, le K 712 est plus doux et agréable, mais aussi plus permissif tandis que le 702 demeure plus cru. De notre point de vue, le 712 lorgne plus vers la catégorie « récréative » que le 702.
Michael Jackson – Liberian Girl
Difficile de départager les deux références sur la nappe d’intro pourtant bourrée de détails. Il faut dire que les deux casques offrent un haut du spectre très développé, avec beaucoup d’air et de précision. Quand les premiers instruments arrivent, on remarque que le couple grosse caisse/basse est relativement identique, et c’est plus dans le haut du spectre que les premières différences se font ressentir. Le charley est un peu plus en avant sur le 702, et les voix sont plus tranchantes, notamment grâce aux sibilances qui demeurent plus étouffées sur le 712.
Le rendu global du 712 est loin d’être désagréable, mais on a l’impression que l’on pose un léger voile sur les haut-parleurs quand on vient du K 702 qui donne une plus grande impression de détails et de précision. Les différents creux et bosses situés dans les hauts médiums sont sans doute la raison à cela.
Gorillaz – Feel Good Inc.
Sur l’instrumentation de l’introduction, le K 712 a effectivement un peu plus de volume et de corps dans le bas du spectre, on peut l’entendre facilement sur le couple grosse caisse/basse. Après, nous ne sommes pas forcément convaincus que cela donne beaucoup plus d’informations lors du mixage. Le point positif, c’est que le bas du spectre, bien que légèrement plus gonflé que celui du 702, reste linéaire et lisible. La voix avec l’effet radio est un peu adoucie sur le 712 et on constate qu’il garde la très bonne dynamique de son grand-frère, ce qui est aussi un très bon point. Côté image, c’est aussi très bon.
Pour résumer cette écoute, on constate que le K 712 garde un lien de parenté avec le K 702 en conservant pas mal de ses qualités : un bas linéaire et lisible, une bonne dynamique et un haut du spectre développé. Il se démarque avec un bas du spectre très légèrement plus développé, même si on aurait aimé en avoir encore un peu plus, et des hauts-médiums moins agressifs, mais aussi plus flatteurs. Pour toutes ces raisons, le casque est sans doute plus agréable à l’écoute que son grand frère, mais nous gardons une préférence pour le K 702 en situation de mixage, car il reste un peu plus plat et transparent.
Conclusion
Le K 712 est forcément un bon casque, car il garde la majorité des qualités de son grand frère, le K 702, à savoir un confort exemplaire, un câble détachable doté d’une prise mini-XLR, des coussinets disponibles en pièces détachées, un bas du spectre limité mais linéaire et lisible, et des aigus clairs et développés dont certains raffolent. La marque autrichienne a de plus réussi à développer le bas du spectre limité du K 702, même si cela reste trop subtil à notre goût, car il sera toujours impossible de monitorer ce qu’il y a en dessous de 60 Hz. Concernant le creux situé entre 3 et 4 kHz, il est typique des casques plus orientés hi-fi et écoute récréative. Grâce à lui, la musique est moins agressive et le rendu global reste plus plaisant. Pour autant, nous conseillons aux home-studistes de se tourner vers le K 702 qui demeure plus linéaire sur l’ensemble du spectre et reste une référence au rapport qualité/prix imbattable dans le domaine des casques ouverts.