Du nouveau dans le milieu des casques, ça n'arrive pas tous les jours. Alors quand le fabricant allemand Beyerdynamic annonce le Custom One Pro, un casque permettant de régler de manière mécanique l'ouverture du système bass-reflex, on ne boude pas notre plaisir...
On ne présente plus Beyerdynamic, à qui l’ont doit notamment de fameux micros (le M88, le M160…) et de fameux casques (le DT770, au top dans notre comparatif). La marque est en effet bien connue des ingénieurs du son et des home-studistes, et certains d’entre eux reconnaitront dans le look du Custom One Pro les petits détails chers à la marque allemande.
Car le moins qu’on puisse dire, c’est que le Custom One Pro arbore un look plutôt sobre et conventionnel, entièrement noir, avec un arceau quasiment identique au très connu DT770. Nous sommes donc en terrain connu… Mais c’est ailleurs que le Custom One Pro tente de se démarquer : le constructeur annonce la possibilité de régler le niveau du bas du spectre, non pas en insérant un quelconque égaliseur, mais en donnant la possibilité à l’utilisateur de modifier l’ouverture du système bass reflex. De manière entièrement mécanique, donc. D’un seul coup, le casque à l’aspect ennuyeux éveille notre curiosité…
Mais commençons par le commencement.
Noir, c’est noir…
Côté poids et mensurations, on l’a dit, c’est très proche du DT770, donc plutôt imposant, il pèse 290 g et reste non pliable. Nous ne sommes clairement pas en présence d’un casque nomade, mais plutôt d’un casque « studio », même si le câble n’est pas très long (1,5 m), est « droit » et possède un connecteur mini-jack et un adaptateur 6,35 mm. Le casque est dynamique, circumaural et fermé. Son impédance est de 16 Ohms et il délivre un niveau sonore maximum de 116 dB (de quoi devenir sourd, donc).
Première bonne surprise par rapport au DT770 : le câble est détachable côté casque et pourra donc être facilement remplacé le jour où Jojo le hamster aura jeté son dévolu sur le malheureux Custom One Pro. Beyerdynamic a aussi fait en sorte que certaines pièces sujettes à l’usure et aux odeurs indésirables soient remplaçables, comme le rembourrage du serre-tête et les coussinets des oreillettes. Le casque devrait donc tenir quelques années, car l’arceau métallique est très solide (comme sur le DT770) et le reste est remplaçable, un très bon point.
Deuxième bonne surprise, d’ordre purement cosmétique cette fois-ci : si vous trouvez le casque trop sobre, vous pourrez le personnaliser avec différentes « covers », qui coutent 10 € l’unité, ce qui reste raisonnable par rapport à une coque pour téléphone, par exemple.
Mais cette « customisation » n’est pas seulement cosmétique, elle est aussi sonore !
Réflexe !
Avant même d’appuyer sur « play », chaussons le casque. Nous le trouvons confortable, dans le même style que le DT770 , même si nous préférons les coussinets en velours… Question de goût. Certaines personnes n’aimant pas le confort du DT770 lui trouveront sûrement les mêmes défauts : il est imposant et il donne chaud rapidement. Au lecteur de se faire son propre avis là-dessus en l’essayant en magasin ou chez un ami…
Autre surprise très agréable : bien que ne disposant pas de système actif d’annulation de bruits, le Beyerdynamic Custom One Pro atténue fortement les nuisances extérieures, environ 18 dBA suivant le constructeur. De même, la repisse est faible, ce qui en fait un parfait casque de prises.
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Mais parlons de la nouveauté, le système bass reflex variable. Sur chaque oreillette, on trouve un curseur permettant de modifier de manière mécanique la taille de l’ouverture du système bass reflex (voir encadré). Il y a quatre positions : une position « basses légères », une « linéaire », une « basses vivantes » et enfin une « basses lourdes ». Les courbes fournies par le constructeur montrent une action à partir de 300 Hz environ. L’utilisateur aura donc le choix, ce qui est plutôt une bonne idée. Le système étant mécanique, il garantit, a priori, une plus grande transparence qu’un bête égaliseur intégré.
Il est aussi à noter que la courbe de réponse n’est pas la seule à être altérée par les curseurs, ces derniers modifient aussi, et logiquement, l’isolation sonore qui reste légèrement plus efficace en position fermée (basses légères). La différence s’entend surtout entre 100 et 500 Hz.
Il est maintenant temps d’appuyer sur « play » !
À ma guise
Afin de tester ce casque, nous l’avons mis face au Beyerdynamic DT770 que nous connaissons très bien. Il a d’ailleurs terminé en tête de notre comparatif des casques à 150 €. Le Custom One Pro coûte un peu plus cher (200 € environ), soit une cinquante d’euros en plus.
Nous allons tout d’abord le tester en position 2, dite « linéaire ». C’est en effet cette position qui intéressera, a priori, le plus notre lectorat. Alors, commençons l’écoute :
Stevie Wonder – Master Blaster (Jammin’)
Ce qui frappe d’entrée c’est la différence entre les deux casques dans tous les secteurs. On sait que le DT770 a un haut du spectre (au-dessus de 8 kHz) très développé et du coup le Custom One Pro parait beaucoup plus terne, il y a moins d’air et moins de détails. Les aigus sont vraiment en retrait et cela s’entend sur le charley et les cymbales de la batterie bien sûr, mais aussi sur les sibilantes de la voix de Stevie Wonder.
Les cuivres sont aussi plus brillants sur le DT770. Dans le bas, le kick n’est clairement pas retranscrit de la même manière, autour des 100 Hz, le DT770 donne du punch à la grosse caisse alors que sur le Custom One Pro, elle sonne plus creuse. Conséquence de tout cela, les médiums (les bas médiums entre 200 et 400 Hz et les hauts médiums vert 2 kHz) ressortent plus sur le Custom One Pro. Les deux casques Beyerdynamic sont donc très différents, que ce soit dans le haut, les médiums ou le bas. Le Custom One Pro sonne plus « boxy » à côté du DT770, et il devrait être plus compliqué d’entendre certains détails (queues de réverbes) lors d’un mix.
Évidemment, en modifiant le bass reflex, le kick et la basse reprennent leur droit. La position 1 (basses faibles) a peu d’intérêt à nos yeux, la position 3 permet de retrouver des basses à peu près équivalentes au DT770 alors que la position 4 ressemble plus au Dr Dre de Beats que nous avons testé il y a quelque temps. Quoi qu’il en soit, le Custom One Pro reste assez satisfaisant pour écouter de la musique (plus que le DT770, qui est fatigant à la longue), et le haut du spectre ressemble plus à celui d’un casque nomade (Beats Dr Dre, Audio-technica ANC-7, Focal Spirit One) qu’à un casque pro plus analytique (Beyer DT770 ou AKG K702).
Metallica – Enter Sandman
Cette chanson, on sait que sur le DT770, elle fait un peu mal, les sibilantes, les cymbales… On a du détail, mais c’est fatigant à la longue. Le Custom One Pro est clairement moins agressif, plus boxy aussi, mais on entend quand même les détails sans trop de problèmes. La dynamique est très bonne et on aime bien la position 3 qui rajoute un peu de basses, ce qui est plutôt plaisant en écoute « pour le plaisir ». Décidément, les deux Beyer sont très différents…
Gorillaz – Feel Good Inc.
On peut faire les mêmes remarques sur cette chanson, même si le DT770 n’est plus agressif et délivre une meilleure précision dans le haut du spectre. Quand on passe de l’un à l’autre, on a l’impression d’ouvrir et de fermer une boîte dans laquelle on aurait mis un haut-parleur. La voix « mégaphone » du refrain est encore plus accentuée sur le Custom One Pro, à cause de ses médiums mis en avant. Le kick sonne plus creux (autour des 100 Hz) sur le Custom One Pro en position 2 (neutre), mais le reste du bas est sensiblement le même que sur le DT770 (sous les 100 Hz). Sur ce genre de musique, on apprécie le fait de pouvoir augmenter les basses fréquences. Même si on manque un peu d’air sur le Custom One Pro, le fait que les hauts médiums soient en avant favorise la percée des voix chantées et rappées.
Miles Davis – Seven steps to heaven
Sur cet enregistrement jazz, le DT770 est très précis, on a de l’air et tous les instruments se détachent facilement : c’est chirurgical. La ride et les cymbales sont plus ternes sur le Custom One Pro, on entend moins la salle, mais il reste précis et on distingue tous les protagonistes sans aucun souci. On s’aperçoit que le Custom One Pro est relativement linéaire, avec des bas et médiums présents, jusqu’à 3/4 kHz où ça commence à s’adoucir.
Herbert Von Karajan / Strauss – Also Sprach Zarathustra, Op.30: Intro
On termine avec un enregistrement classique assez riche. La première note tenue est identique sur les deux casques. Les coups de timbales et les cuivres sont un peu différents et suivent les mêmes remarques que précédemment : c’est plus brillant (à la limite de l’agressivité) sur le DT770. Sur la fin, les percussions à gauche ressortent très bien sur ce dernier alors qu’elles ont un peu plus de mal sur le Custom One Pro. Clairement, ce casque se positionne sur un secteur moderne, le DT770 surpassant le petit dernier de Beyer sur le Jazz et le classique.
Conclusion
Le dernier casque de chez Beyerdynamic a plus d’un tour dans son sac et le concept de bass reflex ajustable est assez intéressant. Nous avons aimé le fait de pouvoir ajuster mécaniquement le niveau des basses fréquences et pour ne rien gâcher, le casque est, à l’instar du DT770, très confortable. La solidité a l’air de mise et nous avons eu la joie de constater que le câble et les différentes mousses étaient disponibles en pièces détachées. Le look personnalisable ravira ceux qui ne sortent pas dans la rue sans avoir étudié longuement leur style vestimentaire, même si ce casque n’est pas un « nomade » à proprement parler (pas de télécommande, trop gros, non pliable). Si nous émettons quelques réserves concernant son utilisation en mixage (haut du spectre un peu trop en retrait), ce casque est parfait pour les prises (peu de repisse) et pour écouter de la musique, tout simplement.