Grandement amélioré et assorti d'un bundle logiciel bien pensé, le MPK Mini nous revient dans une troisième version : serions-nous en présence de la solution idéale pour démarrer la production instrumentale à petit prix?
Le MPK Mini Mk3 est un petit clavier-contrôleur de 318×181×44mm et 0,75kg. La version « classique » reprend la robe de son prédécesseur, à savoir un boîtier noir avec des flancs et une surface inférieure rouge du plus bel effet. Il existe également en version intégralement noire (jusqu’aux touches habituellement blanches du clavier) ou bien blanche (avec inversion des couleurs du même clavier).
Le MPK Mini Mk3 est livré uniquement avec un câble USB et un petit guide de démarrage rapide. Au-dessus du clavier de 25 touches, on dispose de huit « Thick pads », les fameuses surfaces de frappe sensible à la vélocité et à l’aftertouch (polyphonique ou par canal) qu’Akaï a développées à l’origine pour ses MPCs. À gauche des pads, on retrouve le joystick qui pilote les fonctions de pitch bend et de modulation comme sur le modèle précédent.
À droite des pads, on retrouve également huit potards comme sur les anciens modèles, sauf qu’à la différence de ces derniers, ceux du Mk3 sont à course infinie et non plus à butée. L’autre grande nouveauté extérieure du Mini Mk3 par rapport à ses prédécesseurs tient dans la présence d’un écran fournissant toutes sortes d’informations sur les données envoyées par les différents éléments du contrôleur.
Enfin une dizaine de boutons poussoirs répartis à gauche et en haut à droite de l’appareil activent les différentes fonctions de changement d’octave, de l’arpégiateur, de la répétition de note, et enfin le paramétrage des pads sur lequel nous reviendrons. Sur la tranche arrière, nous disposons enfin d’une prise USB-B ainsi que d’une entrée pour une pédale de sustain.
Les touches noires, les touches blanches, les pads noirs
Le clavier a été revu à la hausse par rapport à la version précédente, mais on reste toutefois dans un confort de jeu habituel de cette gamme de prix et de ce format de mini-touches. C’est loin d’être vraiment désagréable mais l’on n’a pas non plus de sensations de jeu extraordinaires. Il s’agit d’un semi-lesté standard, point.
Ce qui ressort en revanche très nettement, c’est la qualité exceptionnelle des pads, et ce n’est pas un hasard puisqu’il s’agit comme je le disais des pads équipant tous les derniers modèles de MPCs, des pads dont j’avais déjà exprimé tout le bien que j’en pensais dans mes précédents bancs d’essai. Un vrai bonheur à utiliser, notamment grâce à leur épaisseur qui fait que l’on peut taper dessus allègrement sans déclencher l’aftertouch malencontreusement! Ce dernier ne s’active que si on le souhaite réellement par une pression plus affirmée, et révèle toute sa puissance dès lors que l’on active la fonction de note-repeat. Mais les fonctions de jeu du MPK Mini 3 ne s’arrêtent pas là.
L’art-pégiateur
On retrouve en effet sur ce clavier l’arpégiateur dont bénéficiaient déjà les modèles précédents, équipé de toutes les fonctionnalités habituelles de ce genre d’outil. Les notes dont les touches sont enfoncées sur le clavier peuvent ainsi être reproduites vers le haut, vers le bas, en aller-retour avec ou sans répétition des notes extrêmes, dans l’ordre dans lequel les touches ont été enfoncées ou bien de manière totalement aléatoire. Les valeurs des durées de notes vont de la noire à la triple croche, en binaire comme en ternaire, et le niveau de swing peut être ajusté de 50 à 75%.
Comme souvent, l’arpège peut être maintenu de manière artificielle via la fonction « latch », autorisant l’utilisateur à relâcher le clavier pour pouvoir par exemple manipuler un autre instrument ou effectuer des modulations d’effets. L’arpégiateur peut être synchronisé à une source externe – par exemple MPC Beats – ou bien à l’horloge interne du MPK Mini. Dans ce dernier cas, on peut définir le tempo via l’emploi de la touche « tap tempo » ou bien en modifiant sa valeur via un encodeur. Chaque paramètre de l’arpégiateur dispose d’ailleurs de son encodeur attitré, mais peut être également modifié via les touches du clavier. Et l’écran du MPK se charge d’indiquer toutes les informations relatives à l’usage de l’arpégiateur.
Tout pour la musique!
Le MPK Mini 3 est livré avec MPC Beats, la version allégée de la STAN maison d’Akai, MPC 2. Ce dernier offre les fonctionnalités suivantes : huit pistes MIDI, 2 pistes audio stéréo, 4 canaux auxiliaires, l’ensemble très complet d’effets AIR FX bundle et les instruments Bassline, Electric et TubeSynth, toujours signés AIR.
A part quelques rares contraintes, MPC Beats reprend toutes les caractéristiques de fonctionnement de sa grande soeur. On retrouvera donc la construction de morceaux reposant sur l’agencement de séquences et la gestion de l’ensemble du système reposant sur l’utilisation des pads, des Qlinks (la gestion de la majorité des paramètres du logiciel via les encodeurs), etc. Je vous invite à vous reporter au banc d’essai que j’avais réalisé concernant la MPC Live si vous souhaitez davantage de détails. Depuis cette époque, le logiciel d’Akai a d’ailleurs encore évolué et propose des fonctionnalités extrêmement intéressantes. Ainsi par exemple, à l’instar d’Ableton Live et de sa fonction « Capture », MPC 2 et Beats proposent maintenant la fonction « Retrospective Record » qui permet de conserver les notes MIDI que l’on vient de jouer, même si l’enregistrement n’a pas été activé. On constate d’ailleurs un effort de rapprochement avec la STAN allemande puisque l’on peut maintenant exporter des séquences individuelles au format de Live.
Mais il me faut maintenant vous révéler une astuce qui devrait vous intéresser au plus haut point. Officiellement MPC Beats est donc une version bridée de MPC 2 ne proposant que 8 pistes MIDI et 2 pistes audio stéréo. Il existe toutefois une astuce qui vous permettra de contourner ces limitations.
Rappelons tout d’abord que le principal outil de création dans l’environnement MPC est la matrice de 16 pads. Chaque pad peut contenir un fichier audio (ou une note MIDI mais ce n’est pas ce qui nous intéresse ici). Chaque piste MIDI peut elle-même contenir un drum rack de 16 pads multipliés par 8 banques, donc 128 pads. Ce qui signifie que chacune des pistes MIDI peut déjà faire jouer 128 fichiers audio simultanément. Si on multiplie tout cela par le nombre de pistes MIDI disponibles, on obtient un total de 128×8=1024 fichiers audio jouables simultanément, et finalement 1026 si l’on y ajoute les deux pistes audio initiales. Mais ce n’est pas tout ! En effet, dans l’environnement MPC, chaque pad est traité comme une piste audio indépendante et dispose donc de sa propre « tranche de console » avec volume, panoramique, solo, mute, 4 départs auxiliaires, filtre intégré, enveloppe et 4 emplacements d’inserts chacune. On dispose donc alors virtuellement d’une console de 1026 pistes accessibles directement sans nécessiter aucun prémixage!
Quand il y en a plus, il y en a encore !
L’offre logicielle ne s’arrête pas à MPC Beats, loin s’en faut. On a ainsi droit aux versions spéciales MPC Beats des expansions F9, ADSR LoFi Producer collection, Laniakea Sounds TrapSoul and LoFi Beats, MSX Soulful Experience ainsi que divers kits de production. AIR, le développeur des instruments inclus dans la STAN, nous propose en plus les VSTs MiniGrand (piano) et Velvet (pianos électriques). Mais surtout, l’éditeur nous propose le superbe Hybrid, un synthétiseur très polyvalent finalement assez méconnu en regard du gros son qu’il propose!
Enfin pour compléter tout cela et plonger réellement dans les entrailles du contrôleur, le MPK Mini mk3 dispose comme chacun de ses prédécesseurs d’un logiciel de paramétrage dédié, ici le MPK Mini 3 Program Editor.
Les mains dans le cambouis
L’application reproduit à l’écran les différents éléments d’interface du MPK Mini, à savoir le clavier, les pads, les encodeurs, le joystick et l’arpégiateur. On peut transposer le clavier dans toutes les gammes majeures (et donc par définition également leurs relatives mineures), ainsi que prérégler son numéro d’octave par défaut. Les pads peuvent être paramétrés selon le numéro de note, de program change ou de contrôle continu qu’ils seront censés envoyer. Les encodeurs quant à eux ne pourront envoyer que des messages de contrôle continu. On pourra en revanche définir individuellement leurs numéros, leurs valeurs minimale et maximale ainsi que la manière dont devront s’opérer les modulations : par l’envoi de valeurs absolues ou par incrémentation / décrémentation.
On pourra aussi attribuer un nom à chacun des encodeurs. Le clavier, l’ensemble des pads et l’ensemble des encodeurs pourront bénéficier chacun d’un canal MIDI attitré. Le joystick peut être paramétré pour envoyer, sur chacun des axes X et Y, soit un message de pitch bend, soit un message unique de contrôle continu, soit encore deux messages de contrôle continu. Enfin, chacun des éléments de paramétrage de l’arpégiateur pourra également être pré-établi ici.
Les choix effectués pourront ainsi être sauvegardés dans l’un des 8 emplacements mémoire du clavier. A titre personnel, je me suis empressé de créer un preset de Qlinks supplémentaires pour palier l’absence de seconde banque de potards et pouvoir ainsi facilement accéder à la totalité des 16 Qlinks traditionnels de l’interface MPC. Enfin, on peut sauvegarder autant de presets que l’on souhaite dans l’ordinateur et les rappeler à volonté. L’interface est extrêmement claire, les connaisseurs en MAO s’y retrouveront immédiatement et les autres pourront bénéficier d’un mode d’emploi très didactique. Enfin, si l’on peut regretter l’absence de certaines fonctions (typiquement, les touches de transport!) dans l’interface physique du MPK, il est possible grâce au Program Editor de paramétrer jusqu’à 128 paramètres différents sur les pads et 64 sur les encodeurs. Il y a donc de quoi s’amuser, même s’il est temps à présent d’aborder les points un peu moins réjouissants.
[illustration: Droite.jpg ]
Tout n’est pas rose…
Hélas, si le mode d’emploi du MPK Program Editor s’avère complet, on pourra regretter que ce ne soit pas le cas de celui du MPK Mini mk3 qui pour l’instant se limite à un simple « Quickstart Guide » qui ne nous donne pas beaucoup d’information. Ainsi, on peut par exemple ignorer que si l’on n’active pas le bouton « control » dans les options de synchro MIDI de MPC Beats, on passera totalement à côté des possibilités de prise de contrôle des fonctionnalités du logiciel par l’intermédiaire du MPK, et donc rater ce qui fait l’une des caractéristiques les plus intéressantes de l’ensemble!
Puisque l’on parle de l’interaction du clavier avec MPC Beats, on regrettera que la configuration des potards par défaut dans le preset « MPC » ne soit pas la bonne. En effet, les encodeurs sont paramétrés par défaut pour envoyer des valeurs « absolues », alors que les Qlinks ont été visiblement programmés dans le logiciel pour recevoir des valeurs relatives, ce qui peut induire des sauts de valeurs ou des réponses erratiques de certains paramètres.
On regrettera également que l’écran ne fournisse pas davantage d’information. En dehors de celles concernant l’arpégiateur, ce dernier se contente en effet d’indiquer le numéro de message MIDI envoyé ainsi que sa valeur. À aucun moment il n’y a de reprise des noms de paramètres pilotés par exemple, ou encore des valeurs dans les unités de mesure appropriées (db, Hz, etc…).
Il est également dommage d’avoir supprimé le bouton « sustain », même s’il a été remplacé par une prise de pédale pour la même fonction. Sur un clavier de cette taille clairement imaginé pour l’emploi nomade, un bouton me semble plus pertinent qu’une pédale qu’il va falloir trimbaler.
On aurait également aimé retrouver, comme chez de nombreux appareils de cette gamme de prix, un petit ensemble de touches de transport, même s’il nous est toujours donné la possibilité de paramétrer certains des pads en mode « CC » pour qu’ils accomplissent cette tâche. Ce qui m’amène à souligner l’indigence des templates fournis pour le « pilotage » des STANs autres que celle d’Akai ! Par exemple, le template prévu pour Ableton Live se borne à contrôler les macros via les encodeurs ! Pas d’armement de piste, de déclenchement de clips, d’enregistrement ou de lecture… Je vous conseille vivement de vous concocter vos templates par vos propres moyens via le Program Editor !
Enfin, le choix de design qui me semble le plus incompréhensible est celui du joystick, déjà présent sur le modèle précédent. Il est évident qu’Akai a cherché à gagner de la place. Mais cela rend de facto la fonctionnalité « molette de modulation » inutilisable, le joystick revenant par nature toujours à une position centrale. Impossible donc de fixer une valeur à la modulation concernée!
Conclusion
Dépourvu d’une interface MIDI traditionnelle et d’une alimentation autonome, le MPK Mini Mk3 est un petit clavier compact pensé pour le pilotage de logiciels audio exclusivement – et plus spécifiquement de la STAN made in Akai, MPC. Cette dernière est d’ailleurs livrée gratuitement avec le clavier dans une version allégée – MPC Beats – qui n’a rien à envier à sa grande soeur en-dehors de quelques menues contraintes et d’un nombre de pistes plus réduit, ce dernier point pouvant être contourné comme nous avons pu le voir dans cet article. On saluera également l’offre logicielle complète et diversifiée qui achève de faire de ce contrôleur, malgré certains défauts ergonomiques comme le joystick hérité du modèle précédent, un ensemble parfaitement recommandable pour commencer à produire sérieusement de la musique pour un tarif tout à fait intéressant !