Devenu en quelques années l'un des acteurs majeurs du clavier de contrôle, Arturia revient avec une nouvelle version de son Keylab bien décidée à s'installer sur nos scènes comme dans nos studios.

Au centre enfin nous attend une molette sous un écran à LED de 48 caractères, elle-même flanquée de 7 boutons de commande et navigation. Il y a du monde donc mais comme Arturia a opté pour des contrôles de taille modeste, tout cela demeure bien espacé. Vous vous en doutez : à l’exception des potentiomètres, sliders et molettes, tous les boutons sont rétroéclairés, que ce soit par des LED blanches ou des LED RVB concernant les boutons assignables et les pads.
Comme vous le voyez, Arturia a bien pensé son clavier en termes de contrôles et de connecteurs pour piloter des logiciels ou des instruments électroniques, ce qui le place, sur le papier, comme une sorte de chaînon manquant entre les claviers dédiés à la MAO comme l’Advance d’Akai ou le Komplete Kontrol de Native Instruments, et le Remote SL MkIII de Novation, plus pensé quant à lui pour le pilotage d’instruments électroniques matériels. En vis-à-vis de ce positionnement, on reste tout de même un peu surpris du nombre d’entrées Jack pour les pédales auxiliaires, au point de se demander si le constructeur n’anticipe pas sur la sortie de futurs produits dans sa gamme de contrôleurs. L’avenir nous le dira ; voyons pour l’heure ce que nous dit le présent sur le confort de jeu.
Mise en jeu
Globalement, ce nouveau Keylab est donc très satisfaisant sur le plan des sensations. Reste à voir comment il se comporte dans ses différents modes d’utilisation.
Ces petits détails qui changent tout
Même si la plupart des fonctions du Keylab n’appellent aucun commentaire particulier, car elles fonctionnent comme attendu mais demeurent classiques, on se rend compte d’entrée de jeu qu’Arturia a pensé à plein de petits détails qui peuvent faire la différence au quotidien. C’est ainsi que le constructeur fournit un petit hub USB pour éviter les boucles de masse qui peuvent survenir lors de l’usage d’un synthé relié en CV/Gate avec un ordinateur. On apprécie aussi grandement la possibilité de changer très simplement de canal MIDI utilisé, non pas en se rendant dans un menu, mais en pressant un bouton et une des 16 premières touches du clavier : simple, efficace, malin !
Le Lab est dans le camp
Outre le problème de latence qu’on a sur un changement de presets (tout comme avec le système Komplete Kontrol ou le VIP de l’Akai Advance) et qui est inhérent au fait que ce sont bien des modélisations de synthés différentes qui sont convoquées en interne, on regrettera que l’affichage se borne à un bon vieux LCD sur deux lignes plutôt qu’à un bel écran LED comme chez la concurrence, ce choix un peu old school rendant la navigation plus laborieuse que sur un Komplete Kontrol à peine plus cher et richement doté en termes d’écrans.
Rien à dire là-dessus, Arturia a bien fait le job, même si ce nouveau Keylab n’est pas exempt de tous reproches.
Le chaînon manquant… ou presque
Entre un Novation SL Mk3 très orienté vers le pilotage matériel (mais sensiblement plus cher, il est vrai) et les Komplete Kontrol et Akai Advance très orientés vers le pilotage logiciel, le positionnement de ce nouveau Keylab a de quoi retenir l’attention de ceux qui cherchent un habile compromis pour contrôler des logiciels comme du matériel, les claviers équipés de connectique CV/Gate n’étant pas légion sur le marché. On le comprendra aisément : cette polyvalence se fait toutefois au détriment d’équipements ou de fonctions présentes chez la concurrence.
Pour ce qui est du logiciel d’abord, il va sans dire que rien n’a été prévu par Arturia pour faciliter le contrôle d’autres logiciels que ses instruments ou les principales STAN du marché. Dès lors qu’on s’écarte de la V-Collection, on ne dispose ainsi d’aucune plateforme qui permette de naviguer dans les presets d’instruments provenant d’autres éditeurs, ou de disposer de mappings prêts à l’emploi les concernant, comme cela se passe avec le VIP d’Akai ou le tandem Komplete Kontrol/NKS de Native Instruments.
Du côté matériel, si l’on ne reprochera pas nécessairement aux Grenoblois de ne pas avoir fournir plus d’entrées/sorties MIDI ou CV/Gate, on regrettera qu’aucune fonction d’arrangement matérielle ne soit présente dans le clavier en dehors de la gestion des accords : pas d’arpégiateur, pas de séquenceur, pas de contrainte de gamme… C’est d’autant plus dommage que l’on sait qu’Arturia dispose de telles technologies, comme le prouve le Keystep dont le prix serré montre qu’intégrer ces technologies n’auraient pas nécessairement plombé le prix du produit…
Enfin, comme nous l’avons mentionné plus haut, malgré de bonnes idées ergonomiques et une expérience utilisateur relativement convaincante dans l’ensemble, on regrettera le fait que les sliders et encodeurs ne soient pas sensibles au toucher et qu’il faille se contenter d’un écran LCD à deux lignes un peu vieillot en lieu et place d’un bel écran à LED comme en propose la concurrence… sachant que l’idéal serait de proposer un écran tactile multipoint : 11 ans après la sortie de l’iPhone qui nous a habitués à faire défiler les 100 contacts de nos répertoires téléphoniques d’un simple balayage du doigt, faire défiler 6500 presets en tournant une molette semble parfaitement daté. C’est vrai pour ce Keylab comme pour le Komplete Kontrol ou l’Akai Advance…
Certes, toutes ces choses auraient pesé sur la facture, mais disons qu’en faisant l’économie de deux sorties auxiliaires, des joues en bois ou de la finition tout métal qui, bien qu’élégante, n’est pas forcément toujours probante sur le plan de l’utilisation (manque d’adhérence (grip) de la molette de pitch bend) ou du transport, il y aurait sans doute de quoi éponger un minimum les surcouts occasionnés par ces améliorations, d’autant qu’un peu plus complet, le Keylab aurait pu se permettre d’être un peu plus cher aussi.
Bref, ce Keylab MkII est réussi à plus d’un égard, mais Arturia dispose d’une confortable marge de progrès pour la version MkIII…
Conclusion
La copie rendue par Arturia avec ce Keylab MkII est très bonne dans l’ensemble : améliorant la première version sur quasiment tous les points, le clavier s’ouvre au monde du CV/Gate sans pour autant délaisser l’intégration avec Analog Lab qui faisait la force du premier modèle. Certes, à voir ce que propose la concurrence, il y a bien des petites choses à redire ça et là, le Keylab n’étant ni aussi doué que l’Advance ou le Komplete Kontrol pour le soft, et ni aussi abouti que le Novation SL Mk3 pour le hard. On regrettera surtout le manque d’un écran plus moderne qui aurait sensiblement amélioré l’expérience utilisateur, mais il faut en convenir : nous sommes face à un compromis dont la polyvalence, la finition et l’élégance devraient séduire plus d’un utilisateur. Bravo pour cela donc, en attendant le Keylab MkIII