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Test de l'Arturia Keylab Mk3 - Le clavier keylab plus blanc ?

7/10

Après les Keylab Essential, c’est au tour des Keylab tout court de passer en version Mk3, une mise à jour majeure d’un des étalons du marché des claviers de contrôle…

Test de l'Arturia Keylab Mk3 : Le clavier keylab plus blanc ?

Connu et reconnu pour ses émula­tions logi­cielles, ses synthé­ti­seurs et ses inter­faces audio, Artu­ria s’est aussi taillé une solide répu­ta­tion dans le domaine du clavier de contrôle. C’est ainsi qu’en une décen­nie, les Keylab on séduit nombre d’uti­li­sa­teurs grâce à un bon équi­libre entre qualité du toucher, fonc­tion­na­li­tés, fiabi­lité, ergo­no­mie et design, le tout pour un prix attrac­tif. Et après que le construc­teur a sorti il y a quelques mois la version Mk3 de l’en­trée de gamme Essen­tial, on n’est pas surpris de voir débarquer la version Mk3 du Keylab qui, comme l’avait fait la version Mk2 avant elle, propose une évolu­tion sensible du concept et son lot de nouveau­tés…

New deal?

jouesLa première chose à noter à la récep­tion du modèle 61 touches qu’Ar­tu­ria a mis à notre dispo­si­tion, c’est le poids de la bête qui avoi­sine les sept kilos. Et l’on comprend aisé­ment pourquoi au débal­lage du modèle noir qui nous a été fourni, les maté­riaux utili­sées se répar­tis­sant entre du métal et un plas­tique bien épais, et le tout étant flanqué de joues en bois du plus bel effet… Bref, non seule­ment ce nouveau Keylab est plutôt élégant, mais il sent le solide et le stable : ce n’est pas le genre de clavier qui glis­sera du stand ou du bureau sur lequel vous le pose­rez et c’est tant mieux.

Si de la version Mk1 à Mk2, Artu­ria avait complè­te­ment repensé la dispo­si­tion des contrôles sur le clavier, l’évo­lu­tion est ici moins radi­cale de prime abord : on garde globa­le­ment la même orga­ni­sa­tion que dans le modèle précé­dent (pads à gauche, navi­ga­tion et fonc­tions au centre, sliders et enco­deurs à droite) même si de nombreux chan­ge­ments sautent aux yeux… On passe ainsi de 43 boutons et 16 pads sur la version Mk2 à 34 boutons et 12 pads sur la version Mk3, de sorte que le bandeau des commandes est nette­ment moins large qu’au­tre­fois…

ledscreenPour autant, il ne s’agi­rait pas de voir dans cette réduc­tion une bête régres­sion, Artu­ria ayant profité de l’oc­ca­sion pour nous grati­fier d’un écran à LED couleur de 3,5 pouces (480 × 320 pixels) en lieu et place du petit affi­cheur LCD retroé­clairé du modèle Mk2. Par ailleurs, un coup d’oeil sur les specs permet de rela­ti­vi­ser la dispa­ri­tion des 8 boutons qu’on trou­vait autre­fois sous les sliders, les enco­deurs rota­tifs comme les faders étant désor­mais sensi­tifs. Toute­fois, en regard des pads, c’est proba­ble­ment plus du côté de la connec­tique que cela va râler chez certains, Artu­ria chan­geant clai­re­ment son fusil d’épaule avec cette version Mk3 qui se destine plus à l’in­for­ma­tique musi­cale qu’au pilo­tage de synthés hard­wa­re…

connectiquesEn face arrière, outre un inter­rup­teur, une prise USB-C qui suffit à l’ali­men­ta­tion du clavier et une prise pour transfo externe non fourni, on ne dispose plus, outre l’en­trée/sortie MIDI au format DIN, que de trois entrées : sustain, expres­sion et auxi­liaire.

Par rapport au modèle précé­dent, on perd donc deux prises auxi­liaires et surtout les quatre connec­teurs dédiés au CV/Gate, ce qui réoriente clai­re­ment la voca­tion du Keylab : on est clai­re­ment plus ici pour contrô­ler du logi­ciel que de maté­riel, ce qui convien­dra très bien à certains mais en déce­vra d’autres.

  • Arturia KeyLab 61 MK3 : faders
  • Arturia KeyLab 61 MK3 : faders2
  • Arturia KeyLab 61 MK3 : pads
  • Arturia KeyLab 61 MK3 : multi

 

Y a-t-il un pilote dans la STAN

Et il faut l’avouer, le nouvel écran offre autre­ment plus de confort que l’an­cien pour pilo­ter des logi­ciels, qu’il s’agisse de la V-Collec­tion pour lesquels tout est mappé et l’on retrouve en partie le confort de l’As­tro­lab, avec notam­ment les minia­tures des instru­ments dispo­nibles, ou qu’il s’agisse de pilo­ter une STAN, Artu­ria ayant pour l’heure travaillé sur l’in­té­gra­tion d’Able­ton Live, Bitwig, FL Studio, Cubase et Logic. Ça ne veut pas dire que vous ne pour­rez pas pilo­ter un autre logi­ciel que ceux-là bien sûr, vu que le Keylab est compa­tible MCU/HUI mais que vous ne béné­fi­cie­rez pas d’une inté­gra­tion aussi pous­sée. On attend donc que l’édi­teur se penche sur le cas de Pro Tools, Studio One ou Reaper entre autres…

editEssayé avec FL Studio, le Keylab assure en tout cas un bon confort à l’usage, le mapping des pads comme des boutons ou des sliders et enco­deur permet­tant de gagner en temps comme en intui­ti­vité. Signa­lons-le toute­fois, les graphismes propo­sés par l’écran à LED sont spar­tiates et les mêmes d’une STAN à l’autre : ne pensez pas affi­cher votre rack FL ou votre matrice de pad dans Live. L’écran servira pour l’es­sen­tiel à vous donner un retour visuel sur les valeurs éditées, ce qui n’est déjà pas si mal…

Et puis, il s’agi­rait toute­fois de ne pas oublier que le plus impor­tant dans un clavier de contrôle, ça demeure le clavier. Or, sur ce point, Artu­ria nous propose aussi du neuf… mais pas forcé­ment le neuf auquel tout le monde s’at­ten­dait…

Sur la touche

Le construc­teur nous l’as­sure : c’est un tout nouveau clavier qui équipe ce Keylab, avec un touché de type semi-lesté comme on en trouve sur les synthés de qualité. Au jeu, ce dernier s’avère en effet ferme, réac­tif et précis, bien loin de ce qu’on peut trou­ver sur des claviers d’en­trées de gamme, sauf que contrai­re­ment à ce qu’on pouvait attendre en cette rentrée 2024, il ne gère l’af­ter­touch que de manière globale et pas en poly­pho­nie… Voilà qui est bien dommage car c’était l’une des attentes de pas mal d’uti­li­sa­teurs en regard de ce qui est apparu chez Native Instru­ments ou Korg, et on est d’au­tant plus surpris qu’Ar­tu­ria a fait des efforts notables pour gérer ce genre de raffi­ne­ments MPE dans ses synthés logi­ciels…

vcollPuisqu’on en parle, souli­gnons que le bundle logi­ciel comprend le bon vieux Able­ton Live Lite flanqué du très recom­men­dable Analog Lab Pro, du Mini V, du Piano V, d’Aug­men­ted Strings et Rev PLATE-140 de l’édi­teur, le tout étant complété par deux abon­ne­ments à Melo­dics (plate­forme de tutos) et Loop­cloud, et de The Gent­le­man de Native Instru­ments…

Un bundle bien supé­rieur à celui de la version Mk2 donc, mais que chacun appré­ciera à l’aune de ses besoins et de ce dont il dispose déjà…

Mais aussi…

Reste à évoquer les belles possi­bi­li­tés de la machine en terme de créa­ti­vité, que ce soit du point de vue la contrainte de gamme pour éviter les fausses notes ou de l’ar­pé­gia­teur capable d’in­tro­duire de l’aléa­toire dans les séquences géné­rées, ou encore du mode Chord Play capable de produire des voicings diffé­rents sur des progres­sions d’ac­cords. Tout cela est d’au­tant plus agréable à utili­ser et à combi­ner que le para­mé­trage de ces modules se fait de manière très intui­tive et lisible depuis le nouvel écran LCD, lequel sert égale­ment à gérer tous le para­mé­trage du clavier (réglage des courbes de vélo­ci­tés, des assi­gna­tions, etc.).

Bref, on est là face à un bon clavier de contrôle, agréable à utili­ser même si l’on ne peut pas parler de Game Chan­ger par rapport au Keylab précé­dent, ni en regard de la concur­ren­ce… Pour des raisons qu’on ignore (bien des fabri­cants de maté­riel élec­tro­nique éprouvent de plus en plus de diffi­cul­tés à construire leurs équi­pe­ment, même dans indus­tries bien plus vastes que celle de la musique), il subsiste cette désa­gréable impres­sion que ce Mk3 n’est pas fonciè­re­ment mieux que le Mk3 précé­dent mais qu’il est diffé­rent, car tout ce qu’Ar­tu­ria apporte du côté logi­ciel, il semble le reti­rer du côté du pilo­tage de synthés hard­ware en suppri­mant le CV/Gate. Surtout, les finger drum­mers regret­te­ront la dispa­ri­tion d’une rangée de pads comme les clavié­ristes râle­ront sur l’ab­sence d’af­ter­touch poly­pho­nique.

De fait, chacun devra être atten­tif pour voir si le Keylab Mk3 répond à ses besoins, Artu­ria nous livrant ici un produit sérieux mais qui semble s’orien­ter vers un public clai­re­ment plus MAOïs­te…

Notre avis : 7/10

Le Keylab Mk3 est il un bon clavier de contrôle ? Oui, dans la mesure où il est bien construit, bien foutu et dispose de fonctions créatives comme de possibilités pour le pilotage de STAN relativement bien pensées et tirant profit du tout nouvel écran à LED de la machine. Est-il pour autant mieux que le Mk2 ? Ce sera à chacun de répondre en fonction de ses besoins car Arturia ne s’est pas contenté de faire un meilleur clavier mais a fait des choix, apportant de nouvelles choses pour en abandonner d’autres : on a de fait moins de pads, moins de boutons, et plus aucune ouverture sur le monde du CV/Gate… On est surtout extrêmement surpris que l’aftertouch polyphonique en voie de se généraliser ne soit pas au rendez-vous pour un prix public qui progresse de 10% par rapport au prix public du Mk2 à son lancement…

Bref, sans qu’on puisse crier au scandale, le bilan demeure un brin plus mitigé que sur les récents produits d’Arturia. Affaire à suivre…

  • Clavier élégant et bien construit
  • Impression de solidité
  • Ergonomie d’ensemble
  • Le nouvel écran OLED
  • Les 9 faders et 9 encodeurs sensitifs
  • Qualité des touches
  • Alimentable par USB uniquement
  • Bundle sympathique
  • Paramétrable depuis le clavier
  • Bonne intégration de Live, Bitwig, FL Studio et Cubase…
  • …et des synthés Arturia !
  • Les fonctions créatives de l’arpégiateur et du générateur d’accord
  • Pas de gestion de l’aftertouch polyphonique
  • 12 pads au lieu de 16
  • Sensiblement moins de boutons que sur le Mk2
  • Moins d’entrées auxiliaires et plus aucune connectique pour le CV/Gate
  • Nombre de STAN ne sont pas encore gérées
  • Prix public en hausse de 50 euros par rapport au Mk2
Intêret de la mise à jour :
Pays de fabrication : Chine

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