Après les Keylab Essential, c’est au tour des Keylab tout court de passer en version Mk3, une mise à jour majeure d’un des étalons du marché des claviers de contrôle…

Connu et reconnu pour ses émulations logicielles, ses synthétiseurs et ses interfaces audio, Arturia s’est aussi taillé une solide réputation dans le domaine du clavier de contrôle. C’est ainsi qu’en une décennie, les Keylab on séduit nombre d’utilisateurs grâce à un bon équilibre entre qualité du toucher, fonctionnalités, fiabilité, ergonomie et design, le tout pour un prix attractif. Et après que le constructeur a sorti il y a quelques mois la version Mk3 de l’entrée de gamme Essential, on n’est pas surpris de voir débarquer la version Mk3 du Keylab qui, comme l’avait fait la version Mk2 avant elle, propose une évolution sensible du concept et son lot de nouveautés…
New deal?
Si de la version Mk1 à Mk2, Arturia avait complètement repensé la disposition des contrôles sur le clavier, l’évolution est ici moins radicale de prime abord : on garde globalement la même organisation que dans le modèle précédent (pads à gauche, navigation et fonctions au centre, sliders et encodeurs à droite) même si de nombreux changements sautent aux yeux… On passe ainsi de 43 boutons et 16 pads sur la version Mk2 à 34 boutons et 12 pads sur la version Mk3, de sorte que le bandeau des commandes est nettement moins large qu’autrefois…
Par rapport au modèle précédent, on perd donc deux prises auxiliaires et surtout les quatre connecteurs dédiés au CV/Gate, ce qui réoriente clairement la vocation du Keylab : on est clairement plus ici pour contrôler du logiciel que de matériel, ce qui conviendra très bien à certains mais en décevra d’autres.
Y a-t-il un pilote dans la STAN
Et il faut l’avouer, le nouvel écran offre autrement plus de confort que l’ancien pour piloter des logiciels, qu’il s’agisse de la V-Collection pour lesquels tout est mappé et l’on retrouve en partie le confort de l’Astrolab, avec notamment les miniatures des instruments disponibles, ou qu’il s’agisse de piloter une STAN, Arturia ayant pour l’heure travaillé sur l’intégration d’Ableton Live, Bitwig, FL Studio, Cubase et Logic. Ça ne veut pas dire que vous ne pourrez pas piloter un autre logiciel que ceux-là bien sûr, vu que le Keylab est compatible MCU/HUI mais que vous ne bénéficierez pas d’une intégration aussi poussée. On attend donc que l’éditeur se penche sur le cas de Pro Tools, Studio One ou Reaper entre autres…
Et puis, il s’agirait toutefois de ne pas oublier que le plus important dans un clavier de contrôle, ça demeure le clavier. Or, sur ce point, Arturia nous propose aussi du neuf… mais pas forcément le neuf auquel tout le monde s’attendait…
Sur la touche
Le constructeur nous l’assure : c’est un tout nouveau clavier qui équipe ce Keylab, avec un touché de type semi-lesté comme on en trouve sur les synthés de qualité. Au jeu, ce dernier s’avère en effet ferme, réactif et précis, bien loin de ce qu’on peut trouver sur des claviers d’entrées de gamme, sauf que contrairement à ce qu’on pouvait attendre en cette rentrée 2024, il ne gère l’aftertouch que de manière globale et pas en polyphonie… Voilà qui est bien dommage car c’était l’une des attentes de pas mal d’utilisateurs en regard de ce qui est apparu chez Native Instruments ou Korg, et on est d’autant plus surpris qu’Arturia a fait des efforts notables pour gérer ce genre de raffinements MPE dans ses synthés logiciels…
Un bundle bien supérieur à celui de la version Mk2 donc, mais que chacun appréciera à l’aune de ses besoins et de ce dont il dispose déjà…
Mais aussi…
Reste à évoquer les belles possibilités de la machine en terme de créativité, que ce soit du point de vue la contrainte de gamme pour éviter les fausses notes ou de l’arpégiateur capable d’introduire de l’aléatoire dans les séquences générées, ou encore du mode Chord Play capable de produire des voicings différents sur des progressions d’accords. Tout cela est d’autant plus agréable à utiliser et à combiner que le paramétrage de ces modules se fait de manière très intuitive et lisible depuis le nouvel écran LCD, lequel sert également à gérer tous le paramétrage du clavier (réglage des courbes de vélocités, des assignations, etc.).
Bref, on est là face à un bon clavier de contrôle, agréable à utiliser même si l’on ne peut pas parler de Game Changer par rapport au Keylab précédent, ni en regard de la concurrence… Pour des raisons qu’on ignore (bien des fabricants de matériel électronique éprouvent de plus en plus de difficultés à construire leurs équipement, même dans industries bien plus vastes que celle de la musique), il subsiste cette désagréable impression que ce Mk3 n’est pas foncièrement mieux que le Mk3 précédent mais qu’il est différent, car tout ce qu’Arturia apporte du côté logiciel, il semble le retirer du côté du pilotage de synthés hardware en supprimant le CV/Gate. Surtout, les finger drummers regretteront la disparition d’une rangée de pads comme les claviéristes râleront sur l’absence d’aftertouch polyphonique.
De fait, chacun devra être attentif pour voir si le Keylab Mk3 répond à ses besoins, Arturia nous livrant ici un produit sérieux mais qui semble s’orienter vers un public clairement plus MAOïste…