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Test de la Console 1 Channel mk III de Softube - Le geste analogique pour mixer en numérique

8/10

« Dites au revoir au mixage à la souris », clame fièrement Softube en présentant cette troisième version de la Console 1 et son contrôleur dédié Channel. Sous nos doigts, l'égalisation, la compression et tous les autres processeurs, comme si on mixait en analogique... sauf qu'on est dans un plugin!

Test de la Console 1 Channel mk III de Softube : Le geste analogique pour mixer en numérique

Softube, auto­pro­clamé « rock & roll scien­tists », est avant tout un déve­lop­peur de plugins. La société suédoise s’est spécia­li­sée depuis son origine dans l’ému­la­tion de circuits analo­giques, et notam­ment le doux et chaleu­reux son des lampes qu’on aime tant… Entre autres, la marque est connue pour modé­li­ser les fameux amplis guitare Marshall, mais aussi toute une collec­tion de péri­phé­riques de studio, dont les Tube-Tech. Des lampes, donc, mais pas unique­ment, puisqu’on trouve aussi dans leurs œuvres des tran­sis­tors avec les Chand­ler, des magné­to­phones à bandes, et même main­te­nant des synthé­ti­seurs.

dessus cablesUn petit bout de console

filter shape Il y a une dizaine d’an­nées, Softube a lancé la Console 1 Chan­nel première du nom, en annonçant déjà l’am­bi­tion : libé­rer le mixeur de son clavier et de la souris, et retrou­ver un geste de travail musi­cal comme si on utili­sait une console analo­gique. Console 1 est donc un plugin, qu’on peut décrire simple­ment comme un « Chan­nel strip » tel qu’on le trouve dans la plupart des DAW ou chez de nombreuses marques, synchro­nisé à un contrô­leur physique – et c’est cela la nouveauté (il y a 10 ans) et la parti­cu­la­rité (encore aujour­d’hui) du produit. La version dont il est ques­tion ici est appe­lée mk III, donc la troi­sième. Le contrô­leur propose un poten­tio­mètre ou inter­rup­teur pour chaque para­mètre de notre tranche de console, il n’y a aucun mapping ou travail d’as­si­gna­tion midi à faire, on peut travailler piste par piste avec ce plugin les dyna­miques, les fréquences, les niveaux etc. La dispo­si­tion est plutôt clas­sique, on retrouve les diffé­rentes sections que l’on connaît sur les consoles et les logi­ciels qui repro­duisent ce schéma. equal comp driveDe gauche à droite, on a une entrée avec le gain, l’in­ver­sion de phase et les filtres, puis un trai­te­ment dyna­mique qui propose un gate, mais aussi des choses plus origi­nales. Ensuite vient l’in­con­tour­nable égali­seur quatre bandes, qui précède un compres­seur, et enfin la sortie avec une satu­ra­tion, le pan et bien sûr le volume. Ce chemin du signal audio, qui n’a rien de surpre­nant, est à peu près le même depuis la première version de Console 1 Chan­nel. Pour être plus précis, les deux premières versions étaient basées sur un canal de console SSL 4000, ce qui n’est pas le cas de cette nouvelle mouture, qui intègre davan­tage d’ou­tils et d’op­tions. Précé­dem­ment, les Chan­nel permet­taient aussi de pilo­ter d’autres plugins déve­lop­pés par Softube, inté­grés pour l’oc­ca­sion à l’in­ter­face Control 1. Avec cette mk III, la possi­bi­lité d’in­té­grer des plugins s’élar­git et s’ap­plique aussi aux FabFil­ter et aux UAD, ce qui, vous en convien­drez, n’est pas rien !

Coco Chan­nel

dessus on ledsOn déballe le contrô­leur, et on doit déjà signa­ler que celui-ci semble bien conçu, solide, et qu’il a une certaine élégan­ce… proba­ble­ment ses origines suédoises. Un des atouts mis en avant par la marque et vantés par certains utili­sa­teurs convain­cus, est la sensa­tion procu­rée par les poten­tio­mètres, au plus près de ce qu’on aurait avec une console analo­gique. Il est vrai qu’ils ont une petite résis­tance agréable, inspirent confiance, mais cela reste des enco­deurs à la course infi­nie et pour avoir une console analo­gique sous la main, c’est encore un autre monde (et c’est peut-être mieux comme ça). Signa­lons que le paquet Console 1 Chan­nel mk III coûte la coquette somme de 995 €. Ce qui est nette­ment plus cher que la version précé­dente (449 €). On connecte la bête en USB C à l’or­di­na­teur, on allume, et c’est parti. Au démar­rage, la fenêtre du logi­ciel s’ouvre immé­dia­te­ment, et on n’ar­ri­vera plus à s’en débar­ras­ser ; ça peut sembler anec­do­tique, mais cette fenêtre passe devant toutes les autres, et tant qu’on veut faire autre chose (ouvrir un DAW et y impor­ter du son par exemple) elle nous embête. La seule solu­tion qu’on trou­vera sera de réduire sa taille au mini­mum. Sur le papier, la Console et son Chan­nel sont compa­tibles avec la plupart des DAW, dont les prin­ci­paux Logic, Pro Tools, Cubase, Able­ton Live etc… screensOn ne les a pas tous testés, mais pour ce qui est de Cubase et Pro Tools, on confirme la compa­ti­bi­lité. Il paraît que Cubase a été parti­cu­liè­re­ment accueillant depuis la première Console 1, et l’in­té­gra­tion est plus évidente ici que dans notre Pro Tools. Avec le DAW Stein­berg, le poten­tio­mètre de volume contrôle le fader de la piste, on agit aussi sur le pan, solo et mute du logi­ciel avec le contrô­leur. Le contrô­leur affiche égale­ment le nom et les couleurs de piste attri­buées dans le DAW. En haut du Chan­nel, 20 petits boutons permettent de sélec­tion­ner la piste sur laquelle on travaille, et de navi­guer ainsi dans la console. On accède à des bacs de 20 canaux supplé­men­taires avec des boutons de navi­ga­tion juste à côté. Pour complé­ter une station de travail dans cette logique, Softube propose aussi le Console 1 Fader, un bac de dix faders qui vien­dront complé­ter cette sensa­tion d’ana­lo­gique dans le geste, au sein d’un envi­ron­ne­ment numé­rique.

Un contrô­leur pour faire des tubes

On testera donc ici la Console 1 et ses proprié­tés sonores, mais aussi l’uti­li­sa­tion du contrô­leur Chan­nel, l’in­té­gra­tion des plugins Softube et FabFil­ter dans ce contexte, et encore l’in­té­gra­tion de la Console 1 elle-même dans un DAW.

standalone windowLa mise en situa­tion qui nous paraît la plus simple et expli­cite, est de prendre les stems d’un morceau que nous avons produit et de recréer une session dans notre DAW de travail habi­tuel qu’est Protools. On se rend rapi­de­ment compte que l’im­plé­men­ta­tion dans Protools n’est pas opti­mi­sée, et on décide donc d’al­ler créer la même session dans Cubase. Ça marche beau­coup mieux, c’est plus intui­tif, et beau­coup plus de para­mètres sont synchro­ni­sés avec le logi­ciel.

Après une brève prise en main, on comprend que tout se passe dans la page du programme Console 1, alors que les fenêtres de plugins insé­rés dans la session Cubase ne sont pas forcé­ment très bien pensées ni en termes d’er­go­no­mie, ni en termes de lisi­bi­lité. Par exemple, Cubase n’ouvre pas la fenêtre du plugin de la piste sélec­tion­née quand on change de piste, mais reste sur la fenêtre de plugin ouverte initia­le­ment. La confi­gu­ra­tion opti­mum est donc d’avoir un écran dédié à la fenêtre du programme stand alone et de lais­ser les fenêtres plugin de notre DAW fermées. Dans l’idéal, il faut donc trois écrans pour garder une fenêtre d’ar­ran­ge­ment, une fenêtre de mixage et une fenêtre pour Console 1 ouverte et acces­sible en perma­nence.

default channel stripL’in­ter­face est très lisible, et est segmen­tée en diffé­rents modules d’un chan­nel strip, dans un ordre défini qu’on ne peut à priori pas modi­fier. Elle est vrai­ment pensée comme une console analo­gique, avec ses contraintes de fonc­tion­na­lité, mais surtout avec ses avan­tages de cohé­rence et d’uni­for­mité sonore. L’étage de gain est inté­res­sant et nous permet de rame­ner de la chaleur et du grain à des sources qui n’en auraient pas assez, mais reste plutôt acces­soire dans notre confi­gu­ra­tion sur des stems, où on ne va pas parti­cu­liè­re­ment enga­ger de filtres ni de rajout de gain. En revanche, les quatre modules suivants nous semblent très vite aussi perti­nents qu’ef­fi­cients, tant dans leur utilité que leurs résul­tats sonores.

Les modules Shape, Equa­li­zer et Compres­sor possèdent chacun une banque de plugin qui peuvent être char­gés dans les mémoires une et deux de la Console 1. Chaque tranche de notre logi­ciel sur laquelle est insé­rée la Console 1 peut avoir des plugins diffé­rents dans ces trois sections, et on peut ainsi indi­vi­dua­li­ser les trai­te­ments de la console sur certaines pistes ou groupes, qui pour­raient le néces­si­ter. Au-delà des modules Core qui sont four­nis avec la console, celle-ci supporte tous les plugins Softube qui ont les mêmes rôles, mais égale­ment les Fabfil­ter et les UAD. Si certains plugins à l’er­go­no­mie clas­sique et aux réglages plutôt basiques semblent s’adap­ter faci­le­ment à l’ar­chi­tec­ture de la Console 1 et deve­nir des alter­na­tives inté­res­santes aux modules de bases, les Fabfil­ter (entre autres) qui possèdent de nombreux réglages seront utili­sés dans une version incom­plète par rapport à leurs versions plugin.

De retour sur notre mix, on s’at­taque au bus de batte­rie, sur lequel le bien nommé module Shape nous parait adapté et nous permet de sculp­ter un peu plus notre son, en travaillant sur ses tran­si­toires et ses réso­nances. On décide d’aug­men­ter un peu ses attaques, qui nous semblent un peu molles ce jour-là. On se sert du second module pour rouvrir légè­re­ment les graves et les aigus, et on arrive vite au dernier module inti­tulé Drive. Une fois encore, on est vite séduit. Il y a peu de para­mètres, mais le grain est là et le réglage du carac­tère, du plus neutre au plus coloré, est aussi effi­cace que musi­cal. On opte pour un carac­tère un peu neutre afin d’évi­ter que la grosse caisse ne tape trop fort dedans et perde alors tout son grave.

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Pour ce qui concerne nos stems de basse, de percus­sions, et de guitare ryth­mique, on va s’at­te­ler à ne travailler que sur le troi­sième module, et ainsi affi­ner la balance tonale de ceux-ci. Pour cela, on va char­ger tout d’abord l’éga­li­sa­tion de base de la console pour les percus­sions, cher­cher à renfor­cer la présence de celles-ci et les débar­ras­ser d’un surplus de grave. Pas de surprise, on arrive rapi­de­ment à un résul­tat convain­cant en augmen­tant de quelques dB les 2500 Hz dans le mode d’éga­li­sa­tion plutôt correc­tif, appelé ici Core Modern. Pour la basse, on veut rajou­ter du bas médium sans qu’il ne devienne trop enva­his­sant. On cherche à obte­nir un résul­tat en même temps solide et éner­gique. On va donc plutôt tenter notre chance avec le deuxième mode d’éga­li­sa­tion, le Core Vintage, qui va plutôt s’ap­pa­ren­ter à un égali­seur de colo­ra­tion. Ça marche plutôt bien en augmen­tant d’à peine 1,5 dB à 280 Hz. Cela vient appa­rem­ment un peu creu­ser les fréquences voisines afin d’évi­ter de trop encom­brer les bas médiums et d’alour­dir le son de notre basse. On ouvre notre stem de guitares ryth­miques et on veut lui donner un peu de nez afin qu’il se place juste au-dessus du bas médium qu’on vient de renfor­cer dans la basse. On applique donc la même méthode en chan­geant notre fréquence pour 850 Hz, et le résul­tat est tout aussi convain­cant.

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Passons désor­mais aux éléments mélo­diques, et en premier lieu à notre guitare riff. On la trouve un peu gentille et pas assez large et profonde, c’est donc l’heure d’al­ler travailler sur le module de compres­sion. Dans ce cas précis, on ne veut pas gommer les attaques, mais on veut surtout rame­ner au premier plan les réso­nances de ces riffs. On opte donc pour le mode Core Bus, qui ressem­ble­rait à un compres­seur Vari Mu, et avec une attaque et un release plutôt longs, on s’ap­proche d’un résul­tat inté­res­sant. Néan­moins, on manque encore un peu de carac­tère, et on tente donc de rajou­ter du drive en sortie de chaîne avec cette fois-ci un maxi­mum de carac­tère.

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Pour les guitares et les claviers qui composent notre thème, on va encore une fois s’at­te­ler à peau­fi­ner l’éga­li­sa­tion de ceux-ci. En revanche, les voix néces­sitent d’al­ler un peu plus loin dans le module Shape, et ainsi de conte­nir les attaques des syllabes ryth­miques tout en rajou­tant du sustain dans le but d’am­pli­fier l’as­pect mélo­dique de celles-ci. Le résul­tat de la soma­tion de nos trois stems modi­fiés est plutôt promet­teur. Il est temps de remettre dans le contexte.

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Tout est plus fort et un rapide travail des niveaux est donc néces­saire afin de retrou­ver les équi­libres initiaux. On déplore dans ce cas précis qu’il n’y ait pas de réglage de niveau en sortie de chan­nel strip, mais que le bouton volume soit bien celui du niveau de la piste. Ça nous aurait permis de véri­fier le niveau de chacun des stems en acti­vant et désac­ti­vant la Console 1, mais cela ne vaut que dans notre cas précis, et non dans le cas d’un proces­sus de mix plus conven­tion­nel. 

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Notre avis : 8/10

droite offConsole 1 offre des outils de mixage qui fonctionnent vraiment bien, et une palette sonore intéressante avec des saturations et autres traitements dynamiques assez convaincants. L'intégration de plugins externe comme les superbes émulations Tube-Tech ou Chandler de Softube, les FabFilter ou UAD, c'est intéressant, mais on n'en tirera pas tout le potentiel, en tout cas pas autant qu'en les utilisant avec leur interface propre. Le contrôleur Channel est très bien fait, les potentiomètres et la navigation nous ont convaincus, à plus forte raison dans Cubase. La question principale serait : en a-t-on l'usage ? Cela implique de ne mixer presque qu'avec Console 1, et exclut presque tous les autres plugins qui ne trouveraient pas leur place dans cet environnement, il nous semble que cet outil doit être au centre du dispositif ou ne pas y être.

  • Le son de Console 1
  • Bonne qualité de fabrication du contrôleur
  • Les modules drive et shape
  • L'implémentation d'autres plugins
  • Les différents type de compression et d'égaliseur
  • Quelques petits tracas côté informatique et intégration dans Pro Tools
  • L'utilisation de plugins externes a ses limites
Pays de fabrication : Suède

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