Akai a cherché dernièrement à renouveler sa gamme APC, en sortant simultanément l’APC MK2 (moins de 370 euros), testée dans ces pages, l’APC KEY 25 (moins de 130 euros) passée sous notre « microscope », et la présente APC Mini (autour de 100 euros), déclinaison miniature de la première et qui fait l’objet de l’article que vous êtes en train de lire.
Mini-look
Tout comme sa grande sœur, la petite surface de contrôle est livrée uniquement avec son câble USB, un livret de garantie, une petite carte expliquant les démarches à effectuer pour télécharger les logiciels livrés avec et un petit manuel en cinq langues — là non plus, pas de « gros » manuel en PDF à télécharger, le descriptif de l’ensemble des fonctions tient sur 3 pages.
La fabrication globale semble correcte, les pads, boutons et faders étant plutôt bien ancrés dans leurs supports. Les dimensions de la Mini sont de 23,5 cm de largeur, 20 cm de profondeur et 2,2 cm de hauteur, potards compris. En cela, elle est assez proche du Launchpad originel de Novation (et plus grande que le Launchpad Mini), dont elle reprend d’ailleurs la matrice de 8×8 pads. À la différence que sur l’APC Mini, ceux-ci se présentent sous la forme de petits rectangles de 0,7×2 cm.
Nous avons ensuite deux séries de huit boutons chacune, l’une située à la droite et l’autre au-dessous de la matrice, ainsi qu’une série de huit faders de pistes et d’un fader dédié au « master ». Ceux-ci ont une course réduite — 5 cm – et sont de qualité correcte pour ce type d’appareils, sans plus. Enfin une touche « shift » permettant l’activation de fonctions alternatives vient compléter tout cet ensemble.
Au niveau connectique, nous n’avons qu’une prise standard USB 2.0.
Mini-pads
Ça fait du bien, une matrice de 8×8 pads, dans la famille APC qui se contente d’habitude d’une matrice 8×5 un peu plus contraignante à mon goût ! On aurait aimé un petit biseautage des boutons du milieu comme sur les Launchpad de Novation ou le Push, histoire de faciliter le repérage visuel, mais ce n’est pas très grave.
Les boutons, bien que petits, sont parfaitement utilisables, leur largeur compensant leur petite surface globale. Le rétro-éclairage ne reproduit pas, contrairement à la grande sœur, l’APC 40 MK2, ou au Push, l’étendue de la gamme de couleurs des clips d’Ableton. Nous n’avons droit ici qu’au code de couleurs traditionnel de la majorité des autres appareils destinés à contrôler Live : jaune pour la présence d’un clip, vert pour sa lecture et rouge pour son enregistrement. Cela dit, c’est globalement suffisant sur des petits sets qui ne nécessitent pas d’aide supplémentaire au repérage. La navigation au sein de ladite matrice se fait via les quatre boutons de gauche de la série située en dessous de la matrice, lorsque la touche « shift » est enfoncée. À noter, et c’est très regrettable, que l’on ne peut se déplacer que de ligne en ligne et de colonne en colonne : aucune possibilité de passer directement d’un groupe de 64 clips à un autre : l’APC Mini n’est décidément pas faite pour contrôler des gros sets !
On peut également regretter que, comme pour la MK2, aucune fonction de jeu ou de step-sequencer n’ait été implémentée nativement pour lesdits clips, ni de mode « user » autorisant la bascule instantanée entre les fonctions d’origine et une programmation personnalisée. On est très loin de la polyvalence d’un Launchpad !
Il n’y a évidemment pas non plus de fonction de duplication/suppression de clips. Il existe des patchs sous Max for Live qui prennent en charge cette fonction. Mais comme je le disais déjà dans le test de la MK2, primo tout le monde ne dispose pas de Max for Live, et secundo cette fonction mériterait de faire partie par défaut des possibilités offertes par tout contrôleur moderne d’Ableton Live. Toutefois, son absence est un peu plus pardonnée sur une petite surface de contrôle comme la Mini que sur le « vaisseau amiral » qu’est censé être la MK2.
La série de huit boutons à droite de la matrice sert principalement à activer la lecture de scènes entières. Toutefois, via la touche « shift », cinq de ces boutons vont définir le rôle des boutons de la série du bas, et un sixième sera affecté à l’arrêt de lecture de tous les clips. Deux boutons n’ont pas de fonction alternative…
Mini-fonctions
… et c’est bien dommage, car on aurait pu par exemple leur attribuer des fonctions de transport ! Eh oui, vous avez bien lu, la Mini n’a pas de fonction de lecture/enregistrement d’arrangement intégrées, ni même de bouton d’enregistrement de session !
Et puisque nous parlons d’enregistrement de session, il faut souligner que l’appareil ne prend en charge aucune des fonctions spécifiques de Live 9, alors qu’il n’est pas compatible avec les versions antérieures du logiciel. Un comble ! Alors bien sûr, vous pouvez toujours affecter manuellement tous les boutons que vous souhaitez à des fonctions MIDI de Live choisies par vous, mais, comme dit plus haut, en l’absence d’un véritable mode « User », vous perdez la possibilité ici aussi d’alterner instantanément entre votre programmation et les fonctions par défaut des contrôleurs. Rageant.
À propos de fonctions par défaut, celles des boutons du bas, sont, comme je le disais, définies par les fonctions alternatives des boutons de droite. Elles peuvent être de stopper la lecture de clip de la piste concernée, de mettre ladite piste en solo, de l’armer, de la muter ou de la sélectionner.
Quand la touche « shift » est enfoncée, les quatre premiers boutons de cette série servent, comme précisé plus haut, à naviguer au sein de la matrice, et les quatre derniers à définir le rôle des faders de pistes, à savoir : contrôler le volume, le panoramique, l’envoi d’effets ou les paramètres d’un plug-in. Le fader de la piste master ne sera pas affecté par ces choix, il restera dédié au contrôle de volume global du projet. Ce système en cascade — les boutons de droite dont les fonctions alternatives servent à définir le rôle des boutons du bas dont les fonctions alternatives servent à définir le rôle des faders – s’il peut apparaître un peu complexe présenté comme ça, s’avère en fait très simple à appréhender et à utiliser. Un bon point.
À noter que, si l’on peut sélectionner les pistes directement à partir de la Mini, aucune touche ne permet la sélection de plug-ins, nécessitant le passage par la case ordi-souris. Et nous n’avons – pas plus sur cet appareil que sur la MK2 – la possibilité d’accéder aux paramétrages MIDI de la bête, pour en élargir un peu l’utilisation.
Le bundle logiciel est quant à lui quasiment le même que celui de la MK2, à l’exception du synthé Twist. On retrouve donc une version Lite de Live 9, les très bonnes banques de sons de Prime Loops et Toolroom et l’excellent synthé Hybrid 3 d’AIR Music.
Conclusion
Avec l’APC Mini, on pouvait s’attendre à une réponse (tardive…) d’Akai au Launchpad de Novation, les deux appareils partageant la même fonction principale – contrôler Ableton Live –, une matrice du même nombre de pads et des dimensions et un prix similaire…
Malheureusement, si la Mini propose en plus une banque de faders bienvenue, elle est loin derrière la concurrence en termes de polyvalence : pas de mode « User », pas de mode de jeu pour les pads, pas de step-sequencer notamment. Nous regretterons également amèrement l’absence de boutons de transport – sans même parler des boutons d’enregistrement de session ou de retour à l’automation, innovations centrales de la version 9 de Live. Version à laquelle cet appareil est réservé (puisqu’incompatible avec les versions antérieures…), mais sans tirer aucunement parti de ce qui fait la spécificité de Live 9 par rapport aux versions précédentes du logiciel. En effet, les fonctions proposées par la Mini sont du même ordre que celles de l’APC première du nom (sortie en 2009 et qui fonctionnait sous Live 7…), voire inférieures si l’on considère que cette dernière permettait de se déplacer d’un groupe de clips à l’autre, ce qui est impossible avec la Mini.
Du coup, le principal intérêt de cet appareil réside selon moi dans le fait de pouvoir ajouter, pour pas trop cher, une banque de faders à une configuration APC, Push ou Launchpad déjà existante. Pour les autres utilisateurs, il reste à voir si la présence desdits faders, un système d’affectation de fonctions pas désagréable à utiliser et un bundle logiciel intéressant suffiront à combler les nombreuses lacunes de l’ensemble. Pour moi, c’est non.