L’année dernière, Arturia créait l’évènement en sortant le BeatStep, synthèse quasi parfaite entre un séquenceur hardware et un contrôleur MIDI... et CV ! Le tout vendu pour moins de 100 €, avec 16 pads sensibles à la vélocité et l’aftertouch, et 16 boutons rotatifs crantés librement affectables (en mode control, tout du moins).
Toutefois, dans notre test, nous avions relevé certains manques, comme l’impossibilité de changer d’octave sans passer par le logiciel de configuration, l’impossibilité d’accéder à des valeurs temporelles ternaires pour les pas de séquences, ou encore le manque de précision du réglage de pitch des pas de séquence via les encodeurs.
Aujourd’hui, Arturia fait donc évoluer son appareil vers la version « Pro » en ajoutant un nombre certain de nouvelles fonctionnalités. Le tarif, quant à lui, augmente de 150 % pour tourner aux alentours des 250 € en moyenne en magasin. Alors, cette nouvelle mouture justifie-t-elle cette hausse de tarif ? Les petites erreurs du premier exemplaire ont-elles été corrigées ? Le BeatStep Pro est-il en passe de devenir l’outil de production ultime des beatmakers et programmeurs de séquences en tous genres ? C’est ce que nous allons voir tout de suite, mes chers petits amis !
Visite extérieure
La boîte contient, outre l’appareil lui-même, deux petits guides de démarrage rapide, un cordon USB, deux adaptateurs mini-jack/MIDI DIN, un adaptateur mini-jack/DIN non-MIDI (nous en reparlerons) et un « anti-ground loop adapter », c’est-à-dire un suppresseur de boucle de masse. Excellente idée d’ailleurs, que la présence de cet accessoire. Mais à quoi cela sert-il exactement ? Peut-être avez-vous déjà expérimenté la retransmission dans votre circuit audio d’un souffle souvent accompagné de tous les bruits internes de l’ordinateur (activité du disque dur, de la souris, etc.), retransmission qui s’interrompt en général dès qu’on fait basculer l’ordinateur en mode batterie (pour les portables évidemment) ou bien qu’on éteint les instruments hardware branchés au secteur (avec prise de terre) et connectés en audio à l’ordinateur ? Eh bien, ce petit cordon permet tout simplement d’abolir ce phénomène.
Enfin, nous trouvons également dans la boîte une petite carte plastifiée, format carte de crédit, sur laquelle sont rappelés le numéro de série et le « unlock code » permettant d’enregistrer l’appareil et de télécharger le bundle… Ah non, pas de bundle logiciel, à part bien sûr le soft de configuration, le Midi Control Center, dont nous reparlerons un peu plus bas. L’absence de softs de tierce partie surprend quand même un peu. Cela suppose en tous cas que l’acheteur dispose déjà d’une STAN ou d’un module sonore hardware pour faire fonctionner sa nouvelle acquisition. Dont acte.
En ce qui concerne la machine elle-même, on remarque bien évidemment tout de suite la différence de dimensions d’avec son prédécesseur. Le BeatStep Pro mesure 415 mm de largeur (90 de plus que le BeatStep), 163 mm de profondeur (35 de plus que le BeatStep) et 36 mm de hauteur, boutons inclus (mesure identique avec le BeatStep). Cette augmentation de format va bien sûr de pair avec l’augmentation du nombre de contrôles et de l’offre de connectiques de l’appareil, cette dernière s’avérant particulièrement généreuse. En effet, sur la tranche arrière, nous découvrons pas moins de 19 (oui, 19 !) points de connexions !
Nous avons tout d’abord trois sorties CV pour le séquenceur 1 et trois autres sorties CV pour le séquenceur 2. Eh oui, contrairement au premier BeatStep, la version Pro dispose de deux séquenceurs à vocation généraliste et d’un troisième plutôt destiné à piloter une drum machine. Les sorties CV en question pilotent respectivement les paramètres de hauteur (« pitch »), de vélocité (« velo », on l’aurait deviné) et de déclenchement de note (« gate »). Les huit sorties CV suivantes concernent le séquenceur « drum », et sont prévues pour déclencher les sons d’une drum machine (ou de ce que vous voulez, en fait, simplement qu’étant dénuées de sorties « pitch » ou « vélo » les accompagnant, leur utilisation est a priori plus pertinente avec une drum machine qu’avec un synthé mélodique). Rappelons-nous qu’en comparaison, le BeatStep d’origine n’offrait qu’une seule sortie CV, et dédiée qui plus est au déclenchement de notes (gate).
Le couple de connectiques suivant, appelé « clock in » et « clock out », permet de synchroniser le BeatStep Pro (via le petit adaptateur jack (noir)-DIN non-MIDI) avec des anciens types d’appareils. La synchronisation par prise DIN 5 broches date d’avant l’apparition du MIDI, et les connectiques des deux standards, bien qu’extérieurement identiques, ne sont pas compatibles. De nombreux appareils, bien que compatibles MIDI pour certains, en ont été équipés tout au long des années 80. On y retrouve notamment les célèbres TR, TB et Jupiter-8 de Roland.
Pour terminer cette revue des possibilités de connexions du Beatstep Pro, nous trouvons les traditionnelles MIDI IN/OUT, mais au format mini-jack, d’où l’utilité des adaptateurs fournis avec. En ce qui concerne une STAN et/ou des instruments virtuels, la communication MIDI peut se faire également via la prise USB, qui sert également de source d’alimentation à l’appareil. À noter que la connexion à un ordinateur n’est pas nécessaire, et qu’un chargeur type « smartphone » peut tout aussi bien faire l’affaire pour alimenter le BeatStep Pro… à condition que le câble dudit chargeur soit au format USB micro-B (voir photo) ! Les possesseurs de chargeurs Apple devront investir dans un adaptateur, et ceux qui n’ont pas du tout de tablette ou de smartphone, dans un bloc d’alimentation. Youpi… Et puisque nous parlons de tablette : impossible d’alimenter le BeatStep Pro via l’une d’entre elles, il est trop gourmand pour cela, et ne dispose pas d’un mode « économie d’énergie », contrairement à certains de ses collègues. Mais revenons à la description extérieure de l’appareil.
Accompagnant la débauche de connectiques sus-citées, nous trouvons, ô miracle, un bouton de marche/arrêt ! Comme je l’ai souligné dans le récent test concernant le Launchpad Pro de Novation, cela fait plaisir de voir réapparaître cet item sur nos chers périphériques. Alors bien évidemment, la présence de ce type de bouton sur un appareil destiné à n’être pas exclusivement utilisé avec un ordinateur peut sembler évidente. Mais cela n’empêche pas de souligner le côté agréable de la chose. Enfin, tout au bout de la tranche arrière de l’appareil, nous trouvons la maintenant traditionnelle fente prévue pour une sécurité Kensington.
Mais intéressons-nous maintenant au panneau frontal du Beatstep Pro. Un simple coup d’œil suffit pour voir qu’il a bien évolué depuis le modèle de l’an dernier, même si l’on y retrouve plus qu’un indéniable air de famille. Nous retrouvons bien entendu les 16 pads sensibles à la vélocité et l’aftertouch, toujours aussi agréables à manipuler, ainsi que les 16 boutons rotatifs crantés. Mais, première nouveauté, ceux-ci sont maintenant sensibles au toucher, et la valeur du paramètre qui leur est affecté apparaît maintenant sur un petit écran, situé en haut à gauche de l’appareil. Seconde nouveauté, nous découvrons entre ces deux groupes de contrôleurs une rangée de 16 poussoirs qui permettent d’activer ou désactiver les pas de séquences. Cette fonction n’est donc plus dévolue aux pads précédemment cités, libérant ceux-ci pour le jeu exclusivement. Mais c’est surtout la partie gauche du BeatStep Pro qui a beaucoup évolué par rapport à son prédécesseur.
En effet, le gros bouton permettant d’agir sur le pitch général, le tempo ou le volume d’une séquence a disparu, et les boutons de transports se sont vu adjoindre un bouton d’enregistrement, inexistant sur la version précédente de l’appareil. Le tempo peut être maintenant géré de multiples manières : soit en activant le bouton rotatif « rate/fine », soit via le pad de « tap tempo », lui aussi une nouveauté de la version Pro. À noter que celui-ci peut également servir à activer ou désactiver le métronome, qui utilisera le son de l’instrument réel ou virtuel connecté au canal MIDI 10 du BeatStep Pro. Ceci peut s’avérer gênant lors de la programmation de la ligne de séquence dudit instrument.
En dessous, nous découvrons trois autres nouveaux boutons rotatifs : « Swing », « Randomness » et « Probability », ainsi que des boutons « current track » qui, une fois activés, permettent de n’affecter qu’à une ligne de séquence donnée les paramètres définis. Concernant ces paramètres, si « Swing » est évident, « Randomness » et « Probability » seront traités de manière plus approfondie dans le paragraphe « Le mode séquenceur » de ce test. En dessous, nous trouvons un ruban tactile, dont nous détaillerons également l’utilisation dans les paragraphes « Le mode “control” » et « Le mode “sequencer” ». Enfin, la dernière section permet de définir la longueur de chaque séquence, de choisir le canal MIDI pour chaque ligne de séquence indépendamment, et de définir si les transpositions de hauteur de note ainsi que les changements de présets (voir plus bas) n’affectent qu’une seule séquence ou bien l’ensemble d’entre elles.
Pour terminer, penchons-nous sur la section de commandes située entre la partie « traditionnelle » du BeatStep – composée des encodeurs rotatifs et des pads – et celle que nous venons d’évoquer. Cette nouvelle section centrale est composée de quatre parties distinctes, chacune étant définie par une couleur particulière et concernant l’un des modes du BeatStep Pro, à savoir le « control mode », les deux séquenceurs « généralistes » et le « drum sequencer ». Nous explorerons ces modes plus en détail un peu plus loin dans ce test.
Le principe
Le BeatStep Pro fonctionne, comme son prédécesseur, selon deux modes principaux : le mode « control », pour l’utiliser comme un contrôleur MIDI traditionnel, et le mode « sequenceur », pour s’en servir comme d’un… séquenceur, afin de programmer des séquences. Sauf que là où, avec le BeatStep premier du nom, on ne bénéficiait que d’une seule et unique ligne de séquence, le BeatStep Pro, lui, en propose carrément trois différentes. Comprenez que vous pourrez superposer jusqu’à trois lignes simultanées, chacune pouvant être exécutée par un instrument réel ou virtuel différent, qu’il soit relié en MIDI traditionnel ou via USB, ou encore via CV. En ce qui concerne le MIDI traditionnel, le MIDI OUT ne se fait que via une seule sortie physique. Mais pour peu que vos appareils gèrent le MIDI Through, vous pourrez les chaîner et leur attribuer un canal MIDI différent, afin que chacune des lignes de séquence de votre BeatStep Pro pilote un autre appareil. Sinon, vous avez également la possibilité de brancher un routeur, ou encore de passer, via la prise USB, par une STAN qui redistribuera les messages MIDI aux appareils via une interface MIDI à plusieurs sorties. Pour le pilotage en mode CV, pas de souci, chaque ligne de séquence possède ses sorties physiques dédiées, comme nous l’avons vu dans le paragraphe précédent.
Petit aparté, puisque nous parlons de la communication de l’appareil avec le monde extérieur. Comme son prédécesseur, et comme nous le verrons plus loin, le BeatStep Pro peut être paramétré via le logiciel Midi Control Center (MCC). Toutefois, ce dernier ne reconnaît pas la présence du BeatStep Pro si une STAN tourne en même temps, et ce même si l’on désactive les ports MIDI virtuels du BeatStep Pro et qu’on branche celui-ci en MIDI traditionnel à la STAN (tout en restant branché en USB pour le MCC). La seule solution étant donc d’utiliser le MCC en-dehors de toute connexion avec une STAN. En revanche, le paramétrage du BeatStep Pro via le MCC fonctionne parfaitement avec le MCC branché à un module sonore hardware.
Contrairement à son prédécesseur – le BeatStep « pas Pro », qui ne possédait pas d’entrée MIDI – le BeatStep Pro peut servir de convertisseur MIDI – CV. C’est notamment pratique lorsque l’on souhaite utiliser un synthé ancien dans un réseau MIDI, piloté soit par un clavier maître ou encore une STAN. Il y a toutefois certaines restrictions : si une séquence est en cours d’enregistrement, les informations de pitch bend ne sont plus transmises entre l’entrée MIDI et la sortie CV (mais les hauteurs de note, si). Bien entendu, la « traduction » vers le CV se fait tout aussi bien à partir de la connexion USB. À noter que le BeatStep Pro est capable de transmettre via le control voltage des messages de gate, de vélocité et de hauteur de notes, et ce individuellement pour chacun des deux séquenceurs mélodiques. Fin de l’aparté.
Chaque ligne de séquence peut accueillir 16 patterns individuels, ce qui nous fait un total de 3×16=48 patterns individuels, eux-mêmes sauvegardables au sein de 16 « projects » différents. On arrive donc à un total de 48×16=768 patterns. Ceux-ci peuvent être conservés dans le BeatStep Pro même après son extinction, ou bien être transférés sur un ordinateur via le MCC, qui vous permettra de sauvegarder autant de configurations complètes du contrôleur que vous le souhaitez. Comme vous le voyez, à ce niveau-là, les possibilités sont extrêmement étendues.
Le Control Mode
Ce mode ne se différencie pas beaucoup de celui présent sur le BeatStep d’origine. On a la possibilité d’utiliser les pads et les encodeurs pour envoyer des messages MIDI, de type « note on » / « note off » par défaut (des choix supplémentaires existent en passant par le MMC) pour les pads, et de type « control change » ou « MCU/HUI » pour les encodeurs. Le choix entre les types de messages pour les encodeurs peut se faire directement à partir du panneau frontal et ne nécessite plus un passage par le MCC, ce qui est une nouveauté de la version Pro. À noter que dans ce mode, les boutons de pas de séquence sont désactivés.
J’ai rencontré en ce qui me concerne un bug étrange. En effet, sur la dernière MAJ du firmware 1.2.0.6., les commandes du « control mode » transmettent du MIDI via la prise MIDI OUT, mais pas via l’USB ! À part cela, si l’on ne tient pas compte de ce bug, tout fonctionne bien. Les encodeurs répondent bien, un tour complet s’effectue par une rotation rapide, alors qu’une rotation lente permet une édition fine des paramètres, encore facilitée par le crantage des encodeurs.
Par contre, dans ce mode (et exclusivement dans celui-ci), on ne peut, inexplicablement, toujours pas changer d’octave ou transposer la hauteur des notes que l’on joue à partir du panneau frontal, eh non ! Cette absurdité avait déjà été soulignée dans le précédent test. L’absence de cette fonction dans le mode « control » est d’autant plus étrange qu’elle est présente dans le mode séquenceur, du moins pour deux des lignes de séquences sur trois (pareil : son absence de la ligne de séquence « drum » est tout aussi inexplicable. Bref…).
Le ruban tactile fonctionne différemment selon le mode « control » et le mode « sequencer ». Mais dans tous les cas, il s’avère extrêmement agréable à utiliser. En mode « control », il fonctionne comme un « roller ». Dans ce cas de figure, le ruban permet de répéter la note que l’on est en train de jouer, selon les divisions temporelles prédéfinies, à la manière de roulements de tambour (d’où le nom…). Deux choses importantes sont à souligner. Tout d’abord, bien que les divisions aillent de la noire à la triple croche, on a la possibilité de les jouer en triolet (oui, le BeatStep Pro permet l’utilisation de divisions temporelles ternaires, comme nous le verrons également plus bas concernant le mode « sequencer »). Ensuite, pendant le roulement, on peut faire varier le volume en modulant la pression exercée sur le pad. Ce qui donne lieu à de très intéressantes variations de jeu. Enfin, il est à noter qu’un instrument externe peut servir pour piloter la transposition de hauteur des lignes de séquences du BeatStep Pro.
Le mode séquenceur
Le mode séquenceur reprend lui aussi globalement les fonctionnalités du BeatStep d’origine… sauf que nous avons, comme précisé plus haut, accès non plus à une seule ligne de séquence uniquement, mais trois : « sequencer 1 », « sequencer 2 », prévues pour programmer des lignes mélodiques et/ou de basses, et « drum », prévue pour – je vous le donne en mille – les parties rythmiques.
Concernant les séquenceurs 1 et 2, le rétro-éclairage des pads adopte un modèle rappelant les touches d’un piano sur une octave. Les 8 pads de la rangée inférieure représentent les touches blanches, et 5 pads parmi ceux de la rangée supérieure, les notes noires. Les deux pads à l’extrémité droite de la rangée supérieure permettent la transposition par octave.
Le système de repérage des transpositions d’octaves, sans être révolutionnaire, est tout de même plutôt astucieux : si les deux boutons de transposition sont éteints, la tessiture de la matrice de pads se situe au réglage par défaut, c’est-à-dire entre C3 et C4. Dès que l’un des boutons de transposition d’octave est activé, celui-ci clignote de plus en plus vite en fonction de l’importance de la transposition. En gros, plus on est éloigné, dans un sens comme dans l’autre, de l’octave de référence, et plus le bouton concerné clignote rapidement. La concurrence utilise parfois des modifications d’intensité d’éclairage des équivalents desdits boutons pour signifier l’importance de la transposition. Personnellement, je trouve le système employé par Arturia plus efficace, notamment en conditions de forte luminosité externe, lorsque les différences d’intensités d’éclairage sont moins facilement repérables.
La transposition par demi-tons se fait via les boutons rotatifs. Toutefois, attention ! La transposition par demi-ton ne peut se faire que pour les pas de séquence. Les pads continueront toujours d’envoyer les mêmes messages de notes correspondant à la gamme chromatique de Do à Do (et à l’octave choisie). Comme sur le BeatStep d’origine, on peut définir huit modes selon lesquels la transposition aura lieu : chromatique, majeur, mineur naturel ou mineur harmonique, dorien, myxolydien, blues (pentatonique mineure) et « user » qui permet d’utiliser une gamme préalablement définie dans le MCC. À propos du MCC, il est également possible de définir un accordage par défaut pour chaque pattern de chaque ligne de séquence. Pour en revenir aux encodeurs rotatifs, ils permettent également, toujours pour chaque pas de chaque pattern de chaque ligne de séquence individuellement, de régler la vélocité ou bien encore la durée de note (fonction « gate »). Ces trois paramètres – pitch, vélocité et durée de note – peuvent également être modifiés en maintenant un pas de séquence enfoncé tout en appuyant sur un pad précis avec la vélocité et la durée souhaitée. Enfin, ces paramètres sont automatiquement captés dès que vous enregistrez une séquence en jouant « live ».
Sur l’appareil, on peut sauvegarder, comme nous l’avons vu dans le paragraphe « Le Principe », 16 patterns pour chacune des lignes. On peut rappeler ces patterns individuellement soit via la combinaison de touches de sélection de ligne de séquence et le bouton de pas de séquence qui correspond au numéro de pattern souhaité, soit via les petites flèches directionnelles présentes pour chaque ligne. Cette dernière méthode est particulièrement pratique pour changer rapidement le pattern d’une ligne pendant que l’on en programme une autre ou bien que l’on pilote l’instrument connecté à cette autre ligne. À propos de jeu, il est important de noter la chose suivante. Bien que les pads, dans les trois modes de séquenceurs, fonctionnent de manière polyphonique, les lignes de séquences pour les séquenceurs 1 et 2 seront monodiques. Seule la ligne correspondant au séquenceur « drum » permettra de superposer plusieurs sons sur un même pas de séquence, en fonction évidemment des capacités polyphoniques du module réel ou virtuel de destination. Toutefois, concernant les séquenceurs 1 et 2, et là aussi en fonction des capacités polyphoniques du module de destination, vous pourrez tout à fait plaquer des accords manuellement pendant que le séquenceur lit une séquence monodique préalablement programmée ou enregistrée.
Puisqu’on en parle, l’enregistrement d’une séquence peut se faire en jouant ladite séquence sur les pads (ou sur un contrôleur-maître externe connecté au BeatStep Pro !) pendant le défilement des pas de séquence sur les boutons dédiés. Une note longue sera traduite par l’allumage de plusieurs pas de séquence consécutifs. À la relecture de la séquence, cette suite de pas de séquence sera bien lue comme une seule note longue. Toutefois, on peut « interrompre » cette note longue par l’extinction d’un ou plusieurs pas de séquences intermédiaires. Le prochain pas allumé relancera la note. Si on rallume tous les pas, la note longue sera lue avec sa durée d’origine. Par exemple, admettons qu’on enregistre une note qui dure l’ensemble d’une séquence de 16 pas. À la lecture, on désactive les pas 7 et 8, la note est donc interrompue sur ces deux pas, mais relancée au pas 9. Si l’on réactive les pas 7 et 8, la note est à nouveau maintenue sur toute la durée de la séquence comme à l’origine. Très très bon point !
Et cela va même au-delà. On peut en effet créer des notes longues sans avoir à les jouer ou bien on peut lier des pas de séquence entre eux. Il suffit pour cela de maintenir enfoncés simultanément les pas situés aux deux extrémités temporelles de la note longue que l’on souhaite créer. Cela ne fonctionne évidemment que dans la limite d’un groupe de 16 pas, on ne peut pas définir de pas final en dehors du groupe du pas de début de la note, ce qui est somme toute assez logique, et suffisant dans bien des cas.
Enfin, signalons une nouveauté de taille par rapport à l’ancienne version du BeatStep, déjà évoquée plus haut dans ce test : on peut maintenant accéder à des valeurs ternaires pour définir les pas de séquence, ce qui est une grande avancée. Là aussi, chaque pattern de chaque ligne de séquence pourra bénéficier de son propre réglage (binaire ou ternaire), tout comme pour le sens de lecture qui pourra être à l’endroit, à l’envers, ou bien encore faire des allers-retours.
En plus des paramètres sus-cités, chacune des lignes de séquence peut bénéficier, comme je l’ai déjà annoncé plus haut, d’un réglage individuel (mais valable ici pour l’ensemble de ses patterns) de swing, de « randomness » et de « probability ». Les deux derniers paramètres définissent la part de hasard à introduire dans les séquences. « Randomness » va déterminer quel sera le niveau de hasard introduit, et « probability » le nombre de fois où ce hasard interviendra dans la lecture de la séquence concernée. Il est à noter que la progression de la valeur de ces paramètres entraînera peu à peu la modification de l’ordre de lecture des pas, puis du schéma rythmique, puis de la vélocité de chaque pas et enfin de leur durée.
Si chacune des lignes de séquenceur est indépendante des autres, on pourra toutefois définir que les transpositions d’octave et les changements de patterns soient communs… ou non. On pourra également définir un canal MIDI spécifique pour chacune d’entre elles. Le ruban tactile, qui servait dans le mode « control » à définir la vitesse de répétition d’une note jouée, servira ici à répéter, au choix, le dernier temps, demi-temps, quart ou huitième de temps de l’ensemble des trois séquences simultanément. Il est à noter que son utilisation ne perturbe pas la structure rythmique de la séquence. Je m’explique. Si vous actionnez le ruban dans le but d’obtenir par exemple un effet de répétition sur le premier temps de votre séquence, et que vous relâchez ledit ruban au bout de deux temps, votre séquence va bien continuer sur le quatrième temps de votre séquence. La structure rythmique de votre morceau n’en sera alors pas modifiée. Pour finir, on peut dire que l’indépendance de chaque pattern de chaque ligne de séquence par rapport aux autres autorise un très grand nombre de combinaisons rythmiques et mélodiques.
Le MIDI Control Center
Pour ceux qui l’ignorent, le MCC est un logiciel qui réunit au sein d’une seule et même interface les pages de paramétrage de tous les produits hardware d’Arturia. Vous trouverez la description des principales fonctions de ce logiciel dans le test concernant le BeatStep.
Toutefois, de nombreuses nouveautés font, ici aussi, leur apparition. La plus importante concerne l’éditeur de séquences dans le MCC qui a fortement évolué par rapport à celui du BeatStep d’origine. En effet, à la place de l’affichage façon partition, nous avons maintenant accès à un piano roll pour fabriquer nos patterns à la souris, ou simplement déjà représenter celles créées sur le BeatStep Pro et transférées sur l’ordinateur. Ce piano roll nous fait regretter qu’on ne puisse pas exporter lesdites séquences au format MIDI vers une STAN, ou à l’inverse en importer.
Cela dit, il suffit pour cela de connecter le BeatStep Pro à une STAN et de faire jouer une séquence pour que celle-ci soit enregistrée sur une piste MIDI. À l’inverse, une piste MIDI peut être envoyée vers le BeatStep Pro pour que celui-ci l’enregistre comme une séquence. Donc, ce n’est pas un bien grand défaut du MCC que celui-ci ne permette pas la conversion des séquences en pistes MIDI et vice-versa. Mais bon, on devient exigeant avec le temps !
Le fait que le BeatStep Pro soit en mesure non seulement d’émettre, mais également de recevoir des données MIDI a affecté également les fonctionnalités du MCC. On peut par exemple affecter dorénavant, pour chacune des lignes de séquences, un canal de réception MIDI distinct (ou non) du canal d’émission.
Pareil pour le canal de transposition. D’ailleurs, puisque l’on parle de transposition, celle-ci peut-être de type momentané ou bien définitif. On peut également régler de manière beaucoup plus fine qu’avec le BeatStep le comportement des sorties CV et gate.
La synchronisation d’horloge est elle aussi paramétrable de manière plus poussée, avec notamment la possibilité de définir le type de messages utilisés (« 1 step », « 24 ppq » ou « 48 ppq »), mais également une option d’« autosync » autorisant le BeatStep Pro à basculer automatiquement de son horloge interne à une horloge externe à réception de messages extérieurs, et retour. On peut aussi choisir un tempo général qui prendra le pas sur le tempo individuel de chaque projet. On peut aussi définir si le chargement d’un nouveau projet interrompt immédiatement le projet en cours de lecture sur le BeatStep Pro, ou bien si le nouveau projet doit attendre la fin de l’exécution du précédent. Les touches de transport peuvent émettre sur des canaux MIDI différents si besoin est.
Les notes envoyées par les pads du séquenceur drum peuvent être redéfinies, ainsi que, comme précisé plus haut et comme pour le BeatStep d’origine, la gamme « user ». On perd malheureusement l’affichage façon « portée musicale » de ce même paramétrage dans l’écran du MCC concernant le BeatStep d’origine.
Conclusion
Bon, on ne va pas y aller par quatre chemins. On avait déjà beaucoup apprécié le BeatStep premier du nom, et là, Arturia nous gâte avec cette mouture plus évoluée, qui voit notamment les lignes de séquence se multiplier, ainsi que les possibilités de connexions physiques atteindre le pléthorique. Le fait que l’on ait également gagné une entrée MIDI rend l’appareil en plus synchronisable à une source externe, ou bien encore utilisable en tant que convertisseur MIDI-CV, par exemple. On appréciera également le fait que les boutons rotatifs ne soient plus l’unique moyen de modifier le pitch de chaque pad (c’était un peu une plaie, tout de même) et d’avoir accès à de véritables possibilités de jeu. Mais c’est justement là que l’on regrette l’absence totalement incompréhensible de boutons de transposition d’octave pour le mode « control » et le séquenceur « drum ». Qu’a-t-il pris aux développeurs ? Peut-être peut-on espérer qu’une future mise à jour du firmware vienne améliorer cela. Sans compter que ledit mode « control » ne se trouve pas encore totalement dépourvu de bugs. Mais ces petits soucis ne ternissent que peu l’excellente impression que nous procure cet appareil, qui dépasse encore en polyvalence le BeatStep premier du nom, pourtant déjà une référence dans le domaine.
Tarif généralement constaté : 249 €