Comme vous le savez, Novation nous a gratifié cet automne d’une refonte complète de sa gamme de contrôleurs dédiés à Ableton Live. Après le Launchpad X et le Launchkey Mini Mk3, c’est aujourd’hui le Launchpad Mini Mk 3 qui fait l’objet de toute notre attention !
Le Launchpad Mini a depuis son lancement en 2014 toujours été très apprécié en tant que version réduite et pourtant fonctionnelle de son grand frère le Launchpad. Vendu aujourd’hui toujours au même tarif que ses prédécesseurs, soit aux alentours de 99 €, il est accompagné de la même suite logicielle que les Launchpad X et Launchkey Mini que nous avons également testés ici et là. Je vous invite d’ailleurs à consulter les articles en question en plus de celui-ci pour bénéficier d’une vue d’ensemble, notamment en ce qui concerne le logiciel de paramétrage « Components » commun à tous les appareils les plus récents de la marque anglaise.
Pour ce qui est du présent banc d’essai, je vous invite à nous y consacrer de ce pas.
Le tour du padriétaire
Le Launchpad Mini Mk3 se présente sous la forme d’un carré de 180 × 180 × 14, 2 mm et 380 g. Si nous retrouvons la traditionnelle grille de 8×8 pads, elle n’est cette fois-ci sensible ni à la vélocité et encore moins à l’aftertouch. Les LED qui la rétro-éclairent sont maintenant en revanche RVB et reprennent les couleurs des clips de la matrice de mode « Session » d’Ableton Live. Comme sur tous les Launchpad, on trouve au-dessus les boutons d’accès et de navigation au sein de la matrice de clips, ainsi que les boutons d’activation des différents modes de jeu du Launchpad Mini. La colonne de boutons à droite permet le lancement de scènes et l’accès aux fonctions de coupure et de mise en solo des pistes ainsi que d’extinction des clips.
La tranche supérieure de l’appareil regroupe comme pour le Launchpad X une prise USB C et une encoche de sécurité Kensington. Enfin, toujours dans la droite ligne de la nouvelle gamme de produits de Novation, la face inférieure présente un ruban caoutchouté qui en fait tout le tour et assure une parfaite adhérence du Launchpad Mini sur toute surface qui lui servira de support.
On notera que la qualité de fabrication est au rendez-vous, comme souvent chez Novation, et que les nouveaux pads sont particulièrement agréables au toucher.
Padamétrage 1
Pour rester dans les points communs avec ses petits camarades, le Launchpad Mini Mk3 est reconnu dès la connexion à votre ordinateur comme une unité de stockage externe contenant les liens html nécessaires à l’enregistrement du produit. Une fois cette étape franchie, vous pouvez configurer les fonctions de base de l’appareil à l’image du Launchpad X grâce à deux modes dédiés: le mode « Bootloader » et le mode « Settings ». Le premier est identique à celui du Launchpad X et le second reprend uniquement l’écran consacré à la gestion de la luminosité des pads, le Launchpad Mini étant toujours démuni d’une quelconque sensibilité à la vélocité et à l’aftertouch tout comme ses prédécesseurs. Une fois l’appareil configuré selon vos désirs, l’heure du jeu est arrivée !
Jeux de pads
À l’instar de l’ensemble de la famille « Launchpad », le mode de jeu principal du Mini Mk3 est le mode « Session ». Ici aussi, on peut se déplacer au sein de la matrice de clips et activer ceux-ci individuellement grâce aux pads ou par scènes entières (les rangées de clips) via la colonne de boutons à la droite de l’appareil. Mais ici et à la différence des autres Launchpad, le dernier bouton de la colonne ne remplit pas la même fonction que ses petits camarades. Il ne sert en effet plus à lancer de scène mais c’est grâce à lui que l’on activera ou désactivera les pistes, les mettra en solo ou commandera l’extinction des clips individuels.
Après le mode « Session » nous en découvrons trois autres respectivement dénommés « Drums », « Keys » et « User ». Les deux premiers sont identiques à ceux que l’on peut trouver sur le Launchpad X. Drums nous offre ainsi une division de la surface de jeu en quatre sous-ensembles reprenant chacun le layout habituel de 16 pads façon MPC. Le mode « Keys » quant à lui nous offre quatre octaves de gamme chromatique.
Enfin, le mode « User » est une version du mode « Drums » dans laquelle les pads sont éteints par défaut autorisant par là-même la création de séquences lumineuses. Seul le dernier mode porte la dénomination « User », mais ne nous leurrons pas : « Drums » et « Keys » peuvent tout autant que lui être modifiés ou remplacés par des templates personnels et ce n’est pas un hasard si ces trois modes ont été regroupés sous la dénomination générale « Custom ». Le paramétrage se fait comme pour tous les autres produits Novation de ces quatre dernières années via le logiciel Components.
Padamétrage 2
Nous avons déjà plusieurs fois évoqué ce logiciel mais je tiens à revenir dessus dans le cadre du présent test afin d’en re-souligner certaines caractéristiques mais également d’apporter des informations complémentaires.
Nous retrouvons ici les trois modes d’usine « Drums », « Keys » et « User ». S’ils subissent des modifications, ils devront être sauvegardés sous un autre nom ce qui vous assure qu’aucun template d’origine ne pourra être définitivement écrasé ou effacé. Les modifications s’effectuent de manière très simple en faisant glisser des éléments sur une représentation virtuelle de l’appareil hardware concerné. Ces éléments sont appelés « Widgets » et peuvent être des faders virtuels horizontaux ou verticaux, des boutons individuels de control change, de program change ou bien des notes individuelles, des gammes ou encore un layout « MPC », chacun étant bien entendu paramétrable. Pour vous donner un exemple, je me suis constitué un petit template regroupant des boutons envoyant des messages de control change que j’ai ensuite associé aux principales fonctions de transport et d’enregistrement ainsi qu’à celles de gestion du tempo et du métronome. Les templates ainsi créés peuvent être échangés entre le Launchpad Mini Mk 3 et le Launchpad X. Mais si l’on apprécie les possibilités offertes par le paramétrage des fonctionnalités du Launchpad Mini 3e du nom, force est de constater que ce système comporte des failles importantes et que ces dernières rendent d’autant plus incompréhensibles certains choix de Novation sur lesquels nous allons nous pencher maintenant.
Padatras
Cela devient une habitude depuis que nous testons la dernière série de produits de chez Novation : c’est autour de Components que vont s’articuler les reproches concernant l’objet du test, en l’occurrence le Launchpad Mini Mk3. Nous pourrons commencer par regretter que nous ne puissions pas associer de commande textuelle aux pads. Nous aurions pu ainsi par exemple configurer une fonction de sauvegarde, ou plus simplement même une fonction de quantification qui aurait tout à fait trouvé sa place dans mon petit template personnel de transport et d’enregistrement décrit dans le paragraphe précédent. Tant pis. On regrettera également le manque de simplicité dans l’échange de templates entre le Launchpad Mini Mk3 et le Launchpad X, la procédure étant particulièrement lourde. On répétera ici notre déception déjà affirmée lors du test du Launchpad X de ne pas trouver de templates prévus pour le pilotage d’autres STAN à matrices de clips qu’Ableton Live telles que FL Studio ou Bitwig, faille que nous avions déjà relevée lors du test concernant le Launchpad X et qui nous semble d’autant plus incompréhensible que les précédents contrôleurs à pads de Novation ont représenté pour les utilisateurs de ces STAN une excellente alternative au duo Push/Live. Je suis également toujours aussi perplexe devant l’abandon de la compatibilité avec le module Max4Live de step-sequencing développé par Novation eux-mêmes et j’espère que Novation trouvera le moyen de remédier assez rapidement à ces manques.
Mais il me faut à présent vous faire part de ce qui m’a le plus embarrassé dans ma relation avec le Launchpad, et j’introduirai cette partie par trois constatations préliminaires qui pourraient apparaître relativement anodines au premier abord : les faders virtuels ne sont pas dimensionnables, le nombre de modes customisables est limité à trois précités et l’ensemble des commandes n’est pas dynamiquement affectable en fonction des pistes affichées sur la matrice de clips.
Et quelles sont les conséquences de ces trois limitations ? Elles empêchent tout simplement de compenser efficacement ce qui est pour moi le choix le plus inexplicable de Novation concernant le Launchpad Mini Mk3 : l’abandon pur et simple des fonctions de mixage ! Oui, vous avez bien lu, le Mini Mk3 ne permet plus du tout de contrôler les gains, les panoramiques et les envois auxiliaires comme par le passé ! Si lesdites fonctions se sont toujours trouvées limitées sur les premiers modèles de Launchpad et la série « mini » du fait de l’absence de sensibilité de leurs pads à la vélocité, elles n’en étaient pas moins appréciées des performers auxquels elles offraient un regain d’expressivité. Et c’est là que les limitations de paramétrage se font particulièrement sensibles. Car le fait de ne pouvoir redimensionner les faders empêche de réunir le contrôle du volume, du panoramique et des envois auxiliaires sur le seul mode « User », et la limitation à trois modes customisables oblige alors à se passer du mode « Keys », du mode « Drums » ou bien des deux à la fois. Enfin, le manque d’affectation dynamique bloquera chacun de vos contrôles à une seule piste ou un seul paramètre (pour un maximum de huit), quel que soit l’ensemble de pistes affiché sur votre matrice de pads.
Et pour couronner le tout, Novation se permet en plus de supprimer en toute tranquilité la fonction d’armement des pistes, suppression elle aussi compensable que partiellement et selon les mêmes contraintes citées précédemment.
Mais qu’est-il passé par la tête des concepteurs anglais ? Ces deux suppressions sont absolument absurdes et font à mon sens perdre une grande part de l’intérêt que l’on peut porter au produit, pourtant vendu au même prix que son prédécesseur… et que le Launchkey Mini 3 qui quant à lui regorge de fonctionnalités en comparaison ! Ces modifications auraient peut-être pu faire sens si les concepteurs du Launchpad Mini Mk3 avaient souhaité faire de leur appareil un pur outil de gestion de matrice de clips, mais il aurait fallu dans ce cas-là le doter au moins d’une fonctionnalité de copie et suppression de clips et de pistes, désespérément absente de toute cette nouvelle gamme de produits.
Conclusion
Alors au final, que penser de cette dernière itération en date du Launchpad mini ? J’avoue qu’elle me laisse perplexe à bien des égards. Je ne comprends notamment pas le choix de Novation d’abandonner la fonction d’armement des pistes ainsi que toutes les fonctions de mixage, qui malgré leurs limitations apportaient un supplément d’expressivité toujours bienvenu. On pourrait certes imaginer que ces suppressions visent à dédier l’appareil exclusivement à la pure gestion de matrice de clips, ce qui nous fait d’autant plus regretter que Novation n’aille pas au bout du concept en proposant enfin la copie et suppression de clips et pistes. Certes, le mini Mk3 gagne sur ses prédécesseurs la possibilité de bénéficier de templates configurables, mais ces derniers ne compensent que très partiellement les fonctionnalités supprimées. Enfin, on ne comprend pas que ce produit soit vendu au même prix que le Launchkey Mini qui le ridiculise en termes de possibilités. Dans l’état actuel des choses, je ne peux donc pas du tout conseiller l’achat de ce produit et vous inviterais plutôt à vous procurer un Launchpad Mini Mk2 d’occasion. À moins bien entendu que Novation se réveille et propose des mises à jour de firmware et des templates d’usine à même de redonner au Launchpad Mini Mk3 l’intérêt fonctionnel qui lui fait actuellement défaut !