Dès sa présentation au Summer NAMM 2013, la pédale de delay Echolution 2 de Pigtronix m’a fait de l’œil. À sa sortie en janvier dernier, je rêvais déjà de mettre la main dessus afin de réaliser un test. Vous imaginez donc ma joie lorsque la rédaction d’Audiofanzine m’a donné son feu vert !
Mais il a encore fallu attendre six mois pour que la belle pointe le bout de son nez sur le pas de ma porte… la veille de mon départ en congés… Je n’avais qu’une malheureuse paire d’heures pour faire mumuse, juste de quoi me frustrer avant le décollage. Heureusement, une fois arrivé à Koh Samui — petit bout de paradis sur terre du sud de la Thaïlande — ma frustration s’est bien vite évanouie !
Bref, me voilà de retour un mois plus tard et pour la rentrée, j’ai enfin eu droit à une semaine de tête-à-tête avec l’Echolution 2 Deluxe. Avouez qu’il y a pire ! C’est donc plus bronzé que jamais et avec un grand sourire aux lèvres que je m’en vais vous narrer le dénouement de cette histoire rocambolesque, et ce, sans aucun délai, mais toujours avec des jeux de mots rances…
Tour de…
L’Echolution 2 de Pigtronix est une pédale de delay stéréo utilisant un circuit hybride mariant analogique en classe A et traitement DSP, avec quelques options pas piquées des vers. Le modèle testé est la version « Deluxe », ce qui ne fait aucune différence d’un point de vue sonore. En revanche, ce modèle offre un accès à la plupart des paramètres directement depuis la pédale via des boutons supplémentaires, avec en sus des indicateurs lumineux fort bienvenus, alors qu’avec la version « de base », il faudra obligatoirement passer par le logiciel d’édition dont je vous reparlerai plus tard.
Livrée avec un câble d’alimentation, un câble USB afin de communiquer avec l’éditeur logiciel et un manuel papier (en anglais), l’Echolution 2 affiche des dimensions classiques pour une pédale offrant deux switchs (145 × 120 × 38 mm). Niveau construction, l’ensemble inspire immédiatement confiance : le châssis et les switchs semblent des plus robustes, les potards et autres boutons ne souffrent d’aucun jeu, et en ce qui concerne les connecteurs, on ne saurait faire plus sérieux tant ils sont renforcés.
En parlant de connectique, la bestiole est particulièrement fournie à ce niveau-là avec sur les côtés droit et gauche les deux entrées et les deux sorties sur jack 6.35 mm, le connecteur USB sur la tranche avant, et enfin, sur la tranche arrière, le connecteur pour l’alimentation 18 Volts, les prises MIDI In/Out, et les entrées pour une pédale d’expression et une pédale Remote optionnelles. Notez que l’Echolution 2 accepte aussi bien les niveaux instruments que les niveaux ligne, ce qui permet de non seulement l’utiliser avec une guitare, mais également de l’intégrer en tant que traitement externe à votre DAW en la reliant à votre carte son, voire de l’accoupler à une table de mixage en situation « Live ». Merci Pigtronix !
Enfin, sachez que la sérigraphie de l’engin est on ne peut plus claire et que les retours visuels de cette version Deluxe sont amplement suffisants pour savoir à tout moment où l’on en est.
Ce tour d’horizon extérieur étant bouclé, voyons ce que la bête a dans le ventre…
Tout est bon dans le…
Comme tout bon delay qui se respecte, l’Echolution 2 Deluxe propose tout d’abord un réglage du temps de delay, de 10 ms à 12 secondes. Ce réglage s’effectue soit manuellement via le potard « Time », soit grâce au switch de Tap Tempo, soit via MIDI. La pédale de Pigtronix utilise une ligne de retard stéréo pilotée par une horloge variable 24-bit, jargon fort complexe pour simplement dire que malgré le cœur numérique, les échos générés sonnent diablement vivants. Pour agrémenter le tout, l’Echolution 2 offre la possibilité d’utiliser des subdivisions de ce délai principal pour créer des patterns multitap polyrythmiques. Les subdivisions disponibles sont : 1, 3/4, 2/3, 1/2, et l’étrange « PHI » correspondant environ à un coefficient de 0.382 et soi-disant basé sur le nombre d’or… Je ne me suis pas amusé à vérifier la chose, le simple fait de l’essayer a suffi à me convaincre. Ces possibilités de multitap couplées à l’option Ping-Pong font vraiment des merveilles à elles seules. Et l’engin ne s’arrête pas en si bon chemin. Le mode « Halo » permet à l’écho de passer à l’octave supérieure à chaque répétition. Cette fonction pour le moins inhabituelle offre des perspectives de Sound Design très intéressantes.
Le potentiomètre « Repeats » gère le niveau de réinjection du signal dans la ligne de retard (Feedback). En le poussant à fond, le delay partira en auto-oscillation du plus bel effet. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, le potard « Mix » ne règle pas la balance entre le signal source et le signal retardé, il s’occupe uniquement du volume de l’écho. La section LFO propose pas moins de 8 formes d’ondes afin de moduler les positions de la tête d’écriture et de la tête de lecture de la ligne de retard. Les potentiomètres « Speed » et « Depth » ajustent respectivement la vitesse et la profondeur de la modulation qui peut s’effectuer librement ou en synchro avec le delay.
Passons maintenant à la section des filtres qui vaut son pesant de cacahuètes ! En effet, Pigtronix a pourvu la belle de filtres analogiques et d’étages de saturation non linéaire pour triturer le signal retardé : « Low Pass » afin de filtrer les aigus, « Tape » reproduisant le son vintage des delays à bandes, « Comb » pour un filtrage en peigne, et « Sweep » pour un balayage fréquentiel. Il est possible de combiner le filtre « Sweep » avec n’importe quel autre filtre et l’option « Crush » ajoute un bit crusher en fin de chaîne pour ravager le son. À noter que les filtres « Comb » et « Sweep » sont modulés par le LFO. L’ensemble offre des résultats plus que convaincants. Et la cerise sur le gâteau, c’est qu’il est possible de désactiver le delay pour n’utiliser que cette section de filtre et obtenir des effets bien chelous !
En ce qui concerne le comportement de la pédale à proprement parler, l’Echolution 2 propose pas mal d’options. Tout d’abord « Trails » qui permet à l’écho de ne pas couper net lors de la désactivation de l’effet, ce qui rendra les transitions plus douces. L’option « Listen » enregistre tout de même le signal retardé (mais ne le diffuse pas) lorsque l’effet n’est pas engagé. « Dry Kill » coupe le signal source pour ne reproduire que le signal traité par la pédale. « Reverse », comme son nom l’indique, joue l’écho à l’envers. Et enfin, « Duck » sous-mixe le signal retardé lorsque l’on joue et remonte ce dernier lorsque l’on ne joue plus, ce qui permet d’avoir une meilleure distinction entre la ligne de guitare originale et son écho. Bref, il y a largement de quoi faire face à n’importe quelle situation.
L’avantage du numérique, c’est la faculté d’enregistrer et de rappeler simplement des réglages. L’Echolution 2 dispose de 60 emplacements mémoire. Les présets d’usine sont extrêmement bien conçus et donnent un bien bel aperçu des possibilités sonores de la bête. Il est bien entendu possible d’enregistrer vos propres présets. Pour passer d’un préset à un autre, il y a plusieurs possibilités : soit via le potard idoine, soit via un appui long sur le switch de Tap Tempo, soit via la pédale de télécommande optionnelle (Remote), soit via un pédalier MIDI externe. Rien à signaler de plus de ce côté-ci, c’est fonctionnel, point barre.
Bien, tout ceci est déjà pas mal, mais Pigtronix en a mis encore un peu plus sous le capot ! En effet, l’Echolution 2 dispose de quelques gâteries supplémentaires. Tout d’abord un suiveur d’enveloppe assignable à n’importe quel paramètre afin de rendre la réponse à votre jeu encore plus vivante. Les réglages de la sensibilité et du relâchement de ce dernier se font grâce au logiciel d’édition. D’autre part, il est possible de piloter n’importe quel réglage des potards via une pédale d’expression optionnelle. L’autre pédale optionnelle, la Remote, permet de se balader entre les présets et offre en plus deux autres fonctions bien planantes, un « Freeze » qui boucle le contenu de la ligne de retard, ainsi qu’une fonction « Jump » qui active momentanément l’équivalent du mode « Halo » et envoie donc balader l’écho à l’octave supérieure. Bien entendu, l’ensemble peut également se piloter via un pédalier MIDI externe. Et je dois avouer que la gestion de toutes ces fonctions en temps réel au moyen de mon bon vieux pédalier MIDI MFC10 et de sa pédale d’expression fut une expérience orgasmique ! C’est ainsi que l’engin dévoile tout son potentiel sonore, du classique delay à bande aux échos les plus fous à grand coup de modulation, un vrai régal !
Caractère de…
Comme je vous l’ai déjà dit, Pigtronix fournit un éditeur logiciel afin de faciliter le paramétrage de l’Echolution 2, de gérer les présets et d’effectuer les mises à jour du firmware de la pédale. Disponible pour Mac et PC, ce dernier reprend le design de la pédale avec en sus la liste des présets sur le côté gauche de l’interface, des boutons pour les fonctions « Freeze » et « Jump », l’affichage du temps de retard en BPM ainsi qu’en millisecondes, et pour finir, les « Advanced Options » qui permettent de gérer l’assignation de la pédale d’expression, du suiveur d’enveloppe, leurs sensibilités et temps de relâchement respectifs, mais également ceux du mode « Duck ». Il est possible de sauvegarder et/ou charger tout ou partie des présets, de les renommer, de triturer leurs réglages et de se balader de l’un à l’autre d’un simple clic de souris, la communication USB transférant tout changement sans latence notable… Lorsque tout marche bien… En effet, si l’idée de cet éditeur est tout à fait louable, la réalisation, quant à elle, laisse malheureusement à désirer. Lors de mes différents tests, j’ai eu à maintes reprises droit à des décrochages intempestifs de la communication entre le soft et la pédale. La seule solution dans ces cas-là fut de quitter le logiciel, éteindre la pédale, et tout reprendre du début puisque, bien entendu, mes dernières modifications n’avaient pas été enregistrées. C’est vraiment dommage. Espérons que ces problèmes de décrochages seront réglés lors d’une prochaine mise à jour.
À ce propos, la dernière mise à jour en date a apporté pas mal de nouveautés, dont une en particulier que je n’ai pas encore citée : le « Blend Presets ». Comme son nom l’indique, il s’agit d’une fonction permettant de choisir au sein de l’éditeur logiciel deux présets afin de les mélanger, et l’on peut doser ce mélange grâce à la pédale d’expression. Le résultat est bluffant !
Un dernier mot concernant cet éditeur avant de passer aux exemples sonores, je trouve dommage que son fonctionnement ne soit documenté nulle part. Même s’il ne faut pas un BAC +12 pour comprendre le pourquoi du comment, j’avoue qu’une page ou deux dans le manuel m’aurait économisé quelques minutes lors de ma première utilisation.
De l’art ou du…
Tout ce blabla est bien beau, mais pour juger la bestiole, rien ne vaut un peu d’audio ! Pour information, les extraits qui suivent ont été réalisés en connectant l’Echolution 2 Deluxe à ma carte son et en y injectant par ce biais des parties de guitare que j’avais réalisées lors de mes précédents tests pour AF.
Commençons par un petit riff avec retard coefficient 1/2 par rapport au tempo, l’émulation « Tape » et le LFO en « Super Random ».
Le résultat est sympa, mais l’écho prend un peu trop de place. Pour corriger cela, je passe en mode « Duck » et hop ! le tour est joué. Bon, ok, à la fin je me suis un peu amusé avec les fonctions « Freeze » et « Jump » qui sont fortement addictives.
Continuons avec un arpège. J’ai d’abord utilisé un simple Delay avec un filtre Low-Pass, classique et efficace avec tout de même quelques coups de « Jump ». Puis je me suis dit qu’en mode « Reverse » avec l’option « Dry Kill » ça pourrait être planant. Enfin, toujours avec l’écho à l’envers, j’ai coupé le « Dry Kill » et fait joujou en temps réel avec les niveaux « Mix », « Repeat », « Speed » et « Depth » tout en passant parfois en mode « Halo ». Belle palette sonore, n’est-ce pas ? Notez au passage que sur l’exemple 4, il y a une bonne grosse rotation de phase… Si vous basculez l’écoute en mono, le son disparaît presque intégralement ! Mais rassurez-vous, cela n’est pas vraiment la faute de la pédale, c’est juste votre serviteur qui a laissé activé par mégarde l’option ping-pong avec des temps de retard extrêmement court. Mea culpa pour cette belle boulette, mon cerveau devait encore être en Thaïlande au moment des faits !
- 03 Arp Simply Jump 00:43
- 04 Arp Rev 00:42
- 05 Arp Auto 02:11
L’exemple suivant utilise une ligne tout à fait banale en soit, mais qui prend tout son sens avec un delay de type ping-pong. Le premier extrait ne présente que l’effet ping-pong avec des coefficients de 2/3 et 1/2. Le deuxième présente en plus le filtre « Sweep » avec un LFO en « Super SAW » synchronisé au retard. Le troisième rajoute le filtre « Comb ». Et enfin, le dernier mélange l’émulation « Tape » avec le filtre « Sweep », une bonne dose de « Freeze » et une touche de « Jump ».
- 06 Pink Pong 01 00:34
- 07 Pink Pong 02 00:34
- 08 Pink Pong 03 00:32
- 09 Pink Pong 04 00:41
Voici maintenant un extrait proposant un tour d’horizon des présets d’usine les plus tordus…
L’utilisation de l’Echolution 2 en guise d’effet externe pour mon séquenceur audio était tellement fun que je n’ai pas résisté à l’envie de l’utiliser avec autre chose que des sons de guitare. Voici donc une boucle de batterie dont la caisse claire passe au travers de l’engin pendant que j’en triture les réglages.
Pour finir, j’ai même poussé le bouchon en utilisant ce beau joujou sur ma voix. Le résultat n’est pas déplaisant, ne trouvez-vous pas ?
- 12 Vox 01 00:22
- 13 Vox 02 00:27
Copain comme…
Si l’on met de côté les bugs de l’éditeur logiciel, cette Echolution 2 Deluxe (439€ prix fabricant) est vraiment une belle machine à sons. Ses fonctionnalités hors du commun et ses qualités sonores indéniables ouvrent le champ des possibles et invitent à l’expérimentation. Pigtronix livre ici une pédale diablement inspirante ! Attention cependant, l’utilisation de pédales de contrôle externes est fortement conseillée afin d’en tirer le maximum.