Depuis l’annonce de la sortie du delay de chez Thrilltone, l’envie m’a pris d’essayer cette pédale Made in France. Ayant eu la chance de rencontrer le fondateur de la marque, Pierre-Benoît, sur son joli stand au Paris Guitar Festival, j’en ai profité pour récupérer la Northern Lights, un delay qui en a sous le capot. Voyons ensemble ce qui constitue son originalité.
Cocorico co, co, co co ….
La pédale de delay Northern Lights du fabricant français Thrilltone est directement inspirée des chambres d’écho à bande magnétique des années 60 et 70. On connaît tous le charme fou de ces vieilles bécanes, certes parfois capricieuses, mais terriblement attachantes, et dont le prix s’est littéralement envolé au cours des 20 dernières années. La marque a donc eu l’idée, comme beaucoup d’autres avant elle, de créer une pédale de delay dont les sonorités rappellent en théorie celles de ces delays à bande. Dans cette optique, la pédale utilise une architecture hybride dans laquelle seule la répétition du signal est gérée numériquement. Tous les autres composants de la pédale sont analogiques. La marque est même allée jusqu’à intégrer sa technologie d’amplis « Cellular Clipping" dans la pédale pour une dynamique assez énorme et une certaine chaleur qui dégage un son tout de suite bien vintage.
La pédale est fournie dans sa boîte en carton numérotée (j’ai le numéro #0019) assez basique mais qui remplit bien son office et protège convenablement la pédale. La Northern Lights est une jolie réalisation avec un boîtier en aluminium thermolaqué noir et un marquage par sérigraphie avec de l’encre bi-composants pour une meilleure résistance aux rayures éventuelles. Son poids de 440 grammes inspire solidité et robustesse. Les boutons de potentiomètres sont très bien choisis, ils sont très élégants et agréables à manipuler. Les potards en eux-mêmes exercent une bonne résistance ce qui permet un réglage fin de l’ensemble des paramètres. La pédale, comme beaucoup de pédales de delay inspirées de chambres d’écho à bande, dispose de quatre têtes de lecture parfaitement synchronisées, ce qui permet de créer des delays rythmiques assez sympa. Une section Modulation est aussi au rendez-vous, pour simuler l’usure de la bande sur une chambre d’écho. Les contrôles présents sur la pédale sont les suivants :
- Time : contrôle le temps du delay
- Feedback : ajuste le nombre de répétitions
- Tone : permet d’éclaircir ou assombrir le son des répétitions
- Depth : ajuste la profondeur de l’effet de modulation sur les répétitions
- Speed : règle la vitesse de l’effet de modulation
- Head 1 : contrôle le volume de la première tête de lecture
- Head 2 : contrôle le volume de la deuxième tête de lecture
- Head 3 : contrôle le volume de la troisième tête de lecture
- Head 4 : contrôle le volume de la quatrième tête de lecture
- Switch Master Head : permet de choisir la tête de lecture principale (2, 3 ou 4)
- Switch TAP : permet de taper le tempo souhaité
- Switch BYP : permet d’activer/désactiver la pédale
La Northern Lights est donc bien équipée et possède tous les réglages nécessaires à une multitude de delays différents. On aurait quand même aimé un contrôle de feedback indépendant à chaque tête de lecture. La pédale possède une boucle d’effets ce qui est très bien vu. Cette fonction ouvre un monde infini de possibilités sonores. Je me suis amusé à y insérer un Octaver, le Boss OC-5, afin de teinter les répétitions d’une petite touche psyché, c’est très chouette. On peut aussi insérer une pédale de volume dans la boucle et ainsi contrôler en temps réel le niveau de feedback afin d’exploiter au mieux les auto-oscillations de la pédale. En plus des réglages présents en façade, le constructeur a placé à l’intérieur du châssis, trois Dip Switches qui permettent de changer de méthode de Bypass, d’activer ou désactiver les régénération du delay quand on coupe la pédale ou encore de changer le mode de la sortie de DRY + WET à WET ONLY. D’usine, la pédale est configurée en Buffered Bypass, Trails activées et DRY + WET en sortie.
Et 4 têtes de lecture, 4 !
En plus des fiches In, Out, Send et Return, on trouve à l’arrière de la pédale, une fiche External Tap qui permet, comme son nom l’indique, d’y connecter un switch qui remplacera le switch Tap. Si vous utilisez par exemple un système de Tap Tempo centralisé sur votre Pedalboard, vous pouvez le connecter sur cette fiche ; la Northern Lights sera ainsi synchronisée à toutes les autres pédales de votre système.
- SlapBack simple00:56
- Delay medium – Tone Knob tweaking01:08
- Delay medium – Modulation tweaking01:23
- Delay medium RythmiC01:17
- Delay long – Octaver in the Loop00:54
- Mix00:28
Malgré un châssis à double foot switch de 120mm x 94mm, la pédale a trouvé immédiatement sa place sur mon pedalboard, notamment grâce à toutes ses fiches intelligemment placées sur le dessus. Comme dit plus haut, j’ai tout de suite connecté un Octaver Boss OC-5 dans la boucle d’effets pour donner un peu de caractère aux répétitions avec un esprit psyché. Bien que ce soit assez répandu, je ne suis pas habitué à manipuler un delay avec 4 têtes de lecture et prends donc le temps d’en étudier le fonctionnement exact. Le switch TAP et le potard Time fonctionnent en conjonction du switch Master Head. La tête de lecture choisie comme Master (pour rappel, la 2, 3 ou 4) sera alors celle qui sera affectée directement par le tempo choisie. Les sub-divisions synchronisées s’échelonnent comme expliqué sur le schéma ci-contre. On peut donc concocter des delays rythmiques très originaux ou des sons ambiants très planants en passant par un slap-back très précis. On n’ajuste pas un volume général pour le delay mais le volume individuel de chaque tête de lecture. C’est une façon très inspirante de régler un delay. Les sons obtenus sont très convaincants, la pédale possède une personnalité très vintage et ce n’est pas pour me déplaire.
Le réglage Time permet d’échelonner le temps du delay entre 50mS et 1 000mS ce qui autorise une bonne diversité de delays différents. Les réglages Depth et Speed permettent d’ajouter un effet de modulation très chouette sur les répétitions pour simuler la dégradation inévitable d’une bande magnétique au cœur d’une chambre d’écho. Les deux réglages ont une course assez longue ce qui permet de teinter les répétitions d’une très légère modulation à peine perceptible mais qui amènera pas mal de relief, mais également d’une modulation beaucoup plus marquée qui tendrait presque vers des territoires un peu « glitchy ».
En bref.
Si vous cherchez un delay facile à utiliser mais avec quand même un certain charme et une couleur bien vintage, ne cherchez pas plus loin que la Northern Lights. La pédale, en plus de posséder un charme indéniable, est bien conçue, bien réalisée et bien finie. Elle prouve, s’il le fallait, que les fabricants français de pédales d’effets ont encore de beaux jours devant eux. Ce delay propose des fonctions très intéressantes comme la boucle d’effets ou les 4 têtes de lecture qui en font une pédale vraiment originale. Si on veut vraiment pinailler, on peut regretter l’absence de réglage individuel de Feedback pour les 4 têtes de lecture. De plus, un switch différent pour le Tap Tempo aurait été bienvenu afin d’être plus précis en tapant le tempo. Malgré ces quelques petits défauts (qui n’en sont pas vraiment), la Northern Lights est une vraie réussite. Son tarif de 299 € la place en concurrence avec les Pigtronix Echolution 3 et autres Source Audio Nemesis Delay. Cependant, elle offre, selon moi, beaucoup plus de polyvalence et de charme. J’ai eu beaucoup de mal à revenir à mon delay personnel, un Maxon AD10 pourtant assez cool, après ce test et j’aurais bien gardé cette Northern Lights !