Remaniement en profondeur pour le célèbre drum sampler de Native Instruments, qui nous revient avec un nouveau moteur audio, une matrice de 72 pads, de nouvelles fonctionnalités et une librairie de 3.5 Go. Voilà de quoi mener le groove à la baguette et la baguette à la souris !
Remaniement en profondeur pour le célèbre drum sampler de Native Instruments, qui nous revient avec un nouveau moteur audio, une matrice de 72 pads, de nouvelles fonctionnalités et une librairie de 3.5 Go. Voilà de quoi mener le groove à la baguette… et la baguette à la souris !
« Souvent copié, jamais égalé » : c’est un peu le slogan que pourrait nous asséner l’éditeur allemand à propos de son sampler dédié aux sons de percussion. En effet, le côté très visuel de l’organisation matricielle des samples sur les pads, la possibilité de traiter les instruments par colonne et/ou par rang, l’éditeur graphique de forme d’onde, ou les quelques fonctions faciles d’accès pour adapter rapidement un son à un projet, font que Battery est devenu le Drum Sampler favori de nombreux pros de la séquence.
Reste que depuis la sortie de Battery premier du nom, le petit monde des samplers virtuels a connu de nombreuses évolutions, de la gestion avancée des boucles à la lecture en streaming depuis le disque dur en passant par des nombreuses possibilités en termes de modulation ou d’effets.
Des évolutions que Native se devaient d’intégrer dans son Drum Sampler tout en préservant la fluidité et l’ergonomie du biniou : un véritable pari pour cette toute nouvelle version 2…
Installation
Du tout cuit, c’est ce à quoi Native Instruments nous a habitué dans ce domaine depuis un certain temps avec toute sa gamme de produits. Fluidité, stabilité, et, en l’occurrence, installation sans aucun souci, c’est presque devenu une habitude avec la marque allemande, surtout depuis qu’un grand nombre d’éditeurs de banques de sons utilisent Intakt ou Kompakt comme support logiciel pour distribuer leurs collections.
Il n’y a donc aucune raison de s’inquiéter, et effectivement, tout se passe pour le mieux : après quelques pop-up nous permettant de saisir le numéro de série, de choisir l’emplacement des données, le choix des formats (Standalone, Vsti, DXi, Audio Unitou RTAS) et le chemin d’accès au dossier VST de notre séquenceur, Battery 2 est prêt à ronronner, tout en digérant les 3.5 Go de délicieuses données percussives gentiment préparées à la sauce binaire…
Enfin, tout au moins pendant 30 jours, laps de temps au cours duquel il faudra s’acquitter des incontournables formalités de douane imposées par Native pour lutter contre les méchants pirates, à savoir l’obtention d’une autorisation définitive. Certes, il ne sert à rien de pester à chaque fois contre ce système de protection mais je ne peux pas m’empêcher d’en remettre une couche tant il est laborieux, particulièrement lorsque l’on doit réinstaller son OS et tout recommencer, pour TOUS les softs du développeur allemand qu’on utilise !
Enfin, on a l’habitude : un petit utilitaire permet de générer un code pour chaque ordinateur. On envoie ce code à Native par mail, fax ou courrier postal, le développeur nous délivre en retour une palanquée de chiffres à entrer dans l’utilitaire et le tour est joué ! Grouumf ! Alors c’est vrai que si votre bécane à musique est connectée au Net, ce n’est pas trop la mer à boire (en dehors des questionnaires pénibles sur le site Native) mais si vous avez choisi la prudence et que vous devez passer par un autre ordinateur pour la connexion, ça devient franchement lourdingue, surtout si vous êtes à la bourre pour rendre le mixage de votre arrangement pour orchestre symphonique, batucada et bandas, de la musique de l’intégrale du Seigneur des Anneaux. Enfin, voilà, c’est comme ça, je vous promets, c’est la dernière fois que je râle à ce sujet, quoique…
Les premiers pas
Heureusement, pour nous remettre de bonne humeur, Battery 2 est livré avec une notice en français, et quel français ! Là, c’est du grand art, de la sublime poésie, essorée tout droit des neurones surchauffés d’un soft de traduction probablement conçu par Dali, Shrek, Mallarmé et E.T réunis. Bref, que du bonheur… Un exemple, tiré de l’intro qui, à propos de cette nouvelle version 2, nous annonce texto : « Le résultat en est un paquet avec une variété de grands sons de batterie, et il y a aussi des party kits et des sons disponibles ». On est ravi, n’est-ce pas ? Enfin c’est toujours mieux que pas de trad du tout, et en plus on se marre bien !
C’est donc dans la plus euphorique des bonnes humeurs que l’on clique sur le rack Instrument de Cubase pour lui faire recracher Battery 2 du fin fond de son dossier VSTi. Et flap-flap, en deux coups d’ailes, voici que se déplie devant nos yeux ébahis le vert-de-gris caca d’oie qui fait le bonheur de tous les utilisateurs des produits Native Instruments. C’est vrai que c’est laid, franchement, cette teinte immonde. Comme si nos amis d’Outre-Rhin n’en avait pas encore fini d’écouler tous leurs stocks de kaki. Cela dit, j’en connais qui trouvent cela reposant, alors… Et puis les goûts et les couleurs n’empêcheront pas les caisses claires de rimchouter et les grosses caisses de downbeatter, en tout bien tout honneur…
Ces considérations esthétiques mise à part, on est tout de même rassuré de voir que l’interface de cette nouvelle version (en bleu, on aurait préféré…) est très proche de la mouture précédente. Ouf ! Il ne sera pas nécessaire de galérer pendant une semaine pour retrouver ses repères. On reconnaît donc immédiatement Battery avec ses petits casiers à bagage bien alignés, tendrement soulignés par ses 2 fenêtres d’édition, et c’est avec un entrain non feint que l’on se prépare sans tarder à faire chanter l’oiseau.
Kit ou double…
Côté librairie, NI nous a concocté un petit menu bien à lui, assez gargantuesque tout de même, de plus de 3.5 Go d’échantillons, donnant ainsi à ceux qui n’ont pas de banques de sons de quoi s’occuper jusqu’à fin 2008. Ah qu’il est loin le temps jadis, où l’on payait un sampler en chair et en ventilo plus de 20 000 francs, accompagné d’une disquette de grand piano à queue échantillonné en 8 bits sur 1.4 Mo ! On en avait le souffle coupé…
Depuis, dfhSUPERIOR et BFD sont passés et la banque fournie avec Battery 2, bien que relativement imposante, pourrait presque paraître modeste aux yeux de certains. Qu’importe toutefois la quantité car ce qui compte avant tout en terme de sampling, c’est bien la qualité des échantillons et des programmes qui les exploitent.
Et c’est concernant la série acoustique que l’on a bien sûr l’oreille la plus exigente, non ? Car si les machines savent parler aux machines, on ne voit pas pourquoi un kit électronique sonnerait mal sur un sampler, quoique… Mais un bon tonneau de bois, avec le dos d’une chèvre bien tendu dessus, c’est plus difficile à exprimer en 0 et en 1. C’est pourquoi on tente tout de suite la totale : « Dans la famille nature et découverte, je voudrais le Multi Mic… », soit 260 Mo de formes d’ondes sonnantes et trébuchantes pour un kit 5 fûts classique Premier en érable, assorti d’une ride (dôme et épaule), d’un charlé (fermé/ouvert/au pied) et de 2 crashes, tout cela de marque Paiste.
Multi miking, mutli sampling…
Les petits pads de l’interface (la nouvelle version permet d’en avoir 72, contre 56 pour l’ancienne) se remplissent gentiment et l’on comprend de suite ce qui se passe en visualisant les nom des samples qui viennent faire leur nid dans ce que NI a baptisé les « cells ». Bien entendu, pour cette nouvelle banque de sons, l’éditeur s’est rangé à la mode désormais incontournable du multi-échantillonage (plusieurs samples d’un même instrument, joués avec une force différente sont assignés à un même pad et déclenché en fonction de la vélocité MIDI), doublé du multi-miking (chaque instrument du kit est enregistré par plusieurs micros, soit celui qui lui est dédié, bien sûr, mais aussi par les overheads, les ambiances, et les autres micros disposés sur chaque fût) comme lors d’une véritable séance d’enregistrement.
Et le résultat est là : la tonalité générale, tout en étant précise et dynamique, offre en même temps la chaleur de la cabine d’enregistrement, donnant au kit une excellente présence. La réponse à la vélocité du clavier est impeccable, rendant avec acuité les différentes frappes d’un vrai batteur. Ainsi, la caisse claire, en passant en souplesse de la ghost-note au rimshot, permet un authentique travail d’arrangement des grooves, offrant toutes les nuances nécessaires à une programmation réaliste.
…et multi-sticking !
Un second kit acoustique, offrant celui-là plus de 500 Mo de samples, propose une autre batterie Premier, semblable à la précédente dans la configuration, mais en bouleau, cette fois-ci. Le patch obtenu est baptisé « Multi-stick », car le set est joué quant à lui avec 6 différentes sortes de baguettes (hot rods, balais…) et 6 battes de grosses caisse.
Précisons que NI n’a pas lésiné sur les moyens, puisque si le « Multi Mic » était enregistré dans un studio de Hanovre, le « Multi stick » est enregistré à Los angeles, aux studios SoundWarrior ! La classe, d’autant que là encore, l’enregistrement est soigné et la dynamique des échantillons impressionnante. La multiplicité des intentions de jeu est gigantesque et l’on se régale à passer, sur un même groove, d’une caisse claire jouée aux balais à une autre jouée aux mailloches. Notons au passage que si ce kit n’utilisant pas le multi-miking, il prouve l’efficacité de cette technique en offrant des samples à la tonalité beaucoup moins pleine que celle du kit précédent, qui lui l’utilise. Enfin, sachez que pour tous les kits, l’assignation reprend celle du standard GM, ce qui permet de lire sans prise de tête les grooves programmés dans ce format : bien vu.
Côté acoustique, on mentionnera aussi un kit entièrement joué au balai sur une Gretsch en acajou, plus une vieille batterie (toujours la gretsch, mais jouée avec des baguettes et enregistrée avec des placements de micro différents) à la tonalité vraiment jazz. S’ajoute à cela un kit Soul (une Yamaha Mapple Custom) reprenant le multi-miking et surprenant par la qualité des pistes d’ambiance, qui restituent une incroyable couleur live. Last but not least, un kit GM complet (une DW avec une caisse claire Pearl en laiton, plus toutes les percus et bruitage du standard GM) est aussi du voyage. De quoi régler une bonne partie de nos problèmes avec les batteurs.
Un orchestre complet de percussions
En compléments des batteries, suivent des kits de timbales avec toutes sortes d’effets (roulement, ras…) à la sonorité très réaliste, un set complet de percussion d’orchestre symphonique, agrémenté de tous les « accessoires » de la profession, joués également avec plusieurs techniques (claves, woodblock, castagnette, bells, gong, triangle… Un vrai laboratoire), des percussions afro-cubaines regroupant des congas joués sous toutes les coutures, des bongos, des timbales saignantes, plus toute la ribambelle de crouich-crouich, typiques du genre, où cloches, reco-reco et autres cascaras se disputent le privilèges de pimenter vos grooves exotiques, de la salsa à la batucada la plus sauvage. Un vrai carnaval.
Vient s’ajouter à cela une foule de sonorités électroniques reprenant sans grande originalité, – mais avec une extrême qualité côté sampling – tous les grands classiques du genre : de la TR-909 au Jupiter 6, en passant par tous les incontournables best-of issus des logiciels NI : FM7, Absynth, Reaktor… Les 11 kits, intelligemment concoctés, offrent ainsi un panel complet permettant de faire face à tous les styles de la musique électronique.
Enfin, quelque bonus, comme des ondes de synthèse, des bruits et un très bon patch de beat-box posent la cerise sur le gâteau, couronnant une compilation particulièrement bien conçue et qui, tout en étant agréablement hétéroclite, permet une organisation facile et efficace pour une programmation rapide.
Une ergonomie sans faille
Mais tout cela ne serait que faribole sans la subtile ergonomie de Battery 2 qui, fort d’un nouveau moteur audio plus rapide et précis (les calculs se font en 32 bit) nous met en main toutes les manettes nécessaires pour ouvrir facilement et instantanément les vannes d’une créativité sans limite… Pouvant contenir jusqu’à 12 rangs de 6 étages (colonnes), la matrice s’avère particulièrement pratique, d’autant que la nouvelle version de l’interface graphique est personnalisable : on peur la configurer selon ses besoins, en supprimant rangs ou colonnes, pour restreindre l’affichage au strict nécessaire.
Cette organisation en rangs et colonnes, assortie de fonctions de Mute et de solo sophistiquées où l’on peut traiter chaque pad séparément, par rang ou par colonne, permet en effet un contrôle très intuitif sur les pads. Le kit « Multi-sticking » tire entre autres pleinement partie de ce processus, qui lui permet de jouer tel ou tel rang d’un instrument, chacun comportant un son joué par une baguette différente, en mutant les autres, tout cela en temps réel, grâce à l’assignation des différentes cellules par l’appui d’une note.
Je m’explique : prenons la grosse caisse qui possède 6 tonalités (elle est jouée par 6 battes différentes). En jouant le Do1, auquel elle est assignée selon le standard GM, on entendra tous les samples en même temps.
Mais c’est là que ça devient excellent : on peut assigner d’autres notes du clavier, (en l’occurrence 6, une pour chaque batte), pour déterminer quel rang va être entendu. Ainsi, sans arrêter de jouer le DO1, on peut passer d’un son à l’autre simplement en jouant une autre note, et sans rien modifier définitivement au niveau de la séquence ou du patch… Le pied !
On imagine aisément les kits bizarroïdes que l’on peut se fabriquer en utilisant cette fonction, d’autant que l’on peut assigner non seulement une note, mais un contrôleur, ou encore faire jouer chaque rang l’un après l’autre, à chaque déclenchement de la même note !
De plus, l’édition matricielle contient de nombreuses fonctions permettant de faciliter le contrôle des samples, comme la possibilité d’appliquer un changement de paramètres d’édition simultanément à tous les pads sélectionnés, d’établir un nombre de sorties limitées à un groupe de plusieurs samples (pour, par exemple, pouvoir muter le charlé ouvert lorsqu’un charlé fermé est joué…).
Si l’on ajoute quelques gadgets marrants, comme le randomize, qui réorganise toutes les cellules sélectionnées d’une façon totalement aléatoire, ou le réducteur de bits (non, pas de tête !), qui permet de transformer des samples magnifiques en de putrescents gargouillis électriques, on obtient un outil qui s’avère extrêmement versatile et amusant tout en restant précis et stable.
Traitements et modulations
C’est ici que la version 2 affiche ouvertement sa nouvelle puissance, assignant à chacun des 72 pads 5 nouvelles fenêtres de paramètres : un éditeur graphique de mapping, un compresseur, une section de filtres, une matrice de modulation et un éditeur de loop.
L’éditeur graphique, qui nous dessine de jolis petits escaliers à l’écran, permet de gérer facilement le multi-échantillonnage en fonction de la vélocité. Voilà qui est appréciable quand on sait que Battery peut charger jusqu’à 128 samples par pad.
Grâce au procédé graphique, chaque sample se voit gratifié d’une colonne que l’on peut étirer d’un seul coup de souris sur toute la bande de vélocité MIDI, permettant de créer automatiquement des sons complexes où crossfades et empilements se font le plus rapidement possible, et avec une vision claire de ce qui se passe.
Très visuel aussi, l’éditeur de loop permet de générer jusqu’à 4 sections de bouclage sur un même pad, qui pourront être combinées, répétées, désaccordées, et ainsi créer des instruments bizarroïdes qui feront la joie des techno-crates.
Très sérieuse, la section filtre propose une quinzaine d’algorithmes différents, (passe-haut, passe-bas, passe bande, EQ…) chacun livrés avec des presets spécialement conçus pour les sons de batterie : un complément indispensable pour un traitement électro des percussions.
Un compresseur est également ajouté à la série d’effets de cette nouvelle version, assorti d’une dizaine de presets, qui agissent sur plusieurs paramètres classiques de compression : seuil, ratio, attaque, release, gain. Un bon outil pour affiner la dynamique des kits, facile d’utilisation, et lui aussi très graphique, puisque chaque application d’effet est graphiquement et instantanément répercutée dans la fenêtre affichant la forme d’onde, autorisant ainsi un contrôle direct.
Enfin, une matrice de modulation permet de faire danser tous les samples, avec des contrôleurs physiques, ou grâce à un LFO ou un générateur d’enveloppe, et ce pour 8 paramètres différents par pad !
On peut ainsi facilement assigner une molette de pitch bend au paramètre de début de lecture du sample, et/ou un LFO (carré, sinusoïdal ou dent de scie) à la fréquence de coupure du filtre et/ou à la position panoramique, et/ou encore une enveloppe AHD ou AHDSR à la saturation ou au nombre de bits en lecture.
Intuitive, cette matrice offre la possibilité de remanier facilement un groove en le pimentant de sonorités étranges et évolutives en temps réel, dans une inflation de combinaisons qui ravira les amateurs de sound design.
Conclusion
Avec une section de traitement conséquente, une ergonomie idéale pour le traitement des instruments de percussion multi-échantillonnés et une banque de sons qui, sans être trop gigantesque, fournit tous les éléments nécessaires à un travail éclectique, Battery 2 séduit immanquablement. Offrant une grande simplicité d’utilisation sans pour autant manquer de potentiel créatif, il permet d’accéder en un clic à de multiples paramètres pour réaliser une édition en profondeur. De ce fait, il se démarque radicalement de la première version qui, en comparaison, prend des allures de simple lecteur de samples. Un nouveau standard pour NI ?