Premier instrument virtuel de Power FX, Miracle Beats pourrait n'être qu'un candidat de plus dans le petit monde des boîtes à rythmes virtuelles. Or, s'il compte parmi les moins chers, il n'est pas loin d'être le meilleur.
Premier instrument virtuel de Power FX, Miracle Beats pourrait n’être qu’un candidat de plus dans le petit monde des boîtes à rythmes virtuelles. Or, s’il compte parmi les moins chers, il n’est pas loin d’être le meilleur.
Les grandes inventions sont souvent les plus simples : c’est vrai pour la roue, et c’est aussi vrai pour Miracle Beats.
Tenant sur un seul CD à l’heure où les éditeurs de samples se battent à grand coups de GigaOctets, le logiciel offre une interface des plus épurées.
La colonne de gauche affiche toutes les boucles audio livrées avec le logiciel (plus de 500 pour environ 550 Mo de données). On remarque d’emblée la présence de croix de couleurs en face de certains noms, qui permettent de savoir de quoi est composé le groove : une croix bleue indique qu’il n’y a pas de kick, une croix rouge pas de caisse claire, une croix jaune pas de HiHats et une croix verte pas de percussions additionnelles. C’est simple comme du FisherPrice…
Les boucles sont classées par catégories aux noms relativement évocateurs (LA Housey, Nova Beats, 808, 909, etc.), chacune comptant de 3 à 16 fichiers qu’on peut écouter au tempo du séquenceur d’un simple clic. Pas de Time Stretching ici : tous les fichiers audio ont été préalablement découpés en slices, de sorte qu’un groove tournant initialement à 120 BPM peut passer à 60 ou à 240 BPM sans qu’aucune dégradation des sons ne soit audible.
Certes, Miracle n’apporte rien de foncièrement nouveau de ce côté car ReCycle et son fameux format REX font la même chose depuis des lustres, tout comme de nombreux autres samplers virtuels à boucles (Intakt de Native Instruments, pHATmatik Pro de Bitshift, BeatBurner de GMedia, etc.).
Là, en revanche, où le logiciel de PowerFX s’avère déjà nettement plus intéressant, c’est que toutes les boucles fournies sortent sur 4 canaux stéréo différents : un pour le kick, un pour le HiHat, un pour la caisse claire et un pour les percussions additionnelles.
Contrairement à ce que proposent les produits concurrents, il est donc possible d’appliquer des effets ou des traitements dynamiques & spectraux à un seul instrument plutôt qu’à l’ensemble du fichier, ce qui ouvre de astes horizons en terme de personnalisation des grooves (ahhh ! les joies de la réverb compressée sur une caisse claire… ou celle d’un filtre distordu sur un kick…).
Sound Custom
Dans ce contexte, Miracle Beats propose d’ailleurs quelques traitements en interne. S’il est déjà possible de 'muter’ chacun des 4 canaux, vous pouvez également agir sur 4 paramètres :
- 'Pitch’ qui permet de transposer le son une octave au-dessus ou au-dessous.
- 'Att.' qui permet de régler l’attaque des samples.
- 'Gate’, qui permet d’abréger leur 'release’.
- 'Reverse’ qui, comme son nom l’indique, permet d’inverser la lecture des sons en préservant la structure rythmique de base.
Evidemment, tous ces réglages sont susceptibles d’évoluer en temps réel via une surface de contrôle MIDI ou en programmant des automations dans votre logiciel hôte. Rien qu’en jouant sur ces paramètres et en affectant des effets aux 4 pistes stéréo de sortie dans votre séquenceur, il y a de quoi modifier de façon drastique la banque de son du logiciel.
Or, dans un rythme, si le son est une chose, le placement en est une autre. Et c’est d’ailleurs sur ce point que l’instrument virtuel de PowerFX s’avère le plus impressionnant.
Quand vous soumettez une boucle à ReCyle, ce dernier, en plus de découper la matière audio en slices, génère un fichier MIDI, sorte de cartographie de la boucle, qui spécifie quel tronçon doit être joué à quel moment. Dans la quasi-totalité des samplers à boucles, il est possible de jouer sur cette cartographie, pour modifier l’ordre dans lequel sont joués les slices et le moment précis où ils sont déclenchés. C’est aussi le cas de Miracle Beats, à ceci près que le soft de Power FX se montre dans ce contexte 1000 fois plus intuitif que ses concurrents.
Boutures de loops
Au cœur de Miracle Beats, la technologie Loopmorph repose sur un concept aussi simple que puissant : en symétrie de la colonne de gauche qui propose toutes les boucles de base du logiciel, la colonne de droite liste ainsi tous les grooves MIDI qui en sont extraits (appelés ici Loopmorph Presets). Là où cela devient carrément génial, c’est qu’il est possible de combiner n’importe quel matériau de la colonne de gauche avec n’importe quel groove de la colonne de droite. Les plus matheux d’entre vous auront fait le calcul : avec plus de 500 fichiers audio à gauche, et plus de 500 presets Loopmorph à droite, on peut obtenir plus de 250 000 boucles ! Ca calme et vu l’efficacité du système, on se demande bien pourquoi personne n’y avait pensé avant… Or, ce n’est pas fini car on dispose encore de trois commandes pour personnaliser une peu plus la sauce :
- Humanize qui, en jouant sur la quantification, permet au groove d’être moins carré, moins sur les temps et par conséquent plus humain.
- RMS Levels qui permet d’appliquer la dynamique d’une boucle à une autre
- Shuffle qui, comme sur la plupart des groove box, décale les temps faibles vers la droite de façon à chalouper le rythme (à noter ici qu’on dispose de deux niveaux de réglage).
Résumons nous : entre le système combinatoire des deux colonnes, les boutons Shuffle, Normalize, RMS Levels et les commandes Mute, Pitch, Attack, Gate & Reverse, ce ne sont pas des centaines de milliers de boucles que le soft est à même de générer mais des millions, sans compter le fait que vous pourrez encore personnaliser le résultat depuis votre séquenceur ! Et vous savez quoi ? Miracle Beats peut être utilisé en effet VST. Grâce à cette fonctionnalité, développée initialement pour les possesseurs d’Ableton Live, il est possible d’insérer un ou plusieurs Miracle Beats sur la sortie Kick, Snare, HiHat ou Perc. d’un autre, démultipliant les instances pour empiler les sons ou pour générer des grooves plus complexes… Tout ça sur un seul petit CD et avec une telle simplicité que votre petit frère comme votre grand-mère peuvent pondre des boucles en chaîne quelques secondes seulement après avoir pris en main le logiciel… Et le pire, c’est que ça sonne ! Quelle que soit la combinaison essayée, je ne suis jamais parvenu à un résultat qui ne soit pas exploitable…
Ca sonne ? Vraiment ?
Dissipons tout de même un malentendu : on n’est pas ici dans le trip « Eric Persing présente » cher à Spectrasonics. Si Miracle est moins lourd et s’il permet en définitive beaucoup plus de chose qu’un Stylus, les boucles obtenues n’ont pas cette « personnalité » qui fait la griffe des grands Sound Designers car les sons de la banque, bien que ne manquant pas de diversité, sont les plus cleans possible. Loin d’être un défaut, ce côté 'Dry’ est une véritable bénédiction : il ne s’agit pas ici de consommer le travail d’un autre artiste, mais bel et bien de prendre ses responsabilités et de devenir soit même Sound Designer, taillant dans l’onde à grands coups de plug-ins. Dès lors, si vous savez tirer parti de la puissance du logiciel, bien malin qui pourra dire d’où proviennent vos boucles à l’origine, alors que l’usage d’un expandeur portant la signature d’un grand nom du sampling est vite « grillée »…
Quand à ceux que l’aspect combinatoire rebute parce qu’il est synonyme de tâtonnements, ils seront rassurés de savoir que Miracle Beats peut aussi être utilisé comme un « bête » expandeur percussif.
Qui peut le plus peut le moins
Comme nous l’avons dit précédemment, chacune des 500 boucles du CD a été découpée en slices sur 4 pistes stéréo, de sorte que chaque son a été soigneusement isolé. Résultats : près de 5000 samples au total, soit un vaste panel de sons de boîte à rythmes (TR, LinnDrum, etc.) qu’on pourra utiliser directement via le mode 'Sampler’ du logiciel. Rien à dire de particulier sur ce dernier, si ce n’est que le mapping MIDI des samples a été intelligemment fait : les kick sont avec les kicks, les snares avec les snares, etc. là où trop souvent dans les samplers à boucles, les slices sont mappés dans l’ordre de leur diffusion.
Notez aussi que la vélocité est gérée de façon linéaire mais que les molettes de modulation et de Pitch Bend n’ont aucun effet sur les sons. Bref, le soft est sans surprise de ce côté mais il fait bien son job et devrait permettre à ceux qui le désire de programmer leurs rythmes au Piano Roll, depuis leur séquenceur, plutôt qu’en utilisant la technologie Loopmorph.
Conclusion
Je dois l’avouer : il m’est bien difficile de trouver des défauts à Miracle Beats compte tenu de son ergonomie, de sa puissance et de son prix. Vendu à peine plus cher qu’un CD de samples, il fait partie de ces outils pensés pour les débutants mais qui, par sa puissance, devrait éveiller l’intérêt de plus d’un professionnel (à l’instar de l’Acid de Sonic Foundry en son temps). Si les uns y trouveront un moyen simple de faire de la boucle au kilomètre, les autres s’en serviront comme une fantastique source de matière première pour élaborer leur grooves. Certes, Miracle Beats pourrait intégrer ses propres effets et proposer plus de pistes mais ce qu’on gagnerait alors en puissance, on le perdrait en simplicité d’utilisation. Du coup, on préférera se taire en attendant d’autres VSTi basés sur la technologie Loopmorph. Chapeau bas.