Chez eMastered, on peut entrer dans le détail et accéder à un joli bouquet de paramètres, qui nous sont souvent inaccessibles lors des mastering en ligne. De quoi nous réjouir et nous donner envie d'essayer des versions qu'on espère très diverses !
Notre périple chez les services de Mastering en ligne passe aujourd’hui par eMastered. Si on ne trouve pas le site très joli, on est vite intéressés par quelques-unes de ses caractéristiques…
Bienvenus chez Orange
Côté tarification, ce service ne propose que des abonnements. Pas de mastering à l’unité, le seul vrai choix qui nous est proposé ici, c’est avec ou sans engagement. Pour un engagement d’un an, on peut choisir d’être facturé chaque mois 19€, ou bien de payer l’année d’un coup, ce qui fera baisser le prix à 108€, soit 9€ le mois. Sans engagement, nous avons payé 29€ pour un mois. Quel que soit votre tarif choisi, tout est inclus en illimité : accès aux diverses options, téléchargement dans tous les formats de fichiers disponibles… On a un peu l’impression d’être chez une compagnie de téléphonie, mais au moins, une fois abonné, on devrait en avoir pour notre argent. Il faut préciser aussi que eMastered propose le remboursement si vous n’êtes pas satisfait, dans les quatorze jours et à la condition de n’avoir téléchargé que quatre masters maximum. Voilà qui peut vous permettre d’essayer à moindres frais. eMastered propose une pré-écoute, qui est également accessible aux non abonnés. Sans même avoir créé de compte, on peut charger un fichier audio et écouter le master proposé ! Mais bien sûr, on est rapidement interrompus par une petite fenêtre « pop-up » qui vient nous rappeler la tarification et nous encourager à nous abonner. Suffisant pour nous faire une petite idée, mais pas trop longtemps, parce que cela devient vite agaçant. Une fois abonné, en revanche, la pré-écoute se fait sur l’intégralité du morceau, et on peut comme souvent alterner entre le fichier d’origine et le master.
Les Options
L’un des grands atouts de ce service, c’est clairement la richesse des options pour ajuster votre master. On en a rarement vu autant. Le premier critère qu’on peut régler est assez global, puisqu’il est appelé « Intensité de Mastering » ; il permet d’accentuer ou de réduire l’ensemble des modifications que le master aura appliquées. C’est un peu flou, honnêtement, et on est plus enclins à utiliser les options suivantes. « Intensité du compresseur » et « Intensité de l’égalisation », sur cinq niveaux de Très Bas à Extrême, portent bien leurs noms. De même, pas besoin d’expliquer « Largeur de stéréo », sur trois niveaux, de Normal à Très Large. Ces trois critères de réglage sont clairement ceux qu’on aimerait avoir pour chaque service de mastering algorithmique, indépendamment des pré-réglages de styles éventuels. Ensuite, on trouve encore un réglage de Volume sur quatre niveaux, de Normal à Extrême. Par défaut, c’est le niveau Normal qui est sélectionné, soit le plus bas. Or, le volume à la pré-écoute nous a déjà semblé très fort en comparaison de notre fichier d’origine (et des autres comparaisons entre celui-ci et des masters obtenus ailleurs). On aurait préféré que ce critère soit mesuré en dB LUFS, par exemple, plutôt que de choisir entre « Plus Fort » et « Très Fort ». Enfin, la dernière option à notre disposition est un égaliseur trois bandes : graves, médiums et aigus peuvent être ajustés sur un cran, qui n’est pas mesuré en dB, en positif ou en négatif. Après chaque modification, il faudra demander un « Remaster » pour appliquer le ou les changement(s), et on pourra ainsi accéder à une nouvelle pré-écoute, et éventuellement générer et télécharger le résultat. Par défaut, tous ces critères sont réglés sur le niveau Normal, ce qui pour la plupart est le niveau moyen. Seuls le Volume et la Stéréo ne pourront être qu’augmentés, le niveau Normal étant donc le plus bas.
Vous avez la Ref ?
En plus de tous ces réglages possibles, eMastered propose également d’utiliser un fichier de Référence. Comme on l’a déjà expérimenté pour plusieurs autres services concurrents, comme Ozone d’iZotope pourrait le faire aussi, le fichier proposé est analysé par l’algorithme, qui pourra ensuite utiliser ses caractéristiques tonales et dynamiques, pour proposer un master dans cette veine-là sur notre chanson. Mais chez eMastered, c’est encore plus précis ! Une fois cette référence prise en compte, on a la possibilité de choisir à quel point et comment ses caractéristiques seront appliquées à notre master. Ici, on manque un peu d’explications, mais on pourra choisir une « Intensité » de Normal à Sur Mesure, en passant par différents degrés de luminosité (un peu abstrait, le vocabulaire utilisé ici), ou bien ajuster la Quantité (d’application de la référence), le Lissage (pour adoucir ses caractéristiques) et les Basses, sur une échelle de 0 à 100.
Enfin, pour compléter ce tableau, il nous est donné la possibilité d’enregistrer des pré-réglages, si on a trouvé une combinaison qui fonctionne souvent bien pour nous, qui peuvent être basés sur une référence ou sur les différentes options détaillées précédemment. Franchement, on n’avait pas constaté autant de possibilités chez les autres services, et certaines de ces options sont évidemment pertinentes… Alors jusqu’ici, bravo et merci. Précisons aussi que les fichiers master sont disponibles dans trois versions : en MP3 320 kbps, WAV 16 bit 44.1 kHz (soit le format CD), et WAV HD 24 bit et 44.1 kHz ou plus. Dans notre cas, les fichiers d’origine étant en 48 kHz, le master « HD » a suivi la même fréquence d’échantillonnage.
On eEcoute sur nos eMixs
Pour tester les masters générés ici, on utilise deux titres produits dans notre studio. Le premier, Shirt Off, est une chanson indie-pop-rock à guitare, à l’énergie contenue, le second B.I.C. est un titre hip-hop fait de samples et d’une voix rapée bien frontale. Nos fichiers sont cette fois-ci limités à –0,2 dB LUFS, ce qui ne correspond à aucune norme précise, mais qui permet certainement d’éviter quelques petits artefacts de distorsion harmonique lors de la normalisation qu’implique le téléversement sur les plateformes.
Le premier morceau à passer dans la E-moulinette est Shirt Off, notre morceau de rock que l’on ressort sans avoir précisé notre rendu, dans son mode par défaut. L’écoute est agréable, l’équilibre tonal et stable et plutôt neutre, pas de grave trop envahissant ni d’aigus trop flatteurs. On gagne un certain niveau sans pour autant être trop écrasé, et le master révèle une jolie ouverture de la stéréo et une profondeur intéressante. On prend maintenant le parti d’aller dans le sens de notre master de référence, tout du moins en termes d’ouverture fréquentielle. On rentre dans les paramètres pour y rajouter un peu de medium, et d’élargir la stéréo. Le rendu est très intéressant, mais on trouve que le rajout des mediums provoque un petit effet de pompe qu’on tente donc de gommer en baissant le niveau de compression. À l’arrivée, on est très satisfait, car on gagne en clarté et en détail. On est tenté d’exagérer un peu le côté étriqué et de soustraire quelques fréquences graves à ce master, tout en allant amplifier l’intensité de nos réglages d’égalisation. Dans ce cas précis, ça pourrait nous convenir et donner une teinte encore plus indé et vintage à notre morceau, mais pas certain que ce réglage soit réellement conseillé pour tout autre type de projet. Néanmoins, les paramètres ajustables qui sont proposés sont vraiment précis et restent musicaux, si tant est qu’on n’aille pas trop loin dans toutes les directions comme dans le dernier réglage que voici. On tente alors quelque chose d’extrême en exagérant à peu près tous les paramètres possible vers le plus fort, le plus compressé, le plus large, bref, ce que nous aurions eu tendance à faire pour un mastering à l’époque où le CD était encore le support roi. Dans ces circonstances, le résultat est évidemment exagéré, et provoque des effets de masquage ainsi que de pompe, on perd énormément de détails, mais on garde malgré tout l’essentiel du morceau, les informations les plus importantes sont préservées ainsi que son énergie.
Au tour de BIC, notre morceau de Rap de passer au décryptage. Au premier essai, avec le mode par défaut, on perd une grande partie de l’accompagnement, et la voix nous paraît se détacher complètement du reste du morceau. On manque cruellement de bas mediums, le tout nous paraît un peu trop agressif et on a envie de donner de la largeur et de l’assise. On rentre donc tout de suite dans les paramètres, afin d’adoucir tout ça en baissant les mediums et en rajoutant un peu de graves, ainsi qu’en élargissant drastiquement l’ouverture de la stéréo. Là, on se rapproche de quelque chose d’intéressant, mais on a l’impression qu’en baissant les mediums, on a aussi perdu ce qui se passe juste en dessous, il y a quelque chose de fréquentiel qui se joue là et on a l’impression qu’on ne pourra pas réellement le résoudre. Ça tombe bien, il nous reste une arme à abattre en la présence de l’option d’acquisition de référence. Pour ce morceau, et uniquement parce que c’est un test, on va proposer au site de se référer à notre propre master de référence, pour voir (enfin écouter) à quel point il peut s’en rapprocher, voire même s’il nous annonce une erreur. Tout se passe finalement sans accroc, et le master généré s’approche de la cible, malgré quelques petits ajustements que nous n’arrivons pas vraiment à peaufiner dans les paramètres avancés. On n’arrive pas à obtenir la même ouverture stéréo et on se rapproche étrangement des caractéristiques de notre version par défaut. On retente l’expérience, mais avec un autre morceau du même EP et du même artiste, dont le master est sensiblement similaire. On arrive à quelque chose de plus équilibré avec un grave un peu moins compact et une balance un peu plus équilibrée, mais on reste loin de nos références tant en termes de largeur que de détails dans la profondeur. On aurait certainement dû pousser un peu plus les réglages de base et jouer sur l’intensité de l’égalisation, qui pourrait être assimilée à un bouton mix sur un plugin d’égalisation.
Tous les fichiers en 48 kHz et 24 Bits sont dans le fichier archive suivant.
Conclusion
On aura rarement autant eu la main sur notre master qu’ici, à moins de le faire nous-mêmes. La diversité des paramètres ajustables, la possibilité d’utiliser un fichier Référence, sont autant de points positifs à mettre au crédit de eMastered. On aurait aimé que certains de ces paramètres soient mesurés, par exemple en dB, que d’autres soient mieux expliqués, tout de même. Il nous paraît évident que le travail est de bonne facture, et que malgré quelques égarements dans les explications, on peut obtenir des résultats très convaincants, en y passant un certain temps si le mode par défaut n’est pas totalement satisfaisant. Attention pour autant à ne pas vouloir par principe rentrer dans tous les paramètres réglable. Le « mieux » est parfois l’ennemi du « bien ».