Keyztone est une marque française qui s’est notamment fait remarquer avec la pédale « EXchanger » qui permet de simuler différents types de micros de guitare. Pour continuer sur sa lancée elle sort deux pédales, dont l’idée de base reste la même.
Keyztone, dont le siège est basé à Nîmes, nous a donc envoyé deux pédales : La « Black ReKoil » ainsi que la « White ReKoil ». La première permet de transformer un micro simple bobinage en double bobinage et la deuxième pédale, vous l’aurez deviné, fait le contraire. En dehors de leurs couleurs, elles sont strictement identiques. Le fabricant propose ainsi des pédales dans un format ultra réduit avec des dimensions de 93 mm x 33 mm x 31 mm. Keyztone s’inscrit dans une démarche écologique et responsable avec une fabrication totalement française. On retrouve ainsi des boitiers en PLA biosourcé et biodégradable réalisés à l’aide d’une impression 3D. Ces ReKoil ne disposent que d’un seul potentiomètre, en PLA également, servant à doser le niveau de sortie. L’alimentation peut se faire en 9 ou 18 V DC, aucun bloc n’est cependant fourni. On apprécie également que les instructions d’utilisation de la pédale soient imprimées au dos du boitier. C’est à la fois pratique et écologique. De manière plus générale, il est difficile de se prononcer sur la solidité des pédales dans le temps du fait de l’utilisation du PLA. Néanmoins, au vu du format réduit et de l’unique footswitch qui les équipe, bien calées sur un pedalboard, leur longévité devrait être assurée.
En blanc
Pour la version blanche, j’ai sorti ma fidèle Ibanez Prestige sept cordes équipée de deux micros « SP Custom » au format double bobinage. La guitare possède également un split, ce qui m’a permis de vous enregistrer un exemple mettant face à face la pédale et le split traditionnel. Voici les résultats obtenus :
- 1 – Son clair – OFF_ON00:39
- 2 – Son crunch – OFF_ON00:32
- 3 – Son crunch – OFF_ON accords00:25
- 4 – Son saturé – OFF_ON00:19
- 5 – Double – Split micro – Pédale00:43
Tout d’abord, il faut noter que pour fonctionner de manière optimale, la pédale doit se trouver en première position après votre guitare, ce qui semble plutôt logique mais doit être pris en compte dans le cadre d’un pedalboard au câblage complexe. Ensuite, et c’est je trouve plus embêtant, la pédale n’est réellement utilisable qu’avec le potentiomètre de volume de la guitare réglé au maximum. D’ailleurs, sur la « Black ReKoil » que nous allons écouter un peu plus loin dans cet article, en baissant le volume je captais… la radio ! Néanmoins, le constructeur est honnête et précis de ce côté-là et stipule bien que votre potentiomètre de volume doit être réglé au maximum. On perd cependant la possibilité de jouer avec les nuances de l’instrument, ce qui pourra être rédhibitoire pour de nombreuses personnes.
Pour ce qui est du rendu, clairement, c’est surprenant ! En activant la « White ReKoil » on retrouve tout à fait le son d’un micro simple bobinage, jusqu’au souffle supplémentaire que celui-ci génère par rapport à un modèle double bobinage. Dans l’exemple numéro 5, vous pouvez vous faire une meilleure idée du résultat par rapport à un split traditionnel. Le split offre un son beaucoup moins claquant, moins brillant et garde quelques traits du caractère rond et chaleureux du micro double bobinage d’origine. La pédale, elle, apporte une teinte clairement plus claire, transformant presque ma baveuse et chaleureuse sept cordes en quelque chose qui se rapproche d’une Stratocaster, au moins pour l’esprit général.
En noir
Je range ma guitare favorite et m’équipe d’une Squier Telecaster « 40 th Anniversary Vintage Edition » ainsi que d’une Fender Stratocaster « JV Modified ‘60 s », toutes deux montées avec des micros au format simple bobinage, dans la pure tradition de ces modèles. Voici la série d’extraits sonores « avant/après » :
- 6 – Telecaster micro manche – OFF_ON00:35
- 7 – Telecaster micro chevalet – OFF_ON00:31
- 8 – Stratocaster micro chevalet – OFF_ON00:19
- 9 – Stratocaster micro chevalat – son saturé – OFF_ON00:42
- 10 – Stratocaster micro manche – OFF_ON00:40
De la même manière que pour la version blanche, j’ai été très agréablement surpris par l’efficacité de la pédale. Par exemple, sur l’extrait numéro 7, la Telecaster offre un son résolument plus rond et puissant. C’est assez frappant sur une rythmique accompagnée d’effet de palm-mute, la Telecaster n’a plus son “twang” si caractéristique. On retrouve également sur l’ensemble des exemples une augmentation du volume faisant légèrement saturer le préamplificateur de la tête Victory V30. Ainsi, contrairement à la “White ReKoil” sur laquelle j’ai dû mettre le potentiomètre de la pédale au maximum pour préserver un équilibre sonore, j’ai dû, sur cette version, baisser de moitié ce même potentiomètre. En revanche, on pourrait presque envisager de se servir de ce potentiomètre comme d’un “clean boost” pour venir faire sérieusement saturer l’étage de préamplification.
Enfin, avec une Stratocaster, le résultat est comparable, avec un son plus rond dans le bas du spectre et une sensation d’épaisseur caractéristique des micros au format double bobinage. Toutefois, si la version blanche nous ajoutait un peu de bruit, typique des micros simples, la version noire, elle, n’en enlève pas.
Le secret ?
Peut-être comme certains d’entre vous, je me suis posé la question du procédé technique utilisé pour obtenir un tel résultat. Pour ce faire, j’ai directement demandé au concepteur. Ainsi, ces pédales ne vont pas agir comme de simples égaliseurs. Elles possèdent un étage électronique qui permet d’effacer le caractère du micro utilisé en entrée, autrement dit d’aplanir sa réponse fréquentielle, peu importe le modèle et peu importe la longueur du câble utilisé. Enfin, est appliquée une sorte d’Impulse Response mais avec un procédé purement analogique.
Conclusion
La jeune marque française propose deux pédales à la fonctionnalité innovante. Le format et l’utilisation vont à l’essentiel, ce qui en fait de bonnes alternatives au modèle “EXchanger”. Le rendu sonore est surprenant, dans le bon sens du terme. Peu importe le sens dans lequel vous souhaitez transformer vos micros, le résultat reste toujours naturel et le son garde son caractère analogique. On pourra bien entendu regretter l’incompatibilité de ces pédales avec le potentiomètre de volume de la guitare. Enfin, on ne pourra que saluer le procédé écoresponsable de la production de ces pédales. Ces “ReKoil” sont vendues actuellement 99 euros, ce qui reste tout à fait raisonnable pour des produits conçus et fabriqués en France.