Utilisé pour réaliser des rythmiques complexes, pour redonner du naturel à une prise de son sans ambiance ou pour grossir le son d'un instrument, le delay est l'effet de base par excellence. Un incontournable qui mérite bien qu'on s'attarde sur son histoire…
Utilisé pour réaliser des rythmiques complexes, pour redonner du naturel à une prise de son sans ambiance ou pour grossir le son d’un instrument, le delay est l’effet de base par excellence. Un incontournable qui mérite bien qu’on s’attarde sur son histoire…
Le delay est un effet qui reproduit un phénomène acoustique naturel que tout le monde a déjà expérimenté : l’écho. Si vous beuglez « AudioFanzine » face aux Alpes, vous entendrez les montagnes vous répondre « AudioFanzine… AudioFanzine… AudioFanzine… dioFanzine… FanZine… Zine… ».
D’où vient cette répétition ? Des multiples rebonds de l’onde sonore que vous produisez et qui vous reviennent aux oreilles, à chaque fois un peu plus atténués et filtrés (lorsqu’elle rentre en contact avec de la matière, une onde est en partie absorbée par cette dernière et perd en intensité…).
Sans aller jusqu’au Mont-blanc, ces phénomènes sont systématiquement liés à la diffusion d’un son : dans votre salon, dans votre salle de bain ou dans une cathédrale, l’émission d’un son provoquera ainsi de multiples réflexions qui, lorsqu’elles sont distinctes, sont appelées Echos et qui, lorsqu’elles le sont moins, sont appelées Réverbérations.
Du coup, on pourrait dire, pour faire simple, qu’écho et réverb, dans la nature, participent du même phénomène. Une réverb ne serait finalement qu’un écho plus complexe et on les désigne souvent d’ailleurs sous le nom d’effets de spatialisation.
Pourquoi spatialisation ? Simplement parce qu’entre autres stimuli, ce sont les réflexions que produit un son dans un environnement qui permettent à notre cerveau de se faire une idée du volume du lieu. Sachant cela et sachant que ces phénomènes de réverbération/écho sont omniprésents dans la nature (à moins de vous trouver dans une chambre anéchoïque, justement conçue pour produire le moins de réflexions possibles), on comprendra facilement qu’un instrument ou une voix, pour sonner « naturel », se doivent d’être enregistrés avec les multiples réflexions qu’ils ont engendrées dans le lieu où ils ont été enregistrés.
On s’est d’ailleurs aperçu très tôt que des enregistrements ne comportant pas d’ambiance naturelle paraissaient étranges, sans vie. Et pour y remédier, on s’est mis en quête d’un moyen de reproduire les réflexions produites par le son lors de sa diffusion. Si les processeurs de réverb, bien plus complexes à réaliser, ne viendront que beaucoup plus tard, l’écho fait ainsi son apparition sous une forme « électronique » dans les enregistrements discographiques des années 50.
Avant cela, les grands studios d’enregistrement comportaient une chambre d’écho, au sens propre du terme. En effet, d’un côté d’une pièce vide dédiée à cette utilisation, était disposé un haut-parleur et de l’autre un micro ce qui permettait d’ajouter l’ambiance de la pièce à un enregistrement ! Au début des 50's, on attribue à Sam Philipps, PDG et producteur de Sun Records, l’invention de l’écho slapback, c’est à dire un écho très court à une seule répétition, indissociable de beaucoup d’enregistrements d’Elvis Presley, et à jamais attaché aux genres Rock’n’roll et Rockabilly.
Sam Philipps créait cet écho en utilisant deux magnétophones à bandes. L’astuce pour créer un écho simple avec des magnétophones à bande est de faire fonctionner en même temps et sur la même bande une tête d’enregistrement et une tête de lecture. Ainsi, la tête de lecture lit avec un retard court (« delay » en Anglais) le signal qui vient d’être enregistré.
Le deuxième magnétophone est utilisé pour enregistrer le signal « sec » et le signal retardé, le tout passant par une table de mixage. Pour la petite histoire, le guitariste d’Elvis, Scotty Moore, s’est ensuite fait construire un ampli avec un écho slapback à bande intégré, ampli construit par un électronicien de génie de l’époque, Ray Butts.
Principes et réglages
Il existe trois types de recréation électronique du delay : les échos à bande, les delays analogique et les delays numériques. Notez que la principale différence entre l’écho et le delay réside dans la nature infinie du delay là où l’écho a un nombre fini de répétitions. Reconnaissons tout de même que les deux mots s’emploient de nos jours de façon interchangeable.
Les delays à bandes
Ainsi qu’il était évoqué en introduction de ce dossier, la première recréation électronique d’un écho a été rendu possible en détournant l’utilisation d’un magnétophone à bande. Les premiers delay à bandes utilisent donc le même procédé, de façon améliorée : une bande tourne de façon infinie, une tête d’enregistrement capte le signal et une ou plusieurs têtes de lecture restituent le signal entrant avec un retard. Le nombre de têtes détermine le nombre de répétition et on peut faire varier le temps entre les répétitions en modifiant la vitesse de défilement de la bande.
S’ajoute souvent à ce réglage de vitesse un réglage de régénération (ou feedback) qui contrôle le taux de réinjection du signal traité dans le système. Avec le feedback au maximum, on obtient une espèce de Larsen (je dis bien « une espèce ») ou plutôt un emballement : ceux qui ont eu l’occasion de jouer avec ce type d’effet comprendront de quoi je parle.
Les delays à bandes sont caractérisés par une fidélité relative, les répétitions subissant une dégradation liée à la qualité d’enregistrement sur bandes. Cette dégradation qu’on a pu critiqué pendant des années est revenue en grâce car elle apporte une chaleur indéniable.
On doit l’utilisation la plus extrême de ce principe à Robert Fripp qui, au début des années 70, a inventé un procédé nommé Frippertronics (on doit le nom à sa petite amie de l’époque). Le système consistait en deux magnétophones analogiques séparés de plusieurs mètres, la bande se déroulant d’un magnétophone à l’autre (enregistrement sur le premier, lecture sur le deuxième).
Avec cette longueur de bande, une des premières machines à boucles était née. Le delay de 8 à 10 secondes permettait à Robert Fripp de créer des accompagnements complexes 30 ans avant le JamMan !
Les delays analogiques
Les delay à bande, c’est bien mais c’est encombrant et parce qu’elles s’abîment, il faut changer les bandes relativement souvent. Dans les années 70, les progrès de l’électronique aidant, on a pu créer des delays tenant dans des pédales d’effets et utilisant des composants électroniques en lieu et place des bandes antédiluviennes.
Généralement, le temps de retard maximum sur ce type de delay est de 300/350ms et, tout comme sur les échos à bandes, les répétitions sont de qualité variable : là où les bandes dégradent plutôt les aigus, les composants analogiques introduisent une légère dose de distorsion dans les répétitions… ce qui fait aussi leur charme aux yeux et aux oreilles de certains !
De manière générale, les réglages concernent le temps entre les échos, le feedback qui conditionne le nombre de répétitions et le de mixage entre son traité et son « sec ».
Les delays numériques
Les années 80 arrivèrent et avec elles les coiffures casques, les vestes à épaulettes et les delays numériques ! Disponibles en racks ou en pédales, ces derniers sont en quelques sortes des « mini-samplers » qui échantillonnent le signal entrant et le rejouent avec un retard.
Les répétitions sont assez, voire très fidèles à l’original, avec un son « cristallin » et très dynamique, mais comme toujours dès qu’on parle de numérique, certains déplorent un manque de chaleur, ce qui explique que les delays analogiques ou même les échos à bandes n’aient pas disparu.
Les réglages sont les mêmes que sur les delays analogiques : temps entre les répétitions, feedback (nombre de répétitions) et mixage (mixage entre le son traité et le son « sec »). Les retards générés par les delays numériques montent aujourd’hui à plusieurs secondes (plus de cinq secondes pour la dernière pédale Boss !).
Autres réglages
Notez pour finir que, suivant leur degré de sophistication, les delays peuvent intégrer divers paramètres et fonctionnalités :
- Un filtre passe-bas (souvent appelé 'High Damping’) permettant d’atténuer les aigus à mesure des répétitions, ce qui est indispensable lorsqu’on veut se servir de l’effet pour rendre une spatialisation réaliste.
- Un LFO qui permet de moduler les répétitions et dont on peut régler la vitesse et la profondeur de modulation.
- Une fonction 'Sample’ ou 'Hold’ qui permet de mettre une répétition en mémoire, à la manière d’un sampler, comme sur le JamMan…
- Un bouton Tap qui sert à définir manuellement l’écart entre les répétitions (on parle alors de Delay Tap-Tempo), ce qui peut être autrement plus intuitifs qu’un potar gradué en millisecondes.
- Un panner qui permet de renvoyer les répétitions alternativement à droite ou à gauche dans le champ stéréo. On parle alors de Ping-Pong Delay.
Placement
Comme tout effet de spatialisation, l’usage veut que le delay soit placé après la compression, la saturation ou distorsion et souvent en dernier ou en avant-dernier, juste avant la réverb dans une chaîne d’effet.
Les effets de modulation (chorus flanger) peuvent être situés avant ou après le delay. Le placement avant une distorsion ou un ampli à lampes saturé est à proscrire car il a tendance à générer de la distorsion d’intermodulation qui brouille sensiblement le message musical.
Dans le contexte de la guitare, notez que ce type d’effet se place idéalement dans la boucle d’effet de l’ampli, si celui-ci en possède une. Ceux dont l’ampli en est dépourvu pourront toujours faire comme Brian May, le guitariste de Queen, qui utilise un delay modifié pour pouvoir attaquer son Vox AC-30 saturé sans générer la distorsion d’intermodulation précitée. Celui-ci envoie chaque répétition dans un ampli différent ! (Pour 3 répétitions, 4 amplis sont utilisés, un pour le son sec, le deuxième pour la première répétition, le troisième pour la deuxième, etc.). Etant donné le résultat, on peut dire que cela fonctionne plutôt bien… même si le mur d’ampli n’est pas ce qu’il y a de plus pratique en appartement…
Exemples d’utilisation
Delay slapback : dans cet exemple, l’effet de slapback (écho court) sur la guitare est un peu exagéré mais on se rend compte à quel point il fait référence aux années 50.
Delay long : le classique parmi les classiques, un delay à 350ms permet de grossir une guitare solo. Efficace aussi sur un synthé lead, un sax, etc.
Delay multitap : l’utilisation de plusieurs delays en série s’est popularisé dans les années 80. Dans cet exemple la guitare lead est traitée par trois delays : un à 350ms, un 500ms et un à 800ms. Cette configuration, utilisée depuis des années par Satriani favorise le gros son. Notez comme le son se rapproche d’une réverb alors qu’aucun processeur de ce type n’est utilisé.
Delay rythmique (+ exemple 2) : en son clair comme en saturé, le delay peut être utilisé sur une guitare pour faire un « tapis rythmique ». Grand maître en la matière, The Edge de U2 utilise souvent un delay à la troisième de double croche (3/16) comme dans l’exemple audiofanzine_u2_delay.mp3.
- audiofanzine delay rhytmique 00:26
- audiofanzine delay sonclair 00:20
Delay ping pong : le delay ping pong permet d’alterner les répétition entre la gauche et la droite de la stéréo. Ici, sur un son de basse qui n’est joué que chaque temps, le delay fait le reste :
Delay/échos matériels de référence
Maestro Echoplex : l’Echoplex est « THE » delay à bandes au son chaud et précis. Apparu au début des années 60, il fût utilisé par à peu près tout le monde. On a pu le voir réutilisé assez récemment par Page/Plant à l’époque de No Quarter. Il est utilisé encore aujourd’hui par des artistes comme Eric Johnson et preuve qu’il n’est pas mort, la marque Jim Dunlop vend encore des bandes de rechange qui lui sont destinées ! Moins connu, le concurrent anglais de l’Echoplex s’appelait Copicat et était construit par la société Watkins. Pour finir, notez que Gibson vends un delay haut de gamme en rack nommé Echoplex. Il est totalement numérique et n’a donc rien à voir avec l’Echoplex des années soixante.
Dynacord Echocord Super S62 ou S65 : LA chambre d’écho des 60's avec une préamplification à lampes : côté précision, on repassera mais question chaleur, on est dedans. Une véritable machine à remonter le temps…
Roland Space Echo : la série Space Echo est composée de plusieurs modèles (RE-101, RE-201, RE-301, RE-501) sortis entre la fin des années 70 et le début des années 80. Ces delays à bandes sont très recherchés (regardez l’argus sur Audiofanzine) et quand on en a entendu un, on comprend pourquoi ! Les différents modèles ont des caractéristiques différentes (le RE-301 comporte un chorus par exemple).
Lexicon PCM 42 : Un grand classique du numérique qui a depuis été virtualisé avec succès par PSP Audioware.
Ibanez AD-9 : cette pédale analogique compacte est rééditée depuis peu. Le temps de delay maximum est de 350ms, comme à l’époque.
Boss DM-2 et DM-3 : avant les delay numériques, BOSS a produit plusieurs pédale de delay analogiques qui sont actuellement assez recherchée (la DM-2 comme la DM-3). La DM-3 est la dernière pédale de delay analogique du constructeur japonais. Elles ne sont malheureusement pas rééditées, il faut se tourner vers le marché de l’occasion.
Electro Harmonix Deluxe Memory Man : pédale légendaire toujours fabriquée par Electro Harmonix, elle propose en plus d’un delay analogique, une modulation de type chorus/flanger sur les répétitions. On l’entend dans les tout premiers enregistrements de U2.
Korg SDD 1000/2000/3000 : les racks Korg de la série SDD font partie des premiers delay numériques. Leur son un peu sale et leurs possibilités de modulation en ont fait des composantes indispensables du son de guitariste tels que Yngwie Malmsteen ou The Edge de U2 (encore lui).
Boss DD-3 : cette pédale Boss est certainement le delay numérique le plus répandu. D’une résolution de seulement 12 bits, elle sonne très bien et propose un temps de delay dépassant la seconde. Une fonction Hold permet de faire du looping rudimentaire.
Boss DD-6 : dernier avatar en date de la série, elle comporte les derniers raffinements : 5,2 secondes de delay, enregistrement de phrase (5,2 secondes également), un mode inversé pour des effets psychédéliques et une fonction de Tap Tempo.
Line 6 DL4 : fidèle à sa technologie de modélisation, le DL4 recrée les sons produits par l’Echoplex, le Memory Man, le Space Echo…, et propose ainsi une version allégée du rack Echo Pro.
[Moogerfooger] MF-104 Analog Delay : Back to the 70's avec ce 'petit’ Delay analogique au gros son signé Moog et qui propose un retard de 0,8 secondes.
Plug-ins de référence (payants)
La plupart des STAN proposent un ou plusieurs delays dans leur bundle d’effet (le Logic d’Apple est notamment très bien fourni de ce point de vue), ce qui n’empêche pas nombre d’éditeurs d’y aller de leur version de l’effet, souvent beaucoup plus aboutie que les outils de base qu’on trouve dans les séquenceurs.
EchoBoy de SoundToys est probablement l’un des plus populaires… et l’un des plus complets car il combine la modélisation de plusieurs delays hardware de légende au sein d’une interface simple, mais dans laquelle on peut s’enfoncer pour jouer avec des paramètres plus avancés… jusqu’à ne plus en sortir tant on s’amuse ! Simulation de bande, distorsion, modulation, EQ, rien n’y manque pour réaliser les choses les plus simples comme les plus complexes, bien au delà des machines émulée à la base, le tout sonnant toujours merveilleusement bien.
Arrivé plus récemment sur le marche, le Relayer d’UVI est également incroyablement polyvalent et puissant, ce que ne laisserait pas présager sa simplicité d’utilisation. Il ne s’agit pas ici de proposer d’émulation mais de maîtriser au mieux les différentes répétitions du son et de les coupler avec un processeur à convolution et de nombreuses possibilité de modulation. De la sorte, en plus des différents effets à retard, le logiciel s’aventure même sur le terrain des sons granulaires. Splendide !
Dans le genre complet, on pourra aussi aller renifler du côté du Bloom de FXpansion où les modulations sont à l’honneur, couplée avec des modélisation des 3 grands types de delay : Bucket brigade, bande et numérique.Le tout dans une interface très claire, ce qui ne gache rien.
Peut-être êtes-vous toutefois à la recherche d’outils plus simples que ces usines à gaz. Du coup, vous feriez bien de vous adresser au Waves H-Delay dont l’interface simplissime n’en cache pas moins un outil très complet, au petit DubStation d’AudioDamage, un petit Bucket Brigade à la grosse personnalité, ou encore au Tube Delay de Softube.
Au rayon des classiques, on ne manquera pas le Lexicon PSP 42 de PSP Audioware, une recréation du célèbre Lexicon PCM42, qui s’avère relativement simple à utiliser et sonne du feu de dieu en offrant pas mal de possibilité (9,6 secondes de retard, simulation de la saturation produite par les bandes, filtre passe-base, etc.). Notez que PSP Audioware a aussi publié une version gonflée aux hormones de cette émulation sous le nom de PSP 85 (10 secondes de retard, section de modulation et filtre multimode).
Tant qu’on y est, on en profitera aussi pour jeter un oeil au PSP Echo, une excellente émulation d’écho à bande à mettre en face de la parfaite interface du Massey TD5, dont le son n’est pas en reste mais qui est, hélas, uniquement disponible pour Pro Tools.
PSP 608 Multidelay, un plug-in proposant 8 lignes de delay offrant chacune 8 secondes de retards, un filtre, une section modulation, une simulation de saturation et une réverb… Une belle arme fatale !
Si le delay programmable à la façon d’une séquenceur à pas vous intéresse, vous feriez bien aussi d’aller voir du côté de l’excellent EARebound des français d’EAReckon.
Autres compétiteurs intéressant, le Sigmund de D16 Audio ou encore le Timeless 2 de Fabfilter qui, comme d’habitude avec l’éditeur suédois, offre une interface originale pour un outil très polyvalent.
Dans le registre du sound design, on ne se privera pas enfin d’aller visiter le site d’Ohmforce pour récupérer Ohmboyz, leur premier plug-in, un double delay dans la plus pure tradition du développeur français : à l’image des deux interfaces disponibles, le plug pourra produire le plus sage slapback comme servir à faire le sound design le plus barré. Le tout pour un prix très raisonnable et une consommation CPU réduite.
Plus récent et tout aussi recommandable, l’Echobode de Sonic Charge combine delay avec un Frequency Shifter pour donner un outil clairement orienté Sound Design.
Toujours au rayon des bizarreries, le Spectron d’Izotope permet de réaliser divers jeux de delay en fonction des fréquences du signal. On le raprochera du MMultibandDelay de Melda, combinant comme toujours un effet avec des possibilités de traitement multibande, MS et une section de modulations dantesque.
Plug-ins de références (gratuits)
Dans les gratuits, les Windowsiens iront voir du côté du Classic Delay de Kjaerhus Audio : gratuit et ne consommant pas grand-chose côté CPU, ce plug VST propose les trois grains de son typiques (bandes, analogique, numérique) et sonne de surcroît. Que demande le peuple ?
Quelque chose de plus vintage encore ? Alors jettez vous Elottronix et Elottronix XL d’Elogoxa, deux récréations sous SynthEdit du célèbre FripperTronic (sous PC donc), offrant pour la seconde version 80 secondes de retard ! Attention toutefois : les bestiaux ne sont pas commodes à maîtriser et le feedback a vite fait de prendre le dessus.
Toujours sous PC, on ne manquera pas non plus les quelques plugs désigné sous SynthEdit par Interruptor et les delays multiples de Klanglabs. Enfin, toujours et encore sous SynthEdit mais distribué en Donationware, on ne passera pas à côté de l’excellent Retrodelay d’e-Phonic.
Sous mac, l’offre est moins étendue mais on sera bien avisé d’aller visiter le collectif Expert Sleepers pour goûter à leur meringue et les incontournables coyotes de Smartelectronix qui proposent un chouette AnalogDelay en Donationware.
Enfin, on passera par http://arne.knup.de/plog/ pour récupérer un MultiDelay des plus sympathiques.
Discographie sélective
Elvis Presley : Sur « Blues Suede Shoes », le solo de guitare présente un écho slapback du plus bel effet, écho qui sera présent aussi sur la voix du king dans la plupart de ses enregistrements et qui sera la marque du Rock’n’Roll des 50's puis du Rockabilly. Dans un registre plus pop’n’roll, on ne manquera pas non plus d’écouter la voix de Chris Isaak qui privilégie cette effet rétro sur la plupart de ses titres.
Led Zeppelin : Le break au milieu de Whole Lotta Love illustre l’utilisation d’un Echoplex dans un registre plutôt psychédélique. Sur le charley de Bonham, le delay démultiplie dans l’espace stéréo les râles, cris et feulements de Robert Plant comme les phrasés bruitistes de Page, juste avant l’arrivée d’une caisse claire qui précipite la chanson sur un solo d’anthologie…
Lenny Kravitz : Un delay plombe une batterie simpliste pour étoffer l’assise rythmique (une simple guitare sèche) de « Just Be a Woman » sur Are You Gonna go my Way ?. Sur le « What the fuck are we saying ? » de Mama Said en revanche, c’est le piano et la voix qui bénéficient d’un delay plus ou moins important pour flotter autour d’une batterie bien carrée.
Robert Fripp et Brian Eno : enregistré en 1970, No Pussyfooting est certainement le premier album pop où des boucles sont utilisées. Le système mis au point par Brian Eno a conduit Robert Fripp à inventer le Frippertronics quelques années plus tard.
Pink Floyd : Dans « Time » sur l’album Dark Side of the moon, un delay long est utilisé sur le solo de Gilmour pour lui donner de l’espace et de l’épaisseur. Vraisemblablement traité avec un delay à bandes magnétiques, le son du guitariste se trouve ainsi au premier plan, malgré un environnement relativement riche (basse, batterie, clavier, chœurs). Dans l’album The Wall, on appréciera aussi la façon dont le delay décompose la guitare rythmique en ouverture « Run Like Hell » pour préparer l’arriver de la basse, de la batterie et de la deuxième guitare rythmique. Enfin, sur le même album, on ne manquera pas d’observer l’usage qui est fait du delay sur les cocottes et petits phrasés rythmiques de « Another Brick on the Wall (Part I) » et qui tisse des entrelacs de guitare en sons clairs à partir de trois fois rien.
U2 : « I will follow » sur Boy, le premier album du groupe, comporte déjà le son de guitare rythmique caractéristique de The Edge, lequel doit beaucoup au delay. En guise de référence, on ne manquera pas non plus de jeter une oreille à l’extraordinaire intro de « Where the Streets have no Name » sur The Joshua Tree, ou comment l’usage de multiples pistes avec des delays différents (certaines sous-mixée, comme l’explique le guitariste dans le DVD Classic Album consacré au making of du disque) peuvent produire une texture sonore des plus passionnantes.