Réputé pour l’excellence de ses modèles haut de gamme, Adam entend bien démocratiser son savoir-faire avec les enceintes A7, des moniteurs 2 voies crédités d’une puissance de 2 x 50 Watts. Pari réussi ?
Réputé pour l’excellence de ses modèles haut de gamme, Adam entend bien démocratiser son savoir-faire avec les enceintes A7, des moniteurs 2 voies crédités d’une puissance de 2 × 50 Watts. Pari réussi ?
Beaucoup vous le diront : s’il est un domaine de la chaine audio à ne pas négliger dans un studio, c’est bien les enceintes. Vous pouvez disposer de la carte son la plus performante, des meilleurs micros et d’excellents préamplis, vous n’irez pas bien loin dans la qualité sans une paire d’écoutes digne de ce nom. Pourquoi ? Parce que c’est avant tout avec ses oreilles qu’on fait de la musique et, de la même manière qu’un graphiste ne pourrait travailler sur une télé 36 cm noir & blanc, un musicien ne saurait se passer d’une paire d’enceintes fiables, à même de lui révéler tel ou tel défaut dans un mixage.
Or, s’il est indéniable qu’il faut soigner le choix de ses moniteurs, il est aussi évident que de bonnes enceintes coûtent relativement cher… Quand une marque réputée pour la qualité de ses produits pros décide de faire des choses plus abordables, on est donc forcément intéressé. C’est le cas d’Adam qui, après avoir été salué par la presse pour la qualité de ses séries S et P, tente avec la série A de proposer des choses aux budgets plus modestes, comme les Adam A7, des moniteurs bi-amplifiés de 2 × 50 Watts, vendus à un prix public unitaire de 417 € hors taxe.
Au déballage, les A7 ne dérouteront pas les habitués de la marque, car elles reprennent, dans des proportions plus modestes bien sûr, la finition de leurs grandes sœurs de la série S. On reconnaît immédiatement le tweeter ART, fer de lance technologique du constructeur (un tweeter à ruban dont nous avions déjà parlé à l’occasion des tests des S2A), lequel surplombe un boomer composite de 6,5" en Rohacell / Fibre de carbone, soit le minimum syndical dès lors qu’on entend restituer un minimum de graves sans recourir à un caisson. Alliant sobriété et élégance, le boîtier semble, tant par son assemblage que la qualité des matériaux qu’il emploie, fait pour durer. En façade, on dispose d’un contrôle du gain d’entrée, d’une LED bleue témoignant de la mise sous tension et d’un interrupteur. La chose est bienvenue si l’on songe que, par économie, beaucoup de constructeurs déportent le bouton marche/arrêt à l’arrière des enceintes, ce qui n’est guère pratique.
A l’arrière
Justement, venons-en à l’arrière des enceintes ou sont placés les deux connecteurs d’entrée : un au format RCA, et donc asymétrique, et l’autre XLR symétrique qui sera la préférence de ceux désirant une qualité maximale. Cette dernière connectique est celle utilisée par la majorité des appareils pro/semi-pro et permet d’utiliser des longueurs de câble plus importantes qu’en asymétrique sans pertes de signal.
La deuxième partie du panneau arrière regroupe les trois contrôles permettant d’ajuster la réponse en fréquence du moniteur, chaque salle ayant sa particularité acoustique, il est nécessaire d’adapter ces réglages en fonction. Le premier permet d’ajuster le niveau du tweeter de +/- 4dB et les deux autres sont des filtres de type shelves pouvant atténuer ou amplifier de 6dB les fréquences supérieures à 6 kHz et inférieures à 150 Hz. Atténuer les basses fréquences peut servir à ceux qui désirent mixer dans un espace réduit. Je m’explique : si les enceintes sont placées près d’un mur ou pire, dans un coin de la pièce, alors les basses fréquences (qui sont omnidirectionnelles) auront tendance à se réfléchir contre le mur et revenir vers l’auditeur. On aura donc des basses proéminentes qu’il sera nécessaire d’atténuer afin d’obtenir une réponse fréquentielle la plus linéaire possible.
Ecoute
Passons maintenant à l’étape principale : l’écoute ! Premières impressions : très bonnes. Les hautes fréquences sont vraiment magnifiques, et pour avoir pu écouter une bonne partie de la gamme ADAM, je peux vous dire qu’elle tient de ses grandes sœurs. C’est doux et précis à la fois, aucune fatigue ne se fait ressentir et on en redemande. J’ai pu pour ma part redécouvrir certains disques que je connaissais bien, des overdubs qui ressurgissent, des détails qui se révèlent, c’est vraiment une sensation très agréable. Passée l’émotion des débuts, la raison refait doucement surface. Certes, ces enceintes sont très bonnes, mais elles souffrent de quelques lacunes dans le bas du spectre dues à la taille des haut-parleurs et de la boîte. C’est là où majoritairement les autres modèles de la gamme se différencient. Mais ADAM reste un très bon fabricant d’enceintes, pas un magicien. Pas de miracles, mais rien d’alarmant, c’est tout à fait normal pour ce type de moniteur… Si le besoin se fait sentir, il sera toujours temps d’ajouter un subwoofer à votre configuration.
Black Orpheus de Keziah Jones (2003)
On commence avec cet album de Keziah Jones qui est une référence pour moi. Les basses fréquences sont ici très compactes, elles ne masquent pas les fréquences plus hautes, mais ça manque quand même d’extrêmes graves et de définition par endroits, la basse peut descendre très bas sur ce disque. En revanche, l’attaque du kick est franche et sans bavure. Grâce aux aiguës des enceintes, les guitares acoustiques sont très agréables, douces et précises à la fois. L’image stéréo est excellente et on discerne bien toutes les voix des chœurs.
Seven steps to heaven de Miles Davis (1963)
Les enceintes font du très bon travail sur ce disque, le timbre de la trompette de Miles Davis est doux à souhait, chaque instrument est à sa place, l’espace et la réverbération sont bien restitués. La contrebasse se détache bien et ne manque pas de précision. L’image stéréo est parfaite et tous les détails de jeu son retranscrit : que du bonheur !
Speakerboxxx/The Love Below de OutKast (2003)
On change complètement de registre ici et on passe au double album du duo OutKast qui a eu un grand succès lors de sa sortie. Les Kicks sont impressionnants notamment sur la chanson « The Way You Move », mais la basse manque un peu de corps. On sent les limites physiques du système et il semble difficile avec des haut-parleurs de cette taille de descendre aussi bas tout en gardant une bonne précision. Les médiums et les aiguës sont toujours un régal, les voix ressortent juste comme il faut.
Black Album de Metallica (1991)
Que les métallurgistes se rassurent, les ADAM A7 passent haut la main le test du Black Album. J’ai même découvert de nouvelles pistes de guitares et certaines subtilités (si, si, je vous assure !) me sont apparues comme par enchantement. Aucun problème à signaler sur l’équilibre du spectre, ‘Sad But True’ est aussi légère qu’un semi-remorque californien remplit de roadies et de pack de bières. On apprécie vraiment le travail qui a été fait sur ce disque et les enceintes permettent même de révéler certains secrets de mixages si on est bien attentif…
Off the Wall de Michael Jackson (1979)
C’est au tour de Mickey de passer à la moulinette. La première chanson du disque, « Don’t stop ‘till you get enough » est un vrai régal pour les oreilles : les percussions, les guitares et les cuivres sont très détaillés et tout est très bien retranscrit. Sur ce disque, point d’extrêmes graves qui vous retournent l’estomac, tout reste précis et à sa place. Quelle belle image stéréo ! Les enceintes sont vraiment à l’aise, ADAM : 1 point.
Up for you & I de Minor Majority (2004)
La basse du premier morceau de ce disque acoustique est profonde et arrive à pousser les A7 dans leurs derniers retranchements : un léger flou s’installe dans les fréquences graves. Rien de dramatique cependant et c’est même un peu normal vu la taille des boites face à moi. Les guitares acoustiques et les violons caressent délicatement mes oreilles (merci les rubans !) et la voix profonde de Pål Angelskår est parfaitement restituée.
La 6e symphonie pastorale de Beethoven, Claudio Abbado et l’orchestre philharmonique de Vienne
Pour finir, j’ai écouté la 6e symphonie pastorale de Beethoven par l’orchestre philharmonique de Vienne. Dans ce registre, les ADAM s’en sortent très bien et aucune lacune n’est à noter au niveau fréquentiel, le tout est très équilibré. Les détails de certains passages et la puissance de certains autres démontrent que les enceintes ont une grande dynamique, on entend enfin ce qu’elles ont dans le ventre ! L’espace est parfaitement retranscrit et les A7 permettent de nous immerger totalement dans la musique.
Conclusion
Cette paire d’enceintes est vraiment une très bonne surprise, ADAM a su se rendre accessible tout en conservant les qualités qui ont fait sa renommée. A commencer par un tweeter à tomber par terre, une fabrication irréprochable, une connectique suffisante et des réglages efficaces. Au niveau du son, l’écoute est agréable, n’est pas aussi fatigante qu’avec des NS-10 de Yamaha ou même des BM6 de Dynaudio. Mais attention, elles ne sont pas pour autant flatteuses et leur précision ne laissera passer aucun défaut de vos mix. Le léger flou résidant dans les basses fréquences est malheureusement le prix à payer quand on n’a pas la bourse ou la place pour acquérir des moniteurs plus imposants. L’histoire se répétera avec chaque marque d’enceinte.
Au niveau du rapport qualité / prix, ADAM se positionne très bien vis-à-vis de la concurrence et prend la place de référence. Avec ses A7, le constructeur allemand place la barre très haute, reste à voir la réaction des autres marques…