Après la FatBee, une fuzz bien épaisse et bourdonnante sur laquelle j’avais eu le plaisir de poser la Santiag il y a quelques mois, voilà que Beetronics ressort un circuit fou abrité dans ce châssis à la forme si particulière. La nouvelle création des californiens de Beetronics est un octa-fuzz assez singulier avec ce charme caractéristique de la marque. On sort les ailes, et c’est parti pour le test de cette nouvelle pédale qui pique.
Beetronics est une marque à part dans le monde des pédales d’effets « boutique ». Elle a su se forger un nom et une réputation notamment grâce à la thématique récurrente des abeilles qu’elle a su pousser assez loin. Du nom des pédales à leur packaging en passant par les vidéos de démonstration, tout nous rappelle cette thématique assez particulière, mais finalement attachante. La dernière création de Beetronics, la Vezzpa (jeu de mots sur « Vespa » qui signifie « guêpe », la marque prenant un malin plaisir à remplacer le « s » par une série de « z » comme à son habitude) est une pédale d’octa-fuzz à première vue assez simple, mais qui cache en réalité pas mal de fonctions intéressantes.
On retrouve le même châssis que celui qui abritait le circuit de la FatBee, cette fois-ci peint en noir et dont la face avant est ornée d’une plaque décorative qui représente une guêpe, stylisée à la manière d’un vitrail. Le nom de la pédale apparaît sur la partie inférieure de la face avant alors que le foot switch trône en son centre. On remarque que la pédale dispose de trois LEDs, j’y reviendrai. Les noms « Fuzzzz » et « Stinger » apparaissent près de la tête de la guêpe. Les contrôles de Volume et Sustain sont situés sur le dessus de la pédale ce qui évitera toute fausse manipulation avec le pied, la pédale étant mine de rien très compacte. Les fiches d’entrée et sortie sont situées respectivement sur les côtés droit et gauche ; la fiche d’alimentation (9 volts centre négatif) est située près de la fiche jack de sortie. Les boutons de potentiomètres sont noirs avec un cerclage et un indicateur chromés : c’est très joli. Le fabricant californien signe encore une fois une pédale dont le design ne laisse pas indifférent ; j’étais tombé sous le charme visuel de la FatBee et cette Vezzpa déclenche le même sentiment.
Pas folle, la guêpe !
Dès la sortie de la pédale de sa belle boîte et de son joli papier de soie décoré de tous les logos de la marque, on remarque qu’une petite étiquette cartonnée est accrochée au footswitch afin d’en détailler le fonctionnement. C’est certain, on n’est pas face à un octa-fuzz standard. La pédale, comme les trois LEDs et les deux noms « Fuzzzz » et « Stinger » pouvaient le laisser deviner, intègre deux modes de fonctionnement. En appliquant une pression sur le footswitch, on active la pédale ; en pressant deux fois de suite dessus on change de mode, « Fuzzzz » ou « Stinger ». Chaque mode possède sa propre LED (orangée pour le mode « Fuzzzz », verte pour le mode « Stinger ») en plus de la LED rouge qui témoigne de l’activation de la pédale, située sous le foot switch. Mais ce n’est pas tout ! Quand la pédale est activée, une pression continue de plus de 250 ms permet de basculer momentanément entre les modes. Par exemple si on est en mode « Stinger », en maintenant une pression continue sur le switch, on passe en mode « Fuzzzz ». Le retour au mode « Stinger » se fera en retirant le pied du switch. Quand la pédale est inactive, une pression continue activera momentanément la pédale, dans le mode dans lequel elle est. Beetronics a pensé à tout et offre même la possibilité de changer le temps d’activation des fonctions momentanées ; d’usine, la pédale est en mode « FAST BEE » ce qui veut dire qu’une pression supérieure à 250 ms activera une fonction momentanée. En revanche, si on retire l’alimentation de la Vezzpa et qu’on maintient le footswitch appuyé en connectant l’alimentation, on passe en mode « LAZY BEE » ; une pression supérieure à 350 ms activera désormais une fonction momentanée. Ce multiswitch est très bien pensé et rend la pédale, bien qu’assez simple, très polyvalente et créative.
Elle vole ou elle pique – le buzz ou le dard ?
Le mode « Fuzzzz » est un circuit construit autour d’un ampli-OP et qui produit un son de fuzz mordant, agressif et brut de décoffrage. Le réglage de sustain permet d’ajuster le niveau de saturation. Dans ses réglages les plus hauts, on obtient effectivement un mur de fuzz hi-gain avec un noise-gate très efficace. Plus on diminue ce réglage de Sustain, plus on entre sur les territoires d’une fuzz assez légère et au noise-gate très prononcé qui étouffe et coupe les notes. C’est assez particulier, mais pas inintéressant. En passant en mode « Stinger » (qui signifie « dard »), on enclenche en plus un circuit d’octave supérieure qui rend le son encore plus agressif et fera ressortir du mix n’importe quelle phrase ou riff.
J’ai testé la Vezzpa avec ma fidèle Fender Stratocaster AVRI’62 et mon petit Marshall Origin5. Sur un son clair, la Vezzpa bourdonne bien et génère une quantité impressionnante de gain. Le potard de volume est très bien étagé et permet de régler la pédale en finesse. Elle dispose d’ailleurs d’une bonne réserve de volume et on peut vraiment s’en servir pour ressortir pendant un solo. Le mode « Stinger » est très sympa et apporte une couleur vintage/psyché super attachante. L’octave supérieure permettra effectivement de bien faire ressortir un passage en particulier avec un grain inimitable. Sur un son clair, le son est presque trop criard, mais l’effet reste musical. J’augmente le volume de mon petit combo pour tester la pédale sur un son crunch et là, ce n’est plus la même tisane. La pédale réagit très bien et le son est tout simplement énorme. Le noise gate remplit très bien son office, mais interdit cependant de jouer avec le volume de la guitare. Attention également aux effets qui pourraient se situer entre la sortie de la guitare et l’entrée de la Vezzpa, le noise gate étant très réactif au signal d’entrée. Sur un son crunch bien épais, on peut baisser le réglage de Sustain pour des sons de fuzz un peu plus doux. La pédale excelle néanmoins dans les avalanches de fuzz rugueuse hi-gain, avec le réglage de sustain assez haut. Le déferlement d’octa-fuzz du mode « Stinger » est très seventies dans l’esprit et développe des « harmoniques sous crack » si on reprend la formulation de la marque qui est assez juste.
L’utilisation du multiswitch offre des perspectives d’utilisation inhabituelles pour ce genre d’effet. Pouvoir l’activer de manière momentanée simplement en maintenant une pression sur le footswitch est très pratique. Basculer d’un mode à l’autre momentanément est aussi très inspirant ; on peut jouer un gros riff en fuzz et y incorporer une mélodie avec un octa-fuzz de manière très intuitive.
- Clean Sustain 50% Fuzzzz01:12
- Clean Sustain 50% Stinger01:27
- Clean Sustain 100% Fuzzzz01:33
- Clean Sustain 100% Stinger01:10
- Crunch Sustain 50% Fuzzzz01:21
- Crunch Sustain 50% Stinger00:49
- Crunch Sustain 100% Fuzzzz01:10
- Crunch Sustain 100% Stinger01:56
Conditions du test : Fender Stratocaster AVRI’62 – Beetronics Vezzpa – Marshall Origin5 – Torpedo Captor X (simulation d’enceinte 2×12 Victory avec HP Celestion Creamback repiquée avec un SM57 et un Neumann U87) – Audient iD22 – Logic Pro X
Elle va faire le buzz
La Vezzpa est une franche réussite et apporte un souffle de nouveauté à cet effet pourtant bien connu. Les sonorités sont très séduisantes et le mode de fonctionnement de la pédale est bien pensé et la rend très polyvalente. C’est une belle adaptation de l’octa-fuzz à la sauce Beetronics. À essayer d’urgence.