Dévoilée lors du dernier NAMM, la série Academy de Taylor démontre encore une fois la volonté de la marque américaine d’ouvrir son catalogue à des modèles moins onéreux. Dans la continuité des Baby, GS Mini, et dans une moindre mesure des séries 100 et 200, les guitares Academy promettent donc d’offrir le son et la jouabilité Taylor aux bourses les plus modestes. Forcément séduits par la proposition, nous avons testé la guitare Dreadnought de cette nouvelle série.
La série Academy est composée de cinq modèles. Nous avons ainsi la guitare Dreadnought Academy 10 et sa version électroacoustique 10e, les guitares Grand Concert Academy 12 et 12e, et enfin une autre Grand Concert équipée de cordes en nylon, la 12e-N. Hormis ce dernier modèle, toutes les guitares possèdent exactement les mêmes caractéristiques. Les voici :
- Formats Dreadnought pour les modèles 10 et 10e et Grand Concert pour les modèles 12 et 12e
- Table en épinette de Sitka massif avec repose-bras en acajou
- Barrage Academy
- Dos et éclisses en sapele superposé
- Manche en sapele
- Diapason de 24.875"
- Touche et chevalet en ébène, 20 frettes
- Sillet en Nubone de 1.687"
- Sillet de chevalet en micarta
- Électronique ES-B pour les modèles 10e et 12e
- Livrées avec une housse
- Cordes d’origine : Elixir Phosphor Bronze Light
- Finiton Natural sans vernis
- Fabriquées au Mexique
La série Academy possède clairement des points communs avec les modèles GS Mini et Baby (dos et éclisses en sapele superposé, touche en ébène, etc.), mais, pour autant, elle se démarque grâce à quelques éléments.
Tout d’abord, le format est bien différent. Le corps des modèles Academy est plus grand, plus large, et plus profond que celui de la GS Mini, qui elle-même est déjà plus imposante que la Baby. Le diapason est également plus long sur les modèles Academy. Malgré tout cela, les dernières guitares de Taylor restent plus compactes que des Dreadnought ou des Grand Concert traditionnelles avec un corps moins profond, et surtout un diapason plus court.
L’autre grand élément distinctif, c’est évidemment l’intégration à la table d’un chanfrein en acajou là où repose l’avant-bras du guitariste. Cette caractéristique exige un travail de lutherie complexe, et elle est souvent l’apanage des modèles haut de gamme. Mais cela apporte-t-il réellement un plus ?
Question d’feeling
La guitare est livrée dans une housse matelassée Taylor. L’instrument en lui-même est très sobre, et rien n’est superflu : il n’y a pas de binding, le cache truss rod est en plastique, mais discret, et le corps est entièrement satiné. L’Academy 10e est plutôt élégante dans son style.
La prise est main est très agréable. Le corps est moins profond que sur une Dreadnought classique, et cela participe au confort. Le dos est légèrement bombé — il n’y a donc pas de barrage à ce niveau — mais cela ne gêne pas. De plus, l’échancrure pour l’avant-bras apporte un réel plus, puisqu’aucune arête ne rentre dans la chair.
Le diapason de 24 7/8" est un beau compromis, puisque l’instrument parait vraiment plus compact. Pour autant, la jouabilité est incroyable, avec une tension un peu moins forte des cordes, une action assez basse et des frettes un peu plus rapprochées qui facilitent la vie. En plus de cela, l’arrière du manche est satiné, ce qui facilite les glissés. Taylor est réputé pour la jouabilité de ses guitares, et l’on retrouve cette identité avec les modèles Academy. Tout paraît plus facile à jouer !
L’électronique se compose de trois capteurs piezo placés sous le chevalet et d’un préampli situé sur l’éclisse supérieure. Le préamp propose un réglage du volume, un réglage de tonalité, et un accordeur. Malheureusement l’accordeur n’est pas assez précis, et il faut toujours finir l’accordage à l’oreille. Enfin, notons que le préampli est alimenté par une petite pile située dans un petit compartiment très facile d’accès.
Appellation d’Origine Contrôlée
Voici une série d’extraits présentant les sonorités de l’Academy 10e. Trois styles de jeux sont illustrés (strumming, arpèges et solo) avec dans chaque cas un son capté par un micro Aston Origin et un autre capté grâce au piezo.
- 1 Micro Aston Strum 00:51
- 2 Piezo Strum 00:51
- 3 Micro Aston Arpèges 01:24
- 4 Piezo Arpèges 01:24
- 5 Micro Aston Solo 01:10
- 6 Piezo Solo 01:10
- 7 Piezo Tone 01:57
Le son de la 10e est plutôt équilibré, puisqu’il y a à la fois des graves et des aigus, mais fait surtout la part belle aux médiums et aux hauts médiums. Les graves sont là, mais peu puissants, et le tout est donc finalement assez brillant sans sonner métallique. Du moins, c’est ce que l’on ressent en jouant… Car l’Academy 10e nous a surpris une fois enregistrée par notre micro Aston Origin : le son paraît encore plus équilibré avec une présence accrue des graves.
De plus, la guitare cumule de nombreuses qualités. Tout d’abord, chaque note est bien définie, en particulier avec les 4 cordes les plus aiguës. La réponse à la dynamique est excellente, et la 10e réagit vraiment différemment selon qu’on la joue avec les doigts ou un médiator. Cette finesse est assez rare sur des guitares dans cette gamme de prix. De plus, les harmoniques sortent facilement, le sustain est présent, et la guitare résonne bien.
La présence des hauts médiums et le grand respect de la dynamique peuvent toutefois rendre notre guitare un peu trop agressive avec un médiator. Cela offre néanmoins de la polyvalence, et la guitare s’accommodera de nombreux styles. Seule l’absence de graves puissants et chauds limite un peu les possibilités de l’Academy 10e, mais, comme nous l’avons précédemment dit, la guitare se comporte admirablement bien pour l’enregistrement et ses petits « défauts » sont gommés.
Quant au piezo, il fait son travail sans éblouir. Évidemment, on est loin du son naturel de la guitare, mais l’on découvre des graves profonds qui peuvent s’avérer utiles en mêlant le son d’une vraie prise micro et du piezo. Attention, ce dernier a tendance à facilement capter les petits frottements sur le chevalet, il faudra donc adapter sa position de jeu en conséquence.
Enfin, le Tone permet d’arrondir le son de la guitare, ou de le rendre un peu plus percussif. Il agit principalement sur les aigus, et assourdit trop l’instrument lorsqu’il est vraiment poussé vers la gauche. À l’inverse, l’autre position extrême est utilisable. Encore une fois, la 10e s’avère polyvalente.
Conclusion
La guitare Academy 10e reprend indubitablement l’ADN de Taylor. La promesse d’offrir la jouabilité et l’empreinte sonore caractéristiques de la marque est en effet tenue, et ce, pour un tarif de 649 €. La version non électroacoustique, l’Academy 10, est même proposée à partir de 549 €.
L’instrument est impeccable, ultra confortable, plutôt équilibré dans ses sonorités, et même polyvalent. Il n’a pas le caractère d’une grande guitare — la résonance et les harmoniques ne sont pas au niveau d’un instrument beaucoup plus cher — mais il s’avère être un excellent outil de studio, pour travailler, ou même pour débuter si le budget initial est conséquent.
Le positionnement de la série Academy dans la gamme Taylor est en tout cas intéressant. Les tarifs se situent pile entre la Baby et les séries 100/200, et sont similaires à ceux des GS Mini dont le format est différent. Le prix est cohérent, et la qualité au rendez-vous. La démarche de la marque n’est d’ailleurs pas sans rappeler celle de Martin avec sa Dreadnought Junior dont le prix, le format, et les caractéristiques sont assez proches de la 10e. Nous n’avons malheureusement pas encore essayé ce modèle, mais il rencontre un véritable succès. Au regard des qualités de la série Academy, la concurrence s’annonce rude !