La nouvelle Gibson Les Paul High Performance cru 2019 est arrivée et même si on peut savoir à quoi s'attendre, il faut bien avouer que la curiosité est là. Pour la satisfaire, un petit tour d'horizon s'impose avec une question en tête : qu'apporte-t-elle de nouveau par rapport à la version 2018 ?
Depuis 1952, bon nombre de modèles de Gibson Les Paul ont vu le jour. De la Standard à la Custom en passant par la Studio, la Junior, la Classic ou la Melody Maker, sans oublier les modèles Signature, il est parfois difficile de s’y retrouver dans le catalogue actuel. En 2016, Gibson revoit sa copie après avoir lu des avis d’utilisateurs pour sortir le modèle High Performance. La version 2019 étant la quatrième, on peut se demander ce qui pousse le constructeur de Nashville à la renouveler aussi vite.
Bonjour, vous…
À l’ouverture de l’étui fuselé, des mots s’imposent : c’est beau. Même sans être un inconditionnel des Les Paul on ne peut s’empêcher de marquer une pause de contemplation. Tout est très soigné, guitare comme étui. Rien de surprenant pour une guitare dans cette gamme de prix mais cela fait toujours plaisir à voir. On a tout de suite envie de la brancher sur un 4×12 sans se demander si les voisins y trouveraient quelque chose à y redire. Sur le papier la lutherie est assez classique mais qu’importe, l’acajou sonne et il n’est pas forcément nécessaire d’aller chercher un bois rare pour faire un bel instrument. La touche, quant à elle, est en Richlite, un matériau composite utilisé notamment dans l’industrie aéronautique. Étant très stable dans le temps, Gibson l’utilise depuis quelques années déjà et n’est d’ailleurs pas le seul, des marques comme Hagstrom ou Martin ont déjà passé ce cap.
Sur la balance elle reste assez lourde comparée à la concurrence malgré le procédé « Ultra-Modern Weight Relief » qui consiste à creuser des cavités dans le corps pour en réduire le poids sans trop en changer la sonorité.
Ultra balèze
Alors de quelles performances parle-t-on ? Il semblerait que le sous-entendu s’adresse surtout aux sprinteurs de manche. À l’essai, la jointure corps/manche revue pour faciliter l’accès aux aigus fait son effet. C’est devenu très agréable alors qu’avant, un bend à la 20e case pouvait occasionner une visite chez le kiné. Les frettes sont plus basses, plus fines et le sillet est devenu un mélange sillet-frette 0 réglable en hauteur pour un contrôle précis de l’action des cordes.
Le profil du manche s’appelle « Soloist », ce qui est assez évocateur. On sent vraiment une volonté de moderniser un instrument qui n’en est pas à sa première mouture, mais après tout en avait-il vraiment besoin ? Surtout que ces changements sont présents depuis la version 2017. Celle de 2019 arbore à peu de choses près les mêmes spécifications que celle de 2018 mais abandonne toutefois l’accordeur automatique G-Force.
Qui peut le plus en veut encore plus
La prise en main est instinctive, on se sent à l’aise partout sur le manche. Cela parait étrange au premier abord de ne pas voir les stries et autres porosités de la touche quand on y pose les doigts mais le confort de jeu est là. Côté électronique, par contre, c’est l’usine, avec pas moins de quatre Push/Pull. Les volumes passent les micros en simple bobinage (Split) ou activent un filtre qui donne aux Burstbucker un son proche des fameux P-90 (Tap). La différence entre humbucker et P-90 est en fait très fine et peu perceptible.
Les tonalités quant à elles sélectionnent les bobines extérieures ou intérieures pour le mode Split et permettent de les passer en hors phase. Cette dernière configuration donne un son léger, un peu creux, comme ce qui se faisait sur une Fender Mustang dans les années 60. C’est assez rare et produit un effet intéressant. Gibson a décidément voulu mettre tous les configs dans le même panier. Oui… mais attendez, parce que ce n’est pas fini.
Accessibles par la plaque arrière, cinq DIP switchs changent les push/pull en Split ou en Tap, activent des filtres qui permettent aux aigus de ressortir même à faible volume ou activent un suppresseur de transitoires. Explication de Gibson pour ce dernier réglage : les transitoires peuvent être mal reproduits par une conversion analogique/numérique lors d’un enregistrement dans un séquenceur (type Cubase ou autre). À l’essai on constate que même si l’action des switchs se sent, ils agissent sur des réglages très, voire trop fins et dont on peut questionner l’utilité.
À l’écoute
Une fois la guitare branchée, le son est là. Aucune révolution à signaler mais ça sonne. Les Burstbucker Alnico V sont bien évidemment assez modernes, mais sans être très agressifs. On peut tout faire, notamment car le split des bobines est spécifique à chaque micro. Le commutateur à trois positions peut donc passer d’un simple bobinage manche à un double chevalet ou la combinaison de deux. Les grosses saturations marchent bien et le son est assez précis pour enchainer des palm mute rapides même si ce n’est pas son meilleur registre. Aidée d’une Big Muff le micro manche (Pro Rhythm) est bien gras et ravira les stoners.
En son clair, c’est très convaincant. Arpèges pop ou rythmiques funk passent sans problème. Les humbucker sont l’apanage par excellence de la guitare de Mr Paul mais les bobines splittées sont aussi dignes d’intérêt, particulièrement en position manche. Cela lui donne une aisance dans d’autres domaines que ceux qu’on lui prêterait habituellement. Jouer du Hendrix par exemple sur cette Les Paul devient naturel et on pourrait s’y tromper lors d’un blind test.
- Punk Dual Rectifier00:37
- outer split neck di 2 Groove Tubes00:46
- outer split bridge di 2 Groove Tubes00:46
- Lead Stupid JCM 80000:46
- inner split neck di 2 Groove Tubes00:46
- inner split bridge di 2 Groove Tubes00:46
- inner out of phase di 2 Groove Tubes00:46
- all inner split di 2 Groove Tubes00:46
Conclusion
Pour 2019, Gibson ressort sa High Perfomance II avec des changements surtout esthétiques par rapport à celle de l’année précédente. On a ici un très bel instrument tant au niveau visuel que sonore qui joue la carte de la polyvalence. La guitare sera toutefois à ranger dans la catégorie « guitare ultime » vues ses possibilités et son prix de 3600 €. Et d’ailleurs pourquoi une guitare si chère ? Pour répondre à des attentes et combler un manque par rapport au modèle d’origine ? En vouloir plus, oui, mais on peut se questionner sur le choix de Gibson de vouloir la transformer en couteau suisse ultra polyvalent et réservé aux musiciens les plus aisés. Les options d’électronique et les choix des matériaux peuvent éventuellement justifier un prix conséquent mais celui-ci est vraiment très élevé. D’autres modèles chez Gibson en ont peut-être moins, mais demeurent plus abordables et n’ont pas forcément à rougir une fois branchés.
Si l’histoire de la Gibson Les Paul vous intéresse, n’hésitez pas à lire cet article !