Faut-il encore vous présenter la Telecaster ? Sa contribution au monde la musique populaire a été sans commune mesure. Voici, pour les novices qui l’ignorent, quelques-uns des riffs les plus mémorables qui ont été confectionnés sur cette divine planche de bois : "Brown Sugar" des Rolling Stones, "I’m a man" de Muddy Waters, "Every breath you take" de Police, en passant par "Glory days" de Bruce Springsteen.
Même si la forme générale de la Telecaster n’a pas énormément évolué depuis sa conception -en 1949-, Fender a su intelligemment moderniser son modèle afin de l’adapter aux changements des modes musicales mais aussi en tâchant de s’adapter tant bien que mal aux besoins des musiciens qui comme la technologie, évoluent avec le temps. Du coup, il n’est pas si facile de s’y retrouver ces dernières années chez Fender devant la multitude de déclinaisons de ce modèle. Il y en a pour tous les goûts et pour tous les porte-monnaie ! Entre les Reissue, les Classic Series, les Custom, les Squiers, les Custom shop designed et j’en passe, on se retrouve face à une multitude de guitares avec des prix qui vont du simple au quadruple voir même plus dans certains cas…
Un corps de rêve…
Présentée pour la première fois au public lors du NAMM show 2010 et disponible au public depuis janvier 2010, la « American Special Telecaster » est disponible en seulement deux coloris : « Olympic white » (le modèle proposé en essai par Fender) ou en « Sunburst 3 tons », tous les deux avec une plaque noire à trois plis (noir/blanc/noir) et 8 trous. Le corps en aulne possède un contour basé sur le corps des Telecasters des années 70s. Le vernis gloss est de type polyuréthane. Pour ceux qui ne connaissent pas le monde de la lutherie, il est aujourd’hui appliqué sur la plupart des guitares électriques. Il est très épais et très résistant aux chocs. Seul hic, il ne laisse pas beaucoup respirer le bois… La couleur « Olympic white » n’est pas sans évoquer la couleur originale des premières Telecaster au début des années 50s. Comme sur tous les modèles American Standard, le réglage du manche avec la vis du truss Rod se fera au niveau de la tête de l’instrument juste devant le sillet. Pas très esthétique à mon goût, mais ô combien pratique !
Le manche possède un profil en « C » avec un diapason de 25,5 Pouces (648mm) et possède un radius de 9.5 pouces (241 mm). D’une seule pièce, il est en érable massif sans touche rapportée. Les frettes, au nombre de 22, sont de type jumbo. Sa finition, satinée, est appliquée en de très fines couches. Du coup, le confort est optimal. Même si d’ordinaire je n’apprécie pas ce type de finition, je dois vous avouer que son côté doux est très gracieux. La main glisse et caresse toute sa longueur sans effort ! J’irais même jusqu’à dire que l’on retrouve presque cette sensation des vernis nitrocellulosiques usés par le temps et polis par les innombrables passages de la main. À voir comment ce dernier va vieillir, s’il conservera ou non ce côté velouté, time will tell ! La décalcomanie Fender est de type vintage Seventies. La guitare est montée en 009/042, mais méritait un tirant de 10–46 afin de pouvoir laisser sortir tout ce qu’elle a dans le ventre. Les mécaniques « Fender Standard » jouent leur rôle, mais en aucun cas je ne garantis une justesse parfaite si vous commencez à la torturer avec des « bends » des plus diaboliques !
Striptease de la belle
Du point de vue de l’accastillage, la plaque de fixation de l’électronique est chromée et de type vintage. L’électronique est constituée de deux potentiomètres de 250k solid shaft avec des boutons de type « Dome » exactement comme sur les modèles Vintage Reissue et Classic Series made in Mexico. Concernant les contrôles, ils sont, comme sur la plupart des Telecaster, réduits au plus simple appareil : un volume, une tonalité et enfin un sélecteur de position. Après démontage de la plaque de fixation des contrôles et inspection de ses entrailles, les cavités ne sont pas blindées, mais les soudures sont propres et soignées, il n’y a pas de jeu au niveau des potentiomètres et une masse reliée à la tonalité évite ainsi toute interférence parasite. Le sélecteur est toujours de type vintage, à 3 positions : 1) chevalet seul 2) manche + chevalet et enfin 3) micro manche uniquement.
Les cordes traversent le corps et le chevalet est de type vintage. Réplique du début des années 50s avec l’inscription « Fender Pat Bend. », il comporte trois pontets en laiton réglables. S’il manque de précision dans ses réglages, il accentue bien le côté claquant du son de l’instrument contrairement aux chevalets de type American standard à 6 pontets. Dernier défaut de ce type de cordier, la guitare possède un petit peu moins de sustain. On ne va pas davantage chipoter, on ne peut pas avoir le beurre et l’argent du beurre. Arrive un moment où il faut faire des compromis entre ce qui est pratique et ce qui est esthétique !
The sonic boom !
Les 2 micros sont des Texas Special simple bobinage (Alnico V). On pourra affiner le réglage de la hauteur des micros par rapport aux cordes grâce aux vis de fixation de ces derniers, aussi bien sur le micro chevalet que sur le micro manche.
Dès la première écoute, un point positif se dégage sans équivoque : ils possèdent un niveau de sortie absolument fabuleux ! Après comparaison avec ses cousines « Highway one », « American Standard » et « Classic Series » MADE IN MEXICO, la différence est flagrante ! Du point de vue du timbre, ils fournissent tous les deux des médiums très renforcés sans pour autant négliger le côté claquant des aigus et le côté très punchy des basses, tous deux si caractéristiques du son des Telecaster comme on les aime !
Pour les besoins du test, la tonalité et le volume sur la guitare sont respectivement à 10 et 10.
J’ai été très étonné par les possibilités de la position 1). Si on reconnaît aisément le son de la Telecaster, le timbre n’est ni nasillard, ni strident et encore moins piquant, mais jouit plutôt d’une certaine rondeur et d’une douceur avec un caractère bien affirmé. Cela lui permettra de se fondre aisément dans pas mal de styles musicaux différents, du rock à la pop en passant par les rythmiques langoureuses sur les ballades « à la Aerosmith ».
La position intermédiaire en son clair m’a paru un petit peu faible en niveau de sortie par rapport aux deux autres. Il faut passer en son crunch afin de mesurer toutes ses capacités expressives qui sera à même de faire sautiller vos rythmiques funks !
La position manche, veloutée et chaleureuse à souhait permettra à vos rythmiques jazz en son clair de rayonner. En son lead, les bluesmen vont se régaler ! Attention vos doigts vont transpirer de bonheur !
Voici les sons réalisés avec notre ampli The Valve 2|50–1 et notre Two Notes Torpedo VB-101.
- Manche Jazz00:17
- Manche Crunch00:10
- Intermediaire Funk00:14
- Arpege00:17
- Chevalet Sature00:21
- Chevalet Note00:16
- Chevalet Strumming00:18
- Chevalet Crunch 200:17
- Chevalet Crunch00:23
En guise de conclusion
Ainsi, ce nouveau modèle présenté aujourd’hui partage pas mal de traits de caractère avec ses cousines les modèles « Highway One », les modèles « Classic Reissue » et enfin la fameuse « American Standard series » fer-de-lance du catalogue de la marque originaire de la ville de Fullerton. Son ergonomie est simple, sa finition impeccable, son poids léger et la répartition de la masse parfaite. Que demander de plus pour une somme de 850 euros TTC pour un instrument entièrement fabriqué aux USA ?
Si vous recherchez une Telecaster avec un son plus « roots » dans le même ordre de prix, orientez-vous plutôt vers le modèle Baja plus abordable, ou encore les modèles Classic Series tous deux fabriqués au Mexique dont les micros offrent davantage de sécheresse sonique. Si vous optez plus pour une guitare avec un son moins typé « retro », alors courrez vite, car à ce prix-là, elles vont se vendre comme des petits pains et il n’y en aura pas pour tout le monde !