Après la petite révolution provoquée par le WIVI Player, l’éditeur Wallander Instruments présente une nouvelle déclinaison de son lecteur, WIVI Band, embarquant 10 instruments. Revue de détails.
Il y a deux ans et demi, un éditeur inconnu venait se frotter aux ténors de la bibliothèque d’échantillons dédiée à l’orchestre, en prenant de plus le contre-pied total des principaux dogmes alors (et toujours) en vigueur : le gigantisme et l’échantillonnage. En effet, Arne Wallander, en optant pour la modélisation, offrait une solution légère, simple et très rapide à mettre en œuvre, regorgeant de possibilités de programmation, de manipulation et de modifications des instruments proposés, tout en offrant une expressivité sans aucune comparaison possible avec les solutions à base d’échantillons, véritable force du plug-in (voir le test complet ICI).
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Depuis, Wallander Instruments a étoffé son offre, avec d’un côté le WIVI Player Professional Edition, de l’autre le WIVI Player Standard Edition, fourni lors de l’achat des banques Orchestral & Band Brass ou Woodwinds & Saxophones. Et propose aujourd’hui ce WIVI Band, qui pourrait être considéré comme l’entrée de gamme de l’éditeur. Cela doit-il pour autant signifier bas de gamme ? C’est ce que nous allons voir.
Introducing WIVI Band
Disponible au téléchargement chez l’éditeur (149 $, 99 €), l’instrument est compatible Mac Intel et Power PC, et PC (32 et 64 bits, s’il vous plaît), livré aux formats VST, AU et RTAS (toujours pas de version standalone, qui manque à la gamme, quand même).
L’installation sur le disque demande un tout petit peu plus de 200 Mo, entre les plugs (de 127 ko à 1,3 Mo…) et le dossier contenant la doc, les instruments et les ressources. L’éditeur demande quelques renseignements concernant l’utilisateur, et le plug est simplement autorisé sur la machine hôte, tout en étant enregistré précisément en fonction des données fournies. Une sorte de watermark sur logiciel. L’avantage est que l’installation est immédiate, ainsi que l’utilisation, sans redémarrage, ni connexion internet, ni challenge/réponse ou clé quelconque.
On dispose de 10 instruments, en sachant que le WIVI Band est capable de lire les instruments installés pour tout autre banque Wallander. Ainsi, les sons installés pour le test du WIVI Player Pro pour AF sont reconnus, et lus par le player. Mais, me direz-vous (non ? tant pis, je réponds quand même), quel est intérêt de lire des sons dans un Player a priori plus limité que celui d’origine ? Rapidité de mise en œuvre, optimisation… Mais je vais trop vite et puis tout utilisateur potentiel du WIVI Band n’est pas censé disposer du lecteur professionnel de l’éditeur.
Du contrôle…
Par rapport à celle de son aîné, l’interface de l’instrument est très dépouillée, à dominante noire. L’éditeur confie d’ailleurs avoir le souci de répondre aux progrès à venir des interfaces tactiles, des nouvelles technologies et supports… Un écran central bleuté affiche différentes données. On trouve une section Input, un réglage central Voices et une section Mixer. Quelques fonctions sont aussi accessibles via la page Setup disponible dans l’écran.
La section Input permet de sélectionner le mode de gestion de la dynamique. C’est un des points fondamentaux du logiciel, car il ne s’agit pas d’une simple montée de volume, comparable à ce qu’on peut obtenir avec les contrôles Midi 7 ou 11 (expression). La force des instruments WIVI réside en effet dans ce contrôle total en temps réel de la dynamique, sans saut sonore (ce que l’on peut parfois reprocher aux samples), mais avec modification du timbre, de la hauteur en fonction du souffle, comme sur un instrument réel. Il est donc important de choisir son contrôleur principal, entre l’ensemble Keyboard & Mod Wheel, un Breath Controller ou Expression Pedal. L’ensemble clavier/molette est celui de base, permettant un contrôle correct, même s’il faut prendre le coup de main pour arriver à gérer vélocité et molette. Ensuite, la durée du release est en général trop longue, et ne peut être modifiée autrement qu’avec l’utilisation du contrôleur à souffle (pas de souffle, pas de son). D’autre part, si l’on veut profiter de toute la dynamique, il faut “attaquer” la note, ce qui résulte en un son faible même avec la molette à zéro, ce qui n’est pas le cas avec un contrôleur à vent, qui reste donc le plus naturel pour une utilisation optimale du logiciel.
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Dans l’exemple suivant, on entend une flûte pilotée par clavier/molette puis par pédale d’expression, dans les deux cas jouée doucement, puis fort. Enfin cette même flûte, jouée avec un contrôleur à vent (un seul exemple, que l’on joue fort ou faible le clavier n’influençant pas le son). On l’entend, la dynamique la plus régulière est obtenue avec ce dernier outil (voir encadré). À noter la petite subtilité, rajoutant au réalisme : plus on “souffle” fort, plus le son est court. Logique.
Des réglages…
Le clavier virtuel de l’instrument grise les notes non utilisées, et en colore deux, qui serviront à déclencher le Vibrato (conjointement disponible via Aftertouch par défaut) et le Flutter (aussi par défaut via le CC 22). On note, via l’écran, que l’instrument est multitimbral, offrant quatre Channel séparés, utilisant les quatre premiers canaux Midi. Chaque canal bénéficie de ses choix d’instrument, réglages de volume, et paramètres de mixage grâce à la section Mixer. Cette dernière propose trois rotatifs, Ambience, Spread et Panning. Le premier permet de doser le taux de réverbe (choisie parmi cinq types possibles, Anechoïc, Studio, Theatre, Hall et Church), et qui, à la façon du premier instrument, est un tout petit peu plus qu’une réverbe (lire le test du WIVI Player). Le deuxième permettra “d’ouvrir” le champ stéréo, en accentuant la répartition droite/gauche de plusieurs instruments (on y revient tout de suite). Le dernier quant à lui permet tout simplement de faire ce que son nom indique…
Alors, pourquoi donc plusieurs instruments ? Parce que, si l’on comprend la multitimbralité grâce aux quatre synthés indépendants que constituent les canaux, on peut aussi par le biais de Voices créer un pupitre complet d’un instrument (jusqu’à huit voix). L’éditeur a ainsi fourni plusieurs versions d’un même instrument (par exemple Flute), non accessibles directement depuis l’interface, mais qui seront mobilisés dès que l’on choisira plus d’une Voices. Un jeu mono fera jouer les instruments créés à l’unisson, un jeu en accord assignera automatiquement un instrument à une note.
L’exemple suivant montre un phrasé avec une Concert Flute (dont la tessiture a été légèrement étendue), d’abord seule, puis avec trois Voices à l’unisson sans Ambience ni Spread, puis avec. Ensuite, ces trois voix sont harmonisées, d’abord sans Ambience ni Spread, puis avec.
On l’entend, la répartition fonctionne très bien. Chaque voix a sa propre ”autonomie”, l’utilisation de trois modèles différents évitant une trop grande similitude entre le souffle, le placement, le timbre, la durée, etc. Il faudra cependant prendre garde au volume de sortie, et parfois corriger le pan, un déséquilibre de volume entre les voix apparaissant de temps en temps.
On dispose dans les Settings de nombreux réglages concernant aussi bien les contrôleurs Midi affectés à une tâche ou l’autre que l’accord général du plug, sa transposition ou l’amplitude du pitch bend.
On peut ensuite sauvegarder et rappeler les configurations internes du plug via les touches Load/Save présentes sur les coins de l’interface.
Bb-Trumpets (plus huit sourdines différentes), Tenor Trombones (sept sourdines), French Horns (plus Stopped et sourdine), F-Tubas (plus sourdine), Concert Flutes, A-Clarinets, Modern Oboes et Bassoons, Tenor Saxophones et Soprano Recorders, sont les instruments offerts par le WIVI Band. Voici quelques exemples reprenant l’harmonisation proposée pour la flûte, transposée en fonction de la tessiture de chaque instrument, qui est joué tel quel et parfois avec diverses sourdines. On notera les différences entre les dynamiques de chaque instrument.
- 03-oboe00:14
- 04-clarinet00:15
- 05-bassoon00:14
- 06-french horn00:29
- 07-trumpet00:44
- 08-trombone00:29
- 09-tuba00:14
- 10-tenor00:14
- 11-soprano recorders00:14
Bilan
Loin d’être un instrument au rabais, WIVI Band offre une solution simple, rapide et performante, en mettant à disposition de l’utilisateur des instruments optimisés, prêts à l’emploi, la multitimbralité permettant la création de pupitres complets en un clin d’œil, le tout ne nécessitant qu’un minimum de réglages. Ce qu’on perd en souplesse par rapport à ses aînés, on le gagne en temps de mise en œuvre, sans forcément perdre en qualité sonore, ni en expressivité, ce qui est, rappelons-le, l’un des principaux points en faveur des logiciels de la marque par rapport aux solutions de la concurrence. D’où l’intérêt de pouvoir importer les sons des banques dédiées aux lecteurs haut de gamme de l’éditeur.
Les instruments fournis permettent de se constituer une section originale, plutôt destinée à la musique orchestrale (les saxophones, et les trompettes dans une moindre mesure, sont beaucoup plus proches du son que l’on demande en classique que de celui utilisé en jazz, rock et pop), mais qui peut aussi se révéler pertinente dans des contextes modernes (arrangements à la Gil Evans par exemple).
Faible consommation en CPU et RAM, mise en œuvre immédiate, qualité sonore, expressivité sans concurrence et tarif vraiment abordable, le WIVI Band a tout pour séduire le compositeur ou musicien souhaitant travailler rapidement, avec une très bonne qualité sonore et dynamique, et peut tout à fait tenir sa place dans une configuration live. Ne reste plus qu’à attendre des banques spécialement conçues afin d’enrichir cette première livraison.
Addendum
Suite à la publication de ce test, certains d’entre vous m’ont reproché dans le forum du test de n’avoir pas présenté plus d’exemples artistiques, c’est-à-dire conçus pour faire ressortir les qualités musicales du logiciel, plutôt que des exemples illustrant ses fonctions et réponses. Afin de couper court à toute polémique (puisqu’il y a polémique) concernant les qualités du WIVI Band, je me suis attelé hier à la réalisation de l’exemple qui suit.
Pour être précis et complet, voici le déroulé de la réalisation de cet exemple, qui a duré de 18 h à 20 h 30 : déchiffrage de la version enregistrée par Kent Nagano avec le London Philharmonic Orchestra (Virgin Classics, 1996), jeu via clavier et breath controller avec un WIVI Band par instrument (soit six instruments/pistes) dans Logic Pro, mixage très rapide, une très légère réverbe pour lier le tout (Altiverb) et le MD3 de TC en sortie pour prévenir toute saturation, une vieille habitude (les réverbes principales, celles que l’on entend le plus, sont celles du WIVI Band).
Les instruments utilisés sont : un Modern Bassoon, deux A-Clarinets (une est censée remplacer la clarinette piccolo en Ré), une Bass Clarinet (empruntée au grand frère WIVI), un French Horn (avec deux voix), et un Modern Oboe au défaut de cor anglais (après tout, c’est un hautbois en Fa…).